Directeur politique d’Initiative Communiste, Georges Gastaud commente l’actualité sociopolitique – 9 janvier 2023
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Initiative Communiste – Comment apprécies-tu l’évolution de la situation géopolitique ?
Georges Gastaud : J’aimerais affirmer le contraire, mais la tendance est à l’embrasement hyper-dangereux de la situation militaire continentale et mondiale à l’initiative des faucons américains et de leurs vassaux européens, Macron en tête. Les « Verts » allemands et français jouent un rôle archi-néfaste dans l’exacerbation des tensions. Je ne commenterai pas la situation militaire sur le terrain où, semble-t-il, après d’indéniables revers russes face à une « armée ukrainienne » qui sert d’habillage jaune et bleu à l’UE-OTAN tout entière, les Russes semblent avoir repris un certain avantage.
Je dirai d’abord le mépris que doit susciter le comportement des « journalistes » des médias français, particulièrement de ceux du « service public » de l’audiovisuel dont la russophobie et la complaisance sans limites à l’égard du pouvoir corrompu et pronazi du fantoche Zelensky rappellent le bourrage de crâne qui accompagna, des deux côtés, la Première Guerre Mondiale : le jour venu, ces « journalistes » sans honneur qui relaient n’importe quel bobard des services de communication de l’Armée ukro-atlantiste, seront la risée des historiens.
Je note ensuite que, délibérément, les USA et leurs petits suiveurs européens, jouent méthodiquement l’exacerbation des tensions avec, en toile de fond, la marche revendiquée vers ce qu’ils appelaient eux-mêmes, bien avant l’entrée des Russes en Ukraine, un « conflit général de haute intensité » : en clair, vers la troisième guerre mondiale. Systémiquement, les USA, et derrière eux le bloc euro-atlantique en formation et l’UE en passe de se muer en « Etat fédéral européen », ne peuvent tolérer le « multilatéralisme » qu’implique la montée en puissance de la Russie et surtout, l’essor économique fulgurant de l’Inde et de la Chine : en effet, le capitalisme-impérialisme globalitaire qui a précédé, accompagné et suivi la contre-révolution anticommuniste en URSS (années 1990) repose structurellement sur l’hégémonie écrasante des USA, sur le destructif dollar inconvertible, sur le pillage permanent de la planète par les monopoles capitalistes principalement occidentaux et sur le socle militaire obligé de tout cela : l’US Army détentrice de 80% de l’armement mondial.
A l’heure où je vous réponds, un porte-avions US de 100 000 tonnes mouille près de Marseille à l’invitation de Macron, que l’armée française, qui par ailleurs se déleste de ses armes les plus modernes pour fournir les mafieux ukrainiens, participe à de très importantes manœuvres d’intimidation et de préparation à la guerre continentale intitulées ORION dans le cadre et sous la direction indiscutée de l’OTAN.
Par ailleurs, Macron fait désormais livrer des chars à Zelensky, entraînant dans son sillage va-t-en-guerre un Olaf Scholz jusqu’ici un peu moins pressé que l’autre d’attiser les braises et de détruire l’avenir des relations germano-russes indispensables à l’industrie d’outre-Rhin. Pour autant les budgets militaires explosent, l’Allemagne capitaliste décomplexée se dote des moyens de redevenir la première puissance militaire européenne au détriment du concurrent français qui, dans l’affaire ukrainienne, choisit une forme de fuite en avant suicidaire après avoir initialement feint de jouer l’apaisement. Ajoutons que la voie diplomatique a carrément été sabotée puisque les menteurs internationaux Merkel et Hollande se sont successivement vantés récemment d’avoir garanti internationalement les Accords de Minsk, comme des rideaux de fumée destinés à lanterner la Russie et à permettre à l’Ukraine de s’armer pour, le jour venu, tenter de reconquérir la Crimée (un territoire 100% russe et russophone !). Qui croira désormais les gouvernements français et allemand après de tels aveux criminels et autosatisfaits ? Ajoutons que Macron n’a, mais qui en doutait ? – aucun point d’honneur national. Car il cède tout cela aux USA alors que la France a tout à perdre dans la contagion continentale du conflit russo-ukrainien et que, par ailleurs, les USA viennent d’adopter un programme protectionniste sans précédent qui est manifestement destiné à ruiner l’économie productive des « alliés » européens…
Enfin, si l’on examine une carte du monde, on voit que, pour tenter de déstabiliser la Russie et d’isoler la Chine, la Coalition atlantico-nippone roule dangereusement ses mécaniques militaristes de la Lettonie au Donbass, de l’Indopacifique à la Péninsule coréenne sans négliger, ni le détroit de Taiwan, ni la Mer de Chine (où s’en va croiser la Marine française !), ni la Syrie – que le vassal israélien de Washington vient encore de bombarder en dépit du droit des gens – ni… les côtes provençales. Avec l’aide du Kosovo, cet Etat fantoche mafieux dont les Occidentaux ont reconnu l’auto-proclamation en dépeçant le territoire serbe et en violant la Charte de l’ONU, l’UE atlantique relance même en douce les provocations contre Belgrade jugée culturellement et diplomatiquement trop proche des Russes!
Sur le plan psychologique et idéologique, c’est un feu roulant d’artillerie russophobe et antisoviétique auquel on assiste dans le but de préparer les esprits à la croisade générale antirusse (et antichinoise) : il y eut d’abord la Résolution quasi-unanime du « Parlement » européen, qui en septembre 2018, a à la fois criminalisé le communisme historique et banalisé le nazisme en plaçant sur un pied d’égalité le Troisième Reich génocidaire et son principal vainqueur militaire, l’Union des Républiques Socialistes Soviétiques. Cette même résolution a invité à demi-mots les Etats-membres de l’UE à interdire « les emblèmes du communisme totalitaire », en clair, ce drapeau rouge frappé des outils ouvrier et paysan qu’a opportunément et fort courageusement abandonné le Parti « communiste » français. Ont suivi en cascade une Résolution du Bundestag et un nouveau vote du Parlement européen belliciste, fascisant et ultraréactionnaire : son objet est de qualifier de « génocide stalinien » la famine ukrainienne de 1930 : or cette famine, qui fut la dernière d’une longue suite de disettes qui accablait depuis toujours la Russie tsariste et ex-tsariste, n’était en rien un génocide, c’est-à-dire un crime intentionnel ciblant une population particulière, ainsi que l’a prouvé la recherche historique ; mais qu’importe la vérité historique puisque l’essentiel est de « prouver » que l’URSS, donc la Russie qui en est l’héritière juridique, aurait été génocidaire autant que l’Allemagne nazie et bien avant cette dernière : moyen indirect de légitimer pour demain, pour aujourd’hui et pour hier le Drang nach Osten1 de l’impérialisme germano-européen. Pour un peu, on va bientôt nous expliquer que l’invasion hitlérienne de l’URSS était indispensable pour sauver les populations ukrainiennes de la famine. Il ne faudrait pas s’en étonner car, comme disait un humoriste qui n’est pourtant pas Zelensky, « quand les bornes sont franchies, il n’y a plus de limites… ».
Bref, comme le PRCF, en cela plus clairvoyant et anticipateur que tant d’organisations d’ « extrême gauche » l’a toujours indiqué, la marche à la guerre mondiale et la réhabilitation concomitante de l’impérialisme germano-européen (pour l’instant encore sous tutelle américaine…) s’accompagne logiquement d’une entreprise de banalisation rampante des nazis, franquistes, mussoliniens et autres pétainistes (Zemmour !), à quoi s’ajoute à l’Est l’interdiction des véritables partis communistes qui, contrairement à die Linke en Allemagne ou au PCF en France, n’ont pas opportunément « largué » Lénine et l’emblème ouvrier et paysan ! Comment s’étonner dès lors qu’une nostalgique du Duce, la néofasciste Giorgia Melloni, gouverne désormais l’Italie, ou que l’extrême droite pulvérise à Stockholm l’image du sacro-saint « modèle suédois », quand l’UE-OTAN ferme les yeux sur le fait que Kiev encense Stepan Bandera, le supplétif de la Wehrmacht qui massacra des centaines de milliers de juifs, de communistes ukrainiens, de Russes… et de Polonais. La chose est devenue si indéniable qu’elle a fini par susciter les protestations officielles de Varsovie auprès de son sulfureux « allié » ukrainien !
J’en viens au plus grave : si, en France, Macron peut se permettre ce qu’il fait en Ukraine en compromettant gravement notre pays, si Ursula von der Leyen aiguillonnée par la va-t-en-guerre Annelore Baerbock (la ministre des Affaires étrangères « Verte » de la RFA) peut, en piétinant les traités européens, se conduire en cheffe de guerre de l’ « Etat fédéral européen », c’est parce qu’elle exploite à fond la trahison de presque toute la gauche établie. Pas seulement celle des Verts (-de-gris ?) et de la social-démocratie, du SPD au PS français arrimé à l’illuminé belliciste Glucksmann : mais à cela, on est habitué depuis longtemps puisque le vote des crédits de guerre par la SFIO, le Labour Party, les mencheviks russes et le SPD date d’août 1914… Plus gravement encore, l’eurodéputée « insoumise » Manon Aubry a voté la résolution européenne qualifiant l’URSS de puissance génocidaire (ce qui signifie à terme l’interdiction des organisations qui refuseront d’amalgamer l’URSS au Troisième Reich) tandis qu’au Parlement français, les « insoumis » se sont abstenus le 30 novembre à propos de la résolution macroniste justifiant la co-belligérance de la France dans le conflit ukrainien par l’envoi à Kiev d’armes lourdes ; du reste, le PCF « identitaire » de Roussel a voté cette résolution qui est du même niveau de gravité que le fut celle des crédits de guerre de 1914 par la SFIO. Il faut le dire clairement à ceux des adhérents « marxistes-léninistes » du « PCF » qui font comme si ce vote n’était qu’« un vote de plus » à digérer (plus les couleuvres grossissent et deviennent des anacondas, plus se dilate le gosier de certains!), il s’agit très évidemment d’un point de non-retour dans la déchéance historique de ce parti qui n’a désormais plus rien de communiste, ni même d’anti-impérialiste, voire de simplement patriote (car l’euro-atlantisme de Macron applaudi par Roussel et Chassaigne ne peut qu’attirer préférentiellement, le jour venu, la foudre russe sur notre pays !).
Désormais, le discours hors-sol appelant à « remettre le PCF sur les rails de la lutte des classes » est aussi privé de base objective, fût-elle résiduelle, que l’eût été celui de militants marxistes qui eussent appelé en 1915 à « réorienter la SFIO dans le sens révolutionnaire » : le PCF, sinon la totalité de ses militants, a définitivement changé de camp sur le sujet le plus décisif qui soit et il convient de rappeler le mot de Lénine disant aux militants bolcheviks désireux de rester à toute force au vieux POSDR (le vieux Parti ouvrier social-démocrate de Russie, qui était formellement commun aux bolcheviks et aux bolcheviks) : « il faut tomber la chemise sale, camarades, l’heure est venue de passer une chemise propre ! ». C’est ce que firent en France, comme on sait, les délégués du Congrès de Tours en rompant enfin, et dans la douleur, avec la SFIO déshonorée et c’est cela, que signifie de nos jours rester fidèle au P.C.F.-S.F.Initiative Communiste fondé au Congrès de Tours.
Cela dit, tout n’est pas perdu pour ceux qui veulent sauver la paix mondiale dont le naufrage porterait à notre époque la probabilité d’un anéantissement de l’humanité, et en tout cas de la France, dont la force de frappe faisant désormais partie directement du jeu de cartes géopolitique américain, risque moins désormais de dissuader l’ennemi désigné que, une fois franchi un certain seuil de provocation macroniste, de faire de notre patrie une cible nucléaire préférentielle si les choses dégénèrent totalement à l’échelle continentale. D’autant que, rappelons-le, la Russie n’est plus dirigée par de vieux communistes prudents avant tout soucieux de préserver l’humanité d’une guerre mondiale, comme c’était encore le cas sous Brejnev ou sous Andropov, mais par un contre-révolutionnaire assumé qui déclare sans ambages qu’une humanité sans la Russie est sans intérêt. Faut-il rappeler au Tartarin élyséen, qui vient de subir la déconfiture qu’on sait au Mali, que l’armée russe possède désormais des missiles hypersoniques totalement inarrêtables…
Par conséquent, l’arrogance belliciste de Macron et des faux hommes de gauche, semi-insoumis et autres pseudo-députés communistes qui lui filent le train, devient suicidaire pour notre pays. Nous le disons, non pas en zélateurs de Poutine, car c’est le drapeau rouge de Stalingrad que nous honorons à côté du drapeau de l’Ukraine soviétique et de l’étendard tricolore qui triompha à Fleurus, mais en serviteurs de la paix, de l’humanité et de la continuité physique et morale de notre pays. Moins que jamais les vrais patriotes ne sont aujourd’hui ceux qui se vautrent dans l’union sacrée derrière le Maître étatsunien allié aux néonazis ukrainiens. D’autres viennent de s’honorer en le rappelant, en particulier Pierre de Gaulle, le petit-fils du Général qui expulsa les troupes américaines de notre sol en 1966 !
Pouvons-nous encore stopper cette course à l’abîme ? La réponse est oui, et pas seulement en vertu de la devise « pessimisme de l’intelligence, optimisme de la volonté ! » chère à Romain Rolland. Constatons d’abord ceci : indépendamment de ces forces parlementaires idéologiquement déboussolées, euro-vassalisées et non représentatives de l’état d’esprit populaire, l’opinion publique est bien moins monolithique que ne le laissent croire nos médias bellicistes de droite et de « gôche » :
ôche » :
Et c’est le Pape François qui, à plusieurs reprises, s’est attiré l’ire des atlantistes en appelant à la désescalade en Ukraine ;
Et c’est le « traqueur de nazis » bien connu Arno Klarsfeld qui, par ailleurs aveugle, hélas, aux crimes du gouvernement raciste israélien contre les Palestiniens, n’en a pas moins mis en garde contre un régime ukrainien dangereux pour tous les juifs du monde de par sa réhabilitation scandaleuse du pogromiste ukrainien Bandera.
Et c’est Ségolène Royal qui, sans cesser de s’affirmer européiste, a bravé les médias bouffeurs de Russes en appelant Macron à cesser les livraisons d’armes lourdes et à encourager aux négociations.
Dans la mouvance LR, des hommes comme Luc Ferry, Henri Guaino (ex-conseiller de Sarkozy) ou comme le maire souverainiste de Chantilly Jacques Myard, ont aussi crié casse-cou.
Sur un autre plan, un député LFI par ailleurs membre du POI (opposé à l’UE bien que trotskiste), a, seul sauvé l’honneur de la gauche parlementaire en votant contre la résolution belliciste du 30 novembre qu’ont approuvée Chassaigne et Roussel tandis que les députés LFI, un peu moins indécents, se réfugiaient dans l’abstention.
Enfin nous avons tous entendu la parole très écoutée du petit-fils du Général de Gaulle appelant Macron, dans la continuité des positions multilatéralistes avant la lettre que porta jadis le Général, à prendre ses distances avec l’OTAN, à tendre la main à la Russie, à jouer un rôle de faiseur de paix et à défendre à la fois la paix mondiale et l’indépendance de la nation française. A l’heure où se trame une grande revanche impérialiste mondiale contre l’impardonnable Russie de l’Octobre rouge et du Stalingrad antifasciste, ne cessons jamais de jeter à la face des russophobes et des antisoviétiques à retardement la parole loyale proférée par Charles de Gaulle en 1944 lors de sa visite d’Etat au Maréchal Staline : « les Français savent que la Russie soviétique a joué le rôle principal dans leur libération » ! Et que l’on sache, de Gaulle n’est pas plus devenu communiste que le PCF de Waldeck Rochet ne se convertira au gaullisme quand il saluera publiquement, en 1966, la politique étrangère non alignée du général !
La mention de toutes ces déclarations n’annule donc pas les divergences plus ou moins grandes, voire colossales, qui opposent le PRCF à ces personnalités du reste très diverses. Simplement, les marxistes sérieux se souviennent qu’au début des années 1920, Lénine appelait Tchitcherine et les autres négociateurs soviétiques de la Conférence de Locarno à ne pas traiter la bourgeoisie, fût-elle impérialiste, comme un bloc compact. Il convenait alors d’isoler les super-bellicistes Clémenceau, Churchill, etc. en traitant la « bourgeoisie pacifiste », dans laquelle Lénine rangeait par ex. Aristide Briand, comme une compagne de route « si hésitante, si inconséquente, provisoire et chancelante qu’elle fût ». Avis à ceux qui ne confondent pas l’impuissant purisme petit-bourgeois avec l’esprit offensif et pratique du bolchevisme dont le premier acte politique succédant au 7 novembre 2017 fut le grandiose Décret sur la Paix qui porta l’estocade, sinon le coup de grâce, à la première guerre mondiale exterminatrice !
Surtout, il convient d’ajuster à notre époque le mot d’ordre de Lénine appelant, dès 1914 et dans les termes propres à cette époque, à « transformer la guerre impérialiste mondiale en guerre civile du prolétariat contre sa propre bourgeoisie ». Le principal rempart de la paix n’est évidemment pas la « bourgeoisie pacifiste », même s’il serait infantile d’ignorer leur apport : en réalité, le « principe Espérance » demeure avant tout le prolétariat international. En effet, la guerre de classes des capitalistes, qui fait rage contre les salaires et les acquis sociaux à l’intérieur de chaque pays occidental déjà de fait « co-belligérant » en Ukraine, est la continuation directe à l’interne de la guerre impérialiste à l’extérieur. Et cette guerre de classes qui raidit les attaques contre les salaires et les acquis tout en attisant une inflation insupportable fait déjà boomerang contre les chefs de file du monde capitaliste.
Aux Etats-Unis, le mot « socialisme » n’effraie plus la jeunesse et l’on a assisté récemment à des grèves sans précédent dans les chemins de fer, chez John Deer ou Amazon.
En Grande-Bretagne, malgré la législation antigrève héritée de Thatcher et Blair, les militants de classe, quelquefois marxistes-léninistes, qui dirigent les syndicats des transports, soutiennent un bras de fer impressionnant contre les gouvernements conservateurs successifs depuis le mois d’août dernier.
En France, le soulèvement plébéien des Gilets jaunes peut parfaitement rebondir, et malgré le jaune tout court Laurent Berger, les luttes pour les salaires, pour les services publics (hospitaliers, enseignants, EDF, SNCF…), contre la énième contre-réforme des retraites, contre la casse des indemnités chômage, etc., peuvent encore « coaguler » ; d’autant que nul n’a oublié l’offensive de classe des ouvriers raffineurs conduits par la fédération de la CGT-Chimie. Pour la première fois en outre depuis des décennies, le futur congrès CGT verra s’affronter programme contre programme une représentante du paralysant « sociétal-réformisme » européiste intronisée par la direction Martinez en faillite, et le combatif représentant de la CGT de classe qu’est Olivier Mateu, le secrétaire de l’UD des Bouches-du-Rhône.
Et n’oublions pas, si l’on sort un peu d’Europe, que c’est en 2022 qu’ont eu lieu, à contre-courant de l’insane discours annonçant la « mort de la lutte des classes », les plus grandes grèves de l’histoire : elles ont eu lieu en Inde où par dizaines de millions, les ouvriers et les paysans soutenus par les communistes, et parmi eux de nombreuses femmes, ont bloqué Dehli et défié l’autocrate Narendra Modi. En un mot, la paix n’est pas que rouge, et ce serait une erreur sectaire que d’en traiter uniquement « entre communistes », mais il n’en est pas moins vrai que son noyau principal est prolétarien, et qu’il ne demande qu’à rougir fortement quand la marée de la contre-révolution aura fini de tourner !
Politiquement, il faut aussi noter les vives réactions de la jeunesse tchèque, qui défile contre la « dictature européenne », pour la levée des sanctions antirusses, contre l’envol des prix de l’énergie accablant la population, etc.. Est également encourageante la montée au créneau de la paix d’une partie de la gauche allemande réellement pacifiste encouragée par les propos de Sara Wagenknecht et d’Oskar Lafontaine et surtout, par le combat souterrain des marxistes-léninistes d’Allemagne.
Il faut aussi garder à l’esprit qu’en Russie, la population regrette massivement l’URSS, cet ex-rempart de la paix mondiale, de l’entente civile entre les peuples soviétiques et de la sécurité d’existence pour tous les travailleurs russes : du reste, le PCFR est la première force d’opposition à Poutine, ce que cachent nos médias qui n’ont d’yeux que pour l’opposition de droite, c’est-à-dire pour la cinquième colonne des USA instigateurs de « révolutions orange ».
En Amérique latine, Cuba, le Venezuela (où cependant le harcèlement anti-PCV affaiblit, hélas, la gauche patriotique), la Bolivie résistent à la subversion impérialiste tandis qu’un esprit de rébellion se propage à toute l’Afrique francophone à l’encontre de cette Françafrique néocoloniale qui pille l’Afrique tout en détruisant la « France sans fric » des prolétaires et qu’est livré au tout-anglais aliénant notre bien commun, la langue française : gardons à l’esprit la parole hautement dialectique, et nullement antifrançaise sur le fond, de l’émissaire malien à l’ONU dénonçant le gouvernement Macron comme « antifrançais et traître aux Lumières ».
Enfin, sous la conduite du Parti communiste dont le récent congrès a eu un retentissement mondial, la Chine défend son unité territoriale malgré les provocations de Pelosi à propos de Taiwan tandis que la Corée populaire réaffirme sa capacité de riposte autonome aux provocations du trio agressif formé par Washington, par le brutal gouvernement de Séoul et par un Japon en plein réarmement dont l’ex-Premier ministre récemment décédé Shinzo Abé affichait son négationnisme abject à propos des crimes de guerres énormes commis par le Japon impérial en Chine et en Corée.
