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L'Humanité lannionnaise. Lannion et Tregor

Le Parti rouge Une histoire du PCF 1920-2020 Roger Martelli Jean Vigreux Serge Wolikow

31 Janvier 2021 , Rédigé par Pour une vraie gauche à Lannion Publié dans #PCF, #Histoire du PCF, #Lannion, #CCCP-Tregor, #Martelli, #Volikov, #Vigreux, #100 ans PCF, #PCF Lannion

https://www.armand-colin.com/le-parti-rouge-une-histoire-du-pcf-1920-2020-9782200625887

Le Parti rouge

Une histoire du PCF 1920-2020

Il y a un siècle, naissait ce qui allait devenir le Parti communiste français. Ce parti fut longtemps l’un des plus populaires du champ politique français. Pendant plus de trois décennies, il fut aussi le premier parti de gauche, avant de connaître un recul continu qui l’a porté vers les rivages de la marginalité.
Cet ouvrage, qui insère les approches thématiques dans une trame chronologique rigoureuse, cherche à comprendre ce qui fit la force du PCF et ce qui a nourri son déclin. Il s’emploie à décrire la manière dont le communisme du xxe  siècle s’est enraciné, à la charnière d’un communisme mondial dominé par le PC soviétique, dans un mouvement social structuré autour du monde ouvrier et urbain et une gauche politique traversée par les souvenirs des révolutions du passé, comme par les événements traumatisants des guerres mondiales et coloniales.
Avec la fin de la guerre froide, l’ouverture des archives et la multiplication des angles de recherche, il est aujourd’hui possible d’observer le PCF de façon plus sereine et plus sûrement documentée. On prend désormais la mesure de ce que le communisme politique ne fut pas seulement un parti, voire un appareil très centralisé, mais aussi une galaxie associant du politique, du syndical, de l’associatif et du symbolique. C’est cet objet « total » qui est ici présenté, analysé et interrogé.

Table des matières

Héritages de la Révolution française et du XIXe siècle -  De l'Union Sacrée au Congrès de Tours -  Parti d'un type nouveau ou d'un nouveau type (1921 - 1931) -  La naissance d'un mot d'ordre  : l’antifascisme -  Le Front Populaire -  1939-1941  : un parti interdit et isolé -  La Résistance communiste à la pointe de l'action patriotique -  De la Libération au renvoi des ministres -  S'inscrire dans la guerre froide à l’échelle internationale -  Un parti incertain -  Le PCF face au début gaullisme -  Entre deux printemps -  Du programme commun au départ du gouvernement (1972 - 1984) -  Un parti affaibli entre disparition et repli identitaire (1984 - 1993) -  A la recherche d'une nouvelle cohérence ? (1994 - 2018)

EAN : 
9782200625887
Format :
170 x 240 mm
Pages : 
392
Prix du livre papier: 
24.90 €
Prix du livre numérique: 
16.99 €
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Une interview importante de Laurent Brun secrétaire de la CGT cheminots

28 Janvier 2021 , Rédigé par Pour une vraie gauche à Lannion Publié dans #CGT, #CGT Cheminots, #Laurent Brun, #CCCP-Tregor, #ANC Lannion, #PRCF, #Lannion, #ECAP

Interview de Laurent Brun dans la Pravda et dans Junge Welt

Laurent Brun est le secrétaire général de la CGT cheminots.

https://histoireetsociete.com/2021/01/26/interview-de-laurent-brun-dans-la-pravda/

  • Quelle est l’importance de la CGT aujourd’hui dans la vie politique française ?
  • La CGT n’est plus officiellement dans les statistiques la première organisation syndicale de manière interprofessionnelle parce que c’est la CFDT qui est passée devant dans les élections interprofessionnelles, mais dans les capacités de la mobilisation ça reste la force principale des organisations syndicales françaises, donc ça reste l’opposant numéro un au gouvernement dans le pays. On l’a vu dans la reforme de retraites récemment. C’est l’organisation des travailleurs la plus importante même si lors des élections elle a été à la deuxième place, même si je m’interroge sur la sincérité des statistiques. A mon avis c’est la force principale.
  • Quelles sont les réussites les plus importantes de la CGT au cours des dernières années ?
  • Le problème est la période du point de vue social parce que les progrès sociaux on n’en a pas vu beaucoup depuis la période 1997-2002, qui a été marquée par un gouvernement de gauche plurielle où on a eu la négociation sur les 35 heures donc un abaissement du temps de travail, hormis cela des grands acquis sociaux en France on n’en pas eu beaucoup. Par contre on a eu des mobilisations importantes : par exemple on a participé en tant que CGT aux mobilisations contre le traité constitutionnel européen, et ça a fait échouer le traité européen même si par la suite les autorités ont fait revenir par la fenêtre ce que nous avions chassé par la porte, mais quand même ça été une remarquable mobilisation. En termes de victoire c’est a contrario ce qui nous manque dans la période. La colère sociale dans la population est très répandue. Par contre l’expérience d’une grande victoire ferait exploser les adhésions, c’est pour ça que les capitalistes se battent énormément dès qu’il y a un mouvement sectoriel pour le casser et pour faire la démonstration qu’il n’y a pas de victoire. Ces dernières années les grandes victoires il n’y en pas eu beaucoup malheureusement.

    Laurent Brun pendant l'entretien

  • Même si la CGT aide à empêcher le déclin social ?
  • Évidemment dans les batailles défensives et les acquis locaux il y a des batailles sur la défense des certains droits, par exemple on a fait récemment échouer la réforme des retraites même si le gouvernement dit qu’il pourrait la ressortir ils ne savent pas comment ils vont pouvoir faire parce que la mobilisation les a quand même a beaucoup secoués. On a eu aussi les victoires défensives sur les contrats pour les jeunes il y a quelques années, de ce point de vue-là on a effectivement quelques grandes victoires de mise en échec des reformes réactionnaires.
  • Quel regard portez-vous sur la crise sanitaire et les conséquences économiques en France ?
  • La crise sanitaire en France a été gérée d’une manière catastrophique parce que le gouvernement a échoué peu près à toutes les étapes parce qu’ils suivent une idéologie libérale fanatique : il ne faut surtout pas planifier, il ne faut surtout pas réquisitionner une entreprise, il ne faut surtout pas lancer de production des masques, des tests ou des vaccins, on laisse faire le marché et le résultat est que la crise sanitaire est gérée d’une manière vraiment catastrophique. On voit aussi ce qui se passe dans les EHPAD avec les retraités, les hôpitaux sont à l’agonie… Les conséquences qui font que la crise sanitaire se transforme en crise économique : d’abord il y a le confinement qui bloque l’économie en la mettant en arrêt, ce qui pourrait difficilement été géré autrement mais à l’intérieur de la crise économique on voit que les capitalistes se servent de la pandémie pour restructurer l’appareil de production sans que ça ait aucun lien avec la COVID. Par exemple on a une restructuration importante qui est en cours dans le commerce, dans la grande distribution, les grands magasins alors qu’eux ils n’ont pas du tout souffert de la COVID. On a également des restructurations dans l’industrie aéronautique, où on pourrait se dire que c’est parce que les avions ne volent pas etc. mais en fait Airbus a un carnet de commandes qui augmente paradoxalement et donc ce n’est pas un problème du manque de travail c’est vraiment une question de restructuration de l’appareil de la production. Donc on a des vagues des licenciements dans quasiment toutes les branches économiques, même dans les banques, et notamment dans le domaine de l’emploi industriel ce qui est extrêmement grave donc les capitalistes profitent de la crise pour structurer l’économie et pour attendre les objectifs qu’ils s’étaient fixés avant la COVID et qu’ils réalisent grâce à la COVID.
  • Ne trouvez-vous pas que le dialogue social en France dont parle la classe dirigeante, car ils ne veulent pas assumer que notre société est basée sur l’affrontement des classes, s’est transformé en monologue du gouvernement agressif antisocial ?
  • C’était déjà le cas auparavant mais le gouvernement actuel va en fait au bout de cette logique, il pense que les décisions économiques sont évidemment politiques, mais les décisions économiques c’est lui qui les prend parce que c’est lui l’autorité et ensuite il n’y a que les conséquences de ces décisions qui peuvent éventuellement être discutées. C’est ce qu’il appelle la concertation donc vous vous me dites ce que vous voyez comme problème moi j’adapte un petit peu mais de toute façon c’est moi qui prends la décision et vous n’avez pas votre mot à dire sur le sujet. Oui, c’est du monologue parce que nous ne sommes pas dans la discussion, nous ne sommes pas dans la prise de décision par les travailleurs. Le lieu de décision c’est le pouvoir politique et le patronat qui les prend. Il y a aussi une très grande complicité entre le gouvernement et le patronat. Le gouvernement lors d’une manifestation dans une branche menace en disant que s’il n’y a pas d’accord entre les partenaires, c’est lui qui définira les nouvelles règles. Donc le patronat est en position de force car il sait très bien que le gouvernement ira dans son sens à lui, on se retrouve dans entre-guillemets une négociation où soit on accepte ce que le patron vous donne, soit le gouvernement vous impose ce que le patronat veut. Il n’y a plus d’espace du tout pour l’intérêt des travailleurs et leurs propositions et revendications.
  • Cette agressivité patronale, mène-t-elle vers une répression antisyndicale ? Il y a peu en Belgique 17 syndiqués, y compris le président de la fédération des syndicats belges, ont été condamnés par un tribunal pour avoir bloqué les routes à Anvers en 2016 lors d’une manif…
  • Le gouvernement s’attaque à plusieurs aspects : il y a évidemment la répression avec de la criminalisation de l’action syndicale, avec des procès y compris la menace de prison, des amendes, on a des fonctionnaires qui ont été menacés de révocation suite à leur participation aux manifestations, et notamment des fonctionnaires qui travaillent au sein de l’inspection du travail où ils doivent normalement mettre la pression au patronat. On a des exemples où un inspecteur du travail a très bien fait son travail pour protéger les salariés et l’Etat a été à deux doigts de le licencier parce qu’il était trop dangereux pour les patrons. Puis il y a la répression physique dans les manifestations, parce qu’on a de plus en plus des manifestations qui sont réprimées par les forces de l’ordre avec de plus en plus de dureté : du sang, des membres cassés…Et puis il y a aussi des modifications des règles et notamment les destructions des instances qui ont été créées après la guerre : les comités d’entreprise, les comités hygiène sécurité et conditions de travail, les délégations du personnel et on va créer à la place les superinstances – les CSE –qui ont beaucoup moins de pouvoir, qui sont beaucoup moins proches du terrain et des salariés. C’est un double mouvement : d’un côté on essaye de priver les organisations syndicales de leurs moyens d’intervention et de leurs moyens de formation et on réprime aussi dans le même temps.

     

  • Quel rôle joue dans cette lutte antisyndicale du gouvernement la répression contre le mouvement des gilets jaunes ?
  • Le gouvernement traite tous les conflits sociaux de la même manière : j’ai eu l’occasion de dire à plusieurs reprises que le mouvement des gilets jaunes a été un conflit parmi d’autres en 2018. En 2018 il y avait le conflit des cheminots, de la pénitentiaire, il y a eu le conflit d’Air France – à chaque fois ce sont les conflits très importants et le gouvernement les traite tous de la même manière. Même s’il s’agit d’un conflit massif il va le traiter avec des concessions superficielles, et quand il a l’assurance que ce conflit ne s’étend pas il le laisse pourrir et il le réprime. Il a agi comme ça avec nous – les cheminots, il agi ensuite avec les gilets jaunes et avec tous les conflits auxquels il a été confronté. L’originalité des gilets jaunes est qu’ils interviennent dans un segment qui n’a pas été habitué à la mobilisation : les indépendants, le parti du lumpenprolétariat… Par contre on va utiliser la violence dans les manifestations des gilets jaunes… lors de la mobilisation des cheminots il avait aussi des casseurs qui ont détruit l’hôpital pour enfants à Paris…C’est utilisé pour durcir les règles, il fallait en faire porter la responsabiliser aux organisations syndicales mais aussi en faisant assumer aux organisations syndicales ces faits-là on l’utilisait dans le durcissement des règles et notamment dans la limitation des libertés, la limitation de la capacité de manifester, cela augmentait le poids de plus un plus important des préfets dans la liberté et dans la vie quotidienne.

