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Publié par Pour une vraie gauche à Lannion

http://www.regards.fr/culture/article/hier-a-paris-robespierre-a-ete-acquitte

Accueil | Par Loïc Le Clerc | 11 avril 2019

Hier, à Paris, Robespierre a été acquitté

Ce mercredi 10 avril, l’Hôtel de Ville de Paris a été le théâtre d’un événement sans précédent dans l’Histoire de France : le procès de l’Incorruptible.

 

Devant un parterre de citoyens de toutes conditions s’est tenu en ce jour du 9 thermidor de l’an II de la Liberté le « Grand Procès de Robespierre ». Il aurait fallu trouver une pièce plus grande, tant le peuple vint en nombre. La salle du conseil de la commune de Paris fera l’affaire.

Votre serviteur ne saurait décrire l’émotion qui volait dans l’air. L’Incorruptible sera bien jugé. Comment est-ce possible ? Même le temps semblait en berne, le ciel en deuil, retenant ses larmes.

Tandis que la plèbe attend, quelques chants révolutionnaires s’élèvent du haut des tribunes. Une cloche sonne. La salle de lève. Fouquier-Tinville fanfaronne : « L’homme qui aimait tant la loi est devenu hors la loi. Ce que nous avons pris pour du génie est de la démence. As-tu seulement aimé la France ? »

Robespierre demeure impassible. On dirait même qu’il arbore un sourire au coin des lèvres. Le vil Fouquier-Tinville fait mine de l’oublier, l’obligeant à demander s’il peut trouver sa place, une vaine humiliation, accompagnée des « vive Maximilien ! ».

Accusateurs accusés

Vadier l’accuse de tous les maux du pays. « Tyran » responsable du « chaos ». « Ennemi du peuple et de la Sainte Liberté. » Face à ses juges, il est évident que le peuple soutient l’Incorruptible. Même dehors, la foule se fait entendre. Celui-ci semble le sentir, d’ailleurs, toujours cette moue confiante. « La seule chose convenable, c’est la mort », conclut Vadier.

C’est au tour de Belley, de Saint-Domingue, de parler. « La seule tyrannie imputable à Robespierre, c’est la liberté ! » Il est acclamé. Fouquier-Tinville ne peut s’empêcher de commenter, lui qui aime à réprimer tout commentaire. Belley retourne les accusations vers les accusants avec brio. « L’histoire vous jugera », leur assène-t-il.

Entre chaque orateur, le peuple chante, tel la carmagnole ou le chant du départ.

Tallien prend son tour. Lui veut faire croire qu’il est la révolution incarnée, chantant « ah ça ira ! », toute honte bue. Il égraine les coups bas. Robespierre serait un « étranger », un « alcoolique », une « bette immonde », un « bourgeois ». C’est tout juste s’il n’accuse pas le peuple de Paris de maux pis encore ! « Il faut que Maximilien meurt pour que vive la République », ose-t-il juste avant d’ajouter que « le temps des assassins est révolu ». Quel est donc cet amour que celui-ci prétend avoir eu pour Robespierre ?

Barras n’y va pas non plus de main morte. « Traître à la patrie », « fossoyeur de la révolution », « corrompu parmi les corrompus ». « A mort Barras ! », jaillit des estrades.

Mais ces accusateurs ne sont rien aux côtés de Fouché. Avec un humour peu recommandable, il passe pour un fier assassin, jaloux de n’avoir pas tué autant que celui qu’il accuse d’être l’assassin.

Un verdict historique

Heureusement, vint Saint-Just. Il n’était pas exactement comme dans mes souvenirs. Il était bien plus ! Quel silence pendant sa plaidoirie. « Comment parler au nom de la patrie quand on s’en prend à son plus ardent patriote ? » Implacable.

 

 

Enfin, Maximilien Robespierre. A l’idée que cela puisse être la dernière fois que l’on entend son accent si beau, son phrasé si riche, le cœur de Paris s’est arrêté. Figé par delà l’espace et le temps. L’Incorruptible se dresse, les deux mains appuyées au pupitre. Tant et si bien qu’il paraît surplomber, se pencher même sur ses juges. La vertu, la terreur. