Catalogne: point de vue du courant troskyste
Salut aux travailleurs de Catalogne
Nous, délégués venus de trente pays, réunis dans la conférence du Comité d’organisation pour la reconstitution de la IVe Internationale (CORQI), nous saluons le mouvement par lequel les travailleurs, la jeunesse et le peuple de Catalogne ont ouvert une situation nouvelle à l’échelle de l’État espagnol et de tout le continent.
Malgré la répression, malgré le saccage des urnes, malgré la violence policière, le 1er octobre 2017, des centaines de milliers se sont mobilisés et, par leur mobilisation, ont imposé un vote – dont le caractère majoritaire est indiscutable – pour établir la République.
Que veut dire la République ?
La République, c’est la fin de la monarchie, la fin de toutes les institutions d’oppression de tous les peuples de l’État espagnol, la fin des institutions d’oppression mises en place par la dictature de Franco durant quarante ans et prolongées par la monarchie franquiste quarante ans supplémentaires.
La République en Catalogne, c’est la porte ouverte au processus constituant par lequel le peuple – et tout particulièrement la majorité que constituent les travailleurs des villes et des campagnes et la jeunesse – aurait le pouvoir de décider ce que doit être le contenu social et les formes politiques de la République.
La République, cela devrait signifier, pour les travailleurs de Catalogne et de tout l’État espagnol, la possibilité de rompre avec les plans du Fonds monétaire international et de l’Union européenne, la possibilité de rompre avec les plans de la troïka rejetés par des millions et des millions en grève et en manifestation en 2012, puis en 2014. C’est la possibilité ouverte d’aller vers une République dont le contenu social puisse être celui d’une République ouvrière.
La République en Catalogne, c’est la brèche ouverte pour les Républiques dans toutes les régions de l’Espagne, la brèche ouverte pour l’union des Républiques libres de tout l’État espagnol.
Travailleurs, nous le savons : la classe sociale qui a le plus grand intérêt à la proclamation de la République et à la chute de la monarchie, c’est la classe ouvrière.
Le 1er octobre, le peuple a exprimé sa volonté
Voilà ce que déclarait, dans les jours qui ont suivi le référendum, l’un des comités de défense du référendum et de la République : « Le 1er octobre dernier, le peuple de Catalogne a décidé, lors d’un référendum, d’exprimer sa volonté de se constituer en une République indépendante et il l’a fait dans des conditions de répression brutale de la part de la police nationale espagnole et de la Garde civile. Dans un grand nombre de centres électoraux de ce quartier, les habitants ont dû défendre le droit de vote avec leur propre corps, étant victimes directes de la violence policière, mais également acteurs directs de l’exercice de leur fermeté démocratique, qui a fait le tour du monde. Deux jours après, le 3 octobre, une grève générale contre la répression et pour les libertés paralysait le pays et mobilisait massivement la société catalane, une grève générale dans laquelle – car il ne peut pas en être autrement – la classe travailleuse est devenue la force sociale la plus active et la plus décisive. Au comité de défense de la République, nous croyons que la grève générale doit se poursuivre car c’est un instrument important de lutte dans les prochains jours et les prochaines semaines, non seulement pour se défendre contre les mesures répressives de l’État, mais aussi pour défendre la République naissante et pour lutter pour la libération des deux Jordi, otages entre les mains de l’État espagnol. (…) En suivant le mot d’ordre que nous avons lancé le 1er octobre qui était : “Organisons-nous pour un “oui” de classe”, nous proposons de contacter les travailleurs et travailleuses de notre quartier pour les associer à la défense de la République et pour soutenir leurs luttes et leurs revendications de travail. En fin de compte, la nouvelle République doit naître pour résoudre les graves problèmes sociaux dont nous souffrons et pouvoir bâtir une société plus juste. »
Depuis le 28 octobre, la répression brutale s’est abattue, ordonnée par le gouvernement Rajoy, conformément à la nature des institutions de la monarchie. Répression brutale appuyée et encouragée par Trump, l’Union européenne et tous les gouvernements des grandes puissances.
L’Union européenne contre la République catalane
L’Union européenne et les capitalistes ont clairement exprimé leur hostilité à la République catalane. Ils ont bien compris que leurs intérêts de classe étaient menacés par le surgissement de la mobilisation de centaines de milliers pour jeter à bas la monarchie. Ils l’ont bien compris et, avec eux, toute la sainte-alliance des dirigeants des différents gouvernements des pays d’Europe et de l’Union européenne.
Travailleurs de Catalogne, nous vous apportons le salut du Comité d’organisation pour la reconstitution de la IVe Internationale.
Nous affirmons que c’est une honte de voir les dirigeants des organisations qui se réclament de la classe ouvrière et du mouvement ouvrier dressés contre la proclamation de la République catalane, allant jusqu’à voter contre quand ils étaient représentés au Parlement ; allant, pour certains, jusqu’à organiser conjointement avec la monarchie et Rajoy l’installation de l’article 155 suspendant les libertés ; allant, pour d’autres, jusqu’à légitimer de nouvelles élections qui, se tenant sous la botte des forces de répression, n’ont pas d’autre signification que de vouloir effacer le résultat du 1er octobre ; allant même jusqu’à pousser le cynisme, pour d’autres encore, à appeler à combattre contre cette République proclamée le 1er octobre au nom d’une hypothétique République à venir dans le futur.
Honte à tous ceux dont la responsabilité aurait dû être d’appeler dans toute l’Espagne à des meetings ouvriers sur les mots d’ordre « Forgeons l’unité de tous les travailleurs des villes et des campagnes dans toutes les régions de l’État espagnol pour en finir avec les plans anti-ouvriers dictés par le FMI et l’Union européenne, pour un processus constituant permettant d’abattre la monarchie franquiste et d’établir des Républiques dans toutes les régions et l’union libre des Républiques libres de tout l’État espagnol » ; et qui, non seulement ont refusé d’organiser de tels meetings, mais, au contraire, ont mené campagne pour dresser les travailleurs d’Andalousie, du Pays basque, de Castille et des autres régions contre les travailleurs catalans.
Honte à ceux, dans tous les pays d’Europe, qui, à la tête des organisations ouvrières, ont tourné le dos au devoir de solidarité de classe avec le peuple catalan.
Honte à ceux qui continuent de tout faire pour isoler les travailleurs catalans de l’ensemble de la classe ouvrière de l’État espagnol et de l’ensemble des pays du continent.
Nous saluons les travailleurs de Catalogne
Nous saluons les travailleurs de Catalogne. Nous savons que la situation est difficile et qu’ils n’ont rien à attendre des dirigeants, qui, après avoir organisé le référendum, ont réaffirmé leur allégeance à l’Union européenne et au capital financier. Mais nous savons aussi que, à travers la mobilisation, des comités de défense du référendum (CDR) et de la République se sont constitués. Nous savons que certains de ces CDR ont décidé de continuer à agir coûte que coûte pour organiser la mobilisation pour préserver les acquis du 1er octobre. Hier, 2 novembre, par dizaines de milliers, dans toutes les villes de Catalogne, les manifestants ont crié leur indignation contre les arrestations et la répression, et crié des slogans dénonçant le rôle de l’Union européenne et appelant à la grève générale.
Bas les pattes devant le peuple catalan
Nous sommes confiants dans le fait que le résultat du 1er octobre, affirmant la réalité de la République en Catalogne, continuera, quels que soient les événements, à représenter le premier pas qui en prépare d’autres.
Nous sommes confiants dans la capacité des travailleurs et des jeunes, en Catalogne comme dans toutes les régions d’Espagne, à trouver la voie de l’organisation qui leur permettra de faire prévaloir leurs droits.
Soyez assurés que le CORQI, partie prenante des luttes des travailleurs et des peuples pour leur émancipation dans le monde entier, sera, comme il n’a cessé de l’être, à vos côtés dans ce combat décisif. Et en particulier, partout dans le monde, ses organisations et ses militants participent et participeront à toutes les actions de mobilisation pour exiger : « Bas les pattes devant le peuple catalan ! Libération des prisonniers politiques ! Arrêt des poursuiteSaulx-les-Chartreux
3 novembre 2017, 13 h 30s ! Que vive la République catalane ! »