Montreuil, le 30 janvier 2019
150 retaités défilent à Lannion contre la politique macronienne soutenue par Le Jeune et Bothorel
150 personnes se sont rassemblées devant l’ancien tribunal de Lannion, à l’appel de six organisations syndicales (CGT, FO, CFTC, CFE-CGC, FSU, Solidaires) et trois associations nationales de retraités.
Ces 15o braves ont défilé au nom de ceux qui étaient restés calfeutrés. Il faut dire que c'était un temps à ne pas mettre un cédétiste dehors, d'ailleurs ils n'étaient pas là. sans doute fêtaient-ils la CSG, le blocage des pensions, les pertes d'emploi chez Nokia!
Les représentants de la FSU et de la CGT ont pris la parole puis le cortège a pris les quais et l'allée verte.




CGT pour le 5 février, déclaration du Comité Confédéral National. CCN
La démultiplication des mobilisations s’oppose à la profonde injustice sociale et exige une autre répartition des richesses créées par le travail.
Cependant, plus le temps passe, plus le patronat et le gouvernement méprisent les revendications pour les détourner en détruisant les solidarités, plus les revendications sociales débordent.
Pour la CGT, patronat et gouvernement doivent entendre immédiatement les revendications. Il y a donc urgence à les exprimer encore plus fortement et encore plus nombreux dans les entreprises, les services et dans la rue et à favoriser leurs convergences.
Ensemble, nous voulons créer les conditions de la gagne pour :
• une augmentation du Smic de 20% (1800 euros brut), du point d’indice, de tous les salaires et pensions ainsi que des minima sociaux ;
• l’égalité salariale entre les femmes et les hommes ;
• une réforme de la fiscalité par un impôt sur le revenu plus progressif et une TVA allégée sur les produits de première nécessité, le rétablissement de l’ISF et une imposition plus forte des plus hauts revenus et de la détention de capital ;
• le contrôle et la conditionnalité des aides publiques aux grandes entreprises ;
• le respect des libertés publiques, tel que le droit de manifester remis en cause par le gouvernement ;
• le renforcement des droits et garanties collectives, des droits au chômage, de la sécurité sociale, notamment de la retraite ;
• une transition écologique juste et solidaire.
Dans ce cadre, le Comité confédéral national (CCN) de la CGT s’engage à créer toutes les conditions pour favoriser l’expression des besoins des salarié-es, des retraité-es, des privé-es d’emploi et des jeunes et plus largement des citoyens. Il les appelle à se saisir notamment des Cahiers d’expression revendicative populaire et les incite à s’engager dans l’action collective et dans la CGT.
Elle organisera des assemblées générales dans les entreprises et services et mettra à disposition des salariés qui le décident, des appels à la grève dans tous les secteurs professionnels.
Afin d’élever encore plus les mobilisations, de les étendre, le CCN propose d’organiser chaque semaine les « mardis de l’urgence sociale ».
À l’issue du pseudo « grand débat national » organisé par le président de la République, la CGT propose d’organiser une nouvelle journée nationale d’action mi-mars qui pourra être un moment fort pour remettre les cahiers d’expression revendicative populaire.
En ce début d’année 2019, la CGT, à l’offensive, dynamique, visible et disponible, se déploie pour construire une année de luttes et de conquêtes sociales dans l’unité la plus large.
Hommage à Jean le Lagadec à Champigny

Anicet Le Pors lors de s allocation d'hommage
Malgré l'heure matinale c'est plus d'une centaine de personnes qui s'étaient donnée rendez-vous pour un dernier hommage à Jean Le Lagadec autours de ses enfants Jeannick et François.
Anicet Le Pors ancien ministre de la fonction publique président d'honneur de l'Union des Sociétés Bretonnes d'Ile de France, Bernard Fréderick ancien journaliste à l'Humanité et adjoint de jean le Lagadec, Patrick Le Hyaric directeur de l'Humanité, Gérard Réquigny Président de l'Union des Société Bretonnes d'Ile de France ont successivement pris la parole. piur évoquer la vie, l'action, la forte personnalité du "Menhir" de Plufur.
