La France et le spectre de l'islamo gauchisme. Un article du Whashington Post (France and the spectral menace of ‘Islamo-leftism’)
Un article du The Washington Post i
Le journal du patron d’Amazon, Jeff Bezos, attaque Macron de manière assez bien vue d’ailleurs, Mélenchon en fait naturellement ses choux gras au nom de l’idée qu’il développe d’une France multiculturelle.
Si l’article montre assez bien la nature de « l’islamo-gauchisme » cher à Macron et à la droite trumpiste le journal garde la ligne des « démocrates » à la Binden/ Clinton/ et supplétifs de ce courant en France (socio-libéraux, centristes) sur la laïcité.
https://www.washingtonpost.com/world/2021/02/22/france-macron-islamo-leftism/
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Traduction de l’article l’Huma Lannionnaise
Il y a un nouveau spectre qui hante l’Europe, du moins vu de Paris. Ces derniers jours, le gouvernement français dirigé par le président Emmanuel Macron a intensifié son offensive politique et rhétorique contre ce qu’on appelle « l’islamo-gauchisme » ou l’islamo-leftism en anglais. Le concept, qui a d’abord proliféré parmi l’extrême droite française, regroupe explicitement des extrémistes islamistes avec des intellectuels et des militants de gauche. Le radicalisme du premier, dit-on, est rendu possible par la vision du monde du second.
Le soi-disant problème de l'« islamo-gauchisme » est maintenant également évoqué par des personnalités au cœur de l’establishment politique français, dont certains ministres de Macron. L’année dernière, le président a lancé une guerre contre le « séparatisme islamiste » en France après une attaque djihadiste macabre contre un sur un professeur français. La semaine dernière, la Chambre basse du Parlement français a adopté un projet de loi contre l’islamisme, une loi visant à contrer l’idéologie liée à une vague d’attaques terroristes récentes, mais dont les critiques craignent de stigmatiser des communautés musulmanes entières dans le pays.
Pour Macron, qui semble se préparer à l’élection présidentielle de l’année prochaine, le défi est plus large et discursif. Dans un discours prononcé en octobre dernier, il a déclaré que l’aliénation ressentie par certains citoyens français d’origine arabe ou africaine était en partie attribuable au fait que beaucoup voyaient « leur identité à travers un discours post-colonial ou anticolonial ». Il prétend être importé en France des États-Unis. Selon lui et certains de ses alliés politiques, ces théories ont introduit des visions « identitaires » de la société qui sont à la fois étrangères et corrosives à la société laïque rigide de la France, institutionnellement aveugle à la race.
La semaine dernière, Frédérique Vidal, ministre de l’Enseignement supérieur français, a attisé les flammes, annonçant une enquête sur l’« islamo-gauchisme » dans les universités françaises. « Je pense que l’islamo-gauchisme ronge notre société dans son ensemble, et les universités ne sont pas immunisées et font partie de notre société », a déclaré Vidal le week-end dernier sur CNews, une chaîne de télévision populaire de droite, accusant une coterie d’universitaires de gauche de « toujours regarder tout à travers le prisme de leur volonté de diviser, de fracturer, de cibler l’ennemi. »
La réaction en France a été cinglante. Samedi, quelque 600 professeurs d’université ont demandé la démission de M. Vidal pour avoir « diffamé une profession » et avoir fait de la rhétorique plus familière dans les pays où les démocraties sont en déclin. Une déclaration d’un organisme représentant les présidents des universités françaises déclarait que « l’islamo-gauchisme n’est pas un concept correct mais une pseudo-notion dont on essaierait en vain de donner ne serait-ce qu’un soupçon de définition scientifique. Il faut laisser cela, sinon seulement aux présentateurs de CNews, plus largement à l’extrême droite qui l’a popularisé. »
Même le Centre national de la recherche scientifique de la France, l’institution publique chargée par Vidal de mener cette enquête, a publié un communiqué condamnant toute « tentative de délégitimer différents domaines de recherche, tels que les études post-coloniales, les études intersectionnelles et la recherche sur la race ».
Un éditorial dans Le Monde décrivait l’utilisation de l’« islamo-gauchisme » comme « dangereux » et reprochait à Vidal de chercher une distraction en période de crise de santé publique. Vidal tente peut-être de « faire oublier ses silences sur la terrible crise sanitaire qui secoue les universités et force les étudiants à faire la queue devant les banques alimentaires », observe le quotidien français en l’interrogeant « capacité d’assumer ses responsabilités face à l’enjeu principal du moment ».
Le bureau de Macron cherchait à se distancer de la controverse, un porte-parole insistant en milieu de semaine sur « l’engagement absolu du président envers l’indépendance des chercheurs universitaires ». Mais Macron reste toujours un participant de premier plan dans une bien plus grande bagarre.
« La lutte apparemment ésotérique sur les théories des sciences sociales, qui a fait la une d’au moins trois des principaux journaux de France ces derniers jours, indique une guerre culturelle plus vaste en France qui a été ponctuée au cours de la dernière année par des manifestations de masse sur le racisme et la police. violence, des visions concurrentes du féminisme et des débats enflammés sur l’islam et l’islamisme », a souligné le New York Times la semaine dernière.
C'est un LR pur jus ex FN (l'huma Lann)
C’est aussi une guerre culturelle qui fait écho dans d’autres parties du monde. Des gouvernements illibéraux et nationalistes de la Hongrie à la Turquie en passant par l’Inde se sont attaqués à certaines institutions académiques et, dans certains cas, ont mis en place des régimes de censure. Aux États-Unis, la droite politique a passé des années à gémir contre la gauche intellectuelle. La colère à l’égard de l’« islamo-gauchisme » est peut-être une préoccupation explicitement française, mais elle peut déjà être entendue implicitement dans la conversation américaine, avec des propos alarmistes au sujet des invasions de réfugiés à la frontière ouverte et le « maoïsme » de la « culture d’annulation i». sur les campus universitaires, apparemment les deux piliers de la politique d’extrême droite.
Certains critiques ont comparé l’accusation d’« islamo-gauchisme » à celle de « judéo-bolchevisme » il y a un siècle. Cette insulte antisémite a fait des communautés juives en Europe des cinquième colonnes dangereuses et subversives et a préfiguré le génocide hideux à venir.
Le terme actuel, au mieux, met en lumière « la difficulté de l’État français à se considérer comme un État au sein d’une société multiculturelle », Sarah Mazouz, sociologue au CNRS, au Times. Elle a ajouté que l’invocation de l’« islamo-gauchisme » visait à « délégitimer » une nouvelle pensée sur la race, le genre et d’autres sujets, « afin que le débat n’ait pas lieu »
En complément :
https://www.lemondemoderne.media/islamo-gauchisme/
iLa cancel culture (culture de l'annulation), ou call-out culture (culture de la dénonciation), est une pratique née aux États-Unis consistant à dénoncer publiquement, en vue de leur ostracisation, les individus ou les groupes responsables d'actions ou de comportements perçus comme problématiques