Bref, derrière l’infernal tapage russophobe, anti-cubain, antisoviétique, anticommuniste, sinophobe et exterministe en un mot, tant il mène objectivement à l’entre-extermination sans reste de l’humanité, d’autres braises rougeoient qui ne sont celles ni la guerre impérialiste ni de l’euro-fascisation : il s’agit des braises de la renaissance prolétarienne internationale propices à la relance marxiste-léniniste du Mouvement communiste international et à celle, déjà bien engagée, du syndicalisme de classe incarné par la FSM, ce point d’appui international solide pour relancer le syndicalisme de lutte dans notre pays.
N’oublions pas non plus ce nombre grandissant de citoyens qui ne supportent plus le lavage de cerveau des médias et qui cherchent obstinément à produire et à partager de nouvelles lumières à une époque où, malgré la réaction apparemment triomphante, la science continue de produire des avancées enthousiasmantes tandis que convergent à nouveau objectivement, par-delà tous les dogmatismes et tous les révisionnismes, la pensée scientifique d’avant-garde et le « grand rebond » en cours de la dialectique matérialiste.
Une époque aussi où l’irrépressible mouvement international des femmes, s’il sait s’unir au prolétariat et à la défense anti-impérialiste de la paix comme y invitait Clara Zetkin, s’il parvient aussi à briser le carcan diviseur du pseudo féminisme bourgeois, peut devenir, à côté du grand sursaut environnemental de la jeunesse s’émancipant du bellicisme Vert, l’un des courants fondamentaux de ce que j’appellerai la contre-contre-révolution mondiale ; et par là même, l’authentique « bio-carburant » de ce socialisme-communisme de nouvelle génération sans lequel l’humanité ne parviendra pas à résoudre la crise environnementale et sociale globale léguée par le capitalisme-impérialisme exterministe et pourrissant.
En résumé, les deux « conflits de haute intensité » qui peuvent couper court au « conflit de haute intensité » exterminateur que fomente l’oligarchie sont et demeurent les conflits hautement salutaires opposant le Capital au Travail et les Peuples en lutte à l’impérialisme.
Initiative Communiste – Comment selon toi, qui fus aussi durant des décennies un syndicaliste de lutte, la situation sociopolitique française se profile-t-elle à la veille d’un possible affrontement de classes sur les retraites » ?
Georges Gastaud : – Appelons un chat un chat : à l’issue de décennies de « construction » européenne précipitée par Maëstricht (1992), notre pays est entré dans la voie pure et simple du délabrement. Des hôpitaux mis hors d’état de soigner par une accumulation criminelle de directives européennes et de contre-réformes sarko-hollando-macronistes (désormais, des enfants meurent de bronchiolite faute de soins appropriés !), une Education nationale ravagée depuis des décennies par les Jospin, Fillon, Chatel, Vallaud-Belkacem, Blanquer, et dont les performances en matière d’enseignement des maths et du français sont devenues au fil des ans tragiquement insuffisantes, une armée française soumise à l’OTAN et dont les armes, y compris les balles et les fusils, sont massivement importées, une EDF jadis performante et socialement exemplaire et qui doit maintenant importer du courant de RFA, une langue française tellement malmenée que Macron s’est vu décerner le « Prix de la Carpette anglaise », une justice débordée et des prisons surpeuplées, un pays se réclamant de Pasteur qui n’est même plus capable de produire du doliprane, une SNCF, jadis modèle de ponctualité et dont les trains partent et arrivent désormais quand ils peuvent, qu’est-ce qui marche bien désormais dans notre pays en route vers l’« Etat fédéral européen » qu’appellent de leurs vœux Scholz et Macron en violation du Non français à la constitution européenne, c’est une énorme crise existentielle que vit notre pays dont l’oligarchie détruit méthodiquement les fondamentaux républicains hérités de la Révolution française, des lois laïques de 1905 et du CNR. Plus concrètement encore, nous voici dans un pays relativement riche, 6ème puissance économique mondiale, où les dividendes du CAC 40 ont bondi de 30% sur un an pendant que la masse des Français ouvriers, employés, auto-entrepreneurs, petits paysans, galère. Parmi eux, et il n’y a aucun misérabilisme à le constater, certains ne mangent plus à leur faim, ne peuvent pas se loger récemment, vivent mal leur travail, n’ont plus de médecin traitant, avec à la clé une instabilité angoissante au niveau de la vie familiale et des ressentis subjectifs…
C
Cette crise de plus en plus globale ne parvient cependant pas à trouver encore pour l’instant une traduction politique positive tant notre pays est devenu celui de la contrefaçon politique : les LR fanatiquement atlantistes y sont aussi peu « gaullistes » que Macron n’est « centriste », que le PS belliciste n’est jaurésien et que ne sont écologistes les « Verts » qui poussent à l’escalade à l’Est sans souci de ce qui suivrait, humainement et climatiquement, une escalade nucléaire de la guerre entre la Russie et l’UE-OTAN. Et que dire de cette syndicaliste « de classe » Marie Buisson qui combat davantage la Chine populaire que l’UE du capital ? Certes, on peut concevoir qu’avec tout ce brouillage idéologique, le peuple de France peine à trouver son chemin vers le redressement du pays et la sauvegarde de la paix mondiale. Et cela montre clairement qu’une classe ouvrière privée de son parti communiste d’avant-garde, c’est-à-dire de sa boussole marxiste-léniniste, est la proie facile des semeurs de désorientation et de défaite ?
L’heure n’est pourtant pas aux lamentations. Voici un an déjà, le PRCF annonçait qu’approchait l’heure d’une « grande explication » entre le peuple travailleur et l’oligarchie destructrice du pays. Or que constatons-nous aujourd’hui ?
D’ores et déjà, le briseur de grèves Laurent Berger, qui préside à la fois la CFDT et la Confédération Européenne des Syndicats, et sur lequel Macron comptait jusqu’ici pour mettre en scène son « dialogue social » bidon, peine à « vendre » à ses propres adhérents, pourtant ultra-patients, la contre-réforme du chômage, le refus global de réindexer les salaires plombés par l’inflation, mais aussi la contre-réforme des pensions qui enterrerait les retraites par répartition sous prétexte de les sauver. A nouveau, redisons-le, les Gilets jaunes descendent dans la rue et c’est le rôle des militants d’avant-garde que se doivent d’être les communistes que d’agir à leurs côtés pour les aider à trouver une issue gagnante à leur juste révolte. En novembre, les travailleurs des raffineries et d’EDF, dont les directions fédérales CGT se réclament du syndicalisme de classe, ont montré que la classe ouvrière a la force, si elle entre avec détermination dans la grève reconductible sans crainte de bloquer le profit capitaliste, d’obtenir des augmentations et de frapper durement le système d’exploitation.
D’ores et déjà, face à la contre-réforme des retraites que pilotent en longue durée les Accords européens de Barcelone, nombre de syndicalistes comprennent qu’il faut refuser à 100% le projet Macron/LR, revendiquer le retour de la retraite à 60 ans et exiger la suspension sine die et le retrait de l’ensemble des contre-réformes maastrichtiennes qui détruisent l’industrie nationale (fusions capitalistes transnationales dans l’automobile notamment), qui dépècent EDF ou la SNCF, qui affaiblissent les statuts publics et transforment les conventions collectives en faux semblants ; bref à partir des luttes de chaque secteur, il faut œuvrer à construire le tous ensemble en même temps des travailleurs et de la jeunesse. Et il faut le faire sans s’isoler des petits entrepreneurs souvent à la peine (boulangers ou petits paysans par ex.) et en cherchant les convergences entre public et privé, actifs, chômeurs et retraités, Français et immigrés, hommes et femmes. Donc sans tomber dans le piège des divisions « sociétales » qui servent surtout à paralyser le mouvement populaire. Non les travailleurs immigrés ne sont pas la cause du délabrement français qu’ils subissent au premier chef, non l’interdiction de la corrida n’est pas la priorité que devraient porter des députés LFI proches du peuple, oui, il est stupide que des militants épris de paix et de progrès social « fassent la grève du militantisme » pour régler leurs comptes avec la direction de leur mouvement politique. Au contraire, des slogans clairs doivent émerger très vite pour lier la défense du progrès social à celle de la paix et de l’indépendance nationale. Par exemple « l’argent pour les salaires, pas pour la guerre ! », comme le proclament les affiches du PRCF.
Oui, on doit être offensif dans la période qui vient. Redisons que pour la première fois depuis des décennies, un dirigeant cégétiste estimé se réclamant du combat de classe et proche de la Fédération syndicale mondiale (FSM), le camarade Olivier Mateu de l’UD-CGT des Bouches-du-Rhône, propose une ligne et des formes d’action offensives à un congrès CGT et, aucun militant désireux de remettre le Travail à l’offensive ne peut regarder avec indifférence cet évènement majeur pour le camp des travailleurs, alors qu’à l’inverse, les médias d’Etat et patronaux ne se gênent pas pour encenser Berger et tous ceux qui voudraient que la CGT, l’un des ultimes remparts du monde du travail, finisse par être totalement satellisée par la CFDT au nom d’une stratégie euro-alignée qui nous mène de défaite en déroute depuis 1995. Car l’indépendance syndicale, ce n’est pas l’indépendance par rapport aux secteurs combatifs qui portent l’avenir de tous, ce n’est pas la coupure paralysante entre le combat revendicatif immédiat et la perspective nullement utopique d’en finir avec l’exploitation capitaliste, l’indépendance syndicale, c’est d’abord l’indépendance par rapport au MEDEF, c’est l’indépendance par rapport au gouvernement Macron, c’est l’indépendance par rapport à une UE asservie à l’OTAN qui mène à la catastrophe globale sur tous les terrains.
nitiative Communiste – Dans ces conditions de plus en plus tendues internationalement et nationalement, quel est le rôle des militants franchement communistes, et plus globalement de toutes celles et de tous ceux qui préfèrent l’esprit de résistance au tropisme d’une nouvelle « collaboration » ?
Georges Gastaud : – Sans faire la moindre « gonflette », la conférence nationale très réussie du PRCF (novembre dernier) a confirmé une percée très intéressante de notre organisation dans la jeunesse (création de la JRCF), dans le dialogue encourageant avec d’autres mouvements se réclamant du léninisme, dans le rapprochement fraternel avec le syndicalisme de classe, dans le travail de formation, dans le rapprochement avec d’importants partis communistes dans le monde. C’est aussi, à la tête du PRCF, l’avènement d’une nouvelle génération que symbolisent Fadi, un marxiste solide qui est aussi homme de terrain et syndicaliste, Gilliatt, un jeune syndicaliste et travailleur des transports, Rachida, dont chacun apprécie le sens de l’organisation et les qualités humaines. Le PRCF porte une ligne claire qu’a validée unanimement la conférence nationale et qui est la seule alternative objective non seulement à l’euro-dissolution belliciste que porte Macron, non seulement à l’euro-xénophobie lepéniste, mais aussi aux mouvements coupés du peuple qui cultivent un sociétal-européisme étranger au combat pour le socialisme. A contre-courant de la doxa, le PRCF a le courage de stigmatiser l’UE-OTAN comme l’ennemi principal de la paix, il condamne l’entreprise paneuropéenne visant à criminaliser l’URSS tout en recyclant les nazis (Ukraine) dans l’union sacrée antirusse, il refuse à la fois la Françafrique en crise et l’euro-destruction de notre pays. C’est pourquoi, dans la tradition du Front populaire et de la Résistance, le PRCF unit l’internationalisme prolétarien et le patriotisme populaire, le drapeau rouge au drapeau tricolore. Travaillant en permanence la théorie et l’analyse marxistes avec Etincelles et Initiative communiste, nous appelons à reconstruire, avec tous ceux qui partageront cet objectif clair, un parti communiste de combat, tout en prônant un rassemblement populaire majoritaire fédérant les couches non oligarchiques autour du combat de la classe travailleuse.
Rien de tout cela n’est négligeable à l’heure où LFI offre le spectacle de ses divisions « sociétales » au sein d’une « NUPES » aspirée dans l’orbe atlantiste et d’un PCF dénaturé dont les ténors parlementaires viennent de cautionner l’escalade pouvant mener à la guerre nucléaire. Il est évident que notre classe ouvrière, que les communistes de France, que les jeunes issus du peuple, que tous les démocrates épris de paix, de progrès social et d’indépendance nationale, de transition écologique et d’égalité homme/femme véritables, ont besoin d’un grand parti communiste combatif pour remettre notre peuple à l’offensive avec un projet clair, reliant le grand passé révolutionnaire de la France au combat pour une humanité renouant avec les Lumières et construisant ce que Robespierre appelait le « bonheur commun ».
Le PRCF ne pourra réaliser cela tout seul, mais il sait que pour reconstruire le parti de combat, l’apport du Pôle est incontournable. Alors, amis lecteurs, ce n’est pas le moment de compter les points en spectateur sceptique en attendant que la marche à la guerre mondiale soit devenue irréversible, que notre pays et notre langue aient définitivement été déconstruits, que l’euro-fascisation ait détruit les libertés démocratiques à coups d’antisoviétisme à retardement. « Si tu ne partages pas le combat, camarade, tu partageras la défaite », disait déjà Brecht avec sagacité dans les années 1930…
Rendez-vous est donc donné aux amis de la paix et du progrès social au métro Stalingrad le 4 février prochain à l’occasion du 80ème anniversaire de cette bataille qui décida du sort de la seconde guerre mondiale et sans laquelle il n’y aurait eu ni CNR, ni libération de notre pays. Qu’y a-t-il de plus actuel en effet que l’exemple vivifiant de cette bataille titanesque qui a lancé aux exterminateurs hitlériens un héroïque « No pasaran ! » victorieux, à l’heure où, de nouveau, il faut défendre sans reculer d’un pas les conquêtes sociales, l’indépendance de la France et les chances de la paix mondiale ?
1 « Ruée vers l’Est », une expression de Hitler pour désigner le projet impérialiste allemand d’expansion vers la Pologne et l’URSS qui se traduisit par l’exécution du « Plan Barbarossa ». Précision d’Initiative Communiste
English translation
2023 – Geopolitical situation, social and industrial struggles, stakes and opportunities for political nobilization: Georges Gastaud interviewed by Initiative Communiste
Représentées d’une part par Charles Hoareau et Victoire Bech (A.N.C.), d’autre part par Fadi Kassem, Georges Gastaud et Jérémy Coignard (P.R.C.F.), le Pôle de Renaissance Communiste en France et l’Association Nationale des Communistes se sont rencontrés à Paris dans un climat cordial, détendu et ouvert. Des actions communes avaient déjà été menées en amont à Paris et en Avignon dans un climat fraternel.
Les deux organisations communistes s’accordent pour affirmer ensemble que :
1) Les USA, l’OTAN, et l’UE, qui est à leurs bottes, doivent être dénoncés et combattus comme les principaux fauteurs de l’escalade en Ukraine et comme les principaux dangers pour la paix mondiale. De ce point de vue la plateforme mondiale anti impérialiste1 est un espoir mondial comme moyen d’arrêter l’impérialisme et de rassembler les communistes et toutes les populations éprises de paix dans le monde.
2) L’UE et l’euro étant à 100% des instruments du grand capital et de l’impérialisme, il n’y a pas de solution en leur sein. Défendre efficacement la paix, les libertés, les services publics, la propriété collective et la souveraineté des peuples, mais aussi vouloir stopper la criminalisation du communisme et la fascisation galopante imposent de sortir de ce double carcan. Sortir de l’UE et de l’euro, mener le combat pour la dissolution de l’OTAN est également indispensable pour rouvrir à notre peuple la marche révolutionnaire vers une société socialiste ;
3) En l’absence de forces politiques faisant du combat pour la paix et contre l’impérialisme la priorité de notre temps, devant le recul du combat pour la paix dans un pays qui a pu par le passé mobiliser des millions de gens sur cette question, l’objectif à poursuivre est plus que jamais de construire un parti communiste de combatpour notre temps permettant à la classe ouvrière et au monde du travail de se défendre efficacement et de reprendre l’offensive contre le capitalisme et pour le socialisme. Les deux organisations sont prêtes à travailler avec tous les communistes du pays désireux de s’atteler à cette tâche.
4) Pour défendre la paix mondiale, les retraites par répartition, les salaires, les services publics, les statuts et les conventions collectives, les indemnités chômage, le produire en France, le logement social ou encore les libertés syndicales, le rôle des communistes est, tout en dénonçant le mensonger « dialogue social » macroniste, de préparer avec tous les autres travailleurs l’affrontement de classes indispensable pour stopper les contre-réformes et rouvrir la voie du progrès social.
Par ailleurs, l’A.N.C. et le P.R.C.F. décident de s’inviter mutuellement à leurs prochains évènements publics nationaux ou locaux. Ce sera notamment le cas le 15 janvier à la Rencontre internationaliste organisée par l’A.N.C. à Paris, et le 4 février lors du Rassemblement de rue organisé par le PRCF à Paris, Métro Stalingrad, à 14 h 30 à l’occasion du 80ème anniversaire de cette bataille qui sonna le glas du Troisième Reich en Europe.
Fabien Roussel, candidat PCF à l’élection présidentielle, se signale depuis son arrivée à la tête du Parti et, plus encore, depuis son entrée en campagne, par ses déclarations et ses prises de position choc saluées par les médias aux ordres, mais déboussolantes pour les communistes. Quelques mois après une analyse bien détaillée du « camarade » Roussel (https://www.initiative-communiste.fr/articles/europe-capital/de-la-lutte-finale-a-la-chute-finale-fabien-roussel-ou-le-defi-des-jours-heureux-au-service-de-lintouchable-construction-europeenne-du-capital/),Initiative communisteproposedeux nouvelles courtes mais saillantes analyses rédigées par Georges Gastaud au sujet de Fabien Roussel, plus enclin à verser dans l’autophobie permanente (dernières cibles : Staline, la cible privilégiée de tous les anticommunistes haineux, l’URSS et la Chine) qu’à proposer un véritable projet de rupture communiste avec l’UE du Capital et l’ordre euro-atlantique. Il est vrai que le roussellement, bien piloté par l’euro-mutant Ian Brossat, préfère verser dans le culte de la personnalité que le combat d’avant-arde, autrement plus exigeant et conforme au communisme que le « MOI, JE » permanent et crétinisant.
Reconnaissons à la campagne roussellienne un mérite : celui de montrer, face à la déliquescence d’un dernier ressassée de l’euro-mutation,l’urgence plus que jamais vitale de reconstruire un vrai parti communiste sur des bases marxistes-léninistes totalement assumées et revendiquées, portant un véritable projet de rupture communiste avec l’UE du Capital, l’OTAN et l’ordre euro-atlantique destructeurs du genre humain. Un projet que le PRCF, à travers ses militants enthousiastes et déterminés, porte à travers l’Alternative Rouge et Tricolore pour œuvrer à un indispensable Frexit progressiste.
ROUSSEL, « CAMARADE » ou « PAS CAMARADE »? (24 mars 2022)
Il fut un temps où les campagnes électorales des communistes étaient des temps forts de la lutte d’idées visant à faire progresser les conceptions révolutionnaires, à « élever le niveau idéologique des masses » comme on disait alors.
Ce temps est révolu si toutefois on classe Fabien Roussel parmi les communistes(mais c’était déjà pareil sous Hue, Buffet ou Laurent). Quand des enfants demandent à Roussel de classer Staline parmi les « camarades » ou les « pas camarades », il hésite puis, sous la pression des enfants (certainement « bien préparés » par l’« école républicaine » dans l’esprit de l’antisoviétisme), il classe Staline du côté des « non-camarades ». Tant pis pour les centaines de milliers de résistants français et étrangers qui sont morts en Europe en criant « vive Staline ! » car ils savaient très bien que, quelles que soient ses erreurs, voire ses fautes, Staline était alors le chef du camp antifasciste mondial et que la victoire ou la défaite du fascisme se jouait dans une ville du nom de STALINGRAD. Du reste, Roussel qui se réclame des « Jours heureux », devrait savoir que, sans cette victoire de l’Armée rouge, qu’il met au même niveau que les Américains (alors que les 3/4 des divisions nazies étaient à l’Est !), il n’y aurait pas eu le CNR, ni les avancées mémorables des ministres communistes français de 1945.
Pareil sur l’Ukraine où l’on voit le secrétaire national du PCF, non pas mettre en accusation l’UE et l’OTAN, qui ont créé les conditions de la guerre actuelle en tentant d’encercler la Russie, mais faire chorus avec l’opinion dominante pseudo-pacifique qui diabolise Poutine en interdisant de réfléchir aux causes réelles du conflit. Bref, là c’est moi qui me demande si Cachin ou Vaillant-Couturier auraient classé Roussel du côté des « camarades » en 1920, ou s’ils ne lui auraient pas poliment mais fermement demandé de quitter la salle du congrès de Tours avec Blum et Longuet !
Et tout à l’avenant. On m’a montré hier un tract de Roussel sur les salaires où ne figure même pas le mot « Europe », alors que c’est sur la sommation de l’UE que depuis 2008 les salaires des fonctionnaires sont bloqués au nom des « critères de Maastricht ». Pire, le tract ne comporte même pas le mot « Parti communiste français » : c’est JE, MOI, JE continuellement!
Que ceux qui veulent voter Roussel le fassent, je ne les en dissuaderai pas. Mais qu’au moins personne ne vienne nous chanter qu’il porte un renouveau de l’« identité communiste ». L’identité communiste, ce n’est pas la danse du ventre pour plaire aux médias.L’identité communiste, c’est l’esprit de résistance, c’est l’avant-garde, c’est assumer son passé et son CAMP, fût-ce de manière critique. Et surtout, c’est montrer le chemin du socialisme aux travailleurs ; ce que ne fait jamais Roussel.
RETOUR A L’« IDENTITE COMMUNISTE » OU RENIEMENTS SANS FIN NI HONTE ? (27 mars 2022)
On ne sait ce qui l’emporte de l’ignorance crasse ou du reniement sans limites chez Fabien Roussel, l’homme que certains « marxistes » présentent encore sans rire comme le relanceur de l’« identité communiste » en France.Voici les réponses, ô combien courageuses et averties, que Roussel vient de faire à laVoix du Nordà propos de la Chine populaire et de la Russie soviétique. Il venait par ailleurs de répondre à des enfants que Staline ne devait pas être classé parmi les « camarades ». Et tout à l’avenant.
