Vers un accord PCF/France insoumise
Alors que la France insoumise a haussé le ton ce jeudi contre les communistes, les menaçant de poursuites judiciaires pour l'utilisation de l'image de Jean-Luc Mélenchon sur du matériel de campagne, un accord semble être en passe d'être trouvé.
C’était devenu un serpent de mer. Mais on n’a jamais été aussi proche d’un accord entre la France insoumise et le Parti communiste français en vue des élections législatives. Jusqu’à présent toutes les discussions s’étaient soldées par des échecs.
A défaut de trouver une entente sur l’ensemble du territoire, c’est avec « un accord de désistement réciproque » que le mouvement porté par Jean-Luc Mélenchon est revenu vers le secrétaire national du PCF, Pierre Laurent, ce jeudi matin. Si ces désistements avaient déjà été évoqués par les deux alliés, les Insoumis ont proposé pour la première fois leur liste précise comprenant 52 circonscriptions : 26 circonscriptions dans lesquelles ils acceptent de se désister, et 26 autres où ils demandent aux communistes de faire place nette.
Les députés sortants PCF préservés
Les communistes se verraient ainsi réserver les circonscriptions de ses 7 députés sortants, auxquelles s’ajouteraient 8 autres (dont les bastions de Gennevilliers ou Bagneux dans les Hauts-de-Seine, ou une partie de Saint-Denis). La France insoumise précise qu’elle a déjà investi dans 11 autres circonscriptions « des candidats issus du PCF ou rattachés » à lui. Voilà pour les premiers 26.
Les insoumis réclament pour leur part d’être laissés seuls candidats dans plusieurs secteurs de Marseille, où Mélenchon a réalisé de hauts scores, mais également à plusieurs endroits à Paris (6e, 9e, 10e, 15e, 16e 17e circonscriptions). Les lieutenants du patron des Insoumis (Alexis Corbière à Montreuil, Charlotte Girard en Essonne, Eric Coquerel à Saint-Denis…) feraient aussi partie de l’accord. Il n’est toujours pas exclu que Jean-Luc Mélenchon lui-même soit candidat.
« Pour la première fois ils nous transmettent une liste sur laquelle on peut travailler. Nous allons étudier ces propositions, confirme-t-on au Parisien du côté du Parti communiste. Nous sommes ouverts, pour que les négociations aillent le plus vite possible. » Des réticences demeurent, mais le temps presse. « Il ne sera pas possible de poursuivre nos échanges après le 9 mai », préviennent les Insoumis dans leur courrier. Acquiescement côté communiste. Rien n’est encore joué, les deux équipes de négociateurs pourraient se rencontrer dès vendredi.
Entre PCF et FI, du « je t’aime moi non plus »
Les relations n’ont jamais été simples entre les équipes de Pierre Laurent et Jean-Luc Mélenchon. Et ce depuis le début. Ces derniers n’ont-ils pas ce jeudi menacé de trainer les communistes en justice pour l’utilisation de la photo de Mélenchon sur du matériel de campagne PCF ? Les communistes n’ont jamais souhaité intégrer le « cadre » de la France insoumise, trop contraignant selon eux. Alors pas question que les Insoumis les laissent surfer sur l’image positive portée par leur candidat et ses 19,6% réalisés au 1er tour de la présidentielle.
« Le PCF cherche à semer la confusion chez les électeurs qui ont voté pour le candidat de La France Insoumise, en faisant croire que les candidats du PCF aux législatives ont le soutien de Jean-Luc Mélenchon », a estimé la FI dans un communiqué. « L’heure est au rassemblement, pas à la polémique ! », a répondu Pierre Laurent dans un communiqué envoyé dans la foulée, expliquant que le différend cité ne concernait qu’une seule circonscription.
De cette alliance dépendra, en partie, la bonne représentation de la gauche radicale à l’Assemblée en juin prochain.