     

  • Quel rôle et quelle importance a aujourd’hui la relation entre la CGT et le PCF ? Le PCF veut reprendre le sujet de création des cellules du parti au sein des entreprises qui ont été abandonnées quelques décennies avant…
  • Il y a une histoire très liée et très compliquée à la fois entre les organisations syndicales et le parti communiste, parce que les deux organisations ont été très liées pendant très longtemps et puis il y a eu une volonté de séparer d’une manière franche et nette les deux et aujourd’hui on se repose la question : en fait pas la question du parti dans la CGT mais de la perspective politique de la lutte syndicale. Parce qu’on était beaucoup sur la défensive ces dernières années et en fait les gens au pouvoir utilisent leur pouvoir pour nous attaquer et la question de leur prendre le pouvoir se pose de plus en plus. Ce n’est pas évident que ça sera au profit du parti communiste – parce qu’il y a plusieurs partis qui sont sur ce sujet-là ; je suis adhérent du PCF et j’ai une vision particulière mais ce n’est pas toujours partagé dans la CGT. Par contre je pense du point de vue du rôle du PCF qu’il devrait donner un prolongement politique à la lutte syndicale, c’est aussi de former les cadres, parce que ce qu’on a aussi beaucoup perdu durant ces dernières années est une formation politique pour l’encadrement des forces sociales, c’est une première nécessité – et le parti lui dans ces liens avec les organisations syndicales et dans son lien avec le monde du travail trouvait justement une prise sur la réalité, il était en prise avec les réalités dans les entreprises ; pendant toute une période le parti a abandonné cette organisation dans les quartiers et dans les entreprises, et finalement il restait un seul pôle – les élus et la jeunesse qui aussi un peu alimentait. Et si on s’appuie uniquement sur les élus on perd avec le temps le sens de la vie réelle, la vie des gens et de la classe ouvrière. On perd le sens d’affrontement des classes ; le parti veut se réintégrer dans les entreprises et chez les cheminots, les communistes cheminots ont recréé un réseau national il y a un mois et demi. Il existait les petites structures car il existait déjà la volonté locale de recréer les structures du réseau des communistes cheminots mais là c’était officialisé à l’échelle nationale de recréer ces structures. L’intérêt pour le parti c’est à la fois d’avoir une remontée de ce qui se passe dans les entreprises, c’est de faire de la politique dans les entreprises avec les salariés sur ce qui se passe dans les entreprises et ce qui se passe dans la société. C’est aussi ouvrir un peu la perspective des salariés parce que des fois on est un peu trop enfermés sur sa perspective à soi… C’est encore au stade du début de développement, mais en tout cas il y a une volonté du parti pas simplement à recréer les collectifs, mais des cellules, des sections, qui puissent vraiment être organisées avec des responsables – toute une organisation qui permet d’être bien ancré dans le monde du travail.
  • Qui sont les concurrents de la CGT dans le mouvement syndical ?
  • Il y a deux courants qui sont en affrontement avec la CGT – il y a un courant qu’on qualifie réformiste mais en fait ce n’est pas juste car les reformes on peut avoir des réformes progressistes, par exemple la création de la sécurité sociale après-guerre a été positive, ici on parle plutôt des accompagnateurs du capital et des opportunistes. Leur logique c’est exactement la logique du capital ce qui veut dire que les décisions politiques prennent acte qu’à travers l’ordre établi c’est l’ordre qui ne bougera jamais. Les décisions politiques et économiques c’est les patrons et le gouvernement qui les prennent, on peut faire du lobbying pour tenter de pousser là-dessus mais nous on est extérieur à cette prise de décision. Et par contre en tant que syndicat lorsque ces décisions sont prises il faut qu’on gère ces décisions et il faut qu’on fasse d’une sorte que ça soit moins violent pour les salariés dans un sens et puis on va faire accepter aux salariés dans l’autre sens le fait qu’on ne peut pas faire autrement, qu’on a fait au mieux pour ça ne soit pas trop violent pour eux. Ça c’est le courant réformiste qui est très agressif en France parce que jusqu’aux années 2010 il y avait quand même une volonté unitaire des organisations syndicales de dire : on a des désaccords politiques mais on se réunit ensemble et on se bat ensemble sur les grands sujets qui nous rassemblent. Maintenant la CFDT a théorisé le fait qu’il y a deux syndicalismes irréconciliables et que donc en effet on ne fait quasiment plus rien ensemble et qu’ils ne viennent plus aux conférences intersyndicales parce qu’ils ne veulent pas que leur collaboration avec nous renforce la logique de la lutte. Pour eux, on fait avancer les choses avec la discussion et des propositions en face du patron. Ils veulent effacer toute notion du rapport des forces etc.
  • L’autre courant, qui est présent d’ailleurs chez les réformistes comme chez les révolutionnaires sont les autonomes. Là ce n’est pas une question de gestion du système économique – c’est plutôt une question d’organisation et de fonctionnement. Ces organisations-là partent du principe que toute forme de structuration nationale est une forme d’une certaine oppression, que chacun doit pouvoir faire ce qu’il veut, évidemment la problématique de cette logique-là est qu’ils sont complètement inefficaces, parce que dans la même organisation on peut avoir 50 positions différentes, on n’est jamais capable de mobiliser ensemble – c’est un peu stérile comme principe. C’est un peu la logique petite-bourgeoise : globalement je participe à cette décision, mais si elle ne me plaît pas, je reste sur mes positions à moi, parce que c’est mon intérêt à moi qui prévaut sur tout le reste. A c’est des tendances qu’on affronte
  • Quelle est la stratégie de la CGT pour se sortir de ce piège de la politique défensive ?
  • Dans la CGT il y a des choses qui sont communément admises et il y a des choses qui font débat. Et la question comment on passe à l’offensive est un vrai débat avec des questions qui s’affrontent à l’interne ; aujourd’hui ce qui fait consensus chez nous est que de toute façon quelle que soit la stratégie et l’orientation, ce qu’il faut c’est arriver à gagner qu’on ait le plus de militants possible dans les entreprises et que nos militants aillent travailler avec les salariés pour partir de leur problématique et remonter les problèmes et les analyses. On ne peut pas partir d’un abstrait extérieur sur les choses qui ne touchent pas les salariés. Tout le monde à la CGT est peu près d’accord pour qu’on fasse du travail pour être plus présents sur le terrain, pour être un peu moins dans les instances et plus près de nos collègues. Ce qui fait plus débat est la question est-ce qu’il faut qu’on ait des liens avec les organisations politiques ou pas, est-ce qu’il faut qu’on ait comme perspective une grève générale ou pas – il y a des débats idéologiques encore qui sont assez forts et qui ne sont pas tranchés aujourd’hui. J’ai mon avis sur ce sujet, je pense qu’effectivement il faut travailler la perspective d’une grève générale, parce que la grève générale est enfin une certaine manière qui implique le changement de la société mais c’est aussi un outil pratique parce que dans la grève générale il y a les grandes entreprises où nous sommes très bien implantés et où on mobilise des foules énormes et au même temps il y a toutes les petites entreprises où les salariés par eux-même ne peuvent pas organiser un mouvement social, soit parce qu’elles sont trop petites soit parce qu’il n’y a pas un nombre de syndiqués important, – dans le cadre d’un mouvement global eux tous sont mobilisés. Mais ça reste un débat au sein de la CGT, comme le sujet de la grève elle-même : est-ce que la grève est efficace, est-ce que la perte de l’argent par les salariés n’est pas contreproductive ? Il y a ces débats-là.
  •  

  • Après la fin de la crise sanitaire de la COVID-19 l’année prochaine : c’est compliqué de prédire ce qui va se passer, on ne sait pas trop à ce moment quand est-ce qu’on va s’en sortir mais ce qu’on sait quand même est que d’abord malgré la COVID-19 il y a de plus en plus de batailles locales, il y a des plus en plus de grèves, encore souvent défensives, c’est par rapport à un plan social, mais il y a aussi des grèves offensives sur les salaires par exemple, il y a beaucoup des gens en France qui ont été privés de leur salaire avec le chômage partiel, et ça mène à des revendications parce qu’il y a des entreprises qui s’en sont très bien sorti pendant la COVID-19, et leur salariés ne voient pas de raison pourquoi leur profit ne soit pas partagé entre les salariés, donc il y a ce type de conflits-là mais il y a énormément de colère dans les entreprises et dans le monde du travail en général, et donc je pense que dès qu’on aura – et d’ailleurs c’est ce que le gouvernement essaie d’éviter –un arrêt franc de toutes ces mesures de limitation de liberté, interdictions de manifester, des gestes barrières etc., même si en ce moment ils sont utiles, une fois que tout ça sera effacé on organisera une vraie mobilisation, et je pense que ça aura du succès. En ce moment il y a aussi la crainte d’être contaminé, on a beaucoup de salariés âgés, même des retraités et ils ne participent plus à rien en ce moment dans la peur de tomber malades. Une fois que cette chape de plomb va être enlevée je pense que toute la colère qui a été accumulée pendant ce moment-là pourrait exploser. Il y a un peu cet effet de la réforme des retraites. Même que si le mouvement contre la réforme des retraites est resté limité dans le temps, aussi le mouvement contre la loi du travail avant – je pense qu’on peut arriver à une mobilisation sociale forte. Le gouvernement voudra évidemment l’éviter, car on s‘approche aussi de la campagne présidentielle, et les deux ensemble ça ne fera pas bon ménage.

  • Dans la France d’aujourd’hui la classe ouvrière elle-même n’a pas trop bougé : si des années 70 on comptait près de 8 millions d’ouvriers, aujourd’hui il en reste 6,7 millions. En revanche nous vivons une décentralisation des sites de production. Comment agit la CGT dans le cadre de cette décentralisation ?
  • Ça fait partie des débats au sein de la CGT : qu’est ce qu’on fait avec les sous-traitants ? La cascade des sous-traitants amène à cette atomisation de la production, et dans notre réflexion on essaie de mettre en place des partenariats entre organisation syndicale ou par exemple les cheminots dans les chemins de fer et les sous-traitants qui font les travaux sur les voies, donc on essaie de syndiquer ces salariés qui font ces travaux et de le faire avec la fédération du bâtiment pour que les deux fédérations s’en occupent. Par ce partenariat on essaie que chacun ne reste pas dans son segment. Ça s’accélère avec le numérique où les choses peuvent être bien plus vite décentralisées, donc on essaie de ne pas rester dans notre périmètre respectif et on noue les coopérations au sein de nos fédérations. On n’a pas encore trouvé la forme idéale pour structurer ces salariés, parce que la sous-traitance rend les choses souvent très précaires…Il y a des bonnes tentatives et réussites – nous avons une entreprise de travaux par exemple, dans laquelle on a syndiqué beaucoup de monde dans la banlieue de Lyon et où il y a eu plusieurs jours de grève parce que dès que le patron a vu qu’il y avait un responsable syndical qui apparaissait il a essayé de le licencier. Les salariés se sont mobilisés contre le licenciement ce qui est plutôt rare. Ce fut une réussite – la section syndicale a pu grossir grâce à cela et le licenciement a pu être empêché.
  • Mais malgré tout après la réforme de la SNCF en 2018 la société est en train de s’effondrer : selon un rapport secret de la direction de la société qui a été publié par l’Humanité il y a quelques jours, depuis décembre 2018 on compte plus de 500 départs volontaires, surtout parmi les jeunes qui ne voient aucun futur au sein de la SNCF ce qui met en question le savoir-faire technique.
  • Oui il y a beaucoup de démissions, mais ça ne fragilise pas beaucoup le patronat car il y a beaucoup de chômage dans le pays, ce qui permet de recruter ; ce qui embête le patronat c’est qu’il y a des départs des salariés très qualifiés, parce que là on est en train de perdre des compétences, qu’on ne peut pas facilement remplacer – le système est fragilisé car on a perdu le statut social : les nouveaux salariés ne sont pas soumis au statut social qu’on avait auparavant. Évidemment ils regardent les opportunités, il n’y a plus les avantages sur les retraites et la sécurité sociale qui existaient auparavant, d’autant que le salaire est resté celui d’une entreprise publique. Du coup nous rencontrons pas mal de départs vers le secteur privé où les salaires sont plus élevés. Ce sont les contradictions de notre système : on veut libéraliser sans vouloir répondre aux problématiques salariales. Puis la SNCF est une énorme entreprise avec un chiffre d’affaires de 33 milliards euros, il y a plus d’un millier des filiales – la SNCF n’est pas encore déstabilisée parce qu’il y a quelques démissions. En revanche l’ambiance sociale est très mauvaise – il y a un mécontentement du salariat, qui est énorme. Et la direction d’entreprise avait eu peur l’année dernière quand on a mobilisé pour montrer le mécontentement du salariat. On a eu ce qu’on appelle un « dépôt de sac » – une grève spontanée après un accident ferroviaire – ça a terrorisé l’entreprise. En une journée tout a été arrêté, il y eu ensuite des grèves dans les ateliers du matériel, et là aussi on a eu énormément du succès. L’année dernière on sentait le ras-le de bol en général : on casse notre métier, on casse nos droits sociaux et en plus on se fait traiter de tous les noms, de privilégiés dans les médias… Il est arrivé la grève contre la réforme des retraites avec une mobilisation énorme, laquelle a duré plusieurs mois – et ça c’était un nouveau phénomène – avant au bout de 15 jours on ne tenait plus. Vu sur la durée et l’aspect interprofessionnel du mouvement ça a motivé tout le monde d’y participer. Puis, quand il y eu la COVID-19, la direction s’est dit : c’est en train de tétaniser et faire peur à tout le monde, les revendications sont mises de côté et on peut faire passer ce qu’on veut. En ce moment, ils passent beaucoup de restructurations et donc la pression remonte. L’un de nos sujets après la fin de cette crise sanitaire va être comment on traduit ça quand les restrictions sanitaires seront levées.
  • En France on parle en termes de la macronie de l’uberification des entreprises. Les cheminots français, sont-ils aussi impactés par ce phénomène ?
  • On le voit apparaitre. Ce qui s’est accéléré au bout des derniers années c’est la sous-traitance : on transfère de plus en plus les compétences à l’extérieur. Et en 2018 avec la réforme de la SNCF les sociétés anonymes sont devenues sujets du droit privé, on voit apparaitre aujourd’hui alors le développement du personnel intérimaire. Cela fait partie des sujets sur lesquelles on lance la bataille contre la précarisation, contre la sous-traitance et pour de bonnes conditions de travail.