Rappelons donc à Roussel si mal prénommé que le PCF est né de l’adhésion majoritaire du PS-SFIO à l’Internationale communiste créée par Lénine à la suite de la Révolution d’Octobre ; or, Lénine n’était pas auvergnat. Rappelons encore à Roussel que Deng Xiaoping et d’autres fondateurs du PC chinois ont appris le marxisme EN FRANCE et sous l’égide du PC français : Deng travaillait d’ailleurs comme ouvrier chez Renault…(en fait chez Hutchinson à Montargis un des lieux de naissance du PCC l'huma Lan)
Rappelons encore à l’ignorant satisfait qui dirige le PCF qu’en 1945, si les ministres communistes – alors tous reconnaissants à l’Armée rouge et fièrement marxistes-léninistes (Thorez, Croizat, Paul, Billoux, Casanova, Wallon…) – ont porté les grandes réformes du CNR, c’est à la fois en raison des sacrifices des communistes français fusillés de la Résistance (dont beaucoup moururent en criant « vive Staline, vive la France ! ») et en raison des sacrifices inouïs des communistes et des Komsomols soviétiques. Ceux-ci perdirent neuf millions des leurs (sur les 27 millions de Soviétiques exterminés par les nazis) pour débarrasser le monde, France incluse, de la peste brune. Une question, M. Roussel : écririez-vous aussi que « notre histoire n’a rien à voir avec le nom de Stalingrad » (comme tendent à le faire les négationnistes de tout poil, de pitoyables manuels scolaires au Parlement européen) ?HONTEUX !
Plus patriote que Roussel (car aimant moins que lui la sacro-sainte « construction européenne » chère au Parti de la Gauche Européenne), le Lillois Charles de Gaulle était néanmoins plus loyal et moins ingrat que l’actuel chef du PCF. En visite d’État à Moscou en 1944, le chef de la France libre déclara en effet ceci en présence du Maréchal Staline : « les Français savent que la Russie soviétique a joué le rôle principal dans leur libération ».
Au fait, si vraiment le PCF n’a rien de commun avec l’URSS et la Chine populaire, pourquoi la Fédération du Pas-de-Calais du PCF continue-t-elle d’orner subrepticement les affiches de Roussel (où le mot « PCF » figure en caractères microscopiques) avec l’emblème ouvrier et paysan de la faucille et du marteau qu’utilisent encore, sans usurpation, eux, les communistes de Moscou à Pékin et de Lisbonne au Laos? Serait-ce pour capter les voix des électeurs communistes qui se leurrent encore sur l’identité communiste de ce Parti ? On n’ose le penser.
Georges Gastaud, membre du PCF de 1972 à 2004, secrétaire du PRCF-62.
Le PRCF : une organisation fédérant les communistes qui veulent que renaisse un Parti Communiste de combat ; tant qu’il y eut un vrai Parti communiste en France, les travailleurs pesaient politiquement, l’idéal révolutionnaire portait les luttes, l’indépendance nationale, les conquêtes sociales et le produire en France étaient défendus, les travailleurs français et immigrés luttaient ensemble, les fachos rasaient les murs et le MEDEF se tenait à carreau…
Jeudi 24 février 2022 : Vladimir Poutine lance la Fédération de Russie à l’assaut de l’Ukraine de la contre-« révolution » euro-atlantique Maïdan en engageant la plus puissante attaque militaire en Europe depuis l’éclatement de la Yougoslavie dans les années 1990. La guerre, spectre longtemps dénoncé par le Pôle de Renaissance communiste en France (PRCF) depuis des années, revient sur le Vieux Continent, tout en démontrant, au passage, l’inutilité, ou plutôt la nocivité, absolue d’une Union européenne arrimée à l’OTAN et incapable d’assurer la paix – et, tout au contraire, juste bonne à attiser les rancœurs, les tensions et les conflits à la remorque des impérialismes étatsunien et allemand, sans oublier l’impérialisme français décadent et désireux de retrouver une posture « impériale ». Si le PRCF a clairement exprimé sa position sur le déclenchement de cette funeste guerre du fait de la responsabilité écrasante de l’ordre euro-atlantique nourrissant l’anticommunisme d’Etat dans toutes les anciennes républiques populaires d’Europe de l’Est[1], on ne saurait faire l’économie de l’analyse concrète de la politique poutinienne, partiellement aux antipodes de l’URSS – sur laquelle il verse sa bile, attaquant au passage Lénine, l’URSS et la légitimité même d’une Ukraine soviétique – et qui obéit à quatre moteurs oscillant entre puissance encerclée et retour des ambitions impérial(ist)es. Et avec un moteur décisif qui anime Poutine et se retourne par moments contre lui : l’influence du communisme en phase de reconquête, comme l’ont montré les dernières élections législatives en Russie.
L’encerclement géopolitique, problématique historique pour la Russie
Argument dédaigneusement balayé par les pseudo « analystes » s’épandant dans les médias aux ordres et grenouillant près du pouvoir euro-atlantique, la crainte de l’encerclement par les puissances étrangères est une réalité de l’histoire de la Russie, remontant, sous des formes constamment renouvelées et relancées, à… l’attaque de la coalition antibolchevique dès la fin de l’année 1917. Episode totalement effacé de l’« histoire » mythifiée, faisant croire que la « guerre froide »[2] a été déclenchée par Staline qui aurait
voulu « étendre sa sphère d’influence » dans toute l’Europe. Et tant pis si la guerre civile déclenchée par les « Blancs » après la prise de pouvoir par les bolcheviques s’internationalise et débouche sur la formation d’une coalition antibolchevique sous l’impulsion des Etats-Unis[3], du Royaume-Uni, de la France et du Japon notamment[4]. Une guerre effroyable provoquant la mort de 10 millions de personnes – autant que la « Grande Guerre » – et qui inaugure et menace d’emblée la Russie bolchevique, dont toute l’existence sera caractérisée par le combat incessant pour briser l’encerclement menée par l’impérialisme états-unien et ses affidés.
D’ailleurs, dès la signature des traités de paix de 1919-1920 et une fois la guerre russo-polonaise achevée (traité de Riga de mars 1921), le « cordon sanitaire » initié par le président états-unien Wilson afin de contenir le « péril rouge » au-delà de la ligne Curzon[5], se matérialise par la constitution de nouveaux Etats nationaux : Finlande (qui déclara son indépendance en décembre 1917, que les bolcheviques acceptèrent), pays baltes, Pologne et Roumanie (agrandie de la Bessarabie – actuelle Moldavie).
Des pays devenant de véritables bases réactionnaires anticommunistes qui, pour nombre d’entre elles, participeront de plein pied à l’offensive enclenchée par l’Allemagne nazie et ses affidés satellites et collaborateurs contre l’URSS à partir de juin 1941. Parallèlement, cette dernière dut constamment surveiller ses frontières orientales du fait de l’animosité du Japon militariste et impérialiste, qui se manifesta pleinement avec
l’invasion de la Chine à partir de 1931 et, plus directement, la signature du Pacte anti-Komintern avec l’Allemagne nazie en novembre 1936[6]. Et comment oublier l’anticommunisme primaire franco-britannique qui, par capitulations successives[7], favorisa les desseins impérialistes et pangermanistes d’Hitler dans la conquête de l’« espace vital » à l’Est.
Après 1945
La « guerre froide » se traduisit par un verrouillage du monde et un « containment » théorisé par George Kennan et qui, en moins de dix ans, aboutit à la mise en place du « plan Marshall » (1947) et de l’Organisation du Traité de l’Atlantique Nord (OTAN, 1949), à l’exclusion sur ordre des ministres communistes en France, Belgique et Italie, à la scission sous influence de la CGT et à la création de FO sur fonds américains, à l’adoption du « plan Dodge » (1949) au Japon, à l’alliance avec l’Australie et la Nouvelle-Zélande (1951), à la création de l’Organisation du Traité de l’Asie du Sud-Est (OTASE, 1954) et à la signature du pacte de Bagdad (1955) avec la Turquie, l’Irak, l’Iran et le Pakistan (1955)[8] ; par ailleurs, les Etats-Unis soignèrent rapidement des alliances bilatérales avec l’Arabie saoudite (accords du Quincy de février 1945), Israël, la Corée du Sud et Taïwan, tout en finançant (et armant) les forces anticommunistes en Corée, au Vietnam et dans les républiques populaires d’Europe de l’Est. Et tout au long de la malnommée « guerre froide », en dépit de certains rééquilibrages en faveur d’un moindre désencerclement (expansion du marxisme-léninisme en Afrique et au Moyen-Orient notamment dans les années 1970), l’URSS dut surtout mener une indispensable (mais ruineuse) course aux armements pour combler le « fossé militaire » (et technologique) avec des Etats-Unis qui n’avaient pas perdu l’objectif de l’abattre. Ces derniers avaient, eux, déjà verrouillé l’Amérique latine avec la création de l’Organisation des Etats d’Amérique (OEA) dès 1947, ce qui n’empêcha pas le basculement de Cuba (1959) puis du Nicaragua (1979) et les guérillas marxistes impulsées notamment par Guevara ; mais le soutien aux régimes militaires terroristes – à l’image du Chili de Pinochet, arrivé au pouvoir le 11 septembre 1973 avec l’appui de la CIA[9] – écarta de fait le risque de « théorie des dominos »[10] en Amérique latine.
La disparition du camp socialiste puis de l’URSS a permis aux Etats-Unis, désireux d’empêcher l’éventuelle résurgence d’une puissance russe militairement forte (fût-elle capitaliste), d’accentuer cet encerclement aux anciennes républiques populaires d’Europe de l’Est. Non seulement l’OTAN, soi-disant créée pour contenir la « menace soviétique », n’a pas été dissout après l’auto-dissolution du Pacte de Varsovie en juillet 1991, mais cette alliance d’emblée agressive et créée avant ledit traité, s’est maintenue et sans cesse renforcée. Et ce ne sont pas les mensonges répétés des chancelleries européennes et états-unienne niant la promesse réelle formulée par les Etats-Unis de ne pas étendre l’OTAN après 1990 qui masqueront cette réalité sur laquelle Poutine pour justifier l’attaque massive contre l’Ukraine. Ni la volonté des gouvernements réactionnaires au pouvoir à partir des années 1990 en Pologne, en Hongrie, dans les pays baltes, en République tchèque, etc., ni l’élargissement réel à ces pays et jusqu’aux frontières de la Russie ne peuvent être matériellement niées. Et d’autant plus qu’en ce 18 février 2022, le journal allemand Der Spiegel a rapporté les paroles de Raymond Seitz, représentant des Etats-Unis lors d’une « réunion des directeurs politiques des ministères des affaires étrangères des États-Unis, de la Grande-Bretagne, de la France et de l’Allemagne, tenue à Bonn le 6 mars 1991. Le thème était la sécurité en Europe centrale et orientale. » En effet :
« Comme le note Der Spiegel, il ressort clairement du document que les Britanniques, les Américains, les Allemands et les Français ont convenu que l’adhésion des Européens de l’Est à l’OTAN était « inacceptable ». « Nous avons clairement indiqué lors des pourparlers 2 plus 4[11] que nous n’étendons pas l’OTAN au-delà de l’Elbe. Par conséquent, nous ne pouvons pas proposer à la Pologne et aux autres pays d’adhérer à l’OTAN », argumente Jürgen Hrobog, directeur politique du ministère allemand des affaires étrangères, cité dans le document. Selon M. Hrobog, cette position a été convenue avec le chancelier fédéral Helmut Kohl et le ministre des Affaires étrangères Hans-Dietrich Genscher. Le représentant américain Raymond Seitz, selon le document, était d’accord : « Nous avons clairement fait savoir à l’Union soviétique – dans les pourparlers 2 plus 4 et aussi dans d’autres négociations – que nous n’avions pas l’intention de profiter du retrait des troupes soviétiques d’Europe de l’Est. L’OTAN ne doit pas s’étendre vers l’Est, que ce soit de manière formelle ou informelle. »[12] On mesure au passage le degré d’abaissement et de veulerie de la diplomatie soviétique conduite par Gorbatchev et Chevardnadze qui ont accepté – stupidité extrême et/ou félonie avérée ! – de troquer la RDA et le camp socialiste européen contre les promesses des loups impérialistes ravis de s’emparer de toute l’Europe de l’Est, puis de se jeter sur la Russie « postcommuniste », sans avoir à tirer un coup de fusil :
Mais l’extension continue à l’Est, combinée aux alliances consolidées dans le Pacifique et même dans l’océan Indien (rapprochement avec l’Inde notamment), ont attisé les hantises et la crainte – très justifiées quand on regarde les cartes militaires – d’un encerclement toujours plus agressif. L’euro-« révolution » Maïdan de 2014, en entraînant le renversement de l’ancien président ukrainien Ianoukovitch – qui avait refusé de signer un accord d’association avec l’Union européenne en novembre 2013 –, les attaques répétées du gouvernement de Kiev (avec l’appui des pires milices fascistes comme Pravyi Sektor et le bataillon Azov) contre les républiques populaires de Lougansk et de Donetsk en violation des accords de Minsk II (et ce dès 2015[13]) et l’adoption par la Rada (le Parlement ukrainien) en juin 2017 d’« une loi en vertu de laquelle l’adhésion [à l’OTAN] est redevenue un objectif stratégique de la politique étrangère et de sécurité du pays » ont de toute évidence fini de convaincre Poutine, non satisfait par les non-« garanties » états-uniennes, françaises et britanniques et par l’absence de pression franco-allemande sur Kiev pour faire respecter les accords de Minsk, que seule la force permettrait de créer un rapport des forces plus favorable à la sécurisation des frontières occidentales de la Russie. Avec l’idée selon laquelle plus le temps passerait, et plus l’intégration de facto de l’Ukraine à la ligne de front otanienne de la Baltique à la Mer Noire deviendrait dangereusement irréversible, d’autant que dans le même temps, Kiev et ses milices pronazies ne cessaient de bombarder le Donbass dans l’espoir de provoquer Moscou et de vider cette région de sa population minière et russophone. Cette décision a certainement été jugée d’autant plus nécessaire par Poutine que dès son arrivée au pouvoir, Joe Biden a clairement désigné la Russie (et la Chine populaire) comme un « pays ennemi ». Il en résulte cette offensive portant l’objectif de « démilitarisation » d’un régime armé par les Etats-Unis et leurs affidés.
Et pour compléter cette stratégie de désencerclement, la Fédération de Russie peut, d’une part, s’appuyer (relativement) sur la Chine populaire, elle-même la cible d’une stratégie d’encerclement de la part des Etats-Unis (notamment à travers le « Dialogue quadrilatéral » avec le Japon, l’Australie et l’Inde) ; et, d’autre part, un réseau de coopération diplomatique bilatérale (Israël, Egypte, Arabie Saoudite, Cuba, Venezuela, Vietnam, etc.) ou multilatérale (BRICS[14], Organisation de coopération de Shanghai[15], etc.) relativement efficace. Sur le plan militaire, la Fédération de Russie escompte en outre disposer d’un rapport des forces favorable avec la mise en place des missiles hypersoniques susceptibles de tenir en respect – croit-elle – les missiles atomiques de l’Oncle Sam qui ne cessent de se rapprocher de la ligne de front entre Riga et Constantza.
L’héritage du nationalisme « grand-russien »
Si l’argument sécuritaire, réel et dominant au regard des forces russophobes et nazifiantes opérant à Kiev, prédomine, il ne peut être séparé de l’histoire de la construction nationale de la Russie. Car il serait vain d’ignorer les liens puissants remontant au IXe siècle entre la Russie et l’Ukraine, depuis la construction de la Rus’ de Kiev et son expansion jusqu’aux confins de l’Oural, incluant les principautés de Kiev, Rostov, Novgorod, Smolensk ou encore Riazan. Cette base de construction nationale, interrompue et détruite par l’expansion impériale de Gengis Khan et ses successeurs au XIIIe siècle, fut relancée par la principauté de Moscovie sur les bases de la Rus’ de Kiev, avant de s’étendre vers l’Arctique, le Caucase, l’Asie centrale et la grande Sibérie jusqu’au dernier tiers du XIXe siècle. Mais le cœur de la Russie demeure l’espace s’étendant de Kiev à Moscou ; un espace reposant sur l’orthodoxie et ce que les théoriciens slavistes appellent « l’âme russe » et qui ne saurait être séparé définitivement. Le simple nom du parti – Russie unie – actuellement dirigé par l’ancien président Dmitri Medvedev, indique déjà la volonté de conserver la main sur ce que les Russes appellent « l’étranger proche », à commencer par la « Russie blanche » (Bélarus) dont l’actuel président Loukachenko est un allié assez solide, et l’Ukraine. Le traumatisme né de l’éclatement de l’URSS, « la plus grande catastrophe géopolitique du XXe siècle » selon Poutine, fut de surcroît accru par l’essor des mouvements séparatistes au sein de la Fédération de Russie dans les années 1990, à l’image de la Tchétchénie (où le fondamentalisme islamiste se développait) où Boris Eltsine envoya l’armée en 1994 – avec le soutien de William Clinton – par crainte d’une désintégration de la Russie. Dès lors, la fermeté, que Poutine appliqua à son tour à l’automne 1999 toujours en Tchétchénie, prévalut dans la résurgence du nationalisme grand-russien.
De ce point de vue, les propos de Poutine, affirmant que l’Ukraine est un « pays artificiel » créé par Lénine, renvoient à une vision ancrée dans les milieux conservateurs de la Russie, qu’illustre la doctrine panslaviste développée par Nikolaï Danilevski, auteur de La Russie et l’Europe (1871), ouvrage dans lequel il fixe et fige, donc essentialise, une civilisation slave-orthodoxe opposée à la civilisation germano-romaine : « Pour tout Slave – Russe, Tchèque, Serbe, Croate, Slovène, Slovaque, Bulgare (je voudrais ajouter aussi Polonais !) –, après Dieu et la Sainte Église, l’idée du slavisme devrait être la plus élevée, plus élevée que la liberté, la science, l’instruction, plus élevée qu’aucun bien de ce monde, parce qu’un Slave ne peut obtenir tout cela sans la réalisation de l’idée du slavisme, sans l’existence d’un slavisme indépendant au point de vue intellectuel, national et politique ; au contraire, tous ces biens ne peuvent être obtenus que comme résultat de cette indépendance. L’épisode mahométano-turc dans la question d’Orient est terminé ; les nuages se sont dispersés et les ennemis se présentent face-à-face, le visage découvert, attendant de terribles événements, dont la crainte força les adversaires à faire toutes les concessions possibles, à reculer la solution définitive, tant que Dieu le permettra. Maintenant, une guerre entre la Russie et la Turquie est devenue impossible et inutile ; mais ce qui est possible et inévitable, c’est une lutte entre le slavisme et l’Europe ; cette lutte, naturellement, ne se terminera pas en une année, ne se décidera pas dans une seule guerre ; elle remplira toute une période de l’histoire. Après la dernière guerre russo-turque et après le traité de Berlin, cela est devenu évident. »[16]
Tout en adhérant à une vision promouvant implicitement le « choc des civilisations », Poutine épouse la vision d’une histoire de la Russie développée par… Alexandre Soljenitsyne en 1990 (opportunément sorti de l’arsenal idéologique occidental ces derniers temps), ce dernier partageant la même vision nationaliste de l’histoire russe que Poutine :
« Je suis moi-même presque à moitié ukrainien et c’est entouré des sons de la langue ukrainienne que j’ai commencé à grandir. Quant à la douloureuse Russie Blanche, j’y ai passé une grande partie de mes années de front et j’ai conçu un amour poignant pour la pauvreté mélancolique de sa terre et la douceur de son peuple. Ce n’est donc pas de l’extérieur que je m’adresse aux uns et aux autres, mais comme l’un des leurs.
Notre peuple n’a été, du reste, séparé en trois branches que par le terrible malheur de l’invasion mongole et de la colonisation polonaise. C’est une imposture de fabrication récente qui fait remonter presque jusqu’au IXe siècle l’existence d’un peuple ukrainien distinct, parlant une langue différente du russe. Nous sommes tous issus de la précieuse ville de Kiev « d’où la terre russe tire son origine », comme le dit la Chronique de Nestor, et d’où nous est venue la lumière du christianisme. Ce sont les mêmes princes qui nous ont gouvernés : Iaroslav le Sage répartit entre ses fils Kiev, Novgorod et toute l’étendue qui va de Tchernigov à Riazan, Mourom et Béloozéro ; Vladimir Monomaque fut en même temps prince de Kiev et de Rostov-Souzdal ; et la même unité se reflète dans les fonctions des métropolites. C’est le peuple de la « Rous » de Kiev qui a créé l’État de Moscovie. Englobés dans la Lituanie et la Pologne, Blancs-Russiens et Petits-Russiens restèrent conscients de leur identité russe et luttèrent pour n’être ni polonisés ni catholicisés. Le retour de ces terres dans le sein de la Russie fut senti par tout le monde, à l’époque, comme une Réunification. »[17]
Combattant le nationalisme chauvin grand-russien déjà en son temps, Lénine remarqua toutefois que le droit à la séparation de la nation ukrainienne sur des bases libres – et ainsi, la fin de l’oppression des Grands-Russes sur les Ukrainiens – ne signifiait pas la rupture entre la Grande-Russie et l’Ukraine, tout au contraire :
« L’« Acte universel » sur l’organisation de l’Ukraine promulgué par la Rada centrale d’Ukraine et adopté le 11 juin 1917 par le Congrès des délégués des unités militaires d’Ukraine, constitue une dénonciation directe de cette politique et la preuve tangible de sa faillite. « Sans se séparer du reste de la Russie, sans rompre avec l’Etat russe, est-il proclamé dans cet acte, le peuple ukrainien doit avoir sur son territoire le droit de disposer lui-même de sa propre vie… Toutes les lois visant à établir l’ordre ici, en Ukraine, ne peuvent être promulguées que par notre assemblée ukrainienne ; quant aux lois qui établiront l’ordre sur toute l’étendue de l’Etat russe, elles doivent être l’œuvre d’un parlement de toute la Russie. »
Paroles d’une clarté parfaite. Elles disent avec une précision absolue que le peuple ukrainien ne veut pas actuellement se séparer de la Russie. Il réclame l’autonomie, sans nier le moins du monde la nécessité et l’autorité supérieure d’un « parlement de toute la Russie ». Pas un démocrate, pour ne rien dire d’un socialiste, n’osera contester l’entière légitimité des revendications ukrainiennes. Pas un démocrate, de même, ne peut nier le droit de l’Ukraine à se séparer librement de la Russie : c’est précisément la reconnaissance sans réserve de ce droit, et elle seule, qui permet de mener campagne en faveur de la libre union des Ukrainiens et des Grands-Russes, de l’union volontaire des deux peuples en un seul Etat. Seule la reconnaissance sans réserve de ce droit peut rompre effectivement, à jamais et complètement, avec le maudit passé tsariste qui a tout fait pour rendre étrangers les uns aux autres des peuples si proches par leur langue, leur territoire, leur caractère et leur histoire. Le tsarisme maudit faisait des Grands-Russes les bourreaux du peuple ukrainien, entretenant systématiquement chez ce dernier la haine de ceux qui allaient jusqu’à empêcher les enfants ukrainiens de parler leur langue maternelle et de faire leurs études dans cette langue.
