Crise chez les les socialo-libéraux de la macronie
La décomposition idéologique de la droite française s'accélère. On règle ses comptes à coup de dénonciations des secrets d'alcoves, les hétaïres deviennent des héroïnes mais bien loin de "Boule de suif". Le héros des coups tordus des "républicains" est liquidé en quelques procès, ça tire dans tous les coins en macronie et ceux qui décident se disent que le pion Macron n'est peut être pas le bon cheval pour duper le peuple en 2022!!
Un nouvel exemple nous est donné par ce papier d'une ex étoile de la macronie socialo-libérale! Le gugusse à la recherche d'un fromage crache de façon remarquable dans la soupe, c'en est un plaisir!
Tribune dans Libé par Aurélien Taché, député et coprésident des Nouveaux Démocrates
par Aurélien Taché, député et coprésident des Nouveaux Démocrates
Depuis maintenant plusieurs mois, un concept s’est vulgarisé dans le débat public et ne cesse de défrayer la chronique : «l’islamo-gauchisme». Un certain nombre de personnalités et de mouvements, souvent issu de la gauche, l’ont repris à leur compte. L’immigration, vectrice d’«insécurité culturelle» (formule pseudoscientifique pour désigner ce que Jacques Chirac appelait plus prosaïquement «le bruit et l’odeur») et l’affirmation de la foi musulmane, qui seraient bien sûr liées, seraient des menaces pour la République et son universalisme. Ou pour la France et son identité nationale ? En réalité, dans la bouche de ces promoteurs, ces notions sont devenues synonymes.
Le phénomène social et politique majeur de ces dernières années n’est pas tant l’affirmation d’un quelconque «islamo-gauchisme», que celui d’une idéologie «nativiste» qui, venue des Etats-Unis, traverse désormais tout l’Occident. Quel paradoxe que ceux qui ne cessent de dénoncer l’importation de concepts américains soient pourtant les premiers à s’y fournir ! Car si le champ des études postcoloniales ou sur la race et leurs éventuelles traductions politiques restent en France totalement marginal, le «nativisme» lui, fait des ravages et s’est imposé dans une très large partie du paysage politique, y compris à gauche et au centre.
Droits du sang et du sol
Mais qu’est-ce que le «nativisme» ? Tout simplement l’idée que plus votre présence et celle de votre famille sont anciennes dans un pays, plus vous y avez de droits. C’est en son nom par exemple qu’on peut légitimer la déchéance de nationalité pour les criminels binationaux. Ceux-ci, considérés comme moins français car n’ayant le plus souvent pas obtenus leur nationalité par le droit du sang ou par un droit du sol plus récent, peuvent pour les mêmes actes et à la différence de leurs compatriotes, se la voir retirer.
C’est aussi pour cela, que la religion musulmane, dont la présence dans l’Hexagone est moins ancienne que celles d’autres monothéismes, y a moins de droits. La loi pour «conforter les principes républicains», en réalité pour davantage contrôler certaines associations ou lieux de culte, n’y vise que les structures ou pratiques liées à l’islam, pas celle d’autres religions et idéologies, qui peuvent pourtant elles aussi fonctionner sur la base de principes inégalitaires, comme l’ont affirmé à plusieurs reprises Gérald Darmanin et Marlène Schiappa, quand Marine Le Pen ou des ténors républicains les interpellaient à ce sujet et réclamaient que ce soit explicitement écrit dans la loi.
C’est aussi la raison pour laquelle on accepte, dans la petite couronne parisienne notamment, que certains départements soient chroniquement sous-dotés en services publics. En 2018, le rapport Cornut-Gentille et Kokouendo, du nom des deux parlementaires LREM qui l’ont réalisé, portant sur l’évaluation de l’action de l’Etat dans l’exercice de trois de ses missions centrales (éducation, police et justice) en Seine-Saint-Denis, est sans appel : il pointe un Etat «inégalitaire et inadapté» dans ce département.
Les parlementaires rappellent aussi qu’en matière d’action publique, les «politiques spécifiques aux quartiers prioritaires», très mises en avant politiquement et médiatiquement, ont servi de leurre : car «les politiques de droit commun ne sont pas respectées et sont bien en deçà de celles mises en place dans le reste du pays» et que les sous-effectifs de fonctionnaires, abyssaux, y sont injustifiables.
La France périphérique et théorie «nativiste»
Or la Seine-Saint-Denis est aussi le département français avec la plus forte population immigrée, qui représente 29 % du total de ses habitants. Ce n’est pas évidemment pas un hasard et vient pourtant contredire de plein fouet les thèses en vogue et popularisée par le géographe Christophe Guilluy, toutes d’inspiration «nativiste», sur une France périphérique qui serait moins bien traitée que les banlieues hyperurbanisées et que l’on pourrait résumer ainsi : défendons les droits de ceux qui étaient là avant.
Pour justifier ces inégalités et paralyser toute volonté de les résorber, certains défendent même l’idée que quand bien même elles auraient grandi ici, les dernières générations de l’immigration, ayant été élevées «dans la haine de la France», seraient de toute façon irrémédiablement perdues. Ainsi, alors que le Rassemblement national fait des efforts pour se montrer plus inclusif (Marine Le Pen a récemment répondu à Gérald Darmanin sur un plateau télé que non, contrairement à ce qu’il assénait, il n’y avait pas de problème particulier avec l’islam) la mouvance néorépublicaine est de plus en plus imprégnée de l’idéologie «nativiste», qu’elle cherche cependant toujours à travestir en universalisme.
C’est la raison pour laquelle beaucoup de Français, issus de l’immigration ou non, n’iront plus lui «faire barrage» (afin de sortir de ce qu’ils considèrent depuis trop longtemps comme de l’hypocrisie, certains sont même résolus à voter pour elle). Ils refuseront de voter pour des personnalités politiques dont ils considèrent (ainsi que beaucoup le pressentent déjà, Emmanuel Macron pourrait y être confronté en 2022) qu’elles lui ont déjà cédé l’essentiel.
Le défi est de taille, mais pour avoir la moindre chance de se rassembler en 2022 et de stopper ce désastre moral et politique, tous les humanistes doivent désormais clarifier leur rapport au «nativisme» et le renvoyer là d’où il n’aurait jamais dû sortir : des poubelles idéologiques de l’extrême droite.