 

  • A l’international on voit la France souvent comme « le pays » de la mobilisation, de la grève, des gens qui n’ont pas peur de devoir se taire et qui se battent jusqu’au bout pour leur droits sociaux. Quel est le secret de cette réussite comparé aux pays où les grèves se passent une fois tous les dix ans et les gouvernements néolibéraux font ce qu’ils veulent ?

Tout d’abord il y a notre passé révolutionnaire : même si la révolution française date de très long temps, le principe de la contestation reste très ancré chez nous. Puis le Parti communiste a joué un rôle énorme dans l’histoire du pays parce que dans les grandes périodes de la conquête sociale en France même presque dans toutes les grands luttes (des mines etc.) le Parti communiste a été en tête. Et dans les grandes périodes de la lutte sociale comme par exemple 1936 lorsqu’on s’est battus pour les congés payés, le Parti communiste a été au cœur de ça. Les nationalisations et d’autres acquis sociaux après-guerre, la participation au mouvement de la Résistance, la création de la Sécurité Sociale – partout les communistes ont joué le rôle de l’avant-garde.  Ce qui fonctionne chez nous en France c’est cette idée de l’appropriation collective des moyens de production. Le système ne fonctionne pas comme on veut ? – il faut qu’on ne reste pas là tant que spectateurs, il ne faut pas qu’on fasse du lobbying dessus – il faut qu’on prenne le pouvoir. Mais il n’y a pas seulement la révolution française qui a pesé dessus – il y a aussi la révolution russe, parce que c’est quand même les deux mamelles, sur lesquelles le mouvement ouvrier français s’est appuyé. En France par exemple la construction des chemins de fer qui n’est pas liée à la guerre (la SNCF a été créée en 1938) s’est basée sur la nationalisation du réseau ferroviaire – parce que les capitalistes qui gèrent sans réfléchir dans une perspective globale, de la manière de tirer un profit maximum n’ont pas été capables de créer un réseau ferroviaire qui puisse répondre aux besoins du pays. Tout ça se termina en faillite et l’état était obligé de reprendre le réseau. Et comme en parallèle il y avait un mouvement social dur et un mouvement des cheminots qui ont été unifiés, les autorités d’état ont été obligés de créer des formes d’appropriation collective, y compris des nationalisations. Les militants ont été pour l’appropriation collective des moyens de production – c’est là où les chemins de fer ont été nationalisés. Et dans la situation d’aujourd’hui avec la réforme de la SNCF de mon point de vue il faut revenir en arrière sur la question d’appropriation collective mais – ce qui est différent de l’époque – les usagers doivent aussi avoir la possibilité d’y participer. L’essentiel c’est la conscience de classe, et la conscience de classe a beaucoup d’échos en France aussi ; parce que justement la révolution française nous a donné une bonne leçon d’affrontement des classes.

»Ein großer Streik ist in Frankreich durchaus möglich«: Demonstration gegen Rentenkürzung in Marseille (­Dezember 2019)

https://www.jungewelt.de/artikel/394984.klassenkampf-die-kapitalisten-gehen-gegen-uns-vor-weil-sie-uns-f%C3%BCrchten.html?sstr=laurent%7Cbrun

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Une démarche inadmissible de "Politis"

28 Janvier 2021 , Rédigé par Pour une vraie gauche à Lannion Publié dans #CCCP-Tregor, #Commune de Paris 1871, #Politis, #Lannion

Politis avait demandé à des historiens reconnus appartenant à l'espace progressiste une contribution pour un hors série sur la "Commune".

Quelle ne fut pas leur surprise en voyant la "Une" de ce numéro, figurant bien en évidence, la photo d'un homme politique candidat à la présidentielle!

Nous vous invitons à lire leur réaction.  L'immense majorité des amis de la Commune la partage.

 

 

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Vaccination, la France dans les derniers en Europe!

23 Janvier 2021 , Rédigé par Pour une vraie gauche à Lannion Publié dans #Lannion, #CCCP-Tregor, #Vaccination

 

Classement de la vaccination au 23 janvier 2021

  1. Royaume Uni 

                   5 849 889  

             66 650 000  

8,78%

  1.  République Tchèque 

                      154 989  

               2 067 000  

7,50%

  1.  Danemark 

                      189 819  

               5 603 000  

3,39%

  1.  Malte 

                        16 531  

                  493 559  

3,35%

  1.  Ireland 

                      121 900  

               4 830 000  

2,52%

  1.  Espagne 

                   1 165 825  

             46 940 000  

2,48%

  1.  Lituanie 

                        66 144  

               2 794 000  

2,37%

  1.  Iceland 

                          8 249  

                  364 260  

2,26%

  1.  Italie 

                   1 308 262  

             60 480 000  

2,16%

  1.  Portugal 

                      212 000  

             10 280 000  

2,06%

  1.  Suisse 

                      169 783  

               8 570 000  

1,98%

  1.  Roumanie 

                      385 936  

             19 530 000  

1,98%

  1.  Autriche 

                      166 956  

               8 822 000  

1,89%

  1.  Estonie 

                        24 196  

               1 328 000  

1,82%

  1.  Allemagne 

                   1 501 639  

             82 790 000  

1,81%

  1.  Pologne 

                      644 999  

             37 970 000  

1,70%

  1.  Slovaquie  

                        92 167  

               5 450 000  

1,69%

  1.  Finlande 

                        91 260  

               5 513 000  

1,66%

  1.  Hongrie 

                      144 798  

               9 773 000  

1,48%

  1.  Suède 

                      146 775  

             10 120 000  

1,45%

  1.  France 

                      963 139  

             66 990 000  

1,44%

  1.  Belgique  

                      163 240  

             11 460 000  

1,42%

  1.  Norvège          

73 844  

5 368 000  

1,38%

  1.  Croatie 

                        54 304  

               4 076 000  

1,33%

  1.  Grèce 

                      140 870  

             10 740 000  

1,31%

  1. Serbie 

84 832  

 7 022  000

1,21%

  1.  Luxembourg 

                          6 897  

                  602 005  

1,15

  1.  Lettonie        

18 680

 1 920 000  

0,97%

  1.  Chypre 

                        10 226  

               1 170 000  

0,87%

  1.  Pays Bas 

                      135 000  

             17 180 000  

0,79%

  1.  Bulgarie 

                        25 251  

               7 050 000  

0,36%

32)  Slovénie 

                        46 467  

             10 650 000  

0,44%

Nous n’avons pas les données sur la Moldavie, l’Albanie, la Bosnie-Herzegovine. Nous n’avons pas inclus les micros états et paradis fiscaux dans la liste des PIB, ni les pays de l’ex URSS à l’exception des Pays Baltes désormais dans l’UE.Le classement de la France par rapport à ses moyens est ridicule, 21° et bonne dernière des puissances européennes mais en plus elle est loin derrière des pays dont le PIB global ou par habitant est bien inférieur au sien. En dehors de Napoléon III en 1870 et de la bande Reynaud/Pétain en 1940 aucun gouvernement français n’avait conduit notre pays à une situation aussi désastreuse, la « bande à Macron » montre son incomptétence !

 

Normal ils sortent tous de l'école "Blanquer"

 

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Reconstruire une cohérence dans la continuité de la lutte des classes par Anicet Le Pors

22 Janvier 2021 , Rédigé par Pour une vraie gauche à Lannion Publié dans #Lannion, #Anicet Le Pors, #PCF, #CCCP-Tregor, #ANC Lannion, #Analyse Politique

http://pcbigouden.over-blog.com/2020/11/reconstruire-une-coherence-dans-la-continuite-de-la-lutte-des-classes.html

 

Dans son dernier livre, la Trace, l'ancien ministre de la Fonction publique revient sur une vie d'engagement et de combats pour l'émancipation. Tour â tour météorologiste, économiste, juge de l'asile, conseiller d'État, syndicaliste CGT et membre de la direction du PCF, il livre un témoignage utile à la poursuite de la lutte.

Vous évoquez dans la Trace (1) le témoignage social que dessine chaque individu au cours de son existence. Quel regard portez-vous sur ce que vous avez tracé du XXe au XXIe siècle, de façon collective et individuelle ?

ANICET LE PORS Nous avons vécu un XXe siècle prométhéen, au cours duquel une part importante de l'humanité a cru pouvoir dominer la nature grâce à la science et forger le destin du genre humain par la volonté rationnelle des mouvements populaires. Les idéologies messianiques qui sous-tendaient ces démarches (théorie libérale néoclassique, réformisme redistributif, marxisme), tout en portant enseignements, se sont affaissées. Nous sommes aujourd'hui dans la phase de décomposition sociale d'une métamorphose incertaine. Époque ingrate sans espoir de paradis ni d'avènement soudain des jours heureux. Je tire de mon expérience professionnelle, syndicale et politique que deux solutions doivent être écartées. D'une part, ériger le but poursuivi en vérité dogmatique d'une nouvelle religion séculière. D'autre part, prétendre faire d'un pragmatisme aux choix idéologiques de faible densité le moyen de changer l'état actuel des choses. Pour les individus comme pour les peuples, ce qui compte, ce sont avant tout les efforts déployés pour l'émancipation, quand bien même ces parcours seraient balisés d'échecs. Ces derniers n'invalident pas les témoignages. L'important, c'est la trace, et le sens naît de la trace.

La laïcité est au cœur du débat public depuis l'attentat de Conflans. Plusieurs visions de ce principe fondamental s'opposent. Que défendez-vous ?

ANICET LE PORS L'odieux assassinat de ce professeur par un terroriste islamiste n'est pas une bonne manière d'aborder la question de la laïcité. Celle-ci doit être considérée dans la globalité de sa situation présente. Les deux premiers articles de la loi de 1905 concernant la séparation des Églises et de l'État en fixent les principes : d'une part, la République assure la liberté de conscience et garantit le libre exercice des cultes, d'autre part, elle ne reconnaît, ne salarie ni ne subventionne aucun culte. Or, force est de reconnaître que ce dernier principe de neutralité de l'État est largement négligé en France et méconnu à l'étranger. En outre, de multiples dérogations sont intervenues au fil du temps concernant tant les dispositions juridiques que les financements. Mais le plus grave réside dans les atteintes portées à la cause de la laïcité par ceux-là mêmes qui ont pour mission de la défendre, les autorités publiques au niveau le plus haut : on se souvient du discours de Nicolas Sarkozy à Latran, déplorant que l'instituteur ne puisse «remplacer le curé ou le pasteur», ou d'Emmanuel Macron se proposant au collège des Bernardins de réparer « le lien abîmé entre l’Église catholique et l'État». C'est encore les irrésolutions et les contradictions marquant les décisions et avis des juridictions. C'est surtout la confusion qui règne dans les mouvements des défenseurs traditionnels de la laïcité. Comment faire échec à l'islamisme politique dans de telles conditions ? Je m'efforce d'y répondre dans le livre. La laïcité est une condition déterminante de la paix dans le monde, de la régression des obscurantismes par le débat et de l'émancipation du genre humain.

L'immigration et le droit d'asile sont attaqués depuis cet attentat. Vous avez été président de chambre à la Cour nationale du droit d'asile. Que pensez-vous de ce droit ?

ANICET LE PORS J'ai pu constater comme praticien du droit d'asile combien la France demeurait aux yeux de nombreux étrangers la « patrie des droits de l'homme » et la « France terre d'asile ». Elle le doit à la Révolution française. On lit, par exemple, dans la Constitution de 1793 : « Le peuple français est l'ami et l’allié naturel des peuples libres», « Il donne asile aux étrangers bannis de leur patrie pour la cause de la liberté. R le refuse aux tyrans». Cet esprit s'est répercuté jusque dans notre actuelle Constitution, même si la France ne s'en est pas toujours montrée digne. La France accueille qui elle veut, mais la référence en la matière est la convention de Genève de 1951. Elle prévoit que la qualité de réfugié est reconnue à toute personne «craignant avec raison d'être persécutée au fait de sa race, de sa nationalité, de sa religion, de son appartenance à un certain groupe social (l'homosexualité souvent) ou de ses opinions politiques».

Comme juge, je n'ai jamais différencié demandeurs d'asile et migrants économiques, au double motif que les demandeurs d'asile reconnus sont toujours aussi maltraités dans leurs conditions de vie et de travail et que l'esclavage et d'autres sévices économiques existent encore dans le monde. Le droit d'asile avait à l'origine pour but la protection des personnes, il est aujourd'hui instrumentalisé comme moyen de contrôle des flux migratoires et d'actions sécuritaires. La plupart des régressions de ce droit ont pour origine l'Union européenne, mais la France les a souvent anticipées en droit interne.

Vous avez été ministre de la Fonction publique. A l'heure où la France fait face à une crise sanitaire, économique et sociale, que permettent les services publics ?

ANICET LE PORS Dans la crise financière de 2008, nombreux ont été les observateurs pour considérer que la France disposait, avec un secteur public étendu et efficace, d'un puissant « amortisseur social » de la crise. Avec la présente épidémie, qui s'accompagne d'une violente crise économique et sociale, chacun a pu constater que les actions les plus efficaces ont été le fait, non des gouvernants et de l'exécutif, mais des collectifs de base, notamment dans la santé, à l'école, la recherche ou les collectivités territoriales. C'est un camouflet sévère aux propagandistes du « nouveau management public », une invalidation des théoriciens du néolibéralisme. Pour disposer d'une administration intègre, neutre et efficace, elle doit être servie par des fonctionnaires dotés de garanties les mettant à l'abri des pressions économiques, politiques et de l'arbitraire administratif. Tel a été le but du statut législatif fondateur de 1946 consacrant la notion de fonctionnaire-citoyen, puis du statut fédérateur de 1983 couvrant les agents publics des administrations de l'État, des collectivités territoriales et des établissements publics hospitaliers. Ce statut a été constamment attaqué et dénaturé, mais il est toujours en place. Le défaitisme serait une erreur stratégique. A l'échelle de la société, il n'y a pas de services publics sans secteur public, c'est-à-dire sans propriété publique. La propriété est un pouvoir, les capitalistes le savent bien et l'expérimentent tous les jours. À gauche, il n'en est plus question, sinon sous la forme de pôles financiers, objets politico-économiques non identifiés. De mon point de vue, c'est une grave erreur qui hypothèque tout programme de transformation sociale. Qu'attend-on pour nationaliser Veolia-Suez pour le service public du bien commun de l'eau ?

Quel regard portez-vous sur la Ve République et la gouvernance d'Emmanuel Macron ?

ANICET LE PORS La France est un véritable laboratoire institutionnel : quinze textes constitutionnels en deux cent trente ans. Seul, en tant que parti, le PCF s'était opposé à l'avènement de la Ve République en raison de son caractère présidentiel aggravé par l'instauration par référendum, en 1962, de l'élection du président de la République au suffrage universel. La Constitution a été rapetassée vingt-quatre fois, ce qui souligne son inadéquation. Pour marquer le bicentenaire de la Révolution française, le Comité central examina en décembre 1989, sur mon rapport, un projet constitutionnel complet qui, adopté, fut aussitôt oublié sans que disparaisse pour autant la question institutionnelle. Celle-ci ressurgit ailleurs, dix ans plus tard, sous le nom de VIe République, qui ne prit jamais de consistance sérieuse. Étant donné l'éclectisme des positions sur le sujet, la solution réaliste réside sans doute dans la réalisation de convergence des forces démocratiques sur des points essentiels tels que : le concept de souveraineté nationale et populaire dans la mondialisation, les modalités spécifiques de la démocratie directe, le système parlementaire et les modes de scrutin, la désignation de l'exécutif et ses compétences, notamment quant à l'usage du référendum, etc. En face, la conception d'Emmanuel Macron est claire : le culte de l'élitisme et du pouvoir hiérarchique, des collectivités publiques et territoriales sous contrainte, un Parlement réduit et conforme, un gouvernement aux ordres d'un pouvoir autoritaire qualifié par lui-même de jupitérien. Peut-être la chance d'une maturation conflictuelle favorable aux convergences précitées.

Le PCF célèbre cette année ses 100 ans d'existence. Quelle organisation partisane et citoyenne appelez-vous de vos vœux pour participer à transformer la société ?

ANICET LE PORS Le professeur Georges Lavau caractérisait la forme parti par sa fonction tribunicienne, la capacité à exprimer la voix du peuple, et sa fonction consulaire, la capacité à le représenter. J'y ai ajouté une fonction théoricienne, la capacité à analyser et à indiquer la voie. Le PCF répondait parfaitement à cette conception et on pouvait dire qu'à cet égard il était « le plus parti des partis ». Aussi n'est-il pas étonnant qu'il ait subi le plus tôt et le plus durement le déclin que connaissent tous les partis à des degrés divers. Si une refondation est possible, je pense qu'elle passe prioritairement par la fonction théoricienne. En ce qui me concerne, je suis cette voie dont ce livre est une expression. Je m'honore d'avoir été communiste et, on me pardonnera ce recours à l'humour – qui n'est pas suffisance – quand je dis que j'ai parfois l'impression que ce n'est pas moi qui ai quitté le parti, mais que c'est lui qui m'a quitté...

L'un des plus grands défis du XXIe siècle est celui du combat contre le réchauffement climatique. Pour autant, vous ne considérez pas l'écologie comme le nouveau paradigme de la pensée politique. Quel renouvellement théorique soutenez-vous ?

ANICET LE PORS Dans le vide idéologique qui caractérise, à notre époque, le débat politique se sont engouffrés, outre des charlatans, des promoteurs d'idéologies de substitution qui ont investi des causes le plus souvent justes et respectables, mais pour en donner une interprétation sectaire aspirant avec arrogance au statut de paradigme politique : écologisme, féminisme, multiculturalisme, compassionnisme, etc. Ce qu'il y a de nouveau, c'est que nous touchons aujourd'hui les limites de notre foi dans un progrès technique infini, ce qui appelle vigilance et maîtrise traduites dans des actions publiques adéquates et non la création d'une foi nouvelle. J'ai eu la chance de commencer ma vie professionnelle au niveau mondial de l'analyse de l'atmosphère et du climat. C'est aussi à la météo que j'ai engagé ma formation syndicale et politique. Cela m'a conduit à lier étroitement activité professionnelle et proposition politique et à rédiger à cet effet un avant-projet de loi de réforme du service de la météorologie nationale que les groupes communistes de l'Assemblée et du Sénat ont déposé en 1964. Ce projet a été l'occasion de publier mon premier article, en 1965, paru dans France nouvelle sous le titre « Le temps demain ». Rien qui puisse laisser penser que je pourrais sous-estimer les problèmes écologiques d'aujourd'hui, tout au contraire. J'accorde la plus grande attention aux diagnostics du Giec et aux avertissements de l'Organisation météorologique mondiale pour qui j'ai travaillé. Mais je pense qu'il faut tenir à distance l'instrumentalisation du climat par des acteurs en mal de notoriété ou avides de pouvoir. Reste à reconstruire une cohérence, un paradigme refondé dans la continuité d'une trace dominée par la lutte des classes et la promotion de valeurs universelles.

Entretien réalisé par Aurélien SOUCHEYRE (Journal L'Humanité)

(1) La Trace, d’Anicet Le Pors. La Dispute, 224 pages, 20 euros.

 

Bio d'Anicet par le Maitron

https://maitron.fr/spip.php?article141590

Né le 28 avril 1931 à Paris (XIIIe arr.) ; ingénieur de la météorologie nationale puis économiste ; militant communiste ; collaborateur de Georges Marchais ; membre du comité central du PCF (1979-1993, démission) ; syndicaliste CGT ; sénateur des Hauts-de-Seine (1977-1981) ; conseiller général des Hauts-de-Seine (1985-1998) ; ministre de la Fonction publique et des réformes administratives (1981-1983), secrétaire d’État auprès du Premier ministre, chargé de la Fonction publique et des réformes administratives (1983-1984) ; un des quatre ministres communistes du gouvernement de Pierre Mauroy ; conseiller d’État ; démissionne du Parti communiste en 1994 ; président de chambre à la Cour nationale du droit d’asile.

Fils de François Le Pors, cheminot et en complément fort aux Halles, et de Gabrielle Groguennec, un temps ouvrière raffineuse à la sucrerie Say, sympathisants communistes dans les années soixante, Anicet Le Pors avait un frère pilote de l’Aéronavale. Ils habitèrent dans le XIIIe arr., à Choisy-le-Roi, à Aubervilliers et au Pré-Saint-Gervais. La famille était bretonne du Léon, catholique comme il se doit pour des Léonards et marquée par le monde agricole ; elle retourna en Bretagne en 1969. Anicet Le Pors connut Plouvien, commune d’origine de la famille, pendant les vacances et sous l’Occupation et apprit même le breton. Resté attaché à la Bretagne, il fut, la notoriété venue, président d’honneur de la Fédération des associations bretonnes de la région parisienne.

Il fréquenta l’école primaire, un cours complémentaire de la rue Manin (Paris XIXe arr.), obtint le brevet élémentaire, puis entra au collège Arago et au lycée de la place de la Nation. Titulaire du baccalauréat, il entra par concours à l’école de météorologie. Après son service militaire dans la Marine comme officier, il débuta des études de droit et devint ingénieur météorologiste, métier qu’il exerça pendant douze ans. L’administration le nomma d’abord au Maroc où il adhéra à la CFTC puis à la CGT en 1955 à Casablanca, mais il écrit : « J’avais de bonnes raisons de ne pas adhérer au PC, avec de nombreuses préventions : le stalinisme, l’autoritarisme, plus tard Budapest ».

Chrétien, il se tourna au début des années 1950, vers Témoignage chrétien et adhéra à Jeune République, en 1954, dans la lignée du Sillon. Revenu en France en 1957, affecté au service de l’aérologie, quai Branly à Paris, ses amis de militantisme syndical en firent un compagnon de route communiste. Au lendemain du référendum du 28 septembre 1958, reconnaissant au Parti communiste pour sa campagne du « Non », et pour réagir contre la modestie des suffrages, il adhéra : « J’adhère au parti communiste, sans joie, mais parce qu’il le faut » déclara-t-il au secrétaire de la cellule de la Météorologie. Il se maria en 1959 avec Claudine Carteret, infirmière diplômée d’État.

Anicet Le Pors pensa que pour militer efficacement, un militant comme lui devait aider à relever le défi de la compétence économique. Il prépara donc une licence de sciences économiques et fit plus tard une thèse d’État (1975), poursuivant parallèlement, et sans problème, un militantisme intense et une promotion dans les organismes du ministère de l’Économie : chef de la division de l’Industrie en 1965, directeur de la mission interministérielle de l’Immigration en 1976. Il travailla sur la politique industrielle et les transferts financiers entre États et industrie, répondant au besoin du pouvoir gaulliste sur « l’impératif industriel » comme à sa participation aux débats de la section économique du PCF qui était à l’heure de la théorie du « capitalisme monopoliste d’État » (voir Paul Boccara. Mais c’est sous le pseudonyme d’Alexis Cousin, qu’il participa au comité de rédaction de la revue Économie et politique, clandestinité qu’il ne put maintenir pendant le mouvement de mai 1968. Dans les années 1970, il dirigea le département « Nationalisations et politique industrielle » de la section économique du PCF.

Proposé par sa direction pour passer un an au Centre des hautes études de l’armement (CHEAR) en 1974, il fut finalement écarté, le ministère de tutelle lui refusant l’agrément « secret défense ». Candidat contre Jean-Pierre Fourcade aux municipales de 1971 à Saint-Cloud et aux cantonales de 1973, il utilisa la situation contre son ancien adversaire, ministre de l’Économie. Celui-ci se dédouana en lui proposant de diriger une étude sur l’immigration. Deux ans plus tard, devenu sénateur communiste des Hauts-de-Seine, il quitta le ministère de l’Économie, mais prolongea par l’enseignement supérieur, à Paris XIII et à l’École supérieure des sciences économiques et commerciales (ESSEC), son intérêt pour l’économie. Il entra au comité central du PCF lors du XXIIIe congrès (mai 1979), à un moment où les orientations politiques suite à la rupture du Programme commun, ne semblaient pas correspondre à son profil. L’éloignement massif des universitaires lui ouvrit les portes et il entra au secrétariat de Georges Marchais, pour qui il eut une sympathie personnelle. Il influa sur les choix économiques, contribuant aux discours, et livres de Marchais et de Charles Fiterman. Il participait à la commission « Nationatisations et politique industrielle » du comité central. Le Parti communiste lui demanda d’accepter la fonction de ministre délégué de la Fonction publique et des réformes administratives auprès du Premier Ministre après la victoire de François Mitterrand aux élections présidentielles et les élections législatives de juin 1981. Anicet Le Pors aurait souhaité le ministère des PTT qui revint au socialiste Louis Mexandeau. Il choisit comme directeur de cabinet un syndicaliste, René Bidouze. Il était donc un des quatre ministres communistes avec Charles Fiterman, Jack Ralite* et Marcel Rigout* ; si tous en imposèrent par la qualité de leur travail, aucun n’en sortit politiquement indemne. En mars 1983, son poste fut revu à la baisse : secrétaire d’État auprès du Premier Ministre, chargé de la Fonction publique et des réformes administratives. On lui doit l’élargissement de la Fonction publique aux collectivités territoriales, aux établissements hospitaliers et aux établissements publics de recherche. Il est difficile de faire la part, dans l’évolution de ses fonctions, de l’influence décroissante du Parti communiste et des jugements sur son action ministérielle. Réputé habile et talentueux, il rencontra des obstacles, notamment du côté de Jacques Delors, ministre de l’Économie. Son action ministérielle prit fin en juillet 1984. L’année suivante il fut nommé conseiller d’État, membre de la section du contentieux et de la section des travaux publics.

Réelu au comité central en février 1982, conseiller général des Hauts-de-Seine, canton de Nanterre Sud-Est de 1985 à 1998, il était entré dans une hostilité frontale à la direction de Georges Marchais au comité central du 22 décembre 1990, refusant de voter le rapport introductif du secrétaire général jugé « personnel » et non « collégial », se prononçant pour un « parti de droit », et proposant la non-réélection de Georges Marchais. Le rapport fut voté à l’unanimité moins une voix, la sienne. Marchais déclara qu’il avait eu raison d’exprimer son avis et d’émettre un vote conforme à cet avis. Anicet Le Pors démissionna du comité central du PCF le 4 juin 1993 et du Parti communiste en 1994.