On reconnaissait dans l'assistance Hélène Luc ancienne présidente du groupe communiste au sénat. Christian Favier président du conseil départemental du Val de Marne, Christian Fautré Maire de Champigny, Gilles Saint-Gal conseiller départemental de Fontenay, de nombreux élus, des habitants de Champigny et de nombreux représentants de responsables ou d'anciens responsables des Bretons d'Ile de France. Outre Gérard Réquigny président de l'USBIF on notait la présence de Jean Simon Mahé de la Fédération de Paris, Gabriel Delaye tédacteur en chef de Bretagne Ile de France, de Yves Sabourdy ancien responsable du Pays Breton et de nombreux représentants des amicales bretonnes d'Ile de France.
Un nouvel hommage sera rendu à Jean Le Lagadec Samedi 26 janvier à Plufur. 10 h à la Salle des fêtes de Plufur.
Grève générale le 5 février
Le chef de file de La France insoumise (LFI) Jean-Luc Mélenchon a dit soutenir mercredi l’appel de la figure des gilets jaunes Éric Drouet et de la CGT à une « grève générale » le 5 février, souhaitant comme Olivier Besancenot (NPA) la « convergence » des mouvements sociaux.
« Je joins mon soutien à ces appels. Ils démontrent la vigueur du mouvement des gilets jaunes qui n’a pas été dissous par la supercherie du « grand débat »», a estimé le patron des députés LFI dans un communiqué. « Les membres de l’intergroupe parlementaire (Assemblée nationale, Parlement européen, Sénat) sont convaincus de la nécessité de convergences entre le mouvement des gilets jaunes et du mouvement syndical », a-t-il ajouté.
« C’est peut-être le moment de la convergence »
Cet intergroupe « regarde donc de manière favorable, attentive et intéressée la proposition de grève générale pour le 5 février et se prononcera pour y appeler et mobiliser, à l’issue de sa réunion le 29 janvier ». La CGT a appelé « à la grève » le 5 février et à « des manifestations » sur tout le territoire, pour répondre à l'« urgence sociale », réclamant une hausse du Smic et une réforme de la fiscalité. L’appel à la transformer en « blocage total » a été partagé sur Facebook par Éric Drouet.
Mercredi matin, Olivier Besancenot, porte-parole du NPA, a annoncé se joindre à cette initiative. « Jusqu’à présent, on avait un mouvement social, un mouvement syndical et les gilets jaunes qui se regardaient un peu en chien de faïence. Là il y a un geste qui a été fait du côté des gilets jaunes et je crois que ça doit interpeller les organisations syndicales, c’est peut-être le moment de la convergence », a-t-il argumenté.
MACRON et MERKEL accuillis par des huées à Aix la Chapelle
D'après Ouest France
https://www.ouest-france.fr/politique/emmanuel-macron/macron-et-merkel-accueillis-par-des-huees-aix-la-chapelle-6188744
Emmanuel Macron et Angela Merkel, réunis à Aix-la-Chapelle pour signer un nouveau traité franco-allemand, ont été accueillis ce mardi 22 janvier par les huées de quelques dizaines de personnes, dont certaines vêtues de Gilets jaunes.
Accueil peu chaleureux pour le président français et la chancelière allemande, ce mardi 22 janvier à Aix-la-Chapelle. Emmanuel Macron et Angela Merkel, qui doivent signer un nouveau traité franco-allemand, ont été hués par plusieurs dizaines de manifestants, dont certains étaient porteurs de gilets jaunes. Le président et la chancelière se sont vite engouffrés dans la prestigieuse mairie d’Aix-la-Chapelle. Les manifestants, munis de sifflets et de vuvuzelas, ont crié « Merkel muss weg » (« Merkel doit partir ») et « Macron démission ».