Lettre adressée par la France Insoumise au PCF le 4 mai
Lettre de la France Insoumise au PCF
Cher Pierre, chers camarades,
Nous avons pris bonne note du courrier que tu nous as transmis suite à notre échange du mardi 2 mai à propos des élections législatives. ème Cette discussion constituait la 5 rencontre entre le PCF et des délégations de la France insoumise depuis le mois de janvier. Aucune de ces rencontres n’a pour l’instant permis d’avancer malgré les propositions que nous avons faites à plusieurs reprises: -Au mois d’octobre dernier, nous invitons le PCF à prendre toute sa place au sein de la France insoumise pour permettre une articulation étroite entre les élections présidentielles et législatives. Dans l’Humanité du 11 janvier,tu réponds qu’il n’y aura pas d’accord entre le PCF et la France insoumise. Nous avions pris acte de ce refus. -En janvier 2017, nous prenons cependant connaissance de votre souhait que nous n’investissions pas de candidat dans un nombre réduit de circonscriptions, principalement celle de vos députés sortants. Nous vous proposons donc de travailler dans un esprit de responsabilité à des accords de désistements réciproques.Cette méthode est refusée par votre délégation au cours du mois de février.Bien que nous ayons toujours laissé ouverte la porte des discussions, vous n’êtes pas revenus er sur ce refus avant le 1tour de l’élection présidentielle. Nous avons d’ailleurs été étonnés dans le même temps de vous entendre dire que nous ne répondions pas à vos demandes de rencontre. er Après le 1 tour, toujours guidé par la volonté d’œuvrer à un accord, nous prenons malgré tout l’initiative de vous proposer une rencontre. Elle s’est tenue le 28 avril dernier dans nos locaux. La veille, nous avions appris par la presse une proposition que vous souhaitiez nous faire.Lors de cette rencontre, tu n’as ni voulu confirmer ni démentir cette information. La discussion n’a, de fait, pas pu avancer mais nous avons convenus d’un nouvel échange pour le 2 mai. Quelques heures avant la réunion, nous découvrons par la presse que vous souhaitez maintenant un accord national, en contradiction avec votre refus de janvier. Il nous est difficile de suivre ces changements qui nous interrogent sur votre volonté d’aboutir à un accord.Il est donc temps que nous avancions car nous ne pouvons plus retarder notre entrée en campagne.Nous ne pouvons bien évidemment pas être d’accord avec votre demande: il s’agirait de partager le territoire entre 50% de candidatures communistes portant le programme du PCF et 50% de candidatures de la France insoumise s’inscrivant dans la continuité de la campagne présidentielle.Ce serait rendre impossible le fait de retrouver à l’élection législative les 7 millions de voix qui se sont portés sur le programme de Jean-Luc Mélenchon. Ce serait diluer la force conséquente que nous avons rassemblé dans des campagnes différentes d’une circonscription à l’autre. Ce serait réduire à néant plusieurs mois d’effort pour proposer au peuple français un projet politique clair et cohérent. Ce serait trahir la confiance des 500 000 personnes qui ont contribué à cette démarche et qui ne veulent plus d’accords électoraux sans cohérence. Ce serait une faute politique et stratégique que nous ne pouvons pas commettre si nous voulons proposer à l’élection législative une perspective majoritaire.Si vous souhaitez un accord sur l’ensemble du territoire,nous vous proposons donc, une nouvelle fois, de travailler à ce que des candidats du PCF puissent s’inscrire dans la campagne de la France insoumise pour les élections législatives.C’est d’ailleurs déjà le cas de plusieurs d’entre eux, comme d’ailleurs de militants d’Ensemble, d’EELV, de la NGS ou du PG qui se sont regroupés dans ce cadre qui rassemble déjà très largement. Si vous refusez à nouveau cette