Il fut menacé d’être éliminé des instances dirigeantes de France-URSS sur lesquelles Roland Leroy* exerçait une influence déterminante, dit-il, mais sur une intervention ferme du professeur de droit constitutionnel François Luchaire, membre de la direction de l’association, menaçant de démissionner si la proposition de Roland Leroy était maintenue, ce dernier la retira. Au contraire, dans les Hauts-de-Seine, malgré quelques tensions, il fut représenté en 1992 et garda son mandat jusqu’en 1998. Sa tentation de participer au courant des « rénovateurs » ne dura guère. Pour les élections européennes de 1994, il se présenta sur une liste intitulée « L’Autre Europe » avec Jean-Pierre Chevènement et Gisèle Halimi, liste opposée au traité de Maastricht et qui n’obtint que 2,5 % des voix. Il se consacra à l’écriture avec, en 1993, Pendant la mue, le serpent est aveugle et une pléiade de livres consacrés à la vie sociale et politique. Il se préoccupa d’« identité » et de citoyenneté et occupa la fonction de président de chambre à la Cour nationale du droit d’asile

Anicet Le Pors pense que sa dimension « d’expert » lui donnait une place à part dans le système communiste, respecté, écouté, mais en dehors de la concurrence pour les postes de pouvoir. Il affirme avoir gardé toujours un « quant à soi » « qui tenait sans doute à [s]es origines et à [s]on parcours antérieur ». « J’ai vécu ma dissidence sans souffrance majeure » disait-il.

 

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article141590, notice LE PORS Anicet. Pseudonyme : Alexis Cousin par Claude Pennetier, version mise en ligne le 28 août 2012, dernière modification le 10 juin 2014.

ŒUVRE : Les entreprises publiques (en collaboration), Éditions sociales, 1975. — Les Transferts État-industrie en France et dans les pays occidentaux, La Documentation française, 1976. — Les Béquilles du capital, Éditions du Seuil, 1977. — Changer l’économie, trois clés et un calendrier (en collaboration), Éditions sociales, 1977. — Marianne à l’encan, Éditions sociales, 1980. — Contradictions (entretiens avec Jean-Marie Colombani), Messidor, 1984. — L’État efficace, Robert Laffont, 1985. — Pendant la mue le serpent est aveugle, chronique d’une différence, Albin Michel, 1993. — Le Nouvel Âge de la citoyenneté, Éditions de l’Atelier, 1997. — Éloge de l’échec, Le Temps des cerises, 2001. — L’Appropriation sociale (en collaboration), Éditions Syllepse et Fondation Copernic, 202. — La Citoyenneté, PUF, coll. « Que sais-je », 1999. — Le Droit d’Asile, PUF ; coll. « Que sais-je », 2005. — Juge de l’asile, Michel Houdiard, 2010. — Les Racines et les Rêves, Éditions Le Télégramme, 2010.

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Etats Unis Point de vue d'un communiste vivant aux EU sur l'attaque du Capitol le 6 janvier

20 Janvier 2021 , Rédigé par Pour une vraie gauche à Lannion Publié dans #CCCP-Tregor, #Trump, #Etats Unis, #PRCF, #Capitol, #Lannion, #Communiste

Nous reproduisons un article d'Initiative communiste journal du PRCF (Pôle de renaissance communiste en France).  Le texte nous parait très intéressant car il rompt avec les analyses classiques développées en France sur la situation américaine par la bien-pensance libérale et socialisante.De Macron à Sarkozy en passant par Hollande et Jospin c'est le point de vue du séminaire de Bildenberg et de son relais local les diners du Siècle (Olivier Duhamel and co) qui prévaut.
“No pasaran ! Cette fois, vraiment !” – Témoignage d’un camarade du PRCF sur les événements survenus aux États-Unis le 6 janvier 2020

https://www.initiative-communiste.fr/articles/international/no-pasaran-cette-fois-vraiment-temoignage-dun-camarade-du-prcf-sur-les-evenements-survenus-aux-etats-unis-le-6-janvier-2020/

 

Initiative communiste reproduit le texte d’un camarade du PRCF vivant aux États-Unis et spectateur au premier rang de l’assaut des partisans de Donald au Capitole à Washington. Ce point de vue de l’auteur confirme que la frappe le monde, et notamment le soi-disant “modèle démocratique” qu’est la impérialiste états-unienne.

Comme l’a rappelé le Pôle de Renaissance communiste en France (PRCF) lors du résultat du mois de novembre, le salut des classes populaires ne peut venir ni du nationaliste et fascisant Trump, ni de Biden-Clinton, qui reprendra la politique de “mondialisation heureuse” et satisfera les desiderata du grand Capital et de l’ états-unien, y compris en poursuivant les offensives envers Cuba socialiste, le Venezuela bolivarien, le Nicaragua sandiniste, la Russie et la Chine – principal danger selon l’administration Biden.

A lire :

Comme l’avait si bien résumé Bertolt Brecht : “Le n’est pas le contraire de la démocratie [bourgeoise], mais son évolution en temps de crise”. Les États-Unis en offrent la plus spectaculaire démonstration de ces derniers temps, qui pourraient advenir en France avec le faux “duel” et vrai duo Macron-Le Pen, face auquel la seule alternative pour reconstruire une République une et indivisible, sociale et laïque, souveraine et démocratique, fraternelle et pacifique, réside dans l’alternative rouge-tricolore du Frexit progressiste !

Témoignage

Camarades,

Quelques milliers de prolos, de gens pas très éduqués mais très en colère se sont lancés contre le siège des institutions démo-crasseuses américaines. Trump et d’autres ont encouragé les foules à y aller, à reprendre le contrôle de leur Amérique. Quelque chose d’effrayant car j’anticipe la création d’un véritable mouvement d’extrême droite, d’un parti légitime fasciste à l’idéologie de suprématie blanche ; Hitler lui-même a été cité lors d’un discours à cette foule. Et le pauvres bougres suivent et vont probablement continuer de suivre vu les mesures d’austérité, les insécurités sociale et économique croissantes à la suite de cette crise économique et sanitaire. Trump l’a déjà indiqué : il ne va pas partir. Certes, il va quitter la Maison Blanche mais pas la scène politique, Si ces bougres avaient été noirs, ils n’auraient pas fait 100 mètres en direction du Capitole que des unités d’intervention paramilitaires de police leur seraient dégringolées sur le bout du nez. 

Ce mouvement populiste d’extrême droite est bien propice aux capitalistes et autres néolibéraux. Ils suffit de voir qui sont ceux qui se sont précipités dans les médias pour exprimer leur outrage bien pensant : le Canada, le Royaume-Uni, l’UE, la France, l’Allemagne, l’Australie, la Nouvelle-Zélande, le Japon, l’Inde, l’Organisation des États Américains (Amérique du Sud), l’OTAN, etc. En bref, tous les pays et organisations capitalistes se sont soudain unis et se sont jetés plein d’émoi au secours de la “democracy” en danger. D’autres, des individus, se sont joints au cortège hypocritico-bien pensant: l’Associations des Banquiers américains, les PDG de American Express, Apple, Blackrock, Blackstone, Bank of America, Chevron, Ford, CitiBank, General Motors, IBM, Google, etc. Le grand monde du capital a été “secoué” par ces prolos de droite et anticommunistes. Il est bien évident qu’au-delà de l’idéologie de ces petites gens, la plèbe semble bien avoir effrayé l’Oligarchie, ces oligarchies, outrées et offensées. Oh Mon Dieu! Ces gens, quel culot, et de plus Mossieur, il sont stupides et fascistes. Quelle Horreeeeur! 

Car les jeux sont faits, la pseudo-dialectique d’une populace fasciste contre les élites du Capital se déroule sur tous les écrans pour tous les téléspectateurs.De quel côté êtes-vous ? C’est un peu comme le conflit entre Macron et Le Pen mais sur une plus grande échelle. Les élites amoureuses de la “liberté démocratique” contre les prolos racistes, ignares et laids (avec des tatouages et une tête de bison cornu en guise de chapeau, quel manque de goût !), des prolos en quête d’une impossible dignité qu’une Amérique mythique aurait quelque part, à quelqu’époque, accordé à sa population.

Ce mouvement populiste d’extrême droite est bien propice aux capitalistes et autres néolibéraux. Ils suffit de voir qui sont ceux qui se sont précipités dans les médias pour exprimer leur outrage bien pensant : le Canada, le Royaume-Uni, l’UE, la France, l’Allemagne, l’Australie, la Nouvelle-Zélande, le Japon, l’Inde, l’Organisation des États Américains (Amérique du Sud), l’OTAN, etc. En bref, tous les pays et organisations capitalistes se sont soudain unis et se sont jetés plein d’émoi au secours de la “democracy” en danger. D’autres, des individus, se sont joints au cortège hypocritico-bien pensant: l’Associations des Banquiers américains, les PDG de American Express, Apple, Blackrock, Blackstone, Bank of America, Chevron, Ford, CitiBank, General Motors, IBM, Google, etc. Le grand monde du capital a été “secoué” par ces prolos de droite et anticommunistes. Il est bien évident qu’au-delà de l’idéologie de ces petites gens, la plèbe semble bien avoir effrayé l’Oligarchie, ces oligarchies, outrées et offensées. Oh Mon Dieu! Ces gens, quel culot, et de plus Mossieur, il sont stupides et fascistes. Quelle Horreeeeur! 

Car les jeux sont faits, la pseudo-dialectique d’une populace fasciste contre les élites du Capital se déroule sur tous les écrans pour tous les téléspectateurs.De quel côté êtes-vous ? C’est un peu comme le conflit entre Macron et Le Pen mais sur une plus grande échelle. Les élites amoureuses de la “liberté démocratique” contre les prolos racistes, ignares et laids (avec des tatouages et une tête de bison cornu en guise de chapeau, quel manque de goût !), des prolos en quête d’une impossible dignité qu’une Amérique mythique aurait quelque part, à quelqu’époque, accordé à sa population.

Je ne peux faire de prédiction quant aux futures de ces communautés populaires sauf dire qu’elles seront encore plus surveillées, fichées, réprimées, divisées et aliénées. Mais le capitalisme monopoliste financier, lui, continuera de tourner comme sur des roulettes.

La stratégie, j’imagine, est d’occulter, de neutraliser, d’éradiquer, d’annuler absolument mais indirectement néanmoins efficacement les mouvements de gauche qui, inévitablement, se devraient d’apparaître en force au regard de la crise économique, la confusion sanitaire criminelle, les injustice socio-économiques et raciales, la répression violente des populations pauvres, etc. Macron et Le Pen vont bien s’empresser de racialiser la lutte des classes : c’est le mot d’ordre de Le Pen, et Macron, déjà, a anticipé les couleurs si je puis dire, en affirmant avec paternalisme “l’existence du privilège blanc”, se posant ainsi comme défenseur de l’égalité raciale ce contre quoi Le Pen s’élèvera, etc. Les débats de demain sont en train d’être dessinés sans grande subtilité. La droite néolibérale va s’empresser de venir à représenter la démocratie, la tolérance, le multiculturalisme, le droit individuel, etc., en bref les États-Unis et leur “modèle démocratique”. Quant à Le Pen, elle fera comme d’habitude et prêchera son racisme nationaliste, l’identité franchouillarde, l’autoritarisme et l’ordre, les yeux larmoyant aux souvenirs de la France de Vichy. A quand le retour du service de police anticommuniste ou du service de police aux questions jui… pardon, musulmanes?

l n’est plus question d’une dérive vers la droite : la politique de ces pays capitalistes ne sera plus qu’une politique de droite et d’extrême droite. Ces événements américains, je pense, ne sont que l’annonce à venir de la création d’un parti fasciste américain légitime en quête de pouvoir au nom du peuple, de la race, pour rendre sa grandeur à l’Amérique. L’alternative aux démocrates et républicains ne sera pas de gauche mais d’extrême droite, et ceci est une politique intentionnelle du Capital.

Il faut redoubler d’énergie contre le fascisme, l’anticommunisme et les capitalistes. La colère populaire est présente ici aux États-Unis, mais aussi en France : c’est à nous, communistes, d’engager une propagande de classe, c’est-à-dire de coopter ces mouvements populaires. Il en va de l’urgence ou le fascisme vaincra. En état de super-crise, le capitalisme ne peut être que ce qu’il est et ne peut plus maintenir son image “sociale-démocrate” : le voile est tombé, nous savons comment et pourquoi, il en revient à tous les communistes de combattre le fascisme. Le Parti Communiste a besoin de redevenir un parti de pouvoir.

No Pasaran !!!! Cette fois vraiment !

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Un trac du PCF.......

20 Janvier 2021 , Rédigé par Pour une vraie gauche à Lannion Publié dans #Lannion, #CCCP-Tregor, #PCF, #PCF Lannion, #CCCP Lannion, #Analyse Politique, #ANC Lannion, #Communiste

Oui c'est un vrai tract du PCF mais c'est dans une commune de l'Isère, très, très loin de Lannion et du PCF 22!!! de Lahellec !

http://www.pcf-smh.fr/Les-mesures-du-gouvernement-Macron.html?var_mode=calcul

Les mesures du gouvernement Macron - Castex n’ont rien à voir avec un virus !

janvier 2021, par Saint Martin d’Hères

LE CORONAVIRUS C’EST D’ABORD

Pour les patrons :
-  200 milliards d’aides sans contrepartie
-  360 milliards de prêts garantis par l’Etat.