Plusieurs arboraient des gilets jaunes et le slogan allemand « Aufstehen » (Levez-vous), du nom d’un mouvement fondé en septembre par des membres du parti de gauche radicale Die Linke. Ils tentent depuis plusieurs semaines d’importer le mouvement français des Gilets jaunes en Allemagne et tiennent un discours musclé à l’égard de l’accueil de migrants.
Entourés d’un important dispositif de sécurité, les deux dirigeants doivent signer un nouveau Traité censé élever la relation bilatérale à un « niveau supérieur » - ce qui n’a pas manqué de susciter nombre de fake news. Il complète celui conclu en 1963 par Charles de Gaulle et Konrad Adenauer.
Obsèques de Jean Le Lagadec samedi 26, 10h à Plufur
François le Lagadec nous communique
|
||||||||||||
|
Hommage d'Anicet Le Pors à Jean Le Lagadec
L'hommage au président honoraire de l’Union des Sociétés Bretonnes de l’Ile de France (USBIF) d'Anicet Le Pors, président d’honneur de l’USBIF.
Jean nous a quitté, il aurait eu 91 ans dans quinze jours. Mais sa robuste constitution, en dépit de la maladie qui l’avait handicapé depuis plusieurs années nous laissait penser qu’il aurait pu poursuivre encore pendant un temps indéterminé. Il m’avait demandé de faire l’éloge funèbre en 1986, de Jacqueline, son épouse, à Plufur, dont il était originaire, dans les Côtes d’Armor. Jacqueline, dont je crois devoir rappeler la mémoire ici à Champigny où elle a été institutrice pendant 28 ans et conseillère municipale.
Ils s’étaient installés à Champigny en 1957 et Jean participa à la vie locale, directement puis en prenant appui sur le mandat municipal et le mandat départemental de de Jeannick, sa fille. Mais la vie sociale et politique de Jean s’est principalement développée au niveau national comme journaliste à l’Humanité où il entre en 1949 et sera promu chef du service politique dans la période de montée en puissance de l’union de la gauche sur la base du Programme commun de gouvernement. J’en garde des souvenirs très précis, notamment lors de nos participations communes aux Clubs de la presse d’alors, moi comme invité, lui comme journaliste représentant l’Humanité. C’était pour moi une sécurité car, outre la qualité de ses argumentations, la tonalité de sa voix imposait le respect à des contradicteurs malintentionnés.
C’est surtout par la fermeté de ses convictions fondées sur une réflexion théorique approfondie que Jean affirmait une personnalité sollicitait l’écoute et appelait un débat ou on ne pouvait s’engager sans ressources. Cela entrainait des confrontations, des éclats de voix, pouvait laisser des traces, mais se révélait finalement fécond pour la pensée commune. Jean était attaché aux vertus émancipatrices du « Manifeste communiste », aux « lendemains qui chantent » du socialisme à la française, aux « jours heureux » du programme du Conseil national de la Résistance, au caractère « prométhéen » du XX° siècle dont nous avons souvent discuté. Il vivait avec inquiétude mais sans découragement la situation actuelle. Son engagement était profondément ancré dans la vie réelle. Né à Plufur il nous arrivait dans les discussions d’imaginer une « voie plufurienne au socialisme » dont la force de ses convictions et la véhémence de son verbe en faisait le promoteur obligé.
Les pensées de Jean s’exprimaient de manière ferme. C’était notamment le cas lorsqu’il intervenait sur les relations qu’il convenait d’établir entre la citoyenneté française et l’attachement partagé par nombre d’entre nous à nos origines, aux racines bretonnes. Il était sans aucune complaisance vis-à-vis des communautarismes, qu’ils soient religieux, ethnique ou linguistique, lui qui parlait aussi bien le français que le breton. Il ne récusait pas la qualité de jacobin dont il est de bon ton pour certains de faire une accusation. Et c’est avec une certaine jubilation que nous nous rappelions parfois que, avant de s’installer dans le cloître de la rue St-Honoré à Paris, le club des Jacobins siégeait à Versailles et s’appelait … le Club breton. Lors du banquet annuel de l’USBIF à Clichy en 1982, Jean avait demandé à Charles Hernu et à moi-même, tous deux alors ministres du gouvernement de Pierre Mauroy d’être présidents d’honneur de l’Union, honneur partagé aujourd’hui avec l’ancienne ministre Marylise Lebranchu. La République reconnaitra les multiples mérites et talents de Jeau : la Légion d’honneur lui sera remise en 1982 par le Président François Mitterrand en personne à l’Élysée.