La démocratie révolutionnaire de la Russie doit, si elle veut être vraiment révolutionnaire, si elle veut être une vraie démocratie, rompre avec ce passé, reconquérir pour elle-même et pour les ouvriers et les paysans de Russie la confiance fraternelle des ouvriers et des paysans d’Ukraine. On ne peut pas y arriver sans reconnaître dans leur intégrité les droits de l’Ukraine, y compris le droit de libre séparation. Nous ne sommes pas partisans des petits Etats. Nous sommes pour l’union la plus étroite des ouvriers de tous les pays contre les capitalistes, les « leurs » et ceux de tous les pays en général. C’est justement pour que cette union soit une union librement consentie que l’ouvrier russe, ne se fiant pas une minute, en rien, ni à la bourgeoisie russe, ni à la bourgeoisie ukrainienne, est actuellement partisan du droit de séparation des Ukrainiens, ne voulant pas imposer à ceux-ci son amitié, mais gagner la leur en les traitant comme des égaux, comme des alliés, comme des frères dans la lutte pour le socialisme. »[18]
C’est à l’encontre de cette approche patriotique, internationaliste ET populaire que se dressent Vladimir Poutine (par sa décision d’attaquer l’Ukraine), mais aussi et surtout les nationalistes ukrainiens soutenus par les Etats-Unis et l’Union européenne niant l’histoire commune de la Russie et de l’Ukraine, en rendant sciemment « étrangers les uns aux autres des peuples si proches par leur langue, leur territoire, leur caractère et leur histoire ». Et le reproche adressé à la Grande-Russie par Lénine est valable pour le pouvoir euro-atlantique issu de la contre-« révolution » Maïdan puisque, « le 23 février 2014, la loi de 2012 sur les langues régionales est abrogée. La Rada retire ainsi le statut de langue officielle au russe (comme au roumain, au hongrois et au tatar criméen) dans 13 des 25 régions ukrainiennes (essentiellement réparties au Sud et à l’Est du pays). Face à cette mesure législative, l’émotion dans la population russophone d’Ukraine est importante, car de 58 à 91% de la population ukrainienne parle le russe dans les oblasts de Crimée, de Dnipropetrovsk, de Donetsk, de Mykolaïv, de Louhansk, de Kharkov, d’Odessa et de Zaporijia. »[19] Et malgré la non-ratification de la loi, le mal était fait : avec la complicité d’une UE et des Etats-Unis prétendant que Maïdan agissait pour la « démocratie » et les « libertés », les nationalistes ukrainiens indiquaient clairement leur volonté d’opprimer les populations russophones de Crimée (qui opta par référendum pour le rattachement à la Russie en mars).
En réhabilitant le nationalisme chauvin grand-russien, Poutine prend le grave risque de nourrir indirectement le nationalisme fascisant en Ukraine – il est vrai déjà chauffé à blanc par l’Occident et l’OTAN – qui font tout pour rendre de plus en plus étrangers des peuples qui, de fait, entretiennent des liens historiques et culturels forts et puissants et qui, de surcroît bénéficient du soutien financier et militaire des gouvernements réactionnaires et fascisants solidement implantés en Europe. Le risque réside, à terme, dans une dangereuse confrontation en
longue durée avec les travailleurs et les citoyens ukrainiens en cas d’enlisement du conflit, alors que jusqu’à l’attaque du 24 février 2022, seuls le gouvernement de Kiev et les ultranationalistes attaquaient férocement les populations russophones de l’Ukraine orientale – et les communistes et progressistes ukrainiens.
Entre ambitions néo-tsaristes et « impérialisme du pauvre » ?
Si la Russie des années 1990 émergeant sur les décombres de l’URSS appliqua, sous pilotage états-unien, une « thérapie de choc » libérale catastrophique pour les travailleurs et les citoyens (la terrible crise de l’été 1998 débouchant sur l’effondrement de 50% de la richesse nationale !) mais bénéfique pour les oligarques et les mafias, Vladimir Poutine rompit avec le « tassement national » en se référant au passé du grand Empire russe renversé en mars 1917 pour restaurer la puissance d’un pays traumatisé. C’est en ce sens qu’il expliqua que la disparition de l’URSS avait été « la plus grande catastrophe géopolitique du XXe siècle », et il faut insister sur l’adjectif géopolitique : à défaut de reconstituer totalement un Empire néo-tsariste annexant l’« étranger proche », au moins Poutine veut-il s’appuyer sur, d’une part, l’histoire de l’Empire russe et, d’autre part, les oligarques pour exercer une influence accrue auprès des anciennes républiques socialistes soviétiques (RSS) devenues indépendantes. Il lui a toutefois d’abord fallu mettre au pas les oligarques récalcitrants comme Mikhaïl Khodorkovski – scandaleusement présenté comme un « prisonnier politique » par les médias « occidentaux » –, qui espérait poursuivre ses affaires juteuses obtenues sur la base de la corruption tout en acceptant que le groupe qu’il présidait, Ioukos, passe sous le contrôle des capitaux d’ExxonMobil[20]. En un sens, la politique poutinienne relançait et renforçait une Communauté des Etats indépendants (CEI) née sur les décombres de l’URSS, mais sur des bases naturellement fort différentes de la coopération du temps soviétique : dorénavant, les intérêts nationaux de la Russie post-1991, au service de la puissance économique du pays ET des intérêts oligarchiques, prévalaient.
L’un des problèmes majeurs auquel se heurte alors Poutine, et avec lui la bourgeoisie russe nationale et attachée au développement du marché intérieur russe, est l’état des structures productives, notamment industrielles, de la Russie terriblement affaiblie dans les années 1990. Sa volonté de reconstituer une base industrielle nationale – sous le contrôle de l’Etat ou privatisés – se heurtait d’abord à l’urgence de redresser une économie exsangue en s’appuyant sur les revenus de la vente des matières premières, puis au retard technologique et industriel vis-à-vis des Etats-Unis, des principales puissances européennes (Allemagne, Royaume-Uni, France) et même de la Chine. En somme, un capitalisme d’Etat basé sur des accords réciproques de bonne conduite reposant de fait sur le compromis suivant entre Poutine et les oligarques russes :
« Ne vous mêlez pas de politique et je garantis votre domination et vos ambitions, mais sous condition d’aider à la reconstruction de la puissance économique du pays ».
Car d’ambitions, les oligarques n’en manquent pas aussi bien au sein du pays qu’à l’extérieur : si de grands mastodontes se consolident – notamment dans les énergies, à l’image de Gazprom, société anonyme sous étroit contrôle de l’Etat, et Rosneft, société d’Etat, spécialisées dans l’extraction, la transformation et la distribution de pétrole – tout en diversifiant leurs branches productives (En plus de ses réserves de gaz naturel et du plus grand réseau de gazoducs au monde – 160 000 km –, Gazprom détient des positions dans les banques, l’assurance, les médias, la construction et l’agriculture), des oligarques partent déjà à la conquête de marchés extérieurs, à l’image de Roman Abramovitch, proche de Vladimir Poutine et qui rachète le club anglais de football de Chelsea à l’été 2003.
Mais de très loin, outre les banques, c’est dans le secteur énergétique (et au prix d’une grande dépendance envers les cours mondiaux et d’une base industrielle insuffisamment développée et diversifiée) que le pouvoir poutinien mise pour redresser le pays et lui redonner les moyens d’assouvir ses ambitions grand-russiennes sur sa sphère d’influence historique, spécifiquement les anciennes RSS stratégiques : Asie centrale (surtout le Kazakhstan), Caucase, Biélorussie… et Ukraine. Cette dernière constitue un espace stratégique pour l’influence du Kremlin, en particulier dans l’acheminement du gaz vers l’Europe de l’Ouest ; et il n’est pas étonnant qu’une première crise sérieuse débute en janvier 2006 lorsque la Russie coupe le robinet passant par l’Ukraine qui a volontairement gonflé les importations de gaz en provenance de Russie afin de le vendre illégalement à l’Ouest (au lieu de le consommer à des fins domestiques) ; une crise semblable éclate trois ans plus tard, au prix d’ailleurs du transit du gaz en chute dans les anciennes républiques populaires de l’Est. Rien d’étonnant à ce que la crise éclate à ce moment : la « révolution orange » de 2004, copieusement financée par les Etats-Unis, a favorisé l’arrivée au pouvoir de Viktor Iouchtchenko, partisans acharné d’un rapprochement avec « l’Occident ». Ainsi, « selon le journal britannique The Guardian, le gouvernement des États-Unis a dépensé 14 millions de dollars pour organiser la révolution orange, et plusieurs autres organisations américaines, notamment le parti démocrate et le parti républicain, y ont contribué. »[21] En outre, « en décembre 2004, Madeleine Albright, à la tête du National Democratic Institute, finance à hauteur de 65 millions de dollars signé par le gouvernement américain pour le renversement du président, Leonid Koutchma. L’Ukraine vit à l’heure du mouvement Pora. Pendant un mois, des milliers de tentes s’installent dans le centre-ville. Kiev est paralysé. Viktor Iouchtchenko est « démocratiquement » élu lors d’une nouvelle élection présidentielle »[22]. Ces manigances avaient d’ailleurs été testées auparavant à Belgrade et à Tbilissi à travers la « révolution des roses », tant adulée par Raphael Glucksmann qui devint le conseiller du nouveau président Saakachvili de 2005 à 2012…
Ainsi, si la Russie poutinienne cherche à restaurer une influence impériale dans la lignée de l’Empire tsariste, elle le fait sous la pression croissante d’un hégémonisme états-unien massif et dévorant, ne cessant d’étendre son influence jusqu’aux frontières de la Fédération, l’administration Bush jouant un rôle central dans cette politique. A ce sujet, le cas ukrainien est assez éclairant. A la suite de la prétendue « révolution orange » de 2004, la Russie opte pour le projet de construction du gazoduc South Stream pour relier la Russie à l’Italie via la mer Noire et les Balkans, tout en contournant l’Ukraine perçue désormais comme trop hostile ; et parallèlement, le projet de North Stream reliant la Russie à l’Allemagne via la mer Baltique, acté dès la fin des années 1990, est mis en chantier. Car l’Ukraine commence déjà à s’éloigner de la Russie, qui tire les leçons d’une indispensable diversification de ses chemins de transit pour satisfaire les intérêts de ses groupes capitalistes. Et si l’Ukraine expédie 30% de ses exportations en Russie en 2011, l’affaire criméenne de 2014 accentue le divorce en poussant le nouveau pouvoir en place à Kiev, arrivé à la suite de la contre-« révolution Maïdan », à accélérer l’européanisation et l’atlantisation de l’Ukraine[23]. Les médias aux ordres ont dès lors beau jeu de faire reposer la faute de cette situation à la Russie à la suite de l’autodétermination des Criméens désireux de rejoindre la Fédération : après tout, la soi-disant « annexion » de la Crimée par la Russie n’est-elle pas le résultat de l’arrivée d’un pouvoir attaquant d’emblée les populations russophones ? A quoi s’ajoute la crainte de voir s’installer alors des bases militaires américaines à Sébastopol, dont l’utilisation de la base navale est promise à la Russie par les accords de Kharkov signés en avril 2010 (contre des rabais importants sur le gaz russe). Difficile de nier cependant que le champ de gaz criméen laisse insensible Poutine et les oligarques… tout comme il est difficile de nier que la mer Noire constitue un « grand jeu gazier » pour les majors états-uniennes et européennes puisque « la poussée de l’Ukraine vers la mer Noire a attiré des majors de l’énergie en tant qu’investisseurs, notamment Exxon Mobil, Royal Dutch Shell, ENI et OMV » ; et inutile de préciser qu’Exxon Mobil se montre alors particulièrement efficace[24]…
En outre, « la famille Biden, et notamment le fils du président américain, a des intérêts directs dans la principale entreprise gazière ukrainienne Burisma. Hunter Biden en ayant été l’un des administrateurs nommés immédiatement après le putsch d’euro Maïdan, et ce au moins jusqu’en 2019. »[25]
L’offensive impérialiste a bien commencé il y a huit ans en Ukraine, sous l’impulsion centrale des Etats-Unis, à laquelle répond aujourd’hui, bien plus qu’une contre-offensive néo-tsariste, une offensive contre-hégémonique de la part de Russie. Car il est douteux que « les oligarques » aient déterminé l’offensive sur l’Ukraine qui, de manière prévisible, ne pouvait que déboucher sur d’énormes sanctions économiques… et sur la confiscation des biens oligarchiques détenus en Occident, par exemple à Monaco et sur la Côte d’Azur. Un certain nombre d’oligarques constitue en effet la cible des attaques économiques menées par le bloc euro-atlantique, le ministre de l’Economie Bruno Le Maire, partisan du « nouvel Empire » européen, déclarant même la « guerre économique et financière totale » avant de rétropédaler piteusement[26] : Roman Abramovitch a été contraint de se mettre en retrait de la tête du club de football de Chelsea, tandis qu’« un autre milliardaire russe, Oleg Tinkov, fondateur de la banque Tinkoff, a également critiqué l’invasion de l’Ukraine dans un message publié ce lundi. « Aujourd’hui, en Ukraine, des innocents meurent chaque jour, c’est impensable et inacceptable ! », a-t-il affirmé sur Instagram, appelant à « dépenser de l’argent pour soigner les gens, pour la recherche afin de vaincre le cancer, et non pour la guerre ». Dimanche, c’est le milliardaire russe Mikhaïl Fridman qui a dénoncé la guerre en Ukraine dans une lettre aux employés de son fonds LetterOne. « Je suis convaincu que la guerre ne peut jamais être la réponse. Cette crise va coûter des vies et ravager deux nations sœurs depuis des centaines d’années », a-t-il écrit, se disant désireux que s’achève cette « effusion de sang ». »[27] Difficile de voir dès lors dans l’intervention en Ukraine une guerre impérialiste soutenue par les oligarques proches du Kremlin, d’autant plus qu’en dépit des sanctions visant
certains secteurs économiques de la Russie (et non sans effet), les rapports économiques ne sont pas totalement rompus entre les pays d’Europe et la Russie sont loin d’être rompus puisque « la crise diplomatique met au jour la dépendance extrême de l’Europe à ce combustible fossile [le gaz] en provenance de Russie, notamment pour alimenter l’Allemagne et l’Autriche. »[28]
Car si l’Ukraine a cherché à diversifier ses échanges économiques (au détriment de la Russie poutinienne), elle a ouvert la voie aux intérêts impérialistes essentiellement états-uniens, tout heureux d’étendre leur hégémonisme sans fin jusqu’aux portes de la Fédération de Russie qui, bien que mue par de réelles ambitions néo-tsaristes, ne peut opter que pour un « impérialisme du pauvre », sur des bases avant toute défensives et anti-hégémoniques car obéissant à une stratégie de désencerclement vis-à-vis de l’expansionnisme états-unien (qui bénéficie du soutien de l’UE). C’est en ce sens qu’il faut comprendre l’analyse de Georges Gastaud au sujet de la guerre d’agression afin de déterminer les responsabilités des acteurs :
« La Russie postsoviétique de Poutine est un État capitaliste, contre-révolutionnaire et bourgeois, voire, par certains côtés, oligarchique, qui opprime, notamment, les communistes russes (lesquels ne commettent pas pour autant la faute grossière de soutenir les Etats-Unis et l’OTAN). Dans ces conditions, aucune raison d’idéaliser Poutine ou de confondre l’actuelle Russie, dont les chefs sont tous compromis dans la destruction antidémocratique de l’URSS (en 1990, 76% des Soviétiques avaient voté par référendum pour le maintien de la Fédération soviétique et que leur volonté a été violée par les Eltsine, Kravtchouk et autres traîtres à leur serment communiste de servir l’URSS jusqu’à la mort). Nous ne garantissons donc nullement que l’État bourgeois russe, s’il en avait les moyens[29], ne mènerait pas une politique impérialiste qu’il faudrait alors condamner sans souci du fait que cet État règne sur la majorité du territoire de l’ex-URSS. Mais cela ne signifie aucunement qu’il faille considérer la Russie comme l’État agresseur de l’Ukraine, ni qu’il faille renvoyer dos à dos la Russie et le bloc hégémonique-impérialiste formé par l’Axe Washington-Berlin avec l’appui russophobe hystérique du bloc anglo-saxon (USA, Grande-Bretagne, Australie, Nouvelle-Zélande…). En effet, dans cette affaire précise, ce sont bien les troupes de l’OTAN qui enserrent la Russie des pays baltes à la Mer Noire et qui essaient d’annexer l’Ukraine, et s’ils le peuvent ultérieurement, la Biélorussie, l’Azerbaïdjan et la Géorgie, comme ils ont précédemment annexé l’ensemble de l’ex-Europe de l’est (Bulgarie, Roumanie, Hongrie, Pologne, Tchécoslovaquie, ex-Yougoslavie) et une partie de l’ex-URSS (les anciennes républiques soviétiques de Lettonie, Lituanie et Estonie). Tout cela, rappelons-le, en violation flagrante des promesses faits par Washington et Berlin, avec la garantie de Paris, lorsqu’a été décidée la « réunification allemande » et que les Occidentaux avaient juré à Gorbatchev, dont la sottise politique et la veulerie personnelle l’ont alors disputé à la félonie, de ne pas s’étendre à l’Est. »[30]
On se retrouve donc confronté au mieux à un combat inégal entre l’hégémonisme états-uniens et une Russie capitaliste exprimant un « impérialisme du pauvre », au pire à un combat de désencerclement contre-hégémonique (s’appuyant sur le passé impérial et antifasciste) face à un hégémonisme états-unien qui, avec l’aide de ses supplétifs européistes et fascisants, s’étend toujours plus loin. C’est en ce sens qu’il faut établir des distinctions – et non mettre au même plan tous les acteurs de la guerre en Ukraine – en tenant compte du contexte structurel actuel de grand déséquilibre largement favorable aux Etats-Unis. Une démarche intellectuelle semblable fut entreprise par Mao Zedong dans une directive intérieure au Parti communiste chinois (PCC) publiée le 25 décembre 1940 :
« Bien que le Parti communiste soit contre tout impérialisme, il faut cependant faire une distinction entre les impérialistes japonais qui ont entrepris une agression contre la Chine, et les autres impérialistes qui ne se livrent pas actuellement à une agression ; il faut également faire une différence entre les impérialistes allemands et italiens qui ont conclu une alliance avec le Japon et reconnu le Mandchoukouo et les impérialistes anglais et américains qui s’opposent au Japon ; il faut aussi faire une distinction entre l’Angleterre et les Etats-Unis de la période où ils pratiquaient la politique de Munich pour l’Extrême-Orient et nuisaient à la Chine dans sa lutte contre les envahisseurs japonais, et l’Angleterre et les Etats-Unis d’aujourd’hui, qui ont renoncé à cette politique et aident la Chine dans sa lutte de résistance.
Nos principes tactiques consistent de même à tirer profit des contradictions, à gagner la majorité, à lutter contre la minorité, à anéantir les adversaires un à un. En politique extérieure, nous différons du Guomindang. Le Guomindang prétend : « Il n’y a qu’un seul ennemi, tous les autres sont des amis » ; il donne l’impression de traiter tous les pays, à l’exception du Japon, sur un pied d’égalité, mais il s’oriente en fait vers l’Angleterre et les Etats-Unis.
Quant à nous, nous devons faire des distinctions. La première, entre l’Union soviétique et les pays capitalistes ; la deuxième, entre l’Angleterre et les Etats-Unis, d’une part, l’Allemagne et l’Italie, d’autre part ; la troisième entre les peuples d’Angleterre et des Etats-Unis et les gouvernements impérialistes de ces deux pays ; la quatrième, entre la politique de l’Angleterre et des Etats-Unis à l’époque du Munich d’Extrême-Orient et leur politique actuelle. C’est sur ces distinctions qu’est fondée notre politique. »[31]
Démarche intellectuelle analogue, mais contexte totalement différent interdisant la comparaison. Car en 1940, l’écart de puissance entre les impérialismes japonais, allemand, anglais et états-unien est infiniment moindre que celui entre l’hégémonisme états-unien et la nostalgie tsariste poutinienne. Et pour cause : les institutions financières internationales (IFI), largement dominées par le « consensus de Washington », n’existent pas, et les Etats-Unis ne sont pas encore implantés dans le reste du monde, se concentrant avant tout sur la chasse gardée latino-américaine ; ils en tirent d’ailleurs les leçons après la guerre en décidant de s’étendre, notamment en Europe, au Moyen-Orient et en Asie orientale. En ce sens, impossible de comparer l’Ukraine à la Chine, la Russie au Japon et les Etats-Unis de 2022… aux Etats-Unis de 1940, qui sont restés passifs face à l’expansionnisme agressif nippon depuis 1931 ; à l’inverse, comment ne pas voir l’expansionnisme agressif états-unien en Europe de l’Est depuis l’implosion de l’URSS ? En revanche, l’analogie opère facilement, d’autant plus que la guerre a débuté en 2014 en Ukraine – et ainsi, renvoyant à l’analyse sur la guerre d’agression citée précédemment. De la même manière, une comparaison entre les situations de 2022 et de 1914, qui assimilerait l’Ukraine à la Serbie et la Russie à l’Autriche-Hongrie, est tout autant inexacte ; car outre le bien moindre différentiel de puissance entre les impérialismes de l’époque (la Russie étant d’ailleurs l’objet des offensives bancaires françaises, britanniques et allemandes), ce serait oublier qu’il n’y avait pas de guerre en Serbie en 1914, ni de populations germaniques sur son sol victimes de violences commises par des milices serbes.