main tendue,sommes toujours prêts à examiner un nous accord de désistement réciproque.Bien sûr, nous regretterions dans ce cas que vous preniez la responsabilité d’une division dans la grande majorité des circonscriptions. En effet, des candidats qui portent la démarche et le programme de Jean-Luc Mélenchon à l’élection présidentielle y sont d’ores et déjà investis.Nous demandons alors que cette situation de concurrence soit assumée comme telle et que cessent les procédés de certains de vos candidats visant à créer une confusion dans l’esprit des citoyens.Nous souhaitons donc la mise en place de règles de bonnes conduites permettant la clarté pour les électeurs : Non utilisation du nom et de l’image de Jean-Luc Mélenchon par les candidats du PCF -pour leur matériel de campagne et leur matériel officiel afin de ne pas induire en erreur les électeurs et de respecter son droit à l'image. » par tous les candidats, étant donné que les Front de Gauche Non utilisation du logo « -composantes de ce rassemblement seront divisés dans l’élection. Nous vous proposons donc un accord sur 52 circonscriptions de permettre une afin représentation importante du PCF et de la France insoumise à l’Assemblée Nationale.Dans 11circonscriptions à travers le pays, la France insoumise a d’ores et déjà investi des candidats issus du PCF ou rattachés à lui (03-02, 06-01, 06-05, 09-01, 12-02, 71-02, 78-06, 79-01, 80-01, 82-01, 87-03). Ces candidats n’auront donc pas de concurrence. Nous proposons de retirer ou de ne pas investir de candidats dans 15 autres circonscriptions : celles des 7 députés sortants du PCF (13-13, 18-02, 59-16, 59-20, 60-06, 63-05, 93-04) -8 circonscriptions parmi celles que vous nous avez demandé en février et sur lesquelles le -score de Jean-Luc Mélenchon à l’élection présidentielle a été parmi les plus hauts du pays (02-04, 69-14, 76-03, 76-06, 76-08, 92-01, 92-11, 93-02) En contrepartie, nous souhaitons que le Parti Communiste retire ou n’investisse de pas candidats sur 26 circonscriptions : 09-02, 13-03, 13-04 ou 13-07, 31-04, 31-09, 34-02, 38-03, 57-08, 59-01, 60-03, 62-03, 75-06, 75-09, 75-10, 75-15, 75-16, 75-17, 84-01, 91-01, 91-10, 93-01, 93-06, 93-07, 94-02, 94-10, 95-08. Après plusieurs mois d’échanges, à 5 semaines du premier tour, il est temps que ces discussions aboutissent. Nous considérons donc qu’il ne sera pas possible de poursuivre nos échanges après le mardi 9 mai sans handicaper notre entrée en campagne. Nous sommes donc disposés à vous rencontrer dans les meilleurs délais pour échanger sur la base de cette proposition.
Avec nos salutations fraternelles, Pour la France insoumise, Martine Billard, Raphaël Qnouch, Francis Parny, Manuel Bompard
Le PCF cherche à créer la confusion
4 mai 2017 dans Actus, Communiqués de presse
Le PCF cherche à semer la confusion chez les électeurs qui ont voté pour le candidat de la France Insoumise en faisant croire que les candidats du PCF aux législatives ont le soutien de Jean-Luc Mélenchon.
Il n’en est rien. Les seuls candidats qui ont ce soutien sont ceux validés par la France Insoumise.
En conséquence nous exigeons du Parti Communiste l’arrêt immédiat de l’utilisation de la photo de Jean-Luc Mélenchon ainsi que de tous les éléments graphiques appartenant à la France Insoumise.
Nous rappelons que dans notre pays existe un droit à l’image qui doit être respecté y compris pour une personnalité politique publique.
Nous dénonçons cette usurpation et nous décidons d’engager les poursuites judiciaires afin de faire cesser cette situation puisque nos rappels à l’ordre répétés ne sont suivis d’aucun effet. Nous déplorons un procédé qui, au nom de « l’identité communiste », refuse tout accord national mais s’approprie l’image de la France insoumise et de son candidat dans le but de gonfler artificiellement le score du PCF.