Nous nous connaissions depuis une cinquantaine d’année. Jean faisait partie de ma famille. Pas une réunion, un repas de famille, sans que, présent ou pas, il ne soit évoqué. Je dis mon affection à Jéannick et à François, à leurs enfants, ses petits enfant, à Claudine sa compagne, à tous leurs proches. Leur deuil est aussi le mien.
Le Pen adhère au système par J.L. Mélenchon
Madame Le Pen a remporté au moins un grand succès. Elle est parvenue à dédiaboliser totalement son mouvement et sa personne. Symbole de cette admission au club approuvé par le système, l’actualité de ce dimanche douze janvier là. Elle tenait le meeting de lancement de sa campagne européenne. Mais l’hebdomadaire Macroniste JDD me désignait comme le danger public numéro un. Une pleine page sombre de une. Le lendemain, le gratuit 20 Minutes affichait à son tour une pleine « une » avec la dame au sourire dans une photo et un slogan flatteurs. Puis Le Monde et Libération revinrent à la charge contre moi, en pleine page et à la « une », pour montrer du doigt « l’autocrate », comme dit Le Monde, qui dirige selon eux le mouvement des Insoumis « d’une main de fer » ,comme précise l’éditorialiste de Slate. Ce « journalisme » de ragots ne se soucie naturellement pas de vérifier les accusations qu’il relaie. À l’avenir, un bouton « partage » devrait suffire là où de couteux copistes pérorent aujourd’hui. L’algorithme qui a fait les commentaires de résultat électoraux au Monde trouverait là un autre bon usage.
Bref : du « centre gauche » à la droite extrême, Le Pen bénéficie dorénavant de la bienveillance qui se transforme à mon sujet en une inépuisable hargne. Il est loin le temps où la récusation du lepénisme mobilisait tous les bons esprits de ce pays. Il n’en est que plus curieux de nous voir accusés de pencher du côté de quelqu’un que plus personne ne combat, à part nous. Qui a vu madame Lapix sur France 2 passer les plats en tremblant devantLe Pen puis me faire ses questions corpos ou embrouillées a eu un tableau significatif de la situation. Dans le même temps, évidemment, le PS et Hamon faisaient de leur côté le service d’accompagnement du dénigrement permanent. « Dérive populiste rouge brun » a même dit Olivier Faure (le chef du PS). La mode est donc que chacun apporte sa bûche à mon bûcher. Et comme le statut « d’ex-proche » de moi est devenu une étiquette médiatiquement appréciée, les vocations au tir dans le dos s’encouragent. Rien ne me sera épargné. Je le sais. Car la stratégie du pouvoir est limpide. Elle construit méthodiquement les deuxièmes tours d’élections dont il a besoin : Le Pen plutôt que la droite d’un côté, des insoumis confinés dans la léproserie de l’autre. Tout ce qui concours à construire ce paysage est encouragé.
Mais il s’y ajoute une donnée nouvelle. Sorti des traditionnelles stigmatisations, le pouvoir et ses amis de tous bords sont dorénavant gênés aux entournures. Car si madame Le Pen bénéficie de cette tendresse des élites du « cercle de la raison » c’est que ses détracteurs d’hier ont du mal pour la contredire sitôt qu’on entre dans les détails. En effet, ils lui empruntent trop de sa politique. Les macronistes en particulier avec les dispositions sur les délais de rétention des migrants, les abrogations de cotisations sociales, les mesures de criminalisation de l’action revendicative. À présent qu’elle récuse l’augmentation du SMIC, la retraite à soixante ans, prône le maintien de la cinquième République et admet l’Union Européenne, madame Le Pen est acceptée dans le beau monde. Et les Insoumis deviennent alors la cible commune. Et les attaques que nous porte l’extrême droite viennent nourrir le discours de ces nouveaux partenaires sur les mêmes sujets. Ainsi quand elle nous accuse « d’islamo gauchisme », reprenant les mots de Valls et de quelques autres au PS, chez la République en Marche et dans l’extrême droite communautariste. Ou quand elle prend à son compte les arguments affirmant que j’aurais « exclu les partisans de la laïcité et de la souveraineté » de nos rangs. Lapix en est restée coite et remplie d’autosatisfaction : elle a bien joué son rôle de passe-plat.
Marine Le Pen affiche son soutien aux gilets jaunes. Elle le fait sans en rajouter, non par peur de la récupération mais parce que le parti d’extrême droite a beaucoup de mal à être celui des gens qui « créent le désordre », et « font des violences ». Les contradictions ne s’arrêtent pas là. Ainsi quand elle fait mine de critiquer le gouvernement pour avoir « choisi la répression » et « criminaliser le mouvement ». Il se trouve que, dans le cadre de son activité de députée, madame Le Pen a voté avec le gouvernement pour ce qui concerne l’aggravation des mesures sécuritaires contre les libertés publiques. Ainsi quand les députés de la France insoumise ont voulu supprimer la possibilité d’imposer des fouilles arbitraires et obligatoires autour des rassemblements comme les manifestations. Elle comme les autres députés lepénistes ont rejeté cette proposition. De même que celle où nous proposions l’accès au dossier de la part de la défense dès le stade de la garde à vue ou de l’audition. Aujourd’hui, ces mesures répressives sont largement utilisées par le pouvoir contre les gilets jaunes.
Elle feint de s’indigner de la « désespérance sociale » des Français engagés dans le mouvement mais ne dit aucun mot de leurs revendications. Et pour cause : son programme comprend beaucoup de dispositions anti-sociales totalement contradictoires avec les revendications des gilets jaunes. Par exemple, elle proposait de pouvoir allonger le temps de travail par des accords de branches. Pour les salariés, c’est du salaire perdu puisque le déclenchement des heures supplémentaire recule. Depuis la présidentielle, Macron l’a fait. Comme le Président des riches, l’héritière de Montretout est contre la hausse du SMIC. Elle l’a rappelé en plein mouvement des gilets jaunes, le 26 novembre, répondant à une question de Jean-Jacques Bourdin : « j’ai toujours dit que l’augmentation du SMIC entrainerait une charge supplémentaire pour les entreprises qu’elles ne peuvent pas assumer ». Un langage que ne renierait surement pas Bruno Le Maire. Sur la retraite à 60 ans, elle s’est dit un temps favorable. Puis elle a vite fait machine arrière, en précisant dans un entretien à Valeurs actuelles que « s’il apparaît que l’on ne peut pas maintenir notre système de retraite et accorder un départ à 60 ans (…) les Français accepteront les sacrifices qu’on leur demandera. ».
On vérifie le fossé entre les positions réelles du Rassemblement national et des gilets jaunes en examinant le vote des députés FN à l’Assemblée. Sur la démocratie et l’intervention du peuple dans les institutions, ils ont clairement marqué une distance avec nous lorsqu’ils ont voté contre notre amendement proposant d’instaurer le référendum révocatoire pour les parlementaires. Ils ont également voté contre la convocation d’une Assemblée constituante. Une confirmation supplémentaire de leur nouveau ralliement au régime actuel de la cinquième République. Quand les députés insoumis sont à la pointe contre l’irresponsabilité écologique et sociale du gouvernement, la bande de Le Pen est absente. Impossible de les trouver lors des deux votes que nous avons imposé pour l’interdiction du glyphosate. Nous avons proposé l’interdiction de l’épandage de certains pesticides reconnus dangereux pour la santé dans un rayon de 200 mètres autour de lieux de vie. Ils ont voté contre. Lorsque nous avons bataillé pour que l’interdiction de vendre la SNCF au privé soit inscrite dans la loi, les trois députés du Rassemblement national présents se sont abstenus sur notre amendement.
Tel est à présent le « Rassemblement National ». Mais sur tous ces sujets, on le voit les positions de Le Pen rejoignent celles de la majorité parlementaire « La République en marche », de nombre de LR et de pas mal de PS.
Sur l’Union européenne, le discours de Marine Le Pen est devenu des plus conciliants pour ses traités et ses institutions. Elle explique que son but est d’être une « alternance en Europe » : il n’est donc pas question de changer le cadre. Au fil du discours, elle confirme que son parti, contrairement à la « France Insoumise », n’a pas l’objectif de sortir des traités européens. « Tout se fera dans la négociation, dans le respect des règles juridiques, institutionnelles et diplomatiques » précise-t-elle pour que chacun comprenne que son nouvel objectif est de s’inscrire dans le cadre européen actuel. Faut-il comprendre qu’avec elle au pouvoir, la France ne désobéira pas unilatéralement pour cesser d’appliquer la directive travailleurs détachés ? Qu’elle accepterait l’autorisation du glyphosate pour 5 ans supplémentaires ? Le Pen débite donc une version liftée de « l’autre Europe », proposée à chaque élection depuis 30 ans par le Parti socialiste. Ce tournant européiste est confirmé par l’inclusion sur sa liste, à la troisième place, de Thierry Mariani. Cet ancien député a notamment voté en 2008 pour le Traité de Lisbonne que le peuple avait rejeté par référendum deux ans plus tôt. À l’extrême-droite, on peut donc afficher sur la scène d’un meeting le slogan « le pouvoir au peuple » et mettre en avant une personnalité qui a trahit sans difficulté une décision populaire aussi importante.
Pour donner corps à cette nouvelle ligne, elle met en avant ses alliés qui gouvernent dans d’autres États européens. Matteo Salvini, vice Premier ministre italien, est cité plusieurs fois. Drôle d’exemple. Le gouvernement auquel il participe a fini par capituler face à la Commission européenne sur son budget, après avoir fait mine de résister. Pour rentrer dans les clous des traités budgétaires, il a sacrifié les mesures les plus redistributives, qui venaient du mouvement 5 étoiles : le projet de revenu minimum a été divisé par six, les retraites ont été désindexés de l’inflation et les investissements publics ont été divisés par trois.
L’allié autrichien, le FPÖ, qui gouverne en coalition avec la droite, est aussi pris comme modèle. Sur le plan social, le principal fait d’arme de ce gouvernement est d’avoir augmenté le temps de travail autorisé à 12 heures par jour et 60 heures par semaine. Quant à Orban, en Hongrie, il fait face à un mouvement de contestation d’ampleur contre une loi surnommée par les ouvriers hongrois « loi esclavage ». Elle augmente le nombre d’heures supplémentaires autorisées par an de 250 à 400. Cela représente l’équivalent de 50 journées de travail en plus par an, soit la suppression de fait d’une journée de repos hebdomadaire. Surtout, elle permet de payer ces heures de travail trois ans après qu’elles aient été effectuées. Le tout est fait pour satisfaire les demandes de l’industrie automobile allemande, fortement implantée en Hongrie.
Dans ces conditions, comment croire, nonobstant quelques phrases creuses sur les règles budgétaires ou le libre-échange, que le Rassemblement National et madame Le Pen représentent le débouché logique des gilets jaunes aux élections européennes ? Ne sachant que dire des sujets mis sur la table par ces derniers, Marine Le Pen est revenue dans son discours à ses fondamentaux : une vision ethnique de la communauté politique et paranoïaque de l’immigration. Elle déclare : « Notre Europe est multimillénaire. Elle est riche de son héritage chrétien ». Elle entre donc en contradiction totale avec la tradition française de défense d’une identité politique fondée uniquement sur la citoyenneté et absolument laïque.
