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Publié par Pour une vraie gauche à Lannion

Georges Gastaud est un des principaux dirigeants du PRCF
https://www.initiative-communiste.fr/articles/billet-rouge-2/a-propos-du-deces-de-jacques-chirac-une-reflexion-de-georges-gastaud/
A PROPOS DU DECES DE JACQUES CHIRAC – Une réflexion de Georges Gastaud

Une trajectoire politique hautement contrastée

Nous venons d’apprendre la mort de auquel, après l’avoir honni lorsqu’il terminait son second mandat présidentiel, une majorité de Français consultés sur cette question n’aura cessé de témoigner un certain retour d’affection ces dernières années. Au-delà de l’homme, dont ceux qui l’ont approché disent qu’il savait parfois respecter ses opposants et faire montre, à leur endroit, d’une certaine jovialité « républicaine », la trajectoire politique hautement contradictoire et de plus en plus européiste de Chirac est révélatrice de l’évolution politique de plus en plus réactionnaire de « notre » grande bourgeoisie.

Un héritage gaulliste, sinon gaullien

Après avoir vendu l’Huma à la criée aux temps lointains de sa jeunesse, à une époque où le PCF issu de la Résistance était le premier parti de France, J. Chirac est vite devenu une figure centrale du parti gaulliste dont il a souvent anticipé et incarné les évolutions.

D’un côté, Chirac portait encore – de manière de plus en plus vestigiale, épisodique et velléitaire – une certaine « idée de la France » indépendante et non alignée quand il s’opposait courageusement au boutefeu yanqui G.W. Bush à propos de l’Irak, quand il tenait tête à l’Etat colonial israélien en défendant la dignité des Palestiniens, quand, de son lit d’hôpital il lançait en 1979 « l’appel de Cochin » en dénonçant le « parti de l’étranger », à savoir l’UDF… et Mitterrand, accusés de vouloir dissoudre la France dans l’UE supranationale en construction. C’est aussi Chirac qui avait chargé son ministre Toubon de faire voter une loi protégeant la langue française contre la marée montante du tout-anglais transatlantique. C’est encore Chirac qui, en 2004, – alors que le Baron Sellières, l’ex-patron du MEDE«F» devenu président du syndicat patronal européen « Businesseurope », déclarait devant le Conseil européen  « je ne vous parlerai plus désormais qu’en anglais, la langue de l’entreprise et des affaires » -, avait, non sans panache, claqué la porte de ce cénacle de chefs d’Etat anglo- et américano-formatés en provoquant un mini-scandale tout-à-fait justifié.

Chirac, ou le devenir du gaullisme, de l’homme du 18 juin à l’actuel « Besoin d’aire » du MEDEF

