LA FRANCE, MAILLON FAIBLE ?
Le candidat du capital est un maillon faible de l'impérialisme, ses employeurs vont-ils le licencier comme Sarkozy et Hollande leurs deux précédentes créatures? huma Lann
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CONTRIBUTION AU CONGRES DU PCARC
Les CARC : « Comités de Soutien à la Résistance pour la Communisme » italiens sont un groupement politique italien extra parlementaire qui se réclame du marxisme-léninisme-maoïsme.
Leur analyse : le socialisme avec l’appropriation collective des moyens de production est une nécessité historique pour l’avenir de l’humanité. Dans ce long processus historique de la lutte des classes à l’échelle mondiale s’inscrira nécessairement le basculement d’un des pays capitalistes développés dans le socialisme. Depuis sa fondation en 1991 le PCARC s’est inspiré de réflexions politiques militantes menées en Italie dans la période suivant la deuxième guerre mondiale selon lesquelles la période des luttes de décolonisation et des avancées des républiques sociales dans les pays occidentaux s’est achevée en 1973 après quoi s’est inversé le rapport de classe international. Une date symbolique en est la chute d’Allende au Chili mais le rapport de force mondial ne bascule pas instantanément et on peut considérer que le retournement est acquis quand Thatcher et Reagan arrivent au pouvoir et lancent une violente contre attaque « néo libérale » qui aboutira à la dissolution de l’URSS.
Pour le PCARC les signes de l’épuisement des forces du Capital transnational sont présentement nombreux et manifestes et il considère que l’Italie constitue aujourd’hui le MAILLON FAIBLE du système impérialiste occidental.
Le Parti des CARC Italien tient son congrès les 1 et 2 Avril à Rome. Désireux de prendre en compte dans leur analyse globale la situation française de crise autour de la « réforme des retraites » il nous a demandé un commentaire sur cette situation.
Faisant référence à la déclaration inaugurale de leur Congrès (accessible en italien sur leur site : www.carc.it) nous leur avons donc adressé ce bref texte de synthèse pour faire écho dialectiquement à leur thèse du MAILLON FAIBLE ITALIEN.
Le voici. Nous le considérons évidemment comme un pas minuscule et incertain sur le long chemin du socialisme du XXI° siècle mais surtout comme un élément de réflexion autour de cette question : et si la France de Macron était, elle aussi, un maillon faible ?
Le débat est ouvert.
Un autre maillon faible
Partageant toutes les observations sur la situation politique mondiale exprimées dans la première page de la Déclaration générale pour le Congrès du 01.04.2023 il est intéressant de se livrer à une comparaison entre les deux impérialistes secondaires que sont l’Italie et la France.
Les conséquences de l’issue de la seconde guerre mondiale sont encore visibles : la France bourgeoise bénéficie des avantages de faire partie – in extremis – du camp des vainqueurs (membre permanent du Conseil de sécurité) et l’Italie bourgeoise souffre d’appartenir au camp des vaincus (occupation permanente par l’armée des Etats-Unis).
Mais dés le traité de l’Atlantique Nord et ensuite dès le traité de Rome les deux pays se retrouvent par la volonté des Etats-Unis dans le même camp de la guerre froide. Cette situation existe toujours.
La France gardera cependant une petite marge d’autonomie en matière militaire et diplomatique qu’elle perdra définitivement en 2003 en refusant de participer à la guerre d’Irak, refus qui mettra Washington en furie. Depuis les Etats-Unis ont sélectionné les candidats à la Présidence de la République et par trois fois leur candidat, soutenu par les forces politiques bourgeoises, s’est imposé : Sarkozy en 2007, Hollande en 2012 et Macron en 2017.
Depuis 2007 la France s’inscrit pleinement dans le dispositif impérialiste global tel qu’il est décrit dans la page 1 de la Déclaration Générale du PCARC et sa population subit de la même façon les effets de la crise économique systémique du capitalisme entamée en 2008 et qui se prolonge.
Ces données rappelées, il faut souligner une particularité de la bourgeoisie impérialiste française qui reste une bourgeoisie colonialiste :
- Elle défend avec acharnement les « confettis de l’empire » dans les trois océans : Atlantique (Guyane, Martinique, Guadeloupe, Martinique) Indien (Mayotte, Réunion) Pacifique (Polynésie, Nouvelle Calédonie). Ces petits territoires lui permettent par le contrôle qu’ils donnent sur de grandes étendues maritimes (eaux territoriales et Zones économiques exclusives) de s’afficher comme le second empire maritime mondial. Cette position flatte la vanité de la bourgeoisie française et tous les partis politiques bourgeois y compris La France insoumise de Mélenchon la soutiennent.
- Elle défend également avec constance sa tutelle économique sur les anciennes colonies d’Afrique occidentale et d’Afrique centrale qu’elle a réussi jusqu’à présent à priver de leur souveraineté monétaire (franc CFA) et à maintenir dans le camp occidental de la guerre froide. Ces pays sont donc faussement indépendants.
Macron au pouvoir
Sélectionné par les Etats-Unis (Bilderberg et Young American Leaders) Macron fait éclater les partis bourgeois qui ont occupé le pouvoir depuis 1947 (droites gaulliste et atlantiste, socialistes). Pour mémoire les communistes n’ont eu du poids dans l’orientation politique du pays qu’entre 1945 et le printemps 1947. Leurs brèves participations minoritaires aux gouvernements Mauroy (1981-1994) et Jospin (1997-2002) n’ont pas permis de faire progresser les intérêts et les droits de la classe ouvrière sauf sur quelques points symboliques concédés temporairement par l’adversaire de classe. Cet effondrement des grands partis bourgeois de droite et de gauche s’est matérialisé dans l’élection présidentielle de 2022 où les candidats de ces deux partis pas plus que celui du parti communiste n’ont obtenu 5% des voix.
Macron et la retraite
Le système français des retraites est un des piliers avec l’assurance maladie de LA SÉCURITÉ SOCIALE fondée en 1947 et bâtie à marche forcée par les équipes de l’ouvrier métallurgiste syndicaliste et ministre communiste du travail Ambroise Croizat. Il a subi de nombreuses attaques de la bourgeoisie gouvernante, s’est affaibli mais a résisté dans ses deux principes fondateurs : celui d’un financement assuré sur les revenus des entreprises – ce qu’il est encore mais en partie seulement – et celui de la solidarité intergénérationnelle (répartition)
Pendant son premier mandat Macron a tenté de s’en prendre à ces deux principes mêmes mais les réactions politiques et le Covid l’en ont empêché alors qu’il pouvait s’appuyer sur une majorité parlementaire totalement à sa botte.
Bien qu’affaibli politiquement et aujourd’hui sans majorité parlementaire il a tenté début 2023 une nouvelle attaque qui consiste à élever l’âge de départ légal à la retraite à 64 ans et à ne verser une retraite complète qu’après 43 ans de cotisation. Résultat : les précaires, les salariés effectuant les travaux les plus pénibles ou le plus dangereux, ceux qui ont auront eu des carrières incomplètes : chômeurs, femmes ayant été élevé plusieurs enfants et dont les salaires, à poste de travail égal, sont en moyenne inférieurs de 25% à ceux des hommes, ceux qui n’auront eu leur premier emploi stable qu’après 25 ans et c’est aujourd’hui le cas de la majorité des jeunes, n’auront qu’une retraite incomplète et le taux de remplacement : proportion de la pension par rapport au dernier salaire reçu déjà passé de 75% il y a 20 ans à 55% aujourd’hui continuera à diminuer.
Il s’agit donc bien d’une attaque brutale contre le niveau de la retraite de la majorité de la population travailleuse qui intervient dans un contexte de salaires bloqués et de hausse des prix de l’énergie et de tous les produits.
Cette attaque a été ressentie comme une violence sociale extrême par la majorité de la population et comme reflet de l’extrême mépris de classe qui caractérise le discours et la politique de Macron.
Ceci explique la réalisation rapide de l’unité de toutes les confédérations syndicales pour refuser cette réforme et entamer une longue série de manifestations massives accompagnée de grèves longues dans plusieurs secteurs d’activité. Mais Macron et son gouvernement ont poursuivi leur projet et fait passer la loi sans vote – en abusant de dispositions de la Constitution qui rendent inutile le débat parlementaire. La motion de censure n’est pas un vote sur la loi elle-même, c’est un abandon par le parlement de son pouvoir législatif constitutionnel.
Quelques observations à la date d’aujourd’hui (24 mars) alors que le passage en force de Macron va porter dans la rue la violence que l’État a exercé contre le Parlement.
- L’unité syndicale contre cette loi a été le socle de cette mobilisation exceptionnelle favorisée par un rejet massif du personnage Macron arrogant et menteur et par l’attachement profond, massif et documenté de la majorité de la population au système de la SÉCURITÉ SOCIALE qui n’est pas en déficit, qui n’a pas besoin d’être « réformé » comme dit la bourgeoisie c’est-à-dire affaibli, mais au contraire amélioré.
- Les partis parlementaires qui s’y opposaient l’ont peu relayée en dehors de l’enceinte de l’Assemblée Nationale et ne se sont vraiment réveillés que lorsque le gouvernement a décidé de les traiter par le mépris. Seuls se sont mobilisés des petits partis se réclamant du communisme non représentés au Parlement : PRCF, PCRF, ANC, REGROUPEMENT COMMUNISTE et quelques autres : LO, POID …
- La mobilisation de masse impulsée par les syndicats conte la loi « retraites » ne s’est pour l’instant pas élargie à d’autres sujets plus généraux qui ont été abordés avec des intensités inégales dans les cortèges dans des médias alternatifs et sur les réseaux sociaux comme :
. La crise institutionnelle résultant du refus d’une constitution issue d’un coup d’État en 1958 qui donne le pouvoir au président et à son gouvernement et met les représentants élus du peuple en position d’infériorité.
. La soumission du gouvernement aux diktats de la commission européenne sur la politique économique et sociale y compris sur l’âge de la retraite
. Des budgets militaires en très forte croissance dans un climat de préparation à une « guerre de haute intensité » dont l’adversaire n’est pas nommé mais ne peut être que la Russie
. Un important soutien politique matériel et financier au gouvernement fascisant de Kiev.
Pour autant ces sujets restent à l’ordre du jour même s’ils ne se sont pas pour l’instant transformés en mots d’ordre de masse comme « sortie de l’UE » ou « sortie de l’OTAN ». Ils ne pourront que continuer à alimenter la colère populaire face à un pouvoir affaibli qui a énormément accru le déficit budgétaire (115% du PIB), qui est face à un déficit énorme et croissant du commerce extérieur, un pays désindustrialisé et dont la stature internationale est réduite à rien comme en témoigne le rejet massif dans il est aujourd’hui l’objet dans ses anciennes colonies africaines ou l’annulation par l’Australie sur pression des anglo-saxons d’une commande de sous-marins à la France, second camouflet infligé à la France après l’interdiction de la livraison des 2 porte-hélicoptères construits pour la Russie.
La France devient un maillon faible. La tâche de l’heure consiste donc à transformer cette colère massive qui va contribuer à former une nouvelle couche de cadres militants pour un travail politique prolongé pour le socialisme redevenu un objectif.
Contribution d’un militant anti-impérialiste français