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Publié par Pour une vraie gauche à Lannion

Les votes au moment des Congrès nationaux fixent l’image d’une organisation qui fut autrefois le plus grand parti de France. Cette fois, le Congrès s’annonce comme celui d’un parti éclaté et globalement rétracté.

http://www.regards.fr/politique/article/pcf-le-temps-de-la-desunion

http://www.regards.fr/politique/article/pcf-le-temps-de-la-desunion

 

Les votes de Congrès, dans le Parti communiste français, sont toujours de bons indicateurs de l’état réel de l’organisation communiste. Officiellement, la direction communiste évoque un nombre d’adhérents (comptabilisés par le nombre de cartes « placées » auprès des militants) de 110.000, contre un peu plus de 130.000 en 2009. Mais ce chiffre indique davantage un réseau de proximité militante qu’un nombre réel d’adhérents. Le chiffre des cotisants est plus proche de la réalité. Il est passé d’un peu moins de 80.000 en 2008 à 49.000 en 2018. En chiffres absolus, le vivier militant reste conséquent, mais le PCF a perdu près d’un cotisant sur quatre en une dizaine d’années.

LIRE AUSSI SUR REGARDS.FR >> Les communistes votent contre leur direction : et maintenant ?

La distribution de la base militante s’est concentrée. Plus du tiers des cotisants se trouvent dans dix départements et la moitié dans seize d’entre eux. Les premières concentrations militantes sont désormais dans les lieux de plus vieille implantation industrielle et urbaine, le Nord-Pas-de-Calais, la région parisienne, les Bouches-du-Rhône, la Seine-Maritime et le Rhône. Dans de nombreux départements, en revanche, le vivier militant du PCF est réduit à la proportion congrue.

L’ambition ratée de l’union

Les militants se sont plutôt bien mobilisés pour cette consultation, le nombre de votants étant resté stable d’un congrès à l’autre, pour un nombre de cotisants moins élevé. Mais cet ensemble s’est fractionné un peu plus encore que lors des congrès précédents. Le temps où le texte adopté par la direction sortante recueillait l’approbation d’une écrasante majorité des adhérents est maintenant bien loin. Le texte défendu par le secrétaire national avait failli être minoritaire en 2016, quand se profilait la perspective de l’élection présidentielle. Il se situe aujourd’hui nettement au-dessous du seuil des 40%. Il est sensiblement dépassé, de plus de 1.300 voix par le texte que défendait le député du Puy-de-Dôme, André Chassaigne.

Le texte défendu par le secrétaire national conserve une part des réflexes traditionnels de légitimité des communistes. Il a la majorité absolue dans 28 départements et se situe au-dessus de la moyenne nationale dans 52 d’entre eux. Mais il ne se maintient ou progresse que dans 24 départements, dont aucun ne se situe dans territoires de plus forte implantation communiste. Plus significatif encore, en dehors de l’Essonne, de la Seine-Saint-Denis, des Bouches-du-Rhône et de la Seine-Maritime, il ne l’a pas emporté dans les plus fortes fédérations départementales. Celles-ci constituent plutôt le noyau d’implantation du texte Chassaigne, qui l’emporte à la fois dans les vieux bastions industriels du Nord et de l’Est, dans la France du centre et dans le Val-de-Marne.

Un Congrès agité en ligne de mire

Le choix des militants s’est à la fois divisé – pas de majorité absolue à l’échelon national – et concentré sur les deux textes principaux (80% à eux deux). Les autres sont réduits à la portion congrue. Le texte n°1 – Pour un printemps du communisme perd la moitié du pourcentage obtenu par le texte intitulé en 2016 L’ambition communiste. Il ne progresse sur le congrès précédent que dans huit départements et résiste un peu mieux (perte de moins d’un quart) dans cinq autres. Le texte qui continuait de prôner un spectre de rassemblement continuant l’esprit du Front de gauche, a manifestement payé le rejet provoqué par la détestation de Jean-Luc Mélenchon dans une part non négligeable du corps militant communiste.

Le prochain congrès du PCF s’annonce donc complexe. Les hésitations permanentes sur la ligne stratégique manifestées par la majorité, entre 2012 et aujourd’hui ont coûté cher à la majorité conduite par Pierre Laurent. Le secrétaire national avait voulu incarner une ligne bonhomme et prudente, après les traumatismes des décennies précédentes. Mais il a paru osciller sur le champ des alliances électorales, brouillé la dynamique du Front de gauche aux municipales de 2014 et hésité trop longtemps à soutenir la candidature de Jean-Luc Mélenchon en 2016. Le parti pris de prudence s’est ainsi retourné en impression de faiblesse, décourageant tout autant les partisans de l’identité communiste renforcée et les tenants d’un Front de gauche maintenu.

Le prochain congrès du PCF s’annonce donc délicat. Sur le papier, la seule majorité – de justesse – est dans l’addition du texte Manifeste d’André Chassaigne et du texte plus identitaire Un parti de classe. Mais quelle que soit la configuration, les alliances à construire risquent bien d’évoquer davantage le mariage de la carpe et du lapin, si ce n’est les laborieuses négociations des congrès socialistes de naguère.

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