Toutefois, comme les analyses du PRCF l’ont maintes fois signalé, le gaullisme à l’ancienne est révolu en tant que courant de masse bourgeois hégémonique* dans notre pays et cela explique, bien plus que ne le peut le faire la maestria opportuniste et le caméléonisme idéologique avérés du Rastignac corrézien, la manière dont la France officielle des Giscard, Mitterrand, Sarkozy, Hollande et autre Macron est progressivement devenue la vassale agressive de l’Oncle Sam ; la classe dominante capitaliste s’est ainsi dotée de gouvernements de plus en plus acharnés à détruire les conquêtes sociales du CNR à l’intérieur du pays et à imposer l’ordre euro-atlantique mâtiné de Françafrique agressive à l’extérieur de nos frontières, notamment au Proche-Orient, en Ukraine, en Afrique, en Amérique latine, etc. : car l’hégémonie nationale du courant gaulliste et son incontestable prestige mondial n’ont été circonstanciellement possibles que dans une période historique où, d’une part, les grandes sociétés capitalistes à base française fusionnaient encore pour l’essentiel à l’échelle nationale sous l’égide d’une Cinquième République taillée sur mesure pour mettre l’Etat-nation au service des BNP-Paribas, Péchiney-Ugine-Kuhlmann, BSN-St-Gobain et Cie ; d’autre part, De Gaulle, puis dans une mesure de plus en plus rapidement décroissante, ses épigones élyséens « post-gaullistes » pouvaient encore à l’époque « naviguer » à l’international et jouer leur propre jeu « non aligné » (sans jamais quitter bien sûr le camp capitaliste et antisoviétique) – entre l’ « hégémon » impérialiste étatsunien et le camp socialiste à l’échelle internationale ; dans la mesure où il leur arrivait de s’opposer à l’Oncle Sam et au retour en force de l’impérialisme allemand, De Gaulle et ses successeurs prenaient alors occasionnellement appui sur la force du PCF en l’utilisant, tantôt comme un repoussoir politique (« Entre les communistes et nous, il n’y a rien », disait Malraux), tantôt comme d’un appui citoyen objectif quoique profondément critique (face au projet américain d’AMGOT en 1944, au projet de « communauté européenne de défense » en 1953, au putsch de l’Armée coloniale d’Algérie en 1962, à la présence en France de l’OTAN en 1966, à la domination néocoloniale anglophone sur le Québec en 1967, etc.). Depuis cette époque, la lave des fusions monopolistes à l’échelle transcontinentale et le torrent boueux de la contre-révolution anticommuniste européenne ont déferlé sur la France : désormais le MEDEF et le CAC-40 proclament urbi et orbi (cf leur Manifeste « Besoin d’aire » de 2012) leur volonté cynique de liquider l’Etat-nation, d’édifier les « Etats-Unis d’Europe » sous pilotage berlinois, de briser le cadre territorial « jacobin » en « reconfigurant les territoires », de favoriser le basculement du pays au tout-anglais, de « démanteler le programme du CNR » (Denis Kessler, lors de l’élection de Sarkozy) : en un mot, leur détermination de classe et de caste à inscrire la course au profit maximal de l’oligarchie financière « française » dans le cadre euro-atlantique dessiné par le CETA, et bientôt n’en doutons pas, par le retour du TAFTA et par la mise en place de l’« armée européenne » arrimée à l’OTAN et dominée par l’impérialisme allemand redevenu hégémonique. L’attachement sentimental au gaullisme ne disparaît pas pour autant dans une large fraction de notre peuple (De Gaulle reste, sondage après sondage, la figure historique la plus appréciée des Français), mais la référence à l’œuvre – d’ailleurs très composite et contrastée – du Général est de plus en plus formelle, décorative, purement électoraliste dans les milieux oligarchiques qui, de Macron au PS en passant par les LR, font leur la parole assassine de Mitterrand : « la France est notre patrie, l’Europe notre avenir » : en clair, pour la grande bourgeoisie et pour son Parti Maastrichtien Unique, « la France » – à ne pas confondre avec l’impérialisme qui s’en réclame – appartient largement au passé !

Chirac à la signature du traité de Nice – 2001

Patriotisme conséquent ou service de l’oligarchie ? Aux racines du « velléitarisme » chiraquien

Et c’est fondamentalement cet ancrage de classe oligarchique du « chiraquisme » qui explique ceci : malgré un attachement qu’on veut croire sincère à l’héritage gaulliste, J.Chirac n’a jamais été mieux qu’un velléitaire en matière d’indépendance nationale, et malgré ses slogans électoraux de 1995 sur la « réduction de la fracture sociale », le président défunt aura largement contribué – bien que trop lentement aux yeux des Sarkozy, Raffarin et autre Fillon – au démontage des conquêtes sociales de la Libération et à l’approfondissement mortifère de la « construction » européenne. Dès 1992, Chirac s’est ainsi mouillé à fond aux côtés de Mitterrand dans la campagne du Oui au Traité de Maastricht et à sa funeste « économie de marché ouverte sur le monde où la concurrence est libre et non faussée »

Récidive euro-chiraquienne en 2005 où, de concert avec Hollande et Sarkozy, Chirac appellera vainement à voter OUI à la constitution européenne, c’est-à-dire à la mise en place d’un ETAT supranational que refusèrent très largement les Français. C’est ainsi également qu’en décembre 1995, sitôt élu sur une ligne « sociale » contre des « socialistes » à la Delord qui incarnaient l’euro-austérité depuis le « tournant européen de la rigueur » de 1983, Chirac et Juppé ne feront aucune difficulté pour obtempérer sans gloire aux sommations budgétaires d’Helmut Kohl, en tentant d’imposer le « plan Juppé » qui allait provoquer les grandes grèves de l’hiver 1995. Ne parlons pas du point final mis par Chirac et Villepin au principe républicain de la conscription pour mettre en place une armée de métier déconnectant la Défense nationale de tout contrôle par les citoyens soldats… Comment oublier, en outre, la contre-réforme des retraites de la fonction publique imposée en 2003 par Fillon et Raffarin, qui a conduit à l’appauvrissement de centaines de milliers de travailleurs de la fonction publique tout en infligeant une lourde défaite au mouvement populaire ; ou encore l’euro-privatisation de Gaz de France engagée par D. de Villepin, alors engagé dans une course à l’investiture présidentielle avec Sarkozy qui imposait de capter la bienveillance de MM. les grands actionnaires propriétaires des médias : car le « patriotisme économique » pèse décidément bien peu pour certains « gaullistes » quand il s’agit de servir leur classe… et d’accéder à l’Elysée !

Racines de la « chiraco-nostalgie » française

Cependant nous n’avions pas encore complètement basculé alors dans le « nouveau monde » grossièrement antilibéral, fascisant et proprement policier qu’incarnèrent successivement, contre Chirac, la « rupture » sarkozyste, le flicage des manifs à la Manuel Valls et la violence physique méthodique de Castaner contre les Gilets jaunes.

Sur FRANCE 2 Chirac sous la pression de la rue annonce qu’il n’appliquera pas le CPE

En 2006, face à l’insurrection massive de la jeunesse contre le Contrat Première Embauche (CPE), Chirac eut encore la sagesse de reculer : la grande bourgeoisie – qui misait alors sur le fascisant jeune loup Sarkozy – ne le lui pardonnera pas ; et à grand regret, Chirac devra subir l’humiliation de se retirer et d’appeler à voter pour Sarkozy, qui fut au président actuel ce que Macron est aujourd’hui à son « père politique » F. Hollande… Si bien que lorsque les Français expriment de l’affection à l’endroit de Chirac, c’est, au-delà de l’homme, à cet « ancien monde » où les mots « souveraineté », « acquis sociaux », « syndicalisme », « entreprises nationalisées », « francophonie », voire… « parti communiste » n’étaient pas – pas encore ! – totalement diabolisés, que va leur nostalgie. Place désormais au « nouveau » monde, fait de brutalité absolue – sous un vernis démocratique de plus en plus transparent – à l’encontre des dominés et de tout ce qui résiste au néolibéralisme, à l’euro-atlantisme, à l’arasement des conquêtes de la Révolution jacobine, du Front populaire et du Conseil national de la Résistance, voire à tout vestige de feu la politique étrangère gaulliste…

Socialisme et indépendance nationale plus que jamais indissociables !

Mais il est vain de regretter le passé. Dans ce « nouveau » monde cruel où Trump s’assoit ouvertement sur l’environnement, sur les nations libres, sur les droits de l’homme et sur la paix mondiale (« America first ! »), il appartient à la classe laborieuse de reprendre pleinement à son compte le drapeau du progrès humain et de l’indépendance nationale que l’oligarchie piétine allégrement. Plus que jamais, l’avenir de la France, comme celui de l’humanité, appartiennent au monde du travail et c’est en visant au Frexit progressiste pour notre pays et à un socialisme-communisme de nouvelle génération pour l’humanité qu’il nous faut nous tourner vers l’avenir en donnant toute sa signification REVOLUTIONNAIRE au programme du CNR appelant à « « mettre le monde du travail au centre de la vie nationale ».

est fils de Résistant gaulliste, militant du Pôle de Renaissance Communiste en France

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Appel de Cochin

Jacques Chirac

6 décembre 1978

Il est des heures graves dans l’histoire d’un peuple où sa sauvegarde tient toute dans sa capacité de discerner les menaces qu’on lui cache.

L’Europe que nous attendions et désirions, dans laquelle pourrait s’épanouir une France digne et forte, cette Europe, nous savons depuis hier qu’on ne veut pas la faire.

Tout nous conduit à penser que, derrière le masque des mots et le jargon des technocrates, on prépare l’inféodation de la France, on consent à l’idée de son abaissement.

En ce qui nous concerne nous devons dire NON.

En clair, de quoi s’agit-il ? Les faits sont simples, même si certains ont cru gagner à les obscurcir.

L’élection prochaine de l’Assemblée européenne au suffrage universel direct ne saurait intervenir sans que le peuple français soit directement éclairé sur la portée de son vote. Elle constituera un piège si les électeurs sont induits à croire qu’ils vont simplement entériner quelques principes généraux, d’ailleurs à peu près incontestés quant à la nécessité de l’organisation européenne, alors que les suffrages ainsi captés vont servir à légitimer tout ensemble les débordements futurs et les carences actuelles, au préjudice des intérêts nationaux.

1. Le gouvernement français soutient que les attributions de l’Assemblée resteront fixées par le traité de Rome et ne seront pas modifiées en conséquence du nouveau mode d’élection. Mais la plupart de nos partenaires énoncent l’opinion opposée presque comme allant de soi et aucune assurance n’a été obtenue à l’encontre de l’offensive ainsi annoncée, tranquillement, à l’avance. Or le président de la République reconnaissait, à juste raison, dans une conférence de presse récente, qu’une Europe fédérale ne manquerait pas d’être dominée par les intérêts américains. C’est dire que les votes de majorité, au sein des institutions européennes, en paralysant la volonté de la France, ne serviront ni les intérêts français, bien entendu, ni les intérêts européens. En d’autres termes, les votes des 81 représentants français pèseront bien peu à l’encontre des 329 représentants de pays eux-mêmes excessivement sensibles aux influences d’outre-Atlantique.

Telle est bien la menace dont l’opinion publique doit être consciente. Cette menace n’est pas lointaine et théorique : elle est ouverte, certaine et proche. Comment nos gouvernants pourront-ils y résister demain s’ils n’ont pas été capables de la faire écarter dans les déclarations d’intention ?

2. L’approbation de la politique européenne du gouvernement supposerait que celle-ci fût clairement affirmée à l’égard des errements actuels de la Communauté économique européenne. Il est de fait que cette Communauté — en dehors d’une politique agricole commune, d’ailleurs menacée — tend à n’être, aujourd’hui, guère plus qu’une zone de libre-échange favorable peut-être aux intérêts étrangers les plus puissants, mais qui voue au démantèlement des pans entiers de notre industrie laissée sans protection contre des concurrences inégales, sauvages ou qui se gardent de nous accorder la réciprocité. On ne saurait demander aux Français de souscrire ainsi à leur asservissement économique, au marasme et au chômage. Dans la mesure où la politique économique propre au gouvernement français contribue pour sa part aux mêmes résultats, on ne saurait davantage lui obtenir l’approbation sous le couvert d’un vote relatif à l’Europe.

3. L’admission de l’Espagne et du Portugal dans la Communauté soulève, tant pour nos intérêts agricoles que pour le fonctionnement des institutions communes, de très sérieuses difficultés qui doivent être préalablement résolues, sous peine d’aggraver une situation déjà fort peu satisfaisante. Jusque-là, il serait d’une grande légèreté, pour en tirer quelque avantage politique plus ou moins illusoire, d’annoncer cette admission comme virtuellement acquise.

4. La politique européenne du gouvernement ne peut, en aucun cas, dispenser la France d’une politique étrangère qui lui soit propre. L’Europe ne peut servir à camoufler l’effacement d’une France qui n’aurait plus, sur le plan mondial, ni autorité, ni idée, ni message, ni visage. Nous récusons une politique étrangère qui cesse de répondre à la vocation d’une grande puissance, membre permanent du Conseil de sécurité des Nations unies et investie de ce fait de responsabilités particulières dans l’ordre international.

C’est pourquoi nous disons NON.
NON à la politique de la supranationalité.
NON à l’asservissement économique.
NON à l’effacement international de la France.

Favorables à l’organisation européenne, oui, nous le sommes pleinement. Nous voulons, autant que d’autres, que se fasse l’Europe. Mais une Europe européenne, où la France conduise son destin de grande nation. Nous disons non à une France vassale dans un empire de marchands, non à une France qui démissionne aujourd’hui pour s’effacer demain.

Puisqu’il s’agit de la France, de son indépendance et de l’a

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