Les passages les plus applaudis de son discours sont ceux les plus grossièrement anti-migrants. Ses enthousiastes sont peu regardant. Car si elle dit vouloir rétablir les frontières nationales elle affirme aussi vouloir conserver en même temps Frontex, l’agence européenne de garde-frontières. Cette Europe-là lui convient. Elle prévient : « avec nous, l’Aquarius n’abordera pas les côtes européennes », confirmant que sa politique migratoire consiste à laisser les gens se noyer. Voilà qui devrait faire réfléchir les commentateurs qui croient voir des convergences entre nous et l’extrême-droite. Nous avons toujours défendu l’honneur de l’Aquarius. Lors du débat sur le budget à l’Assemblée nationale, nous avons défendu un amendement pour que l’État français débloque les fonds qui lui manquaient. Ce jour-là, les députés lepénistes et macroniens furent coalisés pour empêcher notre proposition d’être votée. Le tandem fait mine de s’affronter pour mieux se compléter.
Coup de force à Aix la Chapelle, Macron accepte la soumission de la France à l'Allemagne
Analyse de Mélenchon ci-dessous
Mardi 22 janvier, Emmanuel Macron signera à Aix-la-Chapelle un traité engageant la France avec l’Allemagne. Pourtant, ce texte n’a été débattu par personne en France, ni à l’Assemblée nationale ni où que ce soit dans le pays. À ce jour, le contenu du traité n’a toujours pas été communiqué aux députés. Si nous avons pu en prendre connaissance, une semaine avant l’échéance, c’est parce qu’un site internet l’a publié. On déduit de cette situation au moins un élément de calendrier : pendant que Macron organisait déjà un grand débat, les « consultations citoyennes sur l’Europe », il négociait secrètement avec Merkel. Tenons-le-nous pour dit. Car dorénavant nous savons que le cynisme officiel n’a pas de limite.
Souvenons-nous ! Cet homme dit regretter aujourd’hui le viol de la démocratie entre 2005 et 2007 à propos du Traité constitutionnel européen. Cet homme prétendait rénover l’Europe en donnant aux citoyens le moyen de participer à son avenir. Et pourtant cet homme a accepté que les accords de libre-échange signé par l’Union européenne puissent désormais s’appliquer sans débat ni ratification par les Parlements nationaux. Au-delà des bavardages, plus que jamais, l’Europe de Macron se fait sans les peuples.
Inacceptable dans sa méthode, ce traité est nocif sur le fond. Il confirme l’obsession des libéraux français pour un tête-à-tête solitaire avec l’Allemagne comme politique européenne exclusive. Le traité d’Aix-la-Chapelle prévoit que la France et l’Allemagne doivent élaborer des « positions communes » et des « prises de paroles coordonnées » dans les institutions européennes.
Coller à l’Allemagne en toutes circonstances, Emmanuel Macron le fait depuis le début du quinquennat. Cela a valu plusieurs déconvenues à la France. Sur l’autorisation du glyphosate pour 5 années supplémentaires, c’est le vote de l’Allemagne qui a mis notre pays en minorité. De même, après avoir laissé Macron parler pendant des mois, madame Merkel lui a refusé son incompréhensible « budget de la zone euro ». Il a ridiculisé notre pays. Il a dû remballer piteusement sa trouvaille. Pourtant, il continue dans cette voie. Il ne cherche pas un jour à se tourner vers d’autres pays européens, comme ceux de l’Europe du Sud. Ainsi, le sommet organisé à Rome le 10 février 2018 entre la France, l’Italie, le Portugal et la Grèce n’a donné lieu à la signature d’aucun traité avec aucun de ces pays. La bêtise qui consiste à se ligoter avec des Allemands amusés par la situation tourne à l’offense pour ceux qu’on dédaigne. Pour finir, le spectacle d’un directoire franco-allemand est de plus un acte bien peu « européen » vu de Varsovie ou de Lisbonne. Il se retourne contre la France, car les autres savent qui avec qui il est devenu impossible de se fâcher.