Pour les travailleurs :
-  Chômage partiel avec perte de revenu,
-  800 000 chômeurs en plus, des millions attendus,
-  Cadences infernales de travail,
-  Précarité, contrat précaire,
-  Suppression de coins repas, pause repas attaquée,

Le coronavirus a bon dos ! Ne laissons pas faire !

Notre pays connaît une attaque capitaliste contre les acquis sociaux, contre les libertés fondamentales, contre des pans utiles de l’économie. En 2020, jamais le patronat n’aura vu en quelques mois ses avantages s’accroître dans de telles proportions. 2020 a été l’année de tous leurs cadeaux et profits (sauf pour ceux que le système capitaliste a décidé de liquider pour tenter de contrôler sa crise). Pour nous, les travailleurs, c’est une casse de nos conquis sociaux et une régression de nos libertés individuelles.

Quasiment toutes les puissances capitalistes ont pris des mesures antisociales et antiéconomiques au nom du Covid, et en premier lieu le confinement. Elles ont décidé, de concert, pour des intérêts convergents malgré leurs rivalités, d’accélérer leurs restructurations, de rétablir un taux de profit, de dévaloriser la monnaie, d’imposer des privations de libertés fondamentales inconnues en Europe en temps de paix. L’exploitation du Covid permet de tout précipiter sur le plan économique, avec la perspective d’une explosion du chômage.

Bientôt, viendront s’ajouter aux 800 000 nouveaux chômeurs des millions d’autres (Sanofi licencie !), aux privations de liberté les plus inimaginables un flicage de la pensée de tous les instants, un redoublement de la casse des services publics comme le plan Hercule de démantèlement d’EDF. Une casse des retraites, encore plus violente que celle prévue en 2018, est en préparation avec la faillite organisée de la Sécu. L’argent factice coule à flots pour redistribuer encore davantage les vraies richesses, créées par le travail, vers les rentiers transnationaux.

Par notre analyse différente de leur propagande, nous tentons de raisonner la peur, nous remettons en cause le confinement et mobilisons pour la levée immédiate de ses éléments les plus évidemment absurdes (sur le plan sanitaire) et liberticides comme le couvre-feu, les masques en plein air, les attestations, les interdictions de réunion etc.

Si le capitalisme et ses grandes puissances cherchaient à sauver des vies, ça se saurait. En France, la situation des Ehpad se dégrade et, après 10 mois, il y a encore moins de lits de réanimation qu’avant l’épidémie. Sur le plan sanitaire, le confinement (illusoirement « généralisé » et non la mise à l’abri des personnes « vulnérables » le temps des pics épidémiques) commence aussi à donner ses résultats désastreux, avec les retards de soins et de dépistage, des gens ont renoncé à se faire soigner, l’isolement des vieux, les dégâts psychiatriques. Des médecins le disent, le confinement va conduire à une baisse de l’espérance de vie.

En fait, la quasi-totalité des 14,3 milliards d’euros engagés, aux dépens de l’assurance maladie, a servi à alimenter la panique et la peur et non à soigner. Des millions de tests, deux millions par semaine, au prix fort, peu fiables, poussés au maximum pour être « positifs » et montrer une progression du Covid. Des dizaines de millions de masques pour établir la peur et la méfiance de l’autre dans toute la société mais pas assez de masques de qualité dans les hôpitaux contre notamment les maladies nosocomiales.

Nous dissocions la politique du pouvoir avec le confinement et le couvre-feu, les buts antisociaux et antidémocratiques de la question sanitaire qui les prétexte.

Covid ou pas Covid, le gouvernement, comme ceux des autres pays de l’UE, ont poursuivi leur politique de destruction de l’offre de santé publique : 800 millions d’euros de moins pour l’hôpital, fermeture de lits – notamment en gériatrie ! - application de la loi Buzyn et … pas un lit de réanimation en plus alors que, chaque hiver, notre système connaît une dangereuse saturation.

Ce n’est pas une politique « d’incapables ». C’EST UN CHOIX POLITIQUE !

Macron est mandaté par le grand capital pour poursuivre une guerre contre les travailleurs et le peuple et non contre un virus. Ils comptent présenter l’addition de la dette abyssale qu’ils viennent de créer aux salariés, aux épargnants et aux petites entreprises.

Le virus comme le climat servent à tout, ils n’ont pas fini d’avoir bon dos.

NI LE VIRUS - NI LE CLIMAT ne justifie les reculs sociaux, l’explosion du chômage et de l’exploitation, les privations de libertés, la casse du financement de la Sécu et de l’hôpital, des services publics, des droits et garanties collectifs des salariés …

La dictature climatique et le référendum qui s’annonce, pour nous imposer des contraintes constitutionnelles (sans rapport avec ce qui doit être dans une constitution), donnera aux puissants les armes pour nous exploiter et nous contrôler encore davantage sous des faux prétextes dits de « précaution » : l’écrasante propagande de l’idéologie dominante du CAPITALISME « VERT ».

Face à la campagne catastrophiste mondiale développée par le capitalisme sur le climat et le risque « réchauffement », qui ne vise qu’à créer des marges de profits, sur des activités ne répondant à aucun besoin, à développer des politiques autoritaires, intrusives, au nom, notamment, de pseudo « experts », communistes, nous nous battons, pour « l’écologie » dans l’intérêt des salariés, pour une gestion des ressources et des risques naturels allant vers la protection et l’amélioration du cadre de vie de l’Humanité.

Face à l’alimentation de la politique de la peur et de la division par le pouvoir, nous faisons le choix de la raison, de la vérité et de la fraternité dans la lutte des classes des travailleurs.

Nous appelons les travailleurs à la résistance pour nos emplois, nos salaires, nos droits et libertés, l’accès aux biens fondamentaux, logement, énergie, eau dont les tarifs risquent d’exploser aux dépens des travailleurs. Songeons qu’ils sont sur le point de privatiser EDF, après avoir liquidé GDF !

Nous alertons : sans rapport de force des travailleurs organisés, nos libertés fondamentales et nos derniers acquis sont en danger. Refusons de payer leur crise capitaliste par la privation de nos libertés et de nos droits ! Seule la lutte sauvera nos emplois, nos salaires, nos conditions de travail ! Ensemble, construisons les luttes sur nos revendications !

LA RUPTURE POLITIQUE NE PASSERA QUE PAR LES LUTTES SUR LES REVENDICATIONS IMMEDIATES :

- Le SMIC à 1700 euros net

- Le retrait du plan Hercule EDF, le maintien des tarifs régulés électricité et gaz (non à l’ouverture à la concurrence de l’UE)

- L’annulation de toutes les augmentations de gaz et d’électricité depuis 2019.

- Le retrait du projet de retraite par points. Pour la retraite à 60 ans, complète avec 37,5 annuités.

- Un plan d’urgence immédiat de 4 milliards d’euros pour l’hôpital public

- La collectivisation SANS CONTREPARTIE de tous les secteurs de santé (y compris les EHPAD).

- La défense des services publics et reconquête des monopoles publics SNCF-RATP-EDF.

- Le refus de l’application en France de la marchandisation des services publics et des directives de l’UE . Etc.

Oui c'est un vrai tract du PCF mais c'est dans une commune de l'Isère, très, très loin de Lannion et du PCF 22!!! de Lahellec !

 

 

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Marche des libertés à Lannion:POLICE 500 PERSONNES ORGANISATEURS 800 PERSONNES,PRESSE 400 à 500

19 Janvier 2021 , Rédigé par Pour une vraie gauche à Lannion Publié dans #Lannion, #Contre la loi liberticide, #manifestation, #16 janvier Lannion

LA PRESSE COMME LES ORGANISATEURS S'ACCORDENT POUR DIRE  QUE C'EST UN SUCCES  DE L'OPPOSITION AUX MACRONIENS ET AUTRES LIBERAUX DE LR A LE PEN;

388 députés, la quasi totalité des macroniens qu'ils viennent du PS, des verts, du centre ou de la droite, la quasi totalité de la droite LR et les députéS FN, Le Pen et cie ont voté la loi d'atteinte aux libertés et à la République en première lecture. Voir après les photos de la manif.

La manifestation de samedi est une réponse à leurs représentants nationaux et locaux, le Le Jeune, Kerlogot et autres Chaisemartin, Léon ou Marrec.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Les 388 députés de la honte:

Pour télécharger les caricatures:

https://drive.google.com/drive/folders/1g_hzPpUZUyQBIif39I5tCsJPL4kc15sb

 

https://blogs.mediapart.fr/la-revue-dessinee/blog/271120/loi-securite-globale-le-trombinoscope-de-la-honte

Le 24 novembre, 388 député·e·s LREM, MODEM, UDI, AGIR ENSEMBLE, LR, et RN ont voté pour la loi Sécurité Globale.

 

Alors que le gouvernement se veut le défenseur de la liberté d’expression, il restreint avec cette loi les libertés et l’expression journalistique et citoyenne. ( Voir le décryptage de cette loi par l'association de défenses des droits et libertés sur internet La Quadrature du net )

Nous, auteurices de bande dessinée, avons décidé de rendre visibles celles et ceux qui ont voté cette loi dans l’urgence, alors que la pays est en plein confinement.

Nous publions le portrait de ces 388 #députésdelahonte.

Nous représentons celles et ceux qui nous représentent.

Nous montrons celles et ceux qui se prétendent Charlie mais portent atteinte aux libertés, dont celle d’expression.

Vous souhaitez savoir si votre député·e a voté la loi Sécurité Globale ? Parcourez la liste de portraits !

Téléchargez-les, diffusez-les !

Vous pouvez imprimez, coller, diffuser ces portraits, manifester avec, en faire des tirages, des stickers, vous pouvez vous les réapproprier tant que cela est pour dire #StopLoiSécuritéGlobale

 Tous les portraits sont à télécharger ici !

 

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À Lannion, le collectif de gauche Ecap opposé à l’installation de caméras sur la voie publique: Le Telegramme

19 Janvier 2021 , Rédigé par Pour une vraie gauche à Lannion Publié dans #ECAP, #Lannion, #CCCP-Tregor, #PCF Lannion, #P"C"F Lahellec, #PS, #Les différents PS, #Verts, #LR, #macroniens, #Caméras de surveillance Lannion, #Tregor, #ANC Lannion, #Ensemble Lannion, #NPA

https://www.letelegramme.fr/cotes-darmor/lannion/a-lannion-le-collectif-de-gauche-ecap-oppose-a-l-installation-de-cameras-sur-la-voie-publique-18-01-2021-12689959.php

À la suite de scènes de violences nocturnes dans le centre-ville de Lannion au mois de juin 2020, la question de la vidéosurveillance s’est invitée dans le débat public. Le collectif de gauche Ecap dit « non aux caméras sur la voie publique ».

 

  L’installation de caméras de surveillance dans l’espace public fait débat à Lannion. (Photo d’illustration Le Télégramme/François Destoc)

Dans un communiqué intitulé « Non aux caméras sur la voie publique à Lannion », le collectif de gauche Ecap (Écologiste, communiste, anticapitaliste et patriote) intervient dans le débat sur la question de la vidéosurveillance, lancé à la suite de scènes de violences nocturnes dans le centre-ville de Lannion, au mois de juin 2020, et remis sur la table après des cambriolages récents.

« Les caméras ne font que déplacer ailleurs l’activité délinquante »

« Nous déplorons, comme les habitants de notre ville, les cambriolages de commerçants lannionnais. Mais, a priori, nous ne voyons pas bien ce qu’une vidéo de rue peut apporter en plus d’une caméra intérieure au magasin », écrivent les représentants du collectif Ecap, dubitatifs en apprenant que la municipalité de Lannion réfléchit à la question. « Rappelons que la vidéosurveillance n’est guère efficace car elle n’est utile aux policiers et gendarmes que dans 1 à 2 % des cas d’enquêtes. En préventif, les caméras ne font que déplacer ailleurs l’activité délinquante », font-ils valoir. L’argent public pourrait être utilisé efficacement ailleurs, dans la prévention ou sur le terrain (…) » 

Mettant en avant les « libertés individuelles et le respect de notre vie privée », Ecap craint que les « dérives » n’augmentent « avec le « progrès » de la technologie (…)» «Tout un chacun sera surveillé et considéré comme un délinquant ou un terroriste en puissance. C’est cela que nous voulons ? », s’interroge le collectif, concluant que « la gauche gestionnaire municipale s’honorerait de pas suivre la droite sécuritaire ».

Comme sur notre Blog le communiqué d'Ecap a un certain écho, le débat est lancé. On attend avec impatience la réponse des "gérants loyaux de la société néolibérale" les différents PS, le P"C"F "Lahellec" local, les verts. Quant aux autres, les Cornec et autre Marrec  on connait la réponse : hystérie sécuritaire (cela se soigne...).

Le communiqué ECAP intégral:

http://www.humanite-lannion-tregor.fr/2021/01/des-cameras-de-video-surveillance-a-lannion.le-collectif-ecap-dit-non-c-est-couteux-et-peu-efficace.html

ECAP regroupe les associations et partis suivants :
- Ensemble-Trégor
- CCCP-Trégor (Cercle des Citoyens Communistes et Patriotes)
- ANC Lannion (Alliance Nationale des Communistes)
- NPA Comité Nathalie Le Mel
 

 

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Confondre la démocratie avec l’acceptation d’une dictature douce, par Danielle Bleitrach 17 janvier 2021

17 Janvier 2021 , Rédigé par Pour une vraie gauche à Lannion Publié dans #Lannion, #CCCP-Tregor, #Analyse Politique, #Communiste, #ANC Lannion

Nous publions un article de Daniele Bleitrach, ancienne dirigeante du PCF :

De 1981 à 1996, elle a été membre du comité central du Parti communiste français puis du comité national de ce parti. Elle a été rédactrice en chef adjointe de l'hebdomadaire communiste Révolution et a collaboré aux revues La Pensée, Les Temps modernes et Le Monde diplomatique.