En réalité, la situation la plus proche historiquement de ce qui se déroule actuellement en Ukraine serait la guerre menée par l’URSS contre la Finlande à partir de novembre 1939, Staline souhaitant créer une zone-tampon pour protéger Leningrad, très proche de la frontière, d’une éventuelle attaque de l’Allemagne nazie – et ce, après l’échec de pourparlers face au refus finlandais d’accéder à cette demande[32]. Président de la Finlande en septembre 1963 après avoir été un grand partisan de la guerre contre l’URSS, Urho Kekkonen déclara : « Maintenant, plus de 20 ans après, si nous nous mettons dans la position de l’Union soviétique, puis en considérant l’attaque allemande en 1941, alors les considérations qu’avaient, et que se devaient d’avoir les Soviétiques quant à leur sécurité à la fin des années 1930, deviennent compréhensibles. »[33]
Rien ne serait cependant plus faux que d’estimer que la Russie capitaliste n’a aucun intérêt impérial dans son étranger proche, à l’image de l’Asie centrale au cœur d’un « grand jeu » du fait de l’édification des « nouvelles » « routes de la soie » entraînant une rivalité avec la Chine populaire et les Etats-Unis. Cela pousse Moscou à soutenir des régimes corrompus et n’hésitant pas à réprimer les révoltes populaires de travailleurs comme au Kazakhstan en janvier dernier, même si l’agitation est toujours appuyée par des forces étrangères hostiles à la Russie :
« Au Kazakhstan la situation est grave et le sang coule. A la suite de grève lancée dans le secteur pétrolier et d’une profonde colère populaire en raison de
la hausse des prix du gaz, alors que la fin de l’URSS et la contre-révolution capitaliste a plongé les travailleurs de cette ex-république soviétique dans la misère. Et fait la fortune des oligarques et multinationales – y compris occidentales – pillant le pays. Les manifestations ont commencé dans la ville de Janaoen au sud-ouest du pays le 2 janvier avant d’atteindre la capitale Almaty le 4 janvier. […]
Dans ce contexte et selon certaines informations, des forces extérieures tenteraient d’intervenir dans la mobilisation populaire kazakh. Il est ainsi rapporté des actions de communication sur les médias sociaux. Un certain nombre de groupes et des forums publics Telegram et WhatsApp auraient ainsi été parrainés depuis les pays baltes, la Pologne et l’Ukraine. On retrouve facilement de telles interventions sur twitter (par exemple ici (par exemple ici https://twitter.com/lipschz) De fait, et comme l’indique la prise de position officielle de Washington ce soir, il est très probable que l’Axe impérialiste Etats-Unis-OTAN-UE, qui n’a eu de cesse que de faire monter le niveau de tension sur le front occidental de la Russie, de l’Ukraine à la Biélorussie en passant par la Géorgie et l’Arménie, puissent chercher à influencer le cours des protestations au Kazakhstan en imposant son agenda politique. Cela bien que les événements aient été spontanés, avec des possibilités de menaces voir de tentative de prise de contrôle de la direction des mouvements par des forces oligarchiques. […]
Ce contexte géopolitique ne retranche rien à l’expression de la solidarité internationaliste de l’ensemble des travailleurs auprès des légitimes revendications sociales des travailleurs kazakhs, dont les communistes avec le PRCF se font évidemment l’écho en France. On soulignera également combien est légitime et urgente la nécessité de la relégalisation du parti communiste kazakh, interdit et réprimé par le clan Nazarbaiev pour pouvoir mettre en coupe réglée le pays au profit des oligarques et des multinationales. Il invite cependant à ce que chacun reste vigilant pour, dans le même mouvement, dénoncer les fauteurs de guerres et manipulateurs impérialistes qui voudrait déstabiliser Almaty pour mieux relancer leur offensive guerrière contre les peuples russe et chinois. Une déstabilisation et un coup de force impérialiste ne pouvant évidemment qu’aggraver la situation d’exploitation des travailleurs du Kazakhstan. »[34]
Nouvel exemple, au passage, des déstabilisations menées par l’Axe Etats-Unis-OTAN-UE sans discontinuer. Et nouvelle illustration également d’un autre élément central dans la politique poutinienne – et dans les anciennes RSS et républiques populaires d’Europe de l’Est : la soviétophobie pouvant, par confusion avec la russophobie, se retourner contre Poutine.
Poutine face au dilemme du passé soviétique et du présent communiste
Les médias aux ordres n’auront pas relevé ce passage du discours de Poutine du 20 février 2022 annonçant la reconnaissance de l’indépendance des républiques de Lougansk et de Donetsk, mais le président de la Fédération de Russie s’est livré à une nouvelle diatribe contre les bolcheviques dont il a le secret. Il s’agit alors « des récriminations classiques de Poutine au sujet de Lénine, à qui est – anachroniquement – reproché d’avoir administrativement séparé l’Ukraine de la Russie en deux républiques distinctes. »[35] Mais au-delà de cette attaque contre la politique bolchevique au sujet des nationalités – qui, répétons-le, n’encourage pas un devoir de séparation mais un droit sous-tendu par l’objectif final de la marche vers le socialisme –, Vladimir Poutine se retrouve confronté à un véritable dilemme en ce qui concerne l’attitude à tenir face au communisme, véritable poison pour Poutine qui peut compter sur le soutien des oligarques misant sur lui pour chasser les fantômes du passé et le spectre du présent.
En effet, le premier réflexe et la première analyse évidente est l’anticommunisme de Poutine, qui se manifeste spectaculairement sur le plan intérieur. Ainsi, fin septembre 2021, le pouvoir au Kremlin réprima sévèrement les camarades du Parti communiste de la Fédération de Russie (PCFR) – sans que cela émeuve les grands « défenseurs du monde libre occidentaux » – constituant la première force d’opposition dans le pays : « vendredi 24 septembre, une série d’arrestations de membres du Parti communiste de la Fédération de Russie et d’activistes publics a eu lieu à Moscou. L’attention des représentants des forces de l’ordre a été attirée par ceux qui ont participé à la réunion avec le député de la Douma d’État V.F. Rashkin à la suite des résultats des élections, qui ont eu lieu le 20 septembre. De fait, le parti communiste, principale et première force d’opposition arrivée par exemple en tête dans les urnes à Moscou avant que d’étranges publications de votes électroniques ne le fassent reculer, conteste les publications de résultats des élections faites par le régime Poutine. »[36] C’est que l’oligarchie russe enrichie sous la période post-soviétique à la suite de la « thérapie de choc » appliquée par le gouvernement Gaïdar espère ne plus subir le « péril rouge » que Gorbatchev puis Eltsine avaient – difficilement – fait refluer. Et de ce point de vue, la hantise domine les esprits des oligarques liés à Poutine, d’autant plus que la nostalgie de l’URSS ne cesse de progresser dans le pays, comme le révéla l’institut de sondage Levada en mars 2019 en montrant que « près des trois quarts des Russes ont une opinion positive de Staline » car ce dernier « commence à être perçu comme un symbole de justice et une alternative au gouvernement actuel, vu comme injuste, cruel et sans égards pour la population »[37]. « Et si l’autoritarisme poutinien cherche à contenir le spectre, il ne peut empêcher le communisme de continuer à exercer son influence dans un pays où les attaques contre les travailleurs se multiplient, comme lorsque Poutine augmente le départ de l’âge à la retraite de 55 à 63 ans pour les femmes. »[38]
Il n’est d’ailleurs pas impossible que Poutine ait perçu la possibilité de resouder une population de plus en plus contestataire à l’encontre de ses mesures intérieures répressives et libérales à travers l’attaque contre l’Ukraine. Mais au risque de se retrouver, malgré lui, en restaurateur de la mémoire de l’URSS se défendant contre les agressions extérieures. Et de fait, le thème de la « Grande Guerre patriotique » demeure très mobilisateur dans la mémoire collective, notamment auprès de soldats affrontant avec détermination – et parfois en arborant le drapeau rouge comme à Melitopol[39] – l’armée ukrainienne et les milices paramilitaires de Kiev se réclamant ouvertement de Stepan Bandera, collaborateur ukrainien pro-nazi. Thème jugé « délirant » et « hors-sujet » par les médias aux ordres français (et « occidentaux ») versant dans la russophobie toujours frénétique et fanatique, et qui correspond pourtant à une réalité que Poutine dénonce en évoquant la nécessaire dénazification de l’Ukraine : la fascisation en cours sur le continent européen, à commencer par l’Ukraine. Une fascisation qui n’est pas sans conséquence internationale, comme l’illustre le refus des Etats-Unis et de l’Ukraine (et l’abstention des pays de l’UE) d’adopter un projet intitulé « Lutte contre la glorification du nazisme, du néonazisme et d’autres pratiques qui contribuent à alimenter les formes contemporaines de racisme, de discrimination raciale, de xénophobie et de l’intolérance qui y est associée. » La raison ? « L’auteur du texte manipule les récits historiques et cherche à faire de la provocation politique, a accusé la délégation qui a vu dans cette résolution une glorification du Stalinisme qui a commis des crimes du même ordre contre des pays entiers. »[40]
En somme, la Russie procéderait à un « révisionnisme » de l’histoire selon les médias, « experts » et autres « universitaires » euro-atlantiques. Occultant ainsi la réalité, à savoir que ce sont bien l’UE et les Etats-Unis qui réécrivent l’histoire, à l’image de l’infâme résolution adoptée par le Parlement européen le 19 septembre 2019 assimilant le communisme au nazisme et affirmant que LA cause du déclenchement de la Seconde Guerre mondiale est la signature du pacte germano-soviétique. Un texte diffamatoire et mensonger que, contrairement à la coalition anticommuniste RN-LR-LREM-PS-EELV, ne put voter le député italien du Parti démocrate, Massimiliano Smeriglio :
« « Je n’ai pas voté pour le texte qui rend équivalents le nazisme et le communisme. Je n’ai pas voté en sa faveur parce qu’il s’agit d’un texte confus et contradictoire. Je ne l’ai pas voté parce que l’histoire n’a pas à être contrainte dans une construction parlementaire dont le seul but est de la tirer à soi de tous côtés pour aboutir ensuite à un étrange œcuménisme où tout devient semblable. Je n’ai pas voté ce texte parce qu’il n’est pas vrai que la Seconde Guerre mondiale est née avec le pacte Molotov-Ribbentropp, ses causes sous-jacentes devant éventuellement être recherchées dans les conditions de la paix punitive de Versailles à la fin de la Première Guerre mondiale. Par ailleurs, ces causes doivent aussi être recherchées dans la complicité silencieuse avec laquelle l’Etat libéral a permis le développement du fascisme et du national-socialisme contre le mouvement ouvrier. Je n’ai pas voté pour ce texte parce que, dans un tel document, on ne peut pas ne pas traiter sérieusement de la Shoah, c’est-à-dire la volonté d’exterminer des membres de la religion juive, les Roms, les Sinti, les homosexuels et les opposants politiques. Je ne l’ai pas voté parce que les démocraties occidentales, nos démocraties, celles qui sont nées en 1945, doivent remercier aussi bien les Anglo-Américains que les formations résistantes et l’Armée rouge pour leur victoire finale. Telle est la vérité historique.
Je n’ai jamais été prosoviétique, je viens de la culture libertaire, je me suis réjoui de la chute du Mur, j’ai manifesté contre Tiananmen, je me suis battu contre le socialisme réel et ses horreurs, mais tout cela n’a rien à voir avec le jugement politique et historique sur le début et la fin de la Seconde Guerre mondiale. Et cette rigueur, nous la devons à nous-mêmes pour pouvoir marcher debout et nous la devons aux millions de victimes qui se sont battus pour arrêter et vaincre Hitler et Mussolini. »[41]
Un révisionnisme historique qui produit ses effets dans de nombreuses villes du pays, comme l’illustrent la floraison des noms de rues en hommage à Stepan Bandera[42] ainsi que ces témoignages recueillis dans les rues de Lvov : « Kyrilo enchaîne les figures acrobatiques sous la protection de Stepan Bandera. À 17 ans, il est l’aîné de la petite bande qui a fait de cette esplanade de la ville de Lviv, dans l’ouest de l’Ukraine, son skatepark de fortune. Là où se dresse la statue du leader des nationalistes ukrainiens dans les années 1930 et 1940, figure controversée dont l’organisation avait brièvement combattu mais aussi collaboré avec l’Allemagne nazie. Pour ce lycéen, Stepan Bandera est un « héros », un « résistant », un « pionnier », le « parrain » du nationalisme ukrainien. Il « s’est battu toute sa vie pour l’Ukraine » tranche Igor, directeur marketing de 34 ans, qui demande à sa petite amie, Olha, de le photographier devant le monument. »[43] Réalité factuelle et concrète que l’existence de milices néonazies paradant dans les rues ukrainiennes[44] ; réalité ignorée par nombre de « défenseurs de la liberté » qui n’ont jamais été avares de contradictions, à l’image du pseudo et inénarrable « philosophe » Bernard Henri-Lévy (BHL) encore une fois sur le devant de la scène afin de mener la meute des va-t-en-guerre contre la Russie (au point de provoquer l’ire et le départ précipité de l’ancien ministre des Affaires étrangères et Premier ministre, Dominique de Villepin, du plateau de propagande de France 2 le jeudi 24 février
au soir[45]) ; mais avec BHL, la prudence est toujours l’attitude minimale à adopter pour celui qui, avant d’appeler à saccager la Yougoslavie, l’Irak, la Syrie ou la Libye, s’était enturbanné dans les années 1980 auprès des moudjahidines (vivier des futurs talibans) quand l’URSS vint au secours du gouvernement Najibullah en Afghanistan, la presse française évoquant alors un « combat pour la liberté » aux côtés des fous de Dieu…[46]
On doit souligner les contradictions propres au pouvoir poutinien du fait de sa tolérance envers l’existence de mouvements fascistes voire néonazis en Russie même, dont certains membres sévissent au sein de milices à l’image de l’Armée russe orthodoxe, un groupe rebelle ukrainien constitué en mai 2014 dans le cadre de la guerre du Donbass, ou encore l’Unité nationale russe fondée en 1990 par l’ultranationaliste Alexandre Barchakov, se réclamant du néonazisme et de l’antisémitisme et dont des membres ont rejoint les forces pro-russes lors de la guerre du Donbass sous le commandement de Pavel Goubarev. De la même manière doit être signalée l’activité du groupe Wagner, société privée par un ancien militaire ayant officiée au sein de l’armée officielle russe, Dmitri Outkine, un nostalgique du Troisième Reich : si ce groupe officie essentiellement en Afrique et a agi en Syrie, on le retrouve également dès le déclenchement de la guerre du Donbass. Il est évident que la présence de tels éléments est insupportable pour les communistes et doit être combattue de toutes leurs forces, d’autant plus que ces néonazis commettent des crimes contre les étrangers, les non-orthodoxes et les forces progressistes et communistes en Russie.
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Cependant, la comparaison entre la Russie et l’Ukraine se heurte aux dynamiques politiques totalement opposées : tandis que l’Ukraine (tout comme les pays baltes) s’enfonce dans la fascisation symbolisée par les noms de rues rendant hommage à Stepan Bandera et délégalise le parti communiste ukrainien (PCU), le PCRF est le principal parti d’opposition à Vladimir Poutine, bien contraint de s’appuyer sur cette force dérangeante qui, de manière indirecte, est utile pour faire face à la russophobie galopante – et cela d’autant plus que le fascisant parti de Jirinovski, vitrine électorale de l’extrémisme de droite, a perdu les dernières élections russes. Car derrière l’anticommunisme exprimé à grande échelle se trouve, de fait, une offensive contre la Russie ainsi que sa politique étrangère, comme le montre le refus américano-ukrainien d’adopter le texte condamnant le nazisme et le racisme à l’ONU. Ainsi, paradoxalement, le communisme et le passé soviétique constituent des alliés objectifs pour Poutine pour résister à l’agression croissante de l’Axe euro-atlantique, quels que soient les sentiments et la répression anticommunistes frappant les camarades du PCFR. Il en résulte la position de ce dernier au sujet de l’attaque russe :
« Pendant toutes ces années, le KPRF a été guidé par les idées d’amitié historique et de fraternité de nos peuples, a exposé l’essence fasciste de l’idéologie bandériste et a démontré la nature anti-démocratique du régime de Kiev. Nous avons défendu le droit des habitants du Donbass à la vie et à la dignité, à la langue russe et à leur culture, à la reconnaissance de leur jeune statut d’État. Les volontaires communistes ont combattu dans les tranchées dans la ligne de feu et sont morts sous le feu des formations nazies. Le KPRF a envoyé 93 convois d’aide humanitaire aux Républiques de Donetsk et Lougansk, a mis en œuvre le programme « Les enfants de Russie aux enfants du Donbass » année après année. Comprenant les raisons de l’opération spéciale en Ukraine, le KPRF appelle les autorités de la Fédération de Russie à prendre des mesures complètes et persistantes pour protéger la population civile, y compris contre les éventuelles provocations des bandes fascistes. Nous considérons qu’il est extrêmement important de mettre en œuvre les plans de démilitarisation de l’Ukraine, en évitant les pertes au sein de l’armée ukrainienne et en apportant tout le soutien nécessaire à ceux qui ont déposé les armes. »[47]
Et notons que le PCU ciblait lui aussi, le 23 février 2022 – certes, avant l’attaque du 24 février – le comportement belliciste de l’Axe euro-atlantique, et nullement la Russie.
La guerre en Ukraine, symbole du choix entre « le socialisme ou la mort ! »
Nombre de partis communistes dans le monde et de pays n’ont pas condamné l’attaque de la Russie, voire parfois (très rarement cependant) l’ont soutenue sans nuances, car percevant que la question centrale réside dans l’expansion infinie du bloc euro-atlantique à travers sa machine de guerre otanienne, au risque de provoquer une déflagration autrement plus dramatique que lors des guerres ayant déjà détruit des pays comme la Yougoslavie, la Libye ou l’Irak – ce que la carte du monde au sujet du vote de la résolution de l’ONU démontre clairement, à l’image du choix symbolique de l’Inde[48]. Le PRCF a clairement refusé le « ni-ni » et l’équidistance de confort et il a clairement dénoncé l’UE-OTAN comme l’instigatrice profonde du « conflit de haute intensité » que notre propre état-major a annoncé, planifié et revendiqué bien longtemps avant l’offensive poutinienne. Pour autant, le PRCF ne s’est pas aligné sur Poutine, d’une part en raison de la nature contre-révolutionnaire déclarée de son régime, mais aussi des forts doutes que l’on peut avoir à ce stade sur la capacité de l’offensive russe de l’emporter rapidement et de ne pas précipiter cela même qu’elle dit vouloir éviter : la consolidation belliqueuse du bloc UE-OTAN, voire l’entrée dans ses rangs de la Finlande et la Suède – justifiant l’emploi des mots « disproportionné » et « inconsidéré » dans la déclaration faite en urgence par le secrétariat national du PRCF. Une déclaration dont le centre de gravité n’en demeure pas moins la dénonciation de la responsabilité principale du bloc euro-atlantique dont l’impérialisme français est partie prenante et dont il espère l’accélération clairement antinationale et antisociale du « saut fédéral européen ». Mais il est indéniable qu’en faisant le choix d’une guerre dont l’enlisement potentiel pourrait se révéler très meurtrier pour les populations civiles et, au total, faciliter les manœuvres occidentales de déstabilisation de la Russie elle-même, Poutine a pris une grave décision dont nombre de gouvernements (dont celui de la Chine populaire) comprennent le
risque d’une fatale escalade vers la guerre nucléaire. Une guerre qui entraînerait l’extermination du genre humain combattue par le PRCF depuis des décennies, ainsi que cet hégémonisme euro-atlantique que nous démasquons depuis toujours comme l’ennemi principal, non seulement de la paix mondiale, mais de notre propre pays menacé d’euro-dislocation fascisante.
De fait, le conflit en Ukraine peut œuvrer à une prise de conscience salutaire que face au choix radical que signalait déjà, après Engels, Rosa Luxemburg en son temps : socialisme ou barbarie. La source principale de la barbarie, sinon la seule, est générée par l’hégémonisme euro-atlantique s’appuyant sur l’Axe mortifère OTAN-UE et ses supplétives milices néonazies semant la terreur et le chaos en Europe, surtout dans les anciennes démocraties populaires, mais aussi envers tous les pays s’opposant aux attaques du capitalisme-impérialisme sous domination états-unienne. Elle favorise les décisions aux conséquences potentiellement gravissimes pour l’avenir de la planète, à l’image du risque pris par Vladimir Poutine dans des conditions où l’Occident a tout fait pour couper toute voie de négociation sur la neutralisation militaire de l’Ukraine. Elle démontre surtout que l’avenir de l’humanité et la paix ne sauraient être garanties autrement que par des partis communistes au pouvoir, en rupture complète avec l’ordre capitaliste mondialisé et qui œuvreraient à la coopération internationale et pacifique sur des bases souveraines, égalitaires et réciproques, et certainement de l’exploitation et de la domination impérialistes. S’agissant de la France, la guerre en Ukraine démontre qu’il n’y a pas d’autre alternative entre, d’une part, la dislocation définitive de la France dans « l’Etat fédéral européen » (Olaf Scholz) en gestation et solidement arrimé au belliciste « Otancident » (OTAN et Occident) poussant au désastreux « choc des civilisations » théorisé par Samuel Huntington ; et d’autre part, l’indispensable sortie de l’euro, de l’UE, de l’OTAN ET du capitalisme mortifère, le Frexit progressiste vital pour la sauvegarde de la souveraineté nationale et populaire, mais aussi et surtout de la paix ainsi que la construction du socialisme. C’est cette juste voie que notre PRCF continue d’explorer dans l’unité, avec courage et sang-froid.