Le second chapitre du traité aborde les questions de défense et de relations internationales. Les deux États y disent leur attachement à l’Europe de la Défense. Nous ne pouvons pas l’accepter. Notre doctrine est celle de l’indépendantisme français. Le texte qu’il signe fait référence explicitement à l’OTAN. En son temps, le général de Gaulle s’était battu pour exclure toute référence à l’alliance américaine du traité de l’Élysée qu’il signait en 1963 avec l’Allemagne. Les députés au Bundestag avaient rajouté au moment de la ratification un préambule incluant l’OTAN, provoquant la colère du général. Avec Macron, il n’y a aucune résistance à l’atlantisme. Mais le comble pour la France est sûrement ce passage où les deux parties se prononcent pour « la coopération la plus étroite possible entre leurs industries de défense ». Cette coopération signifie dans la réalité le transfert des technologies française à une Allemagne qui par ailleurs ne respecte pas ses accords. L’Allemagne a privilégié du matériel israélien plutôt que l’hélicoptère Tigre européen. Elle a trahi les accords sur le domaine spatial. Son gouvernement n’accorde pas de priorité aux tirs spatiaux de la fusée commune. Mais Macron a quand même signé un accord en juin dernier pour la production d’un char franco-allemand.
Sur les Nations-Unies, il n’est plus question de partager notre siège permanent au Conseil de sécurité, comme il en avait été un moment question, et comme un ministre allemand s’était permis de le demander. Le traité affirme cependant que nous sommes désormais favorables à ce que l’Allemagne devienne membre permanent du Conseil de sécurité. C’est-à-dire avec un droit de véto sur l’adoption des résolutions de l’ONU. Personne en France n’a été prévenu que nous défendrions l’entrée de l’Allemagne dans le saint des saints de l’ONU. C’est pourtant une orientation stratégique importante pour la France. Mais décidée apparemment par une seule personne, le monarque présidentiel. Pourquoi l’Allemagne donc ? On ne le saura pas. Actuellement, les membres permanents du Conseil de sécurité sont la Chine, la Russie, les États-Unis, le Royaume-Uni et la France. Il semblerait plus cohérent de faire rentrer l’Inde, pays qui compte un milliard d’habitant. Ou bien un État africain ou sud-américain, continents qui n’y sont pas représentés pour l’instant.
Le traité vient ensuite sur la question des régions transfrontalières. Il plaide pour une unification des normes et des règles dans les départements français et les Länders allemands qui bordent la frontière. Mais les règles qui s’appliquent dans les départements français sont votées par l’Assemblée nationale française et les mêmes que celles qui s’appliquent dans le reste des départements. C’est le principe d’unité de la loi et d’égalité de tous les citoyens devant celle-ci qui est un fondement de l’ordre républicain français. Or, le traité prévoit « des dispositions juridiques et administratives adaptées, notamment des dérogations, peuvent également être accordées. ». C’est-à-dire la fin du principe d’égalité devant la loi pour les départements frontaliers avec l’Allemagne. Début de partie. Car quel sera le statut des départements frontaliers de départements frontaliers ?
Enfin, le dernier chapitre du traité est celui de la soumission à l’ordolibéralisme. Il institue un « conseil économique franco-allemand » qui est censé « coordonner » les politiques économiques de nos deux pays. Son objectif est précisé : ce n’est pas le progrès social ou la transition écologique mais la « compétitivité ». En plus de la Commission européenne, désormais, un « conseil d’experts franco-allemands » formulera lui aussi des recommandations au peuple français sur ce qu’il convient de faire. Ces recommandations, on les connaît : moins de services publics et d’investissements publics, des baisses de salaire, la chasse des chômeurs. Le recul de notre indépendance et de notre souveraineté marche ici avec le recul social et écologique.