Universitaire, sociologue, journaliste, essayiste et romancière française1. Elle a publié, principalement en collaboration, divers ouvrages sur la classe ouvrière, le mouvement ouvrier, l'urbanisation, l'Amérique latine, le nazisme.

Il y a un effort de réflexion d'un point de vue communiste m^me si elle nous parait surestimer le changement apporté par Roussel, il est vrai que dans les Côtes d'Armor, où le PCF de Lahellec joue les supplétifs du PS, le changement n'est guère perceptible.

 

Les étapes de la dictature du capital comme l’aboutissement de leur démocratie… et la faillite de la social-démocratie

Les socialistes démocratiques occidentaux remplacent la lutte de classe par les rêves d’harmonie de classe, et ils ont même imaginé la transformation socialiste d’une manière rêvée – non pas comme le renversement du pouvoir de la classe exploitante, mais comme la soumission pacifique de la minorité à la majorité.”- Vladimir Lénine

Notons que la question de la démocratie n’est jamais secondaire pour Lénine même quand il dénonce les illusions des sociaux démocrates, ce qu’il leur reproche n’est pas l’aspiration à la démocratie mais au contraire d’en faire l’instrument d’une soumission.

La soumission n’est pas disposition psychologique, elle est le résultat de l’absence d’une position de classe et sa traduction l’absence de toute stratégie visant à la prise du pouvoir d’Etat, bref, le Que faire?

Dans mes mémoires j’ai tenté d’aborder l’évolution de la situation dans le PCF et dans le socialisme européen sous l’angle d’un problème de stratégie et je continue à penser qu’il faut partir de là.

Quand l’orientation social démocrate l’a emporté, la révolution n’est pas écartée au profit des réformes, elle devient impossible. La question politique se résume alors à la tambouille entre chefs de partis pour l’addition des forces qui numériquement approcheraient le plus d’une majorité électorale. En fait serviraient le mieux leur désir d’occuper personnellement des places (y compris pour devenir les gérants de l’intérêt du capital avec l’idée que ça vaut mieux que rien). Quand on participe à de telles opérations et à la déception qu’elles engendrent, soit on se conduit à l’intérieur de l’alliance comme des opposants, soit on tente de justifier sa présence en défendant l’indéfendable et des résultats dérisoires: dans les deux cas on perd toute crédibilité.

Mais cette situation déjà difficile devient impraticable quand nous sommes entrés dans une transition historique qui exige un changement de société, quand les forces auxquelles nous confions la direction de l’élection ont fait faillite comme la IIe internationale ou la social démocratie aujourd’hui. Alors là débute une hésitation entre la forme brutale ou douce de la nécessaire dictature du capital. Simplement parce que les masses déçues apparaissent désormais comme en danger de fascisation. La majorité n’est plus sûre…

Le rêve heureux de la soumission pacifique de la minorité à la majorité tourne au cauchemar, quelque chose comme l’homme cornu sur les marches du Capitole.

Devant la crainte que la majorité ne soit elle-même plus assez démocratique on commence à approuver la censure, la répression. La logique est le choix d’un bon maître face à celui qui fait peur. C’est ce qu’illustrent les derniers événements aux États-Unis mais aussi partout dans le monde.

En Europe, ce choix du bon maître est double, il s’agit non seulement de celui qui sert le mieux les capitalistes nationaux européens, mais il s’agit de la vassalisation à leur bras armé : les États-Unis. Et cela accentue la dérive entre l’hypothèse d’un gouvernement de centre-droit et son repoussoir éclaireur l’extrême-droite. Ce qui vient de se passer en Hollande est éclairant à ce propos de ce que l’on peut attendre d’une élection quand cette dérive fascisante s’est emparée de la société.

L’exemple de la démission du gouvernement néerlandais

Le gouvernement néerlandais a démissionné dans un contexte de scandale sur les allocations familiales dans lequel plus de 20 000 familles ont été accusées à tort de fraude par l’administration fiscale. Pas moins de 26 000 parents ont été accusés à tort par les autorités fiscales néerlandaises d’avoir frauduleusement réclamé des allocations familiales sur plusieurs années à partir de 2012, et jusqu’à 10 000 familles ont été contraintes de rembourser des dizaines de milliers d’euros, entraînant dans certains cas le chômage, les faillites et les divorces. L’administration fiscale a admis l’année dernière qu’au moins 11 000 d’entre elles avaient fait l’objet d’un examen spécial en raison de leur origine ethnique ou de leur double nationalité, alimentant des allégations de longue date de racisme systémique aux Pays-Bas.

Mais cette démission et ce scandale semblent n’avoir que peu d’effet sur les élections législatives du 17 mars. La plupart des sondages indiquent que le Parti au pouvoir, le Parti populaire pour la liberté et la démocratie de Rutte remportera un quatrième mandat aux élections, l’opinion publique le soutenant encore largement. Le parti de centre-droit est en bonne voie pour obtenir un peu moins de 30% des voix, soit plus du double des prévisions pour le parti de deuxième place, le parti anti-liberté anti-islam de Geert Wilders.

Résumons: une démission et une élection qui relèvent de la gesticulation dans un pic épidémique dont nul ne sait comment y faire face. Une situation des plus courantes en Europe.

Si l’on admet que le socialisme européen a plus ou moins raté son passage de la guerre de mouvement révolutionnaire (1) à la stabilisation de la guerre de position (que la Chine affronte) et qu’il la raté parce qu’il l’a confondu avec la régression social-démocrate, on peut considérer que nous avons assisté sous différentes formes à l’échec total de la social-démocratie partout dans le monde. Et comme cela a été le cas pour la faillite de la IIe internationale qui n’a pas su empêcher la guerre impérialiste, on ne peut pas trouver la solution dans ce qui a fait faillite.

UNE RE-ORIENTATION STRATEGIQUE

Si nous avons partout en Europe ce scénario avec notre variante nationale – le numéro célèbre de duettistes Macron Le Pen, résultat l’abstention et le dévoiement des couches populaires vers un nationalisme xénophobe… Le soutien grotesque et passionné d’un capitalisme contre un autre comme cela s’est vu aux États-Unis lors de l’assaut du Capitole. Peut-être est-il nécessaire de passer à autre chose.

Certes, il ne s’agit pas de considérer que tout est équivalent, que Macron c’est Pinochet, et de ne pas combattre la fascisation ce qui serait du gauchisme. Il faut au contraire donner du sens à l’exigence de la démocratie et cela se fait déjà quand on soutient le personnel hospitalier face à ceux qui sacrifient la vie, la sécurité. Cela se fait déjà quand on combat la fermeture d’entreprises qui accroissent chômage et désert français, mais la ré-industrialisation du territoire, la formation à l’emploi dépendent d’un élan national qui donnera tout son sens à l’intervention des travailleurs. Enfin, il faut avancer en matière politique si l’on veut ne pas mouliner dans le vide des bons sentiments, dans celui de l’incapacité grandissante à intervenir sur ce qui parait hors de portée comme la question de la paix. Il y a deux urgences qui doivent être menées ensemble:

  • Il faut reconstruire un parti révolutionnaire qui aura une stratégie de rupture avec le capitalisme en construisant le socialisme et qui rassemblera autour de cette stratégie les forces qui ne sont pas nécessairement révolutionnaires mais ne veulent pas du fascisme. Cette reconstruction passe par la prise en compte des problèmes des couches populaires autant que de la souveraineté nationale parce que seul un parti révolutionnaire avec sa dimension de classe peut unifier ce que le capital divise. Transformer l’expérimentation sociale en programme et en orientation planificatrice dans l’immédiat et le long terme. Quel parti révolutionnaire ? (2). Ce qui est sur c’est qu’il manque des révolutionnaires (3)
  • Reconstruction internationale communiste : Si l’on admet que comme aux Etats-Unis, il y a un effet Boomerang de l’impérialisme face à ses problèmes internes, il faut penser une autre cohérence internationale. Nous sommes devant le constat de l’échec de l’impérialisme sous sa forme néolibérale, devant son caractère destructeur et criminel, là encore nous avons un grand nombre de forces, dont beaucoup émanent d’une social-démocratie, divisée, prête encore à bien des ralliements , ne percevant qu’un aspect des problèmes et prête à se rallier en fait à un capital moins méchant que l’autre. La situation fait penser toute analogie étant bien sûr purement illustrative à la conférence de Zimmerwald en 1915, qui comprenait en réalité deux tendances distinctes, le manifeste publié (rédigé en grande partie par Trotsky chargé de cette synthèse) reprenant leurs idées communes. La majorité pacifiste des délégués souhaitait que la conférence serve uniquement à affirmer la volonté de défendre l’idéal internationaliste et de l’opposition à la « guerre impérialiste ». Cependant, une minorité appelée la « gauche de Zimmerwald », ou « gauche zimmerwaldienne », et menée en particulier par Lénine jugeait que la capitulation des dirigeants socialistes de la IIe Internationale devant le nationalisme et la guerre constituait une trahison extrêmement grave. La IIe Internationale s’étant donné comme priorité la lutte contre la guerre, cela signifiait la faillite de celle-ci. Pour Lénine, cet échec tragique rendait indispensable la fondation d’une nouvelle internationale, et la rupture totale avec les sociaux-démocrates ayant participé à l’Union sacrée. Le slogan de lutte pour la paix est totalement rejeté par la gauche de Zimmerwald, qui adopte le mot d’ordre de transformation de la guerre impérialiste en guerre civile contre la bourgeoisie, c’est-à-dire en révolution anticapitaliste.

A propos du PCF et de l’étape qu’a été le 38e Congrès. C’est-à-dire un fait nouveau et qui depuis que Maurice Thorez a fait de ce parti ce qu’il était n’était jamais intervenu, à savoir le changement de l’équipe dirigeante considérée comme entrainant “l’effacement” du parti et l’élection pour une part d’une nouvelle direction menant une ligne de réaffirmation. La stratégie choisie par la nouvelle direction se situe bien dans la ligne thorézienne dans laquelle la direction est garante de l’unité du parti. Elle a renoué avec le monde de l’entreprise et a commencé un début de reconstruction du PCF. Et il suffit d’entendre Fabien Roussel sur un plateau de télévision pour percevoir un ton nouveauplus ancré sur le monde du travail, plus soucieux de l’emploi, des salaires, du concret. Paradoxalement moins aggressif et pourtant plus ferme.

Pourtant, il ydemeure un handicap important, la poursuite de la ligne antérieure en particulier en matière de formation des adhérents et la totalité de ce qui a trait à l’idéologie, avec le secteur international, cequi est un obstacle certainement à la mobiisation du parti, à être présent autrement que pour porter une candidature à une élection.

Un double pouvoir ne peut pas durer, soit la ligne du 38e congrès s’impose, soit au bout d’un certain l’ancienne direction reprend le pouvoir et la liquidation se poursuit comme l’ensemble des orientations social-démocrates.

Incontestablement néanmoins le handicap principal demeure la difficulté de mener une ligne de réaffirmation alors que le contexte électoral redonne à chaque fois l’occasion à la ligne liquidatrice de remettre en cause le congrès. L’effet est d’autant plus fort que la ligne de l’unité n’a pas permis d’avancer ni auprès de la population française, ni auprès des travailleurs, ni des militants eux-mêmes sur les raisons théoriques et politiques pour lesquelles sur le fond il y a la nécessité de ce parti révolutionnaire. Cela peut apparaître alors comme un choix partisan qui se heurte à l’illusion d’un possible changement par l’addition de partis et le choix d’un leader. Cela ne risque de convaincre ni ceux qui sont ancrés dans les illusions social-démocrates, ni ceux qui se réfugient dans l’abstention. Et dans le PCF ce problème aura d’autant plus de poids que la presse, la formation des militants, tout est resté aux mains de ceux qui pour des raisons diverses n’ont pas été convaincus par le 38e Congrès.

Le bon côté de l’affaire est quand l’on mesure que depuis plus de trente ans notre peuple, les militants communistes sont soumis à un pilonnage, le fait qu’il existe encore ce besoin de lutte et de transformation peut laisser espérer ce que chaque effort a contrario sera moins dur qu’on ne le croit.

Danielle Bleitrach

(1) ces deux concepts guerre de mouvement et guerre de position sont empruntés à Gramsci qui montre comment en France la classe capitaliste s’est installée en deux temps contre l’ordre féodal, le premier fut la révolution française, la terreur, la seconde fut la IIIe République avec le jacobinisme centralisateur, laïque et ses positions comme l’école, les diverses institutions républicaines.

(2)”Le cerveau de la classe, la cause de la classe, la gloire de la classe- voilà ce qu’est le parti“V.Maïakovsky. cité par Maurice Thorez Dans son journal 1952-1964. Fayard.2020. p.217

(3)Le révolutionnaire n’est pas celui qui le devient à l’approche de la Révolution, mais celui qui au moment où la réaction fait rage, au moment où les libéraux et les démocrates hésitent le plus, défend les principes et les mots d’ordre de la révolution. Le révolutionnaire c’est celui apprend aux masses à lutter de façon révolutionnaire“. Lénine T.XIX. p 203,4ème édition russe. Cité par Maurice Thorez dans son journal p.216. notons que ces deux citations datent de 1957, la publication du rapport Khrouchtchev. Le volonté de se convaincre que tout va bien, le rapprochement avec les partis qui endiguent l’influence italienne… mais aussi le retour pélerinage en URSS sur les lieux du combat révolutionnaire.

 

Les étapes de la dictature du capital comme l’aboutissement de leur démocratie… et la faillite de la social-démocratie…

Les socialistes démocratiques occidentaux remplacent la lutte de classe par les rêves d’harmonie de classe, et ils ont même imaginé la transformation socialiste d’une manière rêvée – non pas comme le renversement du pouvoir de la classe exploitante, mais comme la soumission pacifique de la minorité à la majorité.”- Vladimir Lénine

Notons que la question de la démocratie n’est jamais secondaire pour Lénine même quand il dénonce les illusions des sociaux démocrates, ce qu’il leur reproche n’est pas l’aspiration à la démocratie mais au contraire d’en faire l’instrument d’une soumission.

La soumission n’est pas disposition psychologique, elle est le résultat de l’absence d’une position de classe et sa traduction l’absence de toute stratégie visant à la prise du pouvoir d’Etat, bref, le Que faire?

Dans mes mémoires j’ai tenté d’aborder l’évolution de la situation dans le PCF et dans le socialisme européen sous l’angle d’un problème de stratégie et je continue à penser qu’il faut partir de là.

Quand l’orientation social démocrate l’a emporté, la révolution n’est pas écartée au profit des réformes, elle devient impossible. La question politique se résume alors à la tambouille entre chefs de partis pour l’addition des forces qui numériquement approcheraient le plus d’une majorité électorale. En fait serviraient le mieux leur désir d’occuper personnellement des places (y compris pour devenir les gérants de l’intérêt du capital avec l’idée que ça vaut mieux que rien). Quand on participe à de telles opérations et à la déception qu’elles engendrent, soit on se conduit à l’intérieur de l’alliance comme des opposants, soit on tente de justifier sa présence en défendant l’indéfendable et des résultats dérisoires: dans les deux cas on perd toute crédibilité.

Mais cette situation déjà difficile devient impraticable quand nous sommes entrés dans une transition historique qui exige un changement de société, quand les forces auxquelles nous confions la direction de l’élection ont fait faillite comme la IIe internationale ou la social démocratie aujourd’hui. Alors là débute une hésitation entre la forme brutale ou douce de la nécessaire dictature du capital. Simplement parce que les masses déçues apparaissent désormais comme en danger de fascisation. La majorité n’est plus sûre…

Le rêve heureux de la soumission pacifique de la minorité à la majorité tourne au cauchemar, quelque chose comme l’homme cornu sur les marches du Capitole.

Devant la crainte que la majorité ne soit elle-même plus assez démocratique on commence à approuver la censure, la répression. La logique est le choix d’un bon maître face à celui qui fait peur. C’est ce qu’illustrent les derniers événements aux États-Unis mais aussi partout dans le monde.

En Europe, ce choix du bon maître est double, il s’agit non seulement de celui qui sert le mieux les capitalistes nationaux européens, mais il s’agit de la vassalisation à leur bras armé : les États-Unis. Et cela accentue la dérive entre l’hypothèse d’un gouvernement de centre-droit et son repoussoir éclaireur l’extrême-droite. Ce qui vient de se passer en Hollande est éclairant à ce propos de ce que l’on peut attendre d’une élection quand cette dérive fascisante s’est emparée de la société.

L’exemple de la démission du gouvernement néerlandais

Le gouvernement néerlandais a démissionné dans un contexte de scandale sur les allocations familiales dans lequel plus de 20 000 familles ont été accusées à tort de fraude par l’administration fiscale. Pas moins de 26 000 parents ont été accusés à tort par les autorités fiscales néerlandaises d’avoir frauduleusement réclamé des allocations familiales sur plusieurs années à partir de 2012, et jusqu’à 10 000 familles ont été contraintes de rembourser des dizaines de milliers d’euros, entraînant dans certains cas le chômage, les faillites et les divorces. L’administration fiscale a admis l’année dernière qu’au moins 11 000 d’entre elles avaient fait l’objet d’un examen spécial en raison de leur origine ethnique ou de leur double nationalité, alimentant des allégations de longue date de racisme systémique aux Pays-Bas.

Mais cette démission et ce scandale semblent n’avoir que peu d’effet sur les élections législatives du 17 mars. La plupart des sondages indiquent que le Parti au pouvoir, le Parti populaire pour la liberté et la démocratie de Rutte remportera un quatrième mandat aux élections, l’opinion publique le soutenant encore largement. Le parti de centre-droit est en bonne voie pour obtenir un peu moins de 30% des voix, soit plus du double des prévisions pour le parti de deuxième place, le parti anti-liberté anti-islam de Geert Wilders.

Résumons: une démission et une élection qui relèvent de la gesticulation dans un pic épidémique dont nul ne sait comment y faire face. Une situation des plus courantes en Europe.

Si l’on admet que le socialisme européen a plus ou moins raté son passage de la guerre de mouvement révolutionnaire (1) à la stabilisation de la guerre de position (que la Chine affronte) et qu’il la raté parce qu’il l’a confondu avec la régression social-démocrate, on peut considérer que nous avons assisté sous différentes formes à l’échec total de la social-démocratie partout dans le monde. Et comme cela a été le cas pour la faillite de la IIe internationale qui n’a pas su empêcher la guerre impérialiste, on ne peut pas trouver la solution dans ce qui a fait faillite.

UNE RE-ORIENTATION STRATEGIQUE

Si nous avons partout en Europe ce scénario avec notre variante nationale – le numéro célèbre de duettistes Macron Le Pen, résultat l’abstention et le dévoiement des couches populaires vers un nationalisme xénophobe… Le soutien grotesque et passionné d’un capitalisme contre un autre comme cela s’est vu aux États-Unis lors de l’assaut du Capitole. Peut-être est-il nécessaire de passer à autre chose.

Certes, il ne s’agit pas de considérer que tout est équivalent, que Macron c’est Pinochet, et de ne pas combattre la fascisation ce qui serait du gauchisme. Il faut au contraire donner du sens à l’exigence de la démocratie et cela se fait déjà quand on soutient le personnel hospitalier face à ceux qui sacrifient la vie, la sécurité. Cela se fait déjà quand on combat la fermeture d’entreprises qui accroissent chômage et désert français, mais la ré-industrialisation du territoire, la formation à l’emploi dépendent d’un élan national qui donnera tout son sens à l’intervention des travailleurs. Enfin, il faut avancer en matière politique si l’on veut ne pas mouliner dans le vide des bons sentiments, dans celui de l’incapacité grandissante à intervenir sur ce qui parait hors de portée comme la question de la paix. Il y a deux urgences qui doivent être menées ensemble:

  • Il faut reconstruire un parti révolutionnaire qui aura une stratégie de rupture avec le capitalisme en construisant le socialisme et qui rassemblera autour de cette stratégie les forces qui ne sont pas nécessairement révolutionnaires mais ne veulent pas du fascisme. Cette reconstruction passe par la prise en compte des problèmes des couches populaires autant que de la souveraineté nationale parce que seul un parti révolutionnaire avec sa dimension de classe peut unifier ce que le capital divise. Transformer l’expérimentation sociale en programme et en orientation planificatrice dans l’immédiat et le long terme. Quel parti révolutionnaire ? (2). Ce qui est sur c’est qu’il manque des révolutionnaires (3)
  • Reconstruction internationale communiste : Si l’on admet que comme aux Etats-Unis, il y a un effet Boomerang de l’impérialisme face à ses problèmes internes, il faut penser une autre cohérence internationale. Nous sommes devant le constat de l’échec de l’impérialisme sous sa forme néolibérale, devant son caractère destructeur et criminel, là encore nous avons un grand nombre de forces, dont beaucoup émanent d’une social-démocratie, divisée, prête encore à bien des ralliements , ne percevant qu’un aspect des problèmes et prête à se rallier en fait à un capital moins méchant que l’autre. La situation fait penser toute analogie étant bien sûr purement illustrative à la conférence de Zimmerwald en 1915, qui comprenait en réalité deux tendances distinctes, le manifeste publié (rédigé en grande partie par Trotsky chargé de cette synthèse) reprenant leurs idées communes. La majorité pacifiste des délégués souhaitait que la conférence serve uniquement à affirmer la volonté de défendre l’idéal internationaliste et de l’opposition à la « guerre impérialiste ». Cependant, une minorité appelée la « gauche de Zimmerwald », ou « gauche zimmerwaldienne », et menée en particulier par Lénine jugeait que la capitulation des dirigeants socialistes de la IIe Internationale devant le nationalisme et la guerre constituait une trahison extrêmement grave. La IIe Internationale s’étant donné comme priorité la lutte contre la guerre, cela signifiait la faillite de celle-ci. Pour Lénine, cet échec tragique rendait indispensable la fondation d’une nouvelle internationale, et la rupture totale avec les sociaux-démocrates ayant participé à l’Union sacrée. Le slogan de lutte pour la paix est totalement rejeté par la gauche de Zimmerwald, qui adopte le mot d’ordre de transformation de la guerre impérialiste en guerre civile contre la bourgeoisie, c’est-à-dire en révolution anticapitaliste.

A propos du PCF et de l’étape qu’a été le 38e Congrès. C’est-à-dire un fait nouveau et qui depuis que Maurice Thorez a fait de ce parti ce qu’il était n’était jamais intervenu, à savoir le changement de l’équipe dirigeante considérée comme entrainant “l’effacement” du parti et l’élection pour une part d’une nouvelle direction menant une ligne de réaffirmation. La stratégie choisie par la nouvelle direction se situe bien dans la ligne thorézienne dans laquelle la direction est garante de l’unité du parti. Elle a renoué avec le monde de l’entreprise et a commencé un début de reconstruction du PCF. Et il suffit d’entendre Fabien Roussel sur un plateau de télévision pour percevoir un ton nouveauplus ancré sur le monde du travail, plus soucieux de l’emploi, des salaires, du concret. Paradoxalement moins aggressif et pourtant plus ferme.

Pourtant, il ydemeure un handicap important, la poursuite de la ligne antérieure en particulier en matière de formation des adhérents et la totalité de ce qui a trait à l’idéologie, avec le secteur international, cequi est un obstacle certainement à la mobiisation du parti, à être présent autrement que pour porter une candidature à une élection.

Un double pouvoir ne peut pas durer, soit la ligne du 38e congrès s’impose, soit au bout d’un certain l’ancienne direction reprend le pouvoir et la liquidation se poursuit comme l’ensemble des orientations social-démocrates.

Incontestablement néanmoins le handicap principal demeure la difficulté de mener une ligne de réaffirmation alors que le contexte électoral redonne à chaque fois l’occasion à la ligne liquidatrice de remettre en cause le congrès. L’effet est d’autant plus fort que la ligne de l’unité n’a pas permis d’avancer ni auprès de la population française, ni auprès des travailleurs, ni des militants eux-mêmes sur les raisons théoriques et politiques pour lesquelles sur le fond il y a la nécessité de ce parti révolutionnaire. Cela peut apparaître alors comme un choix partisan qui se heurte à l’illusion d’un possible changement par l’addition de partis et le choix d’un leader. Cela ne risque de convaincre ni ceux qui sont ancrés dans les illusions social-démocrates, ni ceux qui se réfugient dans l’abstention. Et dans le PCF ce problème aura d’autant plus de poids que la presse, la formation des militants, tout est resté aux mains de ceux qui pour des raisons diverses n’ont pas été convaincus par le 38e Congrès.

Le bon côté de l’affaire est quand l’on mesure que depuis plus de trente ans notre peuple, les militants communistes sont soumis à un pilonnage, le fait qu’il existe encore ce besoin de lutte et de transformation peut laisser espérer ce que chaque effort a contrario sera moins dur qu’on ne le croit.

Danielle Bleitrach

(1) ces deux concepts guerre de mouvement et guerre de position sont empruntés à Gramsci qui montre comment en France la classe capitaliste s’est installée en deux temps contre l’ordre féodal, le premier fut la révolution française, la terreur, la seconde fut la IIIe République avec le jacobinisme centralisateur, laïque et ses positions comme l’école, les diverses institutions républicaines.

(2)”Le cerveau de la classe, la cause de la classe, la gloire de la classe- voilà ce qu’est le parti“V.Maïakovsky. cité par Maurice Thorez Dans son journal 1952-1964. Fayard.2020. p.217

(3)Le révolutionnaire n’est pas celui qui le devient à l’approche de la Révolution, mais celui qui au moment où la réaction fait rage, au moment où les libéraux et les démocrates hésitent le plus, défend les principes et les mots d’ordre de la révolution. Le révolutionnaire c’est celui apprend aux masses à lutter de façon révolutionnaire“. Lénine T.XIX. p 203,4ème édition russe. Cité par Maurice Thorez dans son journal p.216. notons que ces deux citations datent de 1957, la publication du rapport Khrouchtchev. Le volonté de se convaincre que tout va bien, le rapprochement avec les partis qui endiguent l’influence italienne… mais aussi le retour pélerinage en URSS sur les lieux du combat révolutionnaire.

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