[2] Expression du journaliste et polémiste états-unien Walter Lippmann qui, depuis son chaud bureau de New York, ne goûtait pas aux « joies » de la « guerre froide » que constituaient le bombardement massif de la Corée, la guerre d’Indochine, la guerre civile en Chine ou en Grèce ou encore les coups d’Etat militaires contre les régimes souverains anti-impérialistes d’Amérique latine.
[3] Ce qui n’empêche pas les manuels scolaires et nombre d’enseignants de répéter benoîtement qu’il n’y a jamais eu d’« affrontement direct » entre les Etats-Unis et l’URSS…
[4] Lire Anatoli Chouryguinine, Youri Korablev, La guerre de 1918-1922. Quatorze puissances liguées contre la Révolution russe, Moscou, Editions du Progrès, 1977 ; Paris, Delga, 2017.
[5] Ligne fixée par le ministre des Affaires étrangères Lord Curzon au moment du conflit russo-polonais, traçant une frontière entre les deux pays finalement décalée de 150 kilomètres vers l’est par le traité de Riga.
[6] Pacte que rejoignirent par la suite l’Italie de Mussolini, la Hongrie ou encore l’Espagne de Franco.
[8] Pacte instauré de fait par le Royaume-Uni en 1955 et que rejoignirent les Etats-Unis en 1958.
[9] Au sujet de l’Amérique latine, lire John Dinges, Les années Condor, Paris, La Découverte, 2005.
[10] Théorie que formula Eisenhower en 1954 alors que les gouvernements colonialistes de France s’enlisaient en Indochine face au Vietminh.
[11] Conférence sur l’unification allemande, avec la participation de la RFA et de la RDA, ainsi que des États-Unis, de l’URSS, du Royaume-Uni et de la France.
[31] Mao Zedong, directive intérieure au Parti, 25 décembre 1940. Cité par J.-P ; Jourdan et B. Lachaise, Documents d’histoire contemporaine : le XXe siècle, Presses universitaires de Bordeaux, 2000.
[32] Lire Geoffrey Roberts, Les guerres de Staline (1939-1953), Paris, Delga, 2014.
[33] Vincent Gouysse, Contre-offensive idéologique, 2014.
EXCLUSIF – Les 21 mensonges de Macron dans sa lettre aux Français
Exclusif. Alors qu’Emmanuel Macron caracole en tête des sondages, l’insoumission a décortiqué sa « lettre aux Français » point par point. Résultat ? 21 mensonges ou arrangements avec la réalité. Àun mois du premier tour, et alors qu’il refuse le débat avec les autres candidats, il est vital pour le débat démocratique et le choix éclairé des citoyens que ces 21 mensonges du président-candidat soient connus par les électeurs. Notre article.
Retrouvez l’intégralité dela lettre qu’Emmanuel Macrona adressé aux Français le 3 mars 2022 à la fin de cet article. Retour sur 21 mensonges ou arrangements avec la réalité effectués par Emmanuel Macron :
1 – L’industrie a récréé des emplois
L’affirmation d’Emmanuel Macron :« Grâce aux réformes menées, notre industrie a pour la première fois recréé des emplois».
La réalité : 38 000 emplois industriels de moins depuis 2017.
2 – Le chômage au plus bas depuis 15 ans
L’affirmation d’Emmanuel Macron :« Le chômage a atteint son plus bas niveau depuis quinze ans».
La réalité : le nombre d’inscrits à pôle emploi, toutes catégories confondues, est stable par rapport à l’avant pandémie.
La réalité : la terrible précarisation de l’emploi dans le pays. L’essor des mini-jobs à la française. 87,2% des nouvelles embauches se sont faites en CDD en 2021. Et même 60% en CDD de… moins d’un mois. En 2021, 600 000 auto-entreprises ont été créées. Revenu moyen = 590 euros.
3 – L’investissement dans les hôpitaux
L’affirmation d’Emmanuel Macron :« Grâce au travail de tous, nous avons pu investir dans nos hôpitaux».
La réalité : 17 600 lits d’hôpitaux fermés depuis 2017. 5700 lits d’hôpitaux fermés en 2020, en pleine crise sanitaire.
La réalité : 4 milliards d’euros d’économie réalisé sur l’Hôpital dans le projet de loi de financement de la Sécurité sociale (PLFSS) 2021, en pleine crise sanitaire.
4 – Le recrutement de magistrats et d’enseignants
L’affirmation d’Emmanuel Macron : «nous avons pu recruter (…) magistrats et enseignants».
La réalité : la France compte 10,9 juges pour 100 000 habitants quand la moyenne européenne est de 21,4. Plus de 7500 magistrats, greffiers et personnels de justice ont publié ennovembre une tribunepour alerter surla souffrance dans l’institution judiciaire, la perte de sens et le manque de moyens dans la Justice.
La réalité : 7 900 postes supprimés par Jean-Michel Blanquer dans le second degré (soit l’équivalent de 166 collèges) depuis 2017. 440 postes encore supprimés à la rentrée 2022. Et une crise de vocations inquiétante : baisse de 30% du nombre de candidats au CAPES depuis 20 ans, nombre de démissions d’enseignants multiplié par 4 depuis 2012.
5 – La réduction de la dépendance de la France aux énergies fossiles
L’affirmation d’Emmanuel Macron :« nous avons pu réduire notre dépendance aux énergies fossiles».
La réalité : la France est le seul pays de l’Union européenne à ne pas avoir atteint ses objectifs de déploiements des énergies renouvelables en 2020. Le gouvernement d’Emmanuel Macron a été condamné à deux reprises pour inaction climatique par la justice.
6 – La modernisation de notre agriculture
L’affirmation d’Emmanuel Macron : «nous avons pu continuer à moderniser notre agriculture».
La réalité : 1 agriculteur sur 5 vit sous le seuil de pauvreté. 1 agriculteur se suicide chaque jour. La vente de glyphosate est en hausse de 23% en 2020 en France. Les néonicotinoïdes ont été ré-autorisés. Les fermes-usines sont toujours ouvertes, pourtant à l’origine de la propagation de virus comme la 5ème vague de grippe aviaire.
7 – La baisse des impôts (pour tout le monde)
L’affirmation d’Emmanuel Macron :« Nous avons baissé les impôts de manière inédite».
La réalité : les impôts ont baissé surtout pour les plus riches, et ceux dès les premières lueurs du quinquennat avec la suppression de l’impôt sur la fortune (ISF) et l’instauration du prélèvement forfaitaire unique (PFU) plus connu sous le nom de « flat-tax » faisant baisser l’imposition du capital. Et « en même temps », le gouvernement a baissé le niveau des aides personnalisées au logement (APL) et a augmenté la contribution sociale généralisée (CSG) faisant chuter les pensions.
8 – Macron a convaincu nos principaux voisins
L’affirmation d’Emmanuel Macron :« Tout cela nous a permis d’être crédibles et de convaincre nos principaux voisins».
La réalité : la France mise en minorité en Europe : sur le budget de la zone euro, sur le glyphosate ou sur les « rabais » (qui permettent aux pays contributeurs nets au budget de l’UE de payer moins qu’ils ne le devraient) que la France voulait supprimer et que le Conseil européen a conservé.
9 – Ce mandat a permis à nombre de nos compatriotes de « vivre mieux »
L’affirmation d’Emmanuel Macron :« les transformations engagées durant ce mandat ont permis à nombre de nos compatriotes de vivre mieux, à la France de gagner en indépendance».
La réalité : 9,3 millions de personnes vivent sous le seuil de pauvreté (1063 euros) en France. 12 millions de personnes vivent en situation de précarité énergétique. 8 millions de personnes ont besoin de l’aide alimentaire pour pouvoir manger.
10 – L’indépendance de la France
L’affirmation d’Emmanuel Macron :« les transformations engagées durant ce mandat ont permis à nombre de nos compatriotes de vivre mieux, à la France de gagner en indépendance».
La réalité : la moitié des fruits et légumes vendus en France sont importés. Emmanuel Macron a dénoncé un OTAN en « état de mort cérébrale » mais refuse d’en sortir.
La réalité : 25% des plus pauvres d’entre nous sont décédés à 62 ans, l’âge actuel de départ à la retraite. 6 millions de personnes sont au chômage dans le pays. La France fait face à une terrible précarisation de l’emploi fragilisant des millions de foyers. Le partage du temps de travail permettrait de créer des emplois, par les 35 heures réelles et la retraite à 60 ans.
12 – Le nucléaire est une énergie du futur
L’affirmation d’Emmanuel Macron : «investir dans notre innovation et notre recherche afin de placer la France en tête dans les secteurs qui, comme les énergies renouvelables,le nucléaire, les batteries, l’agriculture, le numérique, ou le spatialferont le futuret nous permettront de devenir une grande Nation écologique».
La réalité : le nucléaire est une énergie vieillissante : 17 réacteurs sur 56 sont à l’arrêt (soit 30% de réacteurs à l’arrêt) et en 2030 les trois quarts des réacteurs auront plus de 40 ans. Une énergie inadaptée au changement climatique (sécheresse, montée des eaux…). Une énergie dangereuse : 60% des français vivent à moins de 100km d’une centrale. Une énergie couteuse : le grande carénage des centrales revient à 100 milliards d’euros. Ainsi, le nucléaire est déjà plus cher que l’éolien. Sans parler des déchets nucléaires dont on ne sait pas quoi faire. Une énergie du passé.
13 – Les impôts pèsent sur le travail et la production
L’affirmation d’Emmanuel Macron :« nous devons poursuivre la baisse des impôts pesant sur le travail et la production».
La réalité : les impôts de production ont baissé de 17 milliards d’euros en 15 ans (Sarkozy + Macron) sans effet sur l’emploi. Les 100 milliards d’euros du plan « France relance » distribués sans aucune contrepartie ont surtout bénéficié aux grands groupes : 137 milliards d’euros en 2021 pour les entreprises du CAC 40, 70 milliards d’euros de dividendes, et « en même temps » des suppressions de postes.
14 – L’investissement dans notre recherche
L’affirmation d’Emmanuel Macron :« il nous faudra aussi continuer d’investir dans notre innovation et notre recherche».
La réalité : 7 milliards d’euros dilapidés chaque année en crédit impôt recherche (CIR) plutôt que dans la recherche publique, alors que nos doctorants sont payés 1 400 euros et que le nombre de thèses soutenues en 2020 a chuté de 15 %.
15 – La lutte contre les inégalités
L’affirmation d’Emmanuel Macron : «Nous lutterons contre les inégalités, non pas tant en cherchant à les corriger toujours trop tard qu’en nous y attaquant à la racine. Nous ferons en sorte que tous les enfants de France aient les mêmes chances, que la méritocratie républicaine redevienne une promesse pour chacun».
La réalité : 5 milliardaires possèdent autant que 27 millions de Français. Les 500 familles les plus riches de France ont doublé leur richesse durant ce quinquennat, passant de 570 milliards en 2017 à 1000 milliards en 2021, quand 8 millions de personnes ont besoin de l’aide alimentaire pour manger.
16 – La priorité sera donnée à l’école
L’affirmation d’Emmanuel Macron : «la priorité sera donnée à l’école et à nos enseignants, qui seront plus libres».
La réalité : ce gouvernement donne la « liberté » à chaque école d’être en compétition les unes avec les autres. La « liberté » d’Emmanuel Macron, c’est d’instaurer le marché partout, la compétition et la concurrence dans tous les secteurs de la société, y compris nos services publics. Donner la priorité à l’école signifierait embaucher des enseignants pour faire baisser le nombre d’élèves par classe, et non supprimer 7 900 postes comme Jean-Michel Blanquer depuis le début de ce quinquennat.
17 – Des maisons de retraite « plus humaines »
L’affirmation d’Emmanuel Macron : «nous allons rendre les maisons de retraite plus humaines».
La réalité : Emmanuel Macron dit vouloir « humaniser » les marchands de la dépendance, comme son ministre de l’Économie qui demandait aux entreprises de ne pas reverser de dividendes en pleine crise, on connait le résultat (51 milliards d’euros de dividendes reversés en pleine crise). Rendre les maisons de retraite « plus humaines » signifieraitinterdire le caractère lucratif des EHPAD.
18 – L’inclusion des personnes en situation de handicap
L’affirmation d’Emmanuel Macron :« Nous poursuivrons sans relâche notre travail pour l’inclusion de nos compatriotes en situation de handicap».
La réalité : le scandale du refus de déconjugaliser l’Allocation Adulte Handicapé (AAH). Si poursuivre veut dire refuser l’autonomie des personnes en situation de handicap, alors il faut plutôt rompre et accélérer l’inclusion des élèves en situation de handicap en donnant un vrai statut aux accompagnant d’élève en situation de handicap (AESH).
19 – Défendre la singularité française
L’affirmation d’Emmanuel Macron :« Défendre notre singularité française implique enfin de promouvoir une certaine manière d’être au monde. Un art de vivre millénaire».
La réalité : la question n’est pas la “singularité” française mais son universalité : “liberté, égalité, fraternité”.
20 – Lerespect des lois n’est pas négociable (pour tout le monde)
L’affirmation d’Emmanuel Macron :« Parce que le respect des lois n’est pas négociable, nous poursuivrons l’investissement dans nos forces de sécurité et notre justice».
La réalité : le respect des lois n’est pas négociable, sauf pour les fraudeurs du fisc pour lesquels Macron a créé une procédure dérogatoire de la justice, la convention judiciaire d’intérêt.
21 – Macron aurait voulu mener une vraie campagne présidentielle
L’affirmation d’Emmanuel Macron : «bien sûr, je ne pourrai pas mener campagne comme je l’aurais souhaité en raison du contexte».
La réalité : c’est Emmanuel Macron qui a décidé de déclarer sa candidature à la dernière minute (et ce bien avant l’arrivée de la guerre russe en Ukraine) et de faire campagne depuis janvier en utilisant les moyens de la présidence. C’est Emmanuel Macron qui a décidé de gouverner seul en Conseil de Défense et de piétiner le Parlement durant ce quinquennat. C’est EmmanuelMacron qui refuse le débat avec les autres candidats à l’élection présidentielle. Et au regard de ces 21 mensonges, on comprend mieux pourquoi.
Par Pierre Joigneaux.
La lettre d’Emmanuel Macron aux Français en intégralité :
Mes chers compatriotes,
Depuis cinq ans, nous avons traversé ensemble nombre d’épreuves. Terrorisme, pandémie, retour de la violence, guerre en Europe : rarement, la France avait été confrontée à une telle accumulation de crises. Nous avons fait face avec dignité et fraternité.
Nous avons tenu bon sans jamais renoncer à agir. Grâce aux réformes menées, notre industrie a pour la première fois recréé des emplois et le chômage a atteint son plus bas niveau depuis quinze ans. Grâce au travail de tous, nous avons pu investir dans nos hôpitaux et notre recherche, renforcer nos armées, recruter policiers, gendarmes, magistrats et enseignants, réduire notre dépendance aux énergies fossiles, continuer à moderniser notre agriculture. Grâce à nos efforts, nous avons, avant la pandémie, réduit nos déficits et, tout au long du quinquennat, baissé les impôts de manière inédite. Tout cela nous a permis d’être crédibles et de convaincre nos principaux voisins de commencer à bâtir une Europe-puissance, capable de se défendre et de peser sur le cours de l’Histoire.
Nous n’avons pas tout réussi. Il est des choix qu’avec l’expérience acquise auprès de vous je ferais sans doute différemment. Mais les transformations engagées durant ce mandat ont permis à nombre de nos compatriotes de vivre mieux, à la France de gagner en indépendance. Et les crises que nous traversons depuis deux ans montrent que c’est bien ce chemin qui doit être poursuivi.
Nous connaissons des bouleversements d’une rapidité inouïe : menace sur nos démocraties, montée des inégalités, changement climatique, transition démographique, transformations technologiques. Ne nous trompons pas : nous ne répondrons pas à ces défis en choisissant le repli ou en cultivant la nostalgie. C’est en regardant avec humilité et lucidité le présent, en ne cédant rien de l’audace, de la volonté et de notre goût de l’avenir que nous réussirons. L’enjeu est de bâtir la France de nos enfants, pas de ressasser la France de notre enfance.
Voilà pourquoi je sollicite votre confiance pour un nouveau mandat de Président de la République. Je suis candidat pour inventer avec vous, face aux défis du siècle, une réponse française et européenne singulière. Je suis candidat pour défendre nos valeurs que les dérèglements du monde menacent. Je suis candidat pour continuer de préparer l’avenir de nos enfants et de nos petits-enfants. Pour nous permettre aujourd’hui comme demain de décider pour nous-mêmes.
Il n’y a pas d’indépendance sans force économique. Il nous faudra donc travailler plus et poursuivre la baisse des impôts pesant sur le travail et la production. Pour ne pas nous laisser imposer par d’autres les technologies qui rythmeront demain notre quotidien, il nous faudra aussi continuer d’investir dans notre innovation et notre recherche afin de placer la France en tête dans les secteurs qui, comme les énergies renouvelables, le nucléaire, les batteries, l’agriculture, le numérique, ou le spatial feront le futur et nous permettront de devenir une grande Nation écologique, celle qui la première sera sortie de la dépendance au gaz, au pétrole et au charbon.
C’est à la condition de cette reconquête productive par le travail que nous pourrons préserver et même améliorer ce modèle social auquel nous tenons tant et qui a fait ses preuves.
Nous lutterons contre les inégalités, non pas tant en cherchant à les corriger toujours trop tard qu’en nous y attaquant à la racine. Nous ferons en sorte que tous les enfants de France aient les mêmes chances, que la méritocratie républicaine redevienne une promesse pour chacun. Pour cela, la priorité sera donnée à l’école et à nos enseignants, qui seront plus libres, plus respectés et mieux rémunérés.
Nous investirons pour permettre à chacun de vivre le grand âge à domicile tant qu’il le peut, pour rendre les maisons de retraite plus humaines. Nous poursuivrons sans relâche notre travail pour l’inclusion de nos compatriotes en situation de handicap. En matière de santé, nous opérerons la révolution de la prévention et ferons reculer les déserts médicaux.
La force de notre modèle social est là : dans cet investissement dans l’humain tout au long de la vie, qui donne confiance aux familles et a fait de la France l’un des pays d’Europe à la plus forte natalité.
Défendre notre singularité française implique enfin de promouvoir une certaine manière d’être au monde. Un art de vivre millénaire, enraciné dans chaque région, chaque canton, chaque ville et chaque village que ce soit en métropole ou dans nos outre-mer. Une histoire, une langue, une culture que lorsque l’on est Français, on se doit de connaître, d’aimer, de partager. Une citoyenneté, qui ne repose pas seulement sur des droits, mais sur des devoirs et un engagement de chaque jour. Parce que le respect des lois n’est pas négociable, nous poursuivrons l’investissement dans nos forces de sécurité et notre justice. Nous encouragerons l’engagement avec une ambition simple : former non pas seulement des individus et des consommateurs, mais des citoyens. Faire des républicains.
Tout au long de mon mandat, j’ai vu partout un esprit de résistance à toute épreuve, une volonté d’engagement remarquable, une inlassable envie de bâtir. Je l’ai retrouvée dans notre pays mais aussi en allant à la rencontre de nos compatriotes vivant à l’étranger. En chaque lieu, j’ai perçu le désir de prendre part à cette belle et grande aventure collective qui s’appelle la France.
C’est pourquoi le moment électoral qui s’ouvre est si important. Cette élection présidentielle déterminera les directions que le pays se donne à lui-même pour les cinq années à venir et bien au-delà. Bien sûr, je ne pourrai pas mener campagne comme je l’aurais souhaité en raison du contexte. Mais avec clarté et engagement j’expliquerai notre projet, notre volonté de continuer à faire avancer notre pays avec chacun d’entre vous.
Ensemble, nous pouvons faire de ces temps de crises le point de départ d’une nouvelle époque française et européenne.
Avec vous. Pour vous. Pour nous tous. Vive la République !
Vive la France ! »
Bref, c'est creux mais les laquais se précipitent pour encenser!
Lettre ouverte « Maintenant l'unité. Pour le parti communiste en Italie".
Déclaration de Marco Rizzo, secrétaire général du parti communiste (Italie).
Nous avons reçu ces jours-ci, comme tous les autres partis communistes en Italie, une Lettre ouverte qui nous a été envoyée - au nom des quelque 1000 membres de l'Appel "Maintenant l'unité. Pour le Parti communiste en Italie" - par un groupe de cadres ouvriers des grandes usines italiennes, par des jeunes, des étudiants, des travailleurs et des travailleuses, des intellectuels marxistes et des dirigeants communistes de différentes organisations.
Cette Lettre nous demande à tous, aux partis communistes italiens, à leurs groupes dirigeants, à leurs bases militantes, d'engager un processus d'unité communiste, à commencer par la mise en place de luttes communes immédiates.
Le Parti communiste appréciant l'esprit et les paroles de la Lettre ouverte, répond positivement à sa demande unitaire et se déclare prêt à une première et immédiate confrontation avec les groupes dirigeants des autres partis communistes et de l'Union et autres expériences communistes italiennes.
Qu'est-ce qui nous a convaincus de cette Lettre Ouverte de notre approche unitaire ?
La sincérité, l'élan et ensemble la "ratio" de ses paroles.
Nous sommes certains que la sincérité et l'élan qui marquent fortement cette Lettre proviennent des nombreux jeunes qui ont rejoint l'appel « Maintenant l'unité. Pour le parti communiste en Italie" puis qui en ont envoyé aux partis communistes une synthèse sous la forme de la Lettre ouverte.
