Sur la hausse du gaz par Jean Luc Mélenchon
Les tarifs du gaz ont augmenté de 7,45% au 1er juillet. Pour un foyer qui se chauffe au gaz, c’est en moyenne 90 euros de plus sur la facture annuelle. C’est la plus forte hausse depuis 6 ans. Son effet sera socialement désastreux puisque l’on sait que ceux qui se chauffent au gaz sont majoritairement les plus pauvres. D’après la fondation Abbé Pierre, un ménage sur cinq souffre du froid dans son logement. Ces 90 euros en plus sur la facture vont contraindre de nombreuses personnes à allumer plus tard le chauffage cet hiver et à l’éteindre plus souvent.
Il faut souligner que cette situation est le résultat de la décision du gouvernement. Et de lui seul. En effet, il existe encore des tarifs réglementés dans ce domaine. Ils ont été maintenus précisément pour protéger les usagers. Ces tarifs fixes et décidés par le pouvoir politique datent de l’époque où EDF et GDF étaient une seule et même entreprise publique. Depuis, les diktats de la Commission européenne sont passées par là. EDF et GDF ont été séparés. GDF a été privatisé. Cela alors que Sarkozy avait juré que ce ne serait pas le cas et que cela n’arriverait jamais. Et maintenant, les tarifs règlementés vont bientôt disparaître. La Commission européenne l’a ordonné. Le gouvernement a obtempéré. Il a annoncé qu’il se conformerait d’ici 2022 aux désirs de la Commission dans ce domaine aussi.
Pour justifier cette hausse des tarifs, le gouvernement invoque la hausse du prix du gaz sur le marché mondial et des coûts d’investissements dans les infrastructures. Mais ces derniers résultent en grande partie de la campagne d’installation forcée des compteurs communiquant Gazpar, l’équivalent des Linky pour le gaz. On sait que la plupart des gens n’en veulent pas. Le député insoumis Bastien Lachaud a d’ailleurs déposé une proposition de loi pour que les consommateurs aient le droit de refuser l’installation chez eux de tels compteurs. Le gouvernement fait donc payer les consommateurs pour des compteurs qu’il les force à installer.
Ce choix n’était pas une obligation. Le gouvernement aurait très bien pu décider de ne pas augmenter les prix du gaz. Engie a des marges de manœuvre pour reporter les coûts sur d’autres que sur les ménages. Notamment sur ses actionnaires. Ceux-là ont empoché 2,4 milliards d’euros l’année dernière. Et l’entreprise a annoncé que les dividendes augmenteraient de 7,1% cette année. C’est là le plus évident résultat des privatisations des grandes entreprises publiques. Une clientèle qui doit supporter des prix toujours plus hauts pour nourrir les actionnaires. Un véritable impôt privé.
Il y a plus. La Commission de régulation de l’énergie propose tous les 6 mois une évolution des tarifs règlementés sur la base de critères objectifs comme ceux invoqués par le gouvernement pour justifier la hausse. Or, cette fois ci, elle proposait une hausse de 6,5% des tarifs. Soit inférieure à celle finalement décidée par le gouvernement. Une partie de la hausse décidée par le gouvernement ne peut donc pas être expliquée par des critères objectifs. Par contre, elle intervient quelques jours après que le gouvernement a annoncé vouloir vendre les 25% d’actions Engie qui restent toujours sous le contrôle de l’État. Est-ce donc un cadeau par avance fait par Macron aux futurs actionnaires que cette hausse injustifiée ? Une manière de faire monter le prix de l’action sur le dos des usagers ? Le président de riches n’est jamais assez généreux avec ses amis.