Comment sommes-nous sûrs que la « ratio » politique de la Lettre est le fruit de la présence vaste et prestigieuse d'intellectuels et de dirigeants communistes qui, après avoir adhéré à l'appel, l'ont signée et à nous tous envoyée.
Et c'est cette motivation, cette raison politique qui nous convaincra de la bonne proposition unitaire.
Les camarades et compagnes qui ont souscrit à la Lettre Ouverte ont avec force et lucidité ce qui est quotidiennement sous nos yeux mais qui échappe souvent à la vue de trop nombreux, parfois même à la vue de certaines zones communistes :
- le danger imminent d'une guerre mondiale sciemment organisée et poussée par les États-Unis, l'OTAN, l'UE et le front impérialiste international ;
- une nouvelle agressivité politique et militaire impérialiste extrêmement aiguë contre la Russie et la République populaire de Chine qui est à la base de l'impulsion de ce projet de guerre mondiale ;
- une nouvelle et socialement dramatique pour la classe ouvrière et les peuples de notre continent, torsion impérialiste des politiques de l'UE et antipopulaires ;
- une impulsion objective qui traverse toute l'arc des forces partis parlementaires et les pousse à se faire "le parti unique" des États-Unis, de l'OTAN et de l'UE en Italie et qui fait de la politique pour la constitution du gouvernement Draghi, la Commission ou qui vend à Bruxelles l'avenir des prochaines des générations italiennes pour obtenir ce nœud monétaire qu'ils n'arrêtent pas d'appeler "prêts" ou "aide" de l'UE;
- un usage abject et discriminatoire de la pandémie par le gouvernement Draghi, avec une preuve générale évidente de restrictions sérieuses des libertés constitutionnelles pour toute véritable opposition dans le pays ;
- la contradiction dramatique entre tout cela et l'absence presque totale d'opposition de masse et de classe ;
- la contradiction entre la vaste domination capitaliste et la crise profonde et la poussière du mouvement communiste en Italie.
Comment les mots d'ordre, qui sont les nôtres, que nous faisons totalement nôtre, que la Lettre Ouverte fait parvenir à tout cela : hors l'Italie de l'OTAN ! Dehors l'OTAN d'Italie ! Hors l'Italie de l'Euro et de l'UE !
C'est à partir de ces questions contraignantes que le PC accepte la proposition de projet d'unité communiste sur des bases politiques et théoriques similaires, comme l'affirme la Lettre ouverte elle-même, pour le lancement d'un processus uni La construction d'un parti communiste en Italie à la hauteur des temps et des affrontements des classes.
Le mouvement communiste mondial, dirigé environ un cinquième de l'humanité entière, vit aujourd'hui une grande et fulgide phase de relance et la vit face à une crise historique très profonde, tant de projet politique et économique que de prestige, du capitaine alisme mondial.
Cela nous réconforte et donne encore plus de sens à notre bataille politique en Italie.
Mais cela ne supprime pas le fait que le mouvement communiste italien verse, pour ses fautes lointaines et proches, dans une crise profonde.
Une crise dont les communistes ne pourront sortir qu'en replacant au centre des choses, tant sur le plan théorique que sur le plan pratique, du conflit des classes et de la reconstruction des liens de masse. Et pour ces objectifs, l'unité des communistes sur des bases politico-théoriques similaires est un facteur décisif.
Beaucoup, nous tous, nous avons pu nous tromper dans nos différentes expériences communistes. Mais pour la passion et le temps de vie que nous avons tous mis dans l'objectif difficile de reconstruire en Italie un mouvement communiste digne de ce nom, nous pouvons aussi espérer que « l'histoire nous absoudra ».
Et plus encore nous absoudre si nous sommes capables aujourd'hui de réunir les rangs, de nous unir, de donner un espoir et un nouveau repère organisé à la vaste diaspora communiste italienne sans carte ni parti, de rendre à la "classe" u n unique, plus fort, plus cohérent, parti communiste !
En 1957, écrivait le grand poète communiste Nazim Hikmet, dans son magnifique poème intitulé « De la vie » : « Où que vous soyez / quelles que soient les circonstances que vous soyez / vous devez vivre comme si jamais vous mourriez ».
Et pour paraphraser Hikmet, nous qui voulons aujourd'hui nous unir pour reconstruire un parti communiste plus fort en Italie, nous devons nous battre, sincèrement nous engager, comme si ce grand objectif était possible, proche d'être conquis !
Alors que nous nous situons désormais dans les 100 jours du premier tour des élections présidentielles 2022, les communistes prennent à nouveau leurs responsabilités avec le PRCF. Avec courage et franchise.
Avec courage,car avec le PRCF et les JRCF, les militants franchement communistes sont partout sur le terrain pour faire entendre les 30 mesures d’urgence d’une alternative rouge et tricolore pour ouvrir un avenir à la France mettant au cœur de la Nation les travailleurs et la souveraineté populaire et ainsi répondre aux enjeux sociaux, démocratiques et écologiques aigus. Cette campagne est visible partout, avec des milliers d’affiches collées sur les murs, avec des dizaines de milliers de tracts distribués tout particulièrement aux portes des lieux de travail et avec leurs médias (Initiative Communiste, Étincelles et leurs réseaux sociaux de youtube à twitter en passant par facebook). Avec courage, car une censure violente et implacable les frappe. Interdiction de plateau sur les plateaux des chaines de télévision et de radio, interdiction des quotidiens nationaux : les communistes et le frexit progressiste n’ont évidemment droit qu’au mépris de classe et aux oubliettes capitalistes dans les médias des milliardaires ou ceux de leur régime Macron. Avec des communiqués envoyés chaque semaine détaillants actions et propositions de la campagne à l’ensemble des rédactions, et une présence visible sur le terrain, c’est assurément un choix délibéré qui en dit long et qui illustre également la pression qui s’exerce surles maires et élus auxquels se sont adressés les militants du PRCF. Observons quele nom de Fadi Kassem, aura tout de même réussi à filtrer sur la liste des candidats à la présidentielles 2022 sur Actu.fr portail d’information qui est l’un des 10 sites internet d’info les plus consultés en France.
Avec franchise, car partout et tout le temps, les militants et sympathisants du PRCF et des JRCF portent, en communiste, un discours de vérité : pour dire avec clarté ce qui est de la situation du pays et de son peuple, de l’exploitation qui le frappe et des dangers de l’euro fascisation et de l’exterminisme capitaliste, ce qui est de la responsabilité de chaque travailleur à prendre ses responsabilités et à s’organiser en reconstruisant le grand parti communiste qui fait défaut. Avec courage et franchise donc qu’avec Fadi Kassem, porte-parole de l’Alternative rouge et tricolore, une campagne politique au sens le plus noble du terme est menée sur le terrain pour ces présidentielles 2022. C’est donc en responsabilité, que le PRCF a pris une nouvelle fois l’initiative d’écrire ce 3 janvier 2022 deux lettres ouvertes, respectivement au camarade Fabien Roussel et au citoyen Jean-Luc Mélenchon, tous deux candidats déclarés et en campagne pour le 1er tour de l’élection présidentielle 2022. Une nouvelle fois car le PRCF s’est adressé à ces personnalités, sans qu’une réponse permette d’engager le dialogue constructif nécessaire et souhaité, et surtout de répondre aux importantes questions de fond posées, à la fois à travers des lettres ouvertes mais également à travers des vidéos publiques visionnées par des milliers de personnes.
Deux lettres ouvertes auxquelles Fabien Roussel et Jean-Luc Mélenchon ont fait le choix politique de ne pas répondre. Précisons que Jean-Luc Mélenchon avait proposé en réponse au printemps 2021 une date pour une rencontre permettant un échange, avant d’annuler à la toute dernière minute pour des raisons de logistique, et d’opposer suite à ce contretemps un silence étonnant à la demande du PRCF d’honorer son engagement.
Une nouvelle fois car, en transparence et franchise, les communistes avec PRCF ont toujours posé clairement publiquement et devant les travailleurs les questions politiques auprès des deux chefs de file respectifs du PCF et de la France Insoumise désormais Union Populaire (retrouvez l’historique et les liens en fin de page vers les lettres ouvertes partagés au cours des 5 dernières années).
Le camarade Fabien Roussel et le citoyen Jean-Luc Mélenchon auront donc à cœur de répondre non pas seulement aux questions posées à travers ces deux lettres ouvertes par le PRCF mais surtout aux problématiques qui intéressent les travailleurs de France. Cela alors que des millions de travailleurs se posent la question de la légitimité et donc de l’intérêt de cette élection… Pour leur part les militants franchement communistes, pour et avec les travailleurs poursuivent la campagne politique et sans électoralisme pour faire valoir la souveraineté populaire, la paix, la solidarité internationaliste et les droits des travailleurs, avec des propositions fortes et réalistes, incarnée par Fadi Kassem, pour une Alternative rouge et tricolore et contrer l’euro-dislocation et fascisation du pays. Sollicité par la rédaction d’IC, le secrétariat national du PRCF confirmait qu’au soir de ce 10 janvier, ni Jean-Luc Mélenchon, ni Fabien Roussel n’avaient répondu….
Quelle est l’importance de la CGT aujourd’hui dans la vie politique française ?
La CGT n’est plus officiellement dans les statistiques la première organisation syndicale de manière interprofessionnelle parce que c’est la CFDT qui est passée devant dans les élections interprofessionnelles, mais dans les capacités de la mobilisation ça reste la force principale des organisations syndicales françaises, donc ça reste l’opposant numéro un au gouvernement dans le pays. On l’a vu dans la reforme de retraites récemment. C’est l’organisation des travailleurs la plus importante même si lors des élections elle a été à la deuxième place, même si je m’interroge sur la sincérité des statistiques. A mon avis c’est la force principale.
Quelles sont les réussites les plus importantes de la CGT au cours des dernières années ?
Le problème est la période du point de vue social parce que les progrès sociaux on n’en a pas vu beaucoup depuis la période 1997-2002, qui a été marquée par un gouvernement de gauche plurielle où on a eu la négociation sur les 35 heures donc un abaissement du temps de travail, hormis cela des grands acquis sociaux en France on n’en pas eu beaucoup. Par contre on a eu des mobilisations importantes : par exemple on a participé en tant que CGT aux mobilisations contre le traité constitutionnel européen, et ça a fait échouer le traité européen même si par la suite les autorités ont fait revenir par la fenêtre ce que nous avions chassé par la porte, mais quand même ça été une remarquable mobilisation. En termes de victoire c’est a contrario ce qui nous manque dans la période. La colère sociale dans la population est très répandue. Par contre l’expérience d’une grande victoire ferait exploser les adhésions, c’est pour ça que les capitalistes se battent énormément dès qu’il y a un mouvement sectoriel pour le casser et pour faire la démonstration qu’il n’y a pas de victoire. Ces dernières années les grandes victoires il n’y en pas eu beaucoup malheureusement.
Laurent Brun pendant l'entretien
Même si la CGT aide à empêcher le déclin social ?
Évidemment dans les batailles défensives et les acquis locaux il y a des batailles sur la défense des certains droits, par exemple on a fait récemment échouer la réforme des retraites même si le gouvernement dit qu’il pourrait la ressortir ils ne savent pas comment ils vont pouvoir faire parce que la mobilisation les a quand même a beaucoup secoués. On a eu aussi les victoires défensives sur les contrats pour les jeunes il y a quelques années, de ce point de vue-là on a effectivement quelques grandes victoires de mise en échec des reformes réactionnaires.
Quel regard portez-vous sur la crise sanitaire et les conséquences économiques en France ?
La crise sanitaire en France a été gérée d’une manière catastrophique parce que le gouvernement a échoué peu près à toutes les étapes parce qu’ils suivent une idéologie libérale fanatique : il ne faut surtout pas planifier, il ne faut surtout pas réquisitionner une entreprise, il ne faut surtout pas lancer de production des masques, des tests ou des vaccins, on laisse faire le marché et le résultat est que la crise sanitaire est gérée d’une manière vraiment catastrophique. On voit aussi ce qui se passe dans les EHPAD avec les retraités, les hôpitaux sont à l’agonie… Les conséquences qui font que la crise sanitaire se transforme en crise économique : d’abord il y a le confinement qui bloque l’économie en la mettant en arrêt, ce qui pourrait difficilement été géré autrement mais à l’intérieur de la crise économique on voit que les capitalistes se servent de la pandémie pour restructurer l’appareil de production sans que ça ait aucun lien avec la COVID. Par exemple on a une restructuration importante qui est en cours dans le commerce, dans la grande distribution, les grands magasins alors qu’eux ils n’ont pas du tout souffert de la COVID. On a également des restructurations dans l’industrie aéronautique, où on pourrait se dire que c’est parce que les avions ne volent pas etc. mais en fait Airbus a un carnet de commandes qui augmente paradoxalement et donc ce n’est pas un problème du manque de travail c’est vraiment une question de restructuration de l’appareil de la production. Donc on a des vagues des licenciements dans quasiment toutes les branches économiques, même dans les banques, et notamment dans le domaine de l’emploi industriel ce qui est extrêmement grave donc les capitalistes profitent de la crise pour structurer l’économie et pour attendre les objectifs qu’ils s’étaient fixés avant la COVID et qu’ils réalisent grâce à la COVID.
Ne trouvez-vous pas que le dialogue social en France dont parle la classe dirigeante, car ils ne veulent pas assumer que notre société est basée sur l’affrontement des classes, s’est transformé en monologue du gouvernement agressif antisocial ?
C’était déjà le cas auparavant mais le gouvernement actuel va en fait au bout de cette logique, il pense que les décisions économiques sont évidemment politiques, mais les décisions économiques c’est lui qui les prend parce que c’est lui l’autorité et ensuite il n’y a que les conséquences de ces décisions qui peuvent éventuellement être discutées. C’est ce qu’il appelle la concertation donc vous vous me dites ce que vous voyez comme problème moi j’adapte un petit peu mais de toute façon c’est moi qui prends la décision et vous n’avez pas votre mot à dire sur le sujet. Oui, c’est du monologue parce que nous ne sommes pas dans la discussion, nous ne sommes pas dans la prise de décision par les travailleurs. Le lieu de décision c’est le pouvoir politique et le patronat qui les prend. Il y a aussi une très grande complicité entre le gouvernement et le patronat. Le gouvernement lors d’une manifestation dans une branche menace en disant que s’il n’y a pas d’accord entre les partenaires, c’est lui qui définira les nouvelles règles. Donc le patronat est en position de force car il sait très bien que le gouvernement ira dans son sens à lui, on se retrouve dans entre-guillemets une négociation où soit on accepte ce que le patron vous donne, soit le gouvernement vous impose ce que le patronat veut. Il n’y a plus d’espace du tout pour l’intérêt des travailleurs et leurs propositions et revendications.
Cette agressivité patronale, mène-t-elle vers une répression antisyndicale ? Il y a peu en Belgique 17 syndiqués, y compris le président de la fédération des syndicats belges, ont été condamnés par un tribunal pour avoir bloqué les routes à Anvers en 2016 lors d’une manif…
Le gouvernement s’attaque à plusieurs aspects : il y a évidemment la répression avec de la criminalisation de l’action syndicale, avec des procès y compris la menace de prison, des amendes, on a des fonctionnaires qui ont été menacés de révocation suite à leur participation aux manifestations, et notamment des fonctionnaires qui travaillent au sein de l’inspection du travail où ils doivent normalement mettre la pression au patronat. On a des exemples où un inspecteur du travail a très bien fait son travail pour protéger les salariés et l’Etat a été à deux doigts de le licencier parce qu’il était trop dangereux pour les patrons. Puis il y a la répression physique dans les manifestations, parce qu’on a de plus en plus des manifestations qui sont réprimées par les forces de l’ordre avec de plus en plus de dureté : du sang, des membres cassés…Et puis il y a aussi des modifications des règles et notamment les destructions des instances qui ont été créées après la guerre : les comités d’entreprise, les comités hygiène sécurité et conditions de travail, les délégations du personnel et on va créer à la place les superinstances – les CSE –qui ont beaucoup moins de pouvoir, qui sont beaucoup moins proches du terrain et des salariés. C’est un double mouvement : d’un côté on essaye de priver les organisations syndicales de leurs moyens d’intervention et de leurs moyens de formation et on réprime aussi dans le même temps.
Quel rôle joue dans cette lutte antisyndicale du gouvernement la répression contre le mouvement des gilets jaunes ?
Le gouvernement traite tous les conflits sociaux de la même manière : j’ai eu l’occasion de dire à plusieurs reprises que le mouvement des gilets jaunes a été un conflit parmi d’autres en 2018. En 2018 il y avait le conflit des cheminots, de la pénitentiaire, il y a eu le conflit d’Air France – à chaque fois ce sont les conflits très importants et le gouvernement les traite tous de la même manière. Même s’il s’agit d’un conflit massif il va le traiter avec des concessions superficielles, et quand il a l’assurance que ce conflit ne s’étend pas il le laisse pourrir et il le réprime. Il a agi comme ça avec nous – les cheminots, il agi ensuite avec les gilets jaunes et avec tous les conflits auxquels il a été confronté. L’originalité des gilets jaunes est qu’ils interviennent dans un segment qui n’a pas été habitué à la mobilisation : les indépendants, le parti du lumpenprolétariat… Par contre on va utiliser la violence dans les manifestations des gilets jaunes… lors de la mobilisation des cheminots il avait aussi des casseurs qui ont détruit l’hôpital pour enfants à Paris…C’est utilisé pour durcir les règles, il fallait en faire porter la responsabiliser aux organisations syndicales mais aussi en faisant assumer aux organisations syndicales ces faits-là on l’utilisait dans le durcissement des règles et notamment dans la limitation des libertés, la limitation de la capacité de manifester, cela augmentait le poids de plus un plus important des préfets dans la liberté et dans la vie quotidienne.
Quel rôle et quelle importance a aujourd’hui la relation entre la CGT et le PCF ? Le PCF veut reprendre le sujet de création des cellules du parti au sein des entreprises qui ont été abandonnées quelques décennies avant…
Il y a une histoire très liée et très compliquée à la fois entre les organisations syndicales et le parti communiste, parce que les deux organisations ont été très liées pendant très longtemps et puis il y a eu une volonté de séparer d’une manière franche et nette les deux et aujourd’hui on se repose la question : en fait pas la question du parti dans la CGT mais de la perspective politique de la lutte syndicale. Parce qu’on était beaucoup sur la défensive ces dernières années et en fait les gens au pouvoir utilisent leur pouvoir pour nous attaquer et la question de leur prendre le pouvoir se pose de plus en plus. Ce n’est pas évident que ça sera au profit du parti communiste – parce qu’il y a plusieurs partis qui sont sur ce sujet-là ; je suis adhérent du PCF et j’ai une vision particulière mais ce n’est pas toujours partagé dans la CGT. Par contre je pense du point de vue du rôle du PCF qu’il devrait donner un prolongement politique à la lutte syndicale, c’est aussi de former les cadres, parce que ce qu’on a aussi beaucoup perdu durant ces dernières années est une formation politique pour l’encadrement des forces sociales, c’est une première nécessité – et le parti lui dans ces liens avec les organisations syndicales et dans son lien avec le monde du travail trouvait justement une prise sur la réalité, il était en prise avec les réalités dans les entreprises ; pendant toute une période le parti a abandonné cette organisation dans les quartiers et dans les entreprises, et finalement il restait un seul pôle – les élus et la jeunesse qui aussi un peu alimentait. Et si on s’appuie uniquement sur les élus on perd avec le temps le sens de la vie réelle, la vie des gens et de la classe ouvrière. On perd le sens d’affrontement des classes ; le parti veut se réintégrer dans les entreprises et chez les cheminots, les communistes cheminots ont recréé un réseau national il y a un mois et demi. Il existait les petites structures car il existait déjà la volonté locale de recréer les structures du réseau des communistes cheminots mais là c’était officialisé à l’échelle nationale de recréer ces structures. L’intérêt pour le parti c’est à la fois d’avoir une remontée de ce qui se passe dans les entreprises, c’est de faire de la politique dans les entreprises avec les salariés sur ce qui se passe dans les entreprises et ce qui se passe dans la société. C’est aussi ouvrir un peu la perspective des salariés parce que des fois on est un peu trop enfermés sur sa perspective à soi… C’est encore au stade du début de développement, mais en tout cas il y a une volonté du parti pas simplement à recréer les collectifs, mais des cellules, des sections, qui puissent vraiment être organisées avec des responsables – toute une organisation qui permet d’être bien ancré dans le monde du travail.
Qui sont les concurrents de la CGT dans le mouvement syndical ?
Il y a deux courants qui sont en affrontement avec la CGT – il y a un courant qu’on qualifie réformiste mais en fait ce n’est pas juste car les reformes on peut avoir des réformes progressistes, par exemple la création de la sécurité sociale après-guerre a été positive, ici on parle plutôt des accompagnateurs du capital et des opportunistes. Leur logique c’est exactement la logique du capital ce qui veut dire que les décisions politiques prennent acte qu’à travers l’ordre établi c’est l’ordre qui ne bougera jamais. Les décisions politiques et économiques c’est les patrons et le gouvernement qui les prennent, on peut faire du lobbying pour tenter de pousser là-dessus mais nous on est extérieur à cette prise de décision. Et par contre en tant que syndicat lorsque ces décisions sont prises il faut qu’on gère ces décisions et il faut qu’on fasse d’une sorte que ça soit moins violent pour les salariés dans un sens et puis on va faire accepter aux salariés dans l’autre sens le fait qu’on ne peut pas faire autrement, qu’on a fait au mieux pour ça ne soit pas trop violent pour eux. Ça c’est le courant réformiste qui est très agressif en France parce que jusqu’aux années 2010 il y avait quand même une volonté unitaire des organisations syndicales de dire : on a des désaccords politiques mais on se réunit ensemble et on se bat ensemble sur les grands sujets qui nous rassemblent. Maintenant la CFDT a théorisé le fait qu’il y a deux syndicalismes irréconciliables et que donc en effet on ne fait quasiment plus rien ensemble et qu’ils ne viennent plus aux conférences intersyndicales parce qu’ils ne veulent pas que leur collaboration avec nous renforce la logique de la lutte. Pour eux, on fait avancer les choses avec la discussion et des propositions en face du patron. Ils veulent effacer toute notion du rapport des forces etc.
L’autre courant, qui est présent d’ailleurs chez les réformistes comme chez les révolutionnaires sont les autonomes. Là ce n’est pas une question de gestion du système économique – c’est plutôt une question d’organisation et de fonctionnement. Ces organisations-là partent du principe que toute forme de structuration nationale est une forme d’une certaine oppression, que chacun doit pouvoir faire ce qu’il veut, évidemment la problématique de cette logique-là est qu’ils sont complètement inefficaces, parce que dans la même organisation on peut avoir 50 positions différentes, on n’est jamais capable de mobiliser ensemble – c’est un peu stérile comme principe. C’est un peu la logique petite-bourgeoise : globalement je participe à cette décision, mais si elle ne me plaît pas, je reste sur mes positions à moi, parce que c’est mon intérêt à moi qui prévaut sur tout le reste. A c’est des tendances qu’on affronte
Quelle est la stratégie de la CGT pour se sortir de ce piège de la politique défensive ?
Dans la CGT il y a des choses qui sont communément admises et il y a des choses qui font débat. Et la question comment on passe à l’offensive est un vrai débat avec des questions qui s’affrontent à l’interne ; aujourd’hui ce qui fait consensus chez nous est que de toute façon quelle que soit la stratégie et l’orientation, ce qu’il faut c’est arriver à gagner qu’on ait le plus de militants possible dans les entreprises et que nos militants aillent travailler avec les salariés pour partir de leur problématique et remonter les problèmes et les analyses. On ne peut pas partir d’un abstrait extérieur sur les choses qui ne touchent pas les salariés. Tout le monde à la CGT est peu près d’accord pour qu’on fasse du travail pour être plus présents sur le terrain, pour être un peu moins dans les instances et plus près de nos collègues. Ce qui fait plus débat est la question est-ce qu’il faut qu’on ait des liens avec les organisations politiques ou pas, est-ce qu’il faut qu’on ait comme perspective une grève générale ou pas – il y a des débats idéologiques encore qui sont assez forts et qui ne sont pas tranchés aujourd’hui. J’ai mon avis sur ce sujet, je pense qu’effectivement il faut travailler la perspective d’une grève générale, parce que la grève générale est enfin une certaine manière qui implique le changement de la société mais c’est aussi un outil pratique parce que dans la grève générale il y a les grandes entreprises où nous sommes très bien implantés et où on mobilise des foules énormes et au même temps il y a toutes les petites entreprises où les salariés par eux-même ne peuvent pas organiser un mouvement social, soit parce qu’elles sont trop petites soit parce qu’il n’y a pas un nombre de syndiqués important, – dans le cadre d’un mouvement global eux tous sont mobilisés. Mais ça reste un débat au sein de la CGT, comme le sujet de la grève elle-même : est-ce que la grève est efficace, est-ce que la perte de l’argent par les salariés n’est pas contreproductive ? Il y a ces débats-là.
Après la fin de la crise sanitaire de la COVID-19 l’année prochaine : c’est compliqué de prédire ce qui va se passer, on ne sait pas trop à ce moment quand est-ce qu’on va s’en sortir mais ce qu’on sait quand même est que d’abord malgré la COVID-19 il y a de plus en plus de batailles locales, il y a des plus en plus de grèves, encore souvent défensives, c’est par rapport à un plan social, mais il y a aussi des grèves offensives sur les salaires par exemple, il y a beaucoup des gens en France qui ont été privés de leur salaire avec le chômage partiel, et ça mène à des revendications parce qu’il y a des entreprises qui s’en sont très bien sorti pendant la COVID-19, et leur salariés ne voient pas de raison pourquoi leur profit ne soit pas partagé entre les salariés, donc il y a ce type de conflits-là mais il y a énormément de colère dans les entreprises et dans le monde du travail en général, et donc je pense que dès qu’on aura – et d’ailleurs c’est ce que le gouvernement essaie d’éviter –un arrêt franc de toutes ces mesures de limitation de liberté, interdictions de manifester, des gestes barrières etc., même si en ce moment ils sont utiles, une fois que tout ça sera effacé on organisera une vraie mobilisation, et je pense que ça aura du succès. En ce moment il y a aussi la crainte d’être contaminé, on a beaucoup de salariés âgés, même des retraités et ils ne participent plus à rien en ce moment dans la peur de tomber malades. Une fois que cette chape de plomb va être enlevée je pense que toute la colère qui a été accumulée pendant ce moment-là pourrait exploser. Il y a un peu cet effet de la réforme des retraites. Même que si le mouvement contre la réforme des retraites est resté limité dans le temps, aussi le mouvement contre la loi du travail avant – je pense qu’on peut arriver à une mobilisation sociale forte. Le gouvernement voudra évidemment l’éviter, car on s‘approche aussi de la campagne présidentielle, et les deux ensemble ça ne fera pas bon ménage.
Dans la France d’aujourd’hui la classe ouvrière elle-même n’a pas trop bougé : si des années 70 on comptait près de 8 millions d’ouvriers, aujourd’hui il en reste 6,7 millions. En revanche nous vivons une décentralisation des sites de production. Comment agit la CGT dans le cadre de cette décentralisation ?
Ça fait partie des débats au sein de la CGT : qu’est ce qu’on fait avec les sous-traitants ? La cascade des sous-traitants amène à cette atomisation de la production, et dans notre réflexion on essaie de mettre en place des partenariats entre organisation syndicale ou par exemple les cheminots dans les chemins de fer et les sous-traitants qui font les travaux sur les voies, donc on essaie de syndiquer ces salariés qui font ces travaux et de le faire avec la fédération du bâtiment pour que les deux fédérations s’en occupent. Par ce partenariat on essaie que chacun ne reste pas dans son segment. Ça s’accélère avec le numérique où les choses peuvent être bien plus vite décentralisées, donc on essaie de ne pas rester dans notre périmètre respectif et on noue les coopérations au sein de nos fédérations. On n’a pas encore trouvé la forme idéale pour structurer ces salariés, parce que la sous-traitance rend les choses souvent très précaires…Il y a des bonnes tentatives et réussites – nous avons une entreprise de travaux par exemple, dans laquelle on a syndiqué beaucoup de monde dans la banlieue de Lyon et où il y a eu plusieurs jours de grève parce que dès que le patron a vu qu’il y avait un responsable syndical qui apparaissait il a essayé de le licencier. Les salariés se sont mobilisés contre le licenciement ce qui est plutôt rare. Ce fut une réussite – la section syndicale a pu grossir grâce à cela et le licenciement a pu être empêché.
Mais malgré tout après la réforme de la SNCF en 2018 la société est en train de s’effondrer : selon un rapport secret de la direction de la société qui a été publié par l’Humanité il y a quelques jours, depuis décembre 2018 on compte plus de 500 départs volontaires, surtout parmi les jeunes qui ne voient aucun futur au sein de la SNCF ce qui met en question le savoir-faire technique.
Oui il y a beaucoup de démissions, mais ça ne fragilise pas beaucoup le patronat car il y a beaucoup de chômage dans le pays, ce qui permet de recruter ; ce qui embête le patronat c’est qu’il y a des départs des salariés très qualifiés, parce que là on est en train de perdre des compétences, qu’on ne peut pas facilement remplacer – le système est fragilisé car on a perdu le statut social : les nouveaux salariés ne sont pas soumis au statut social qu’on avait auparavant. Évidemment ils regardent les opportunités, il n’y a plus les avantages sur les retraites et la sécurité sociale qui existaient auparavant, d’autant que le salaire est resté celui d’une entreprise publique. Du coup nous rencontrons pas mal de départs vers le secteur privé où les salaires sont plus élevés. Ce sont les contradictions de notre système : on veut libéraliser sans vouloir répondre aux problématiques salariales. Puis la SNCF est une énorme entreprise avec un chiffre d’affaires de 33 milliards euros, il y a plus d’un millier des filiales – la SNCF n’est pas encore déstabilisée parce qu’il y a quelques démissions. En revanche l’ambiance sociale est très mauvaise – il y a un mécontentement du salariat, qui est énorme. Et la direction d’entreprise avait eu peur l’année dernière quand on a mobilisé pour montrer le mécontentement du salariat. On a eu ce qu’on appelle un « dépôt de sac » – une grève spontanée après un accident ferroviaire – ça a terrorisé l’entreprise. En une journée tout a été arrêté, il y eu ensuite des grèves dans les ateliers du matériel, et là aussi on a eu énormément du succès. L’année dernière on sentait le ras-le de bol en général : on casse notre métier, on casse nos droits sociaux et en plus on se fait traiter de tous les noms, de privilégiés dans les médias… Il est arrivé la grève contre la réforme des retraites avec une mobilisation énorme, laquelle a duré plusieurs mois – et ça c’était un nouveau phénomène – avant au bout de 15 jours on ne tenait plus. Vu sur la durée et l’aspect interprofessionnel du mouvement ça a motivé tout le monde d’y participer. Puis, quand il y eu la COVID-19, la direction s’est dit : c’est en train de tétaniser et faire peur à tout le monde, les revendications sont mises de côté et on peut faire passer ce qu’on veut. En ce moment, ils passent beaucoup de restructurations et donc la pression remonte. L’un de nos sujets après la fin de cette crise sanitaire va être comment on traduit ça quand les restrictions sanitaires seront levées.
En France on parle en termes de la macronie de l’uberification des entreprises. Les cheminots français, sont-ils aussi impactés par ce phénomène ?
On le voit apparaitre. Ce qui s’est accéléré au bout des derniers années c’est la sous-traitance : on transfère de plus en plus les compétences à l’extérieur. Et en 2018 avec la réforme de la SNCF les sociétés anonymes sont devenues sujets du droit privé, on voit apparaitre aujourd’hui alors le développement du personnel intérimaire. Cela fait partie des sujets sur lesquelles on lance la bataille contre la précarisation, contre la sous-traitance et pour de bonnes conditions de travail.
A l’international on voit la France souvent comme « le pays » de la mobilisation, de la grève, des gens qui n’ont pas peur de devoir se taire et qui se battent jusqu’au bout pour leur droits sociaux. Quel est le secret de cette réussite comparé aux pays où les grèves se passent une fois tous les dix ans et les gouvernements néolibéraux font ce qu’ils veulent ?
Tout d’abord il y a notre passé révolutionnaire : même si la révolution française date de très long temps, le principe de la contestation reste très ancré chez nous. Puis le Parti communiste a joué un rôle énorme dans l’histoire du pays parce que dans les grandes périodes de la conquête sociale en France même presque dans toutes les grands luttes (des mines etc.) le Parti communiste a été en tête. Et dans les grandes périodes de la lutte sociale comme par exemple 1936 lorsqu’on s’est battus pour les congés payés, le Parti communiste a été au cœur de ça. Les nationalisations et d’autres acquis sociaux après-guerre, la participation au mouvement de la Résistance, la création de la Sécurité Sociale – partout les communistes ont joué le rôle de l’avant-garde. Ce qui fonctionne chez nous en France c’est cette idée de l’appropriation collective des moyens de production. Le système ne fonctionne pas comme on veut ? – il faut qu’on ne reste pas là tant que spectateurs, il ne faut pas qu’on fasse du lobbying dessus – il faut qu’on prenne le pouvoir. Mais il n’y a pas seulement la révolution française qui a pesé dessus – il y a aussi la révolution russe, parce que c’est quand même les deux mamelles, sur lesquelles le mouvement ouvrier français s’est appuyé. En France par exemple la construction des chemins de fer qui n’est pas liée à la guerre (la SNCF a été créée en 1938) s’est basée sur la nationalisation du réseau ferroviaire – parce que les capitalistes qui gèrent sans réfléchir dans une perspective globale, de la manière de tirer un profit maximum n’ont pas été capables de créer un réseau ferroviaire qui puisse répondre aux besoins du pays. Tout ça se termina en faillite et l’état était obligé de reprendre le réseau. Et comme en parallèle il y avait un mouvement social dur et un mouvement des cheminots qui ont été unifiés, les autorités d’état ont été obligés de créer des formes d’appropriation collective, y compris des nationalisations. Les militants ont été pour l’appropriation collective des moyens de production – c’est là où les chemins de fer ont été nationalisés. Et dans la situation d’aujourd’hui avec la réforme de la SNCF de mon point de vue il faut revenir en arrière sur la question d’appropriation collective mais – ce qui est différent de l’époque – les usagers doivent aussi avoir la possibilité d’y participer. L’essentiel c’est la conscience de classe, et la conscience de classe a beaucoup d’échos en France aussi ; parce que justement la révolution française nous a donné une bonne leçon d’affrontement des classes.
»Ein großer Streik ist in Frankreich durchaus möglich«: Demonstration gegen Rentenkürzung in Marseille (Dezember 2019)
Nous reproduisons un article d'Initiative communiste journal du PRCF (Pôle de renaissance communiste en France). Le texte nous parait très intéressant car il rompt avec les analyses classiques développées en France sur la situation américaine par la bien-pensance libérale et socialisante.De Macron à Sarkozy en passant par Hollande et Jospin c'est le point de vue du séminaire de Bildenberg et de son relais local les diners du Siècle (Olivier Duhamel and co) qui prévaut.
“No pasaran ! Cette fois, vraiment !” – Témoignage d’un camarade du PRCF sur les événements survenus aux États-Unis le 6 janvier 2020
Initiative communiste reproduit le texte d’un camarade du PRCF vivant aux États-Unis et spectateur au premier rang de l’assaut des partisans de Donald Trump au Capitole à Washington. Ce point de vue de l’auteur confirme que la fascisation frappe le monde, et notamment le soi-disant “modèle démocratique” qu’est la dictature impérialiste états-unienne.
Comme l’a rappelé le Pôle de Renaissance communiste en France (PRCF) lors du résultat du mois de novembre, le salut des classes populaires ne peut venir ni du nationaliste et fascisant Trump, ni de Biden-Clinton, qui reprendra la politique de “mondialisation heureuse” et satisfera les desiderata du grand Capital et de l’impérialisme états-unien, y compris en poursuivant les offensives envers Cuba socialiste, le Venezuela bolivarien, le Nicaragua sandiniste, la Russie et la Chine – principal danger selon l’administration Biden.
Comme l’avait si bien résumé Bertolt Brecht : “Le fascisme n’est pas le contraire de la démocratie [bourgeoise], mais son évolution en temps de crise”. Les États-Unis en offrent la plus spectaculaire démonstration de ces derniers temps, qui pourraient advenir en France avec le faux “duel” et vrai duo Macron-Le Pen, face auquel la seule alternative pour reconstruire une République une et indivisible, sociale et laïque, souveraine et démocratique, fraternelle et pacifique, réside dans l’alternative rouge-tricolore du Frexit progressiste !
Témoignage
Camarades,
Quelques milliers de prolos, de gens pas très éduqués mais très en colère se sont lancés contre le siège des institutions démo-crasseuses américaines. Trump et d’autres ont encouragé les foules à y aller, à reprendre le contrôle de leur Amérique. Quelque chose d’effrayant car j’anticipe la création d’un véritable mouvement d’extrême droite, d’un parti légitime fasciste à l’idéologie de suprématie blanche ; Hitler lui-même a été cité lors d’un discours à cette foule. Et le pauvres bougres suivent et vont probablement continuer de suivre vu les mesures d’austérité, les insécurités sociale et économique croissantes à la suite de cette crise économique et sanitaire. Trump l’a déjà indiqué : il ne va pas partir. Certes, il va quitter la Maison Blanche mais pas la scène politique, Si ces bougres avaient été noirs, ils n’auraient pas fait 100 mètres en direction du Capitole que des unités d’intervention paramilitaires de police leur seraient dégringolées sur le bout du nez.
Ce mouvement populiste d’extrême droite est bien propice aux capitalistes et autres néolibéraux. Ils suffit de voir qui sont ceux qui se sont précipités dans les médias pour exprimer leur outrage bien pensant : le Canada, le Royaume-Uni, l’UE, la France, l’Allemagne, l’Australie, la Nouvelle-Zélande, le Japon, l’Inde, l’Organisation des États Américains (Amérique du Sud), l’OTAN, etc. En bref, tous les pays et organisations capitalistes se sont soudain unis et se sont jetés plein d’émoi au secours de la “democracy” en danger. D’autres, des individus, se sont joints au cortège hypocritico-bien pensant: l’Associations des Banquiers américains, les PDG de American Express, Apple, Blackrock, Blackstone, Bank of America, Chevron, Ford, CitiBank, General Motors, IBM, Google, etc. Le grand monde du capital a été “secoué” par ces prolos de droite et anticommunistes. Il est bien évident qu’au-delà de l’idéologie de ces petites gens, la plèbe semble bien avoir effrayé l’Oligarchie, ces oligarchies, outrées et offensées. Oh Mon Dieu! Ces gens, quel culot, et de plus Mossieur, il sont stupides et fascistes. Quelle Horreeeeur!
Car les jeux sont faits, la pseudo-dialectique d’une populace fasciste contre les élites du Capital se déroule sur tous les écrans pour tous les téléspectateurs.De quel côté êtes-vous ? C’est un peu comme le conflit entre Macron et Le Pen mais sur une plus grande échelle. Les élites amoureuses de la “liberté démocratique” contre les prolos racistes, ignares et laids (avec des tatouages et une tête de bison cornu en guise de chapeau, quel manque de goût !), des prolos en quête d’une impossible dignité qu’une Amérique mythique aurait quelque part, à quelqu’époque, accordé à sa population.
Ce mouvement populiste d’extrême droite est bien propice aux capitalistes et autres néolibéraux. Ils suffit de voir qui sont ceux qui se sont précipités dans les médias pour exprimer leur outrage bien pensant : le Canada, le Royaume-Uni, l’UE, la France, l’Allemagne, l’Australie, la Nouvelle-Zélande, le Japon, l’Inde, l’Organisation des États Américains (Amérique du Sud), l’OTAN, etc. En bref, tous les pays et organisations capitalistes se sont soudain unis et se sont jetés plein d’émoi au secours de la “democracy” en danger. D’autres, des individus, se sont joints au cortège hypocritico-bien pensant: l’Associations des Banquiers américains, les PDG de American Express, Apple, Blackrock, Blackstone, Bank of America, Chevron, Ford, CitiBank, General Motors, IBM, Google, etc. Le grand monde du capital a été “secoué” par ces prolos de droite et anticommunistes. Il est bien évident qu’au-delà de l’idéologie de ces petites gens, la plèbe semble bien avoir effrayé l’Oligarchie, ces oligarchies, outrées et offensées. Oh Mon Dieu! Ces gens, quel culot, et de plus Mossieur, il sont stupides et fascistes. Quelle Horreeeeur!
Car les jeux sont faits, la pseudo-dialectique d’une populace fasciste contre les élites du Capital se déroule sur tous les écrans pour tous les téléspectateurs.De quel côté êtes-vous ? C’est un peu comme le conflit entre Macron et Le Pen mais sur une plus grande échelle. Les élites amoureuses de la “liberté démocratique” contre les prolos racistes, ignares et laids (avec des tatouages et une tête de bison cornu en guise de chapeau, quel manque de goût !), des prolos en quête d’une impossible dignité qu’une Amérique mythique aurait quelque part, à quelqu’époque, accordé à sa population.
Je ne peux faire de prédiction quant aux futures de ces communautés populaires sauf dire qu’elles seront encore plus surveillées, fichées, réprimées, divisées et aliénées. Mais le capitalisme monopoliste financier, lui, continuera de tourner comme sur des roulettes.
La stratégie, j’imagine, est d’occulter, de neutraliser, d’éradiquer, d’annuler absolument mais indirectement néanmoins efficacement les mouvements de gauche qui, inévitablement, se devraient d’apparaître en force au regard de la crise économique, la confusion sanitaire criminelle, les injustice socio-économiques et raciales, la répression violente des populations pauvres, etc. Macron et Le Pen vont bien s’empresser de racialiser la lutte des classes : c’est le mot d’ordre de Le Pen, et Macron, déjà, a anticipé les couleurs si je puis dire, en affirmant avec paternalisme “l’existence du privilège blanc”, se posant ainsi comme défenseur de l’égalité raciale ce contre quoi Le Pen s’élèvera, etc. Les débats de demain sont en train d’être dessinés sans grande subtilité. La droite néolibérale va s’empresser de venir à représenter la démocratie, la tolérance, le multiculturalisme, le droit individuel, etc., en bref les États-Unis et leur “modèle démocratique”. Quant à Le Pen, elle fera comme d’habitude et prêchera son racisme nationaliste, l’identité franchouillarde, l’autoritarisme et l’ordre, les yeux larmoyant aux souvenirs de la France de Vichy. A quand le retour du service de police anticommuniste ou du service de police aux questions jui… pardon, musulmanes?
l n’est plus question d’une dérive vers la droite : la politique de ces pays capitalistes ne sera plus qu’une politique de droite et d’extrême droite. Ces événements américains, je pense, ne sont que l’annonce à venir de la création d’un parti fasciste américain légitime en quête de pouvoir au nom du peuple, de la race, pour rendre sa grandeur à l’Amérique. L’alternative aux démocrates et républicains ne sera pas de gauche mais d’extrême droite, et ceci est une politique intentionnelle du Capital.
Il faut redoubler d’énergie contre le fascisme, l’anticommunisme et les capitalistes. La colère populaire est présente ici aux États-Unis, mais aussi en France : c’est à nous, communistes, d’engager une propagande de classe, c’est-à-dire de coopter ces mouvements populaires. Il en va de l’urgence ou le fascisme vaincra. En état de super-crise, le capitalisme ne peut être que ce qu’il est et ne peut plus maintenir son image “sociale-démocrate” : le voile est tombé, nous savons comment et pourquoi, il en revient à tous les communistes de combattre le fascisme. Le Parti Communiste a besoin de redevenir un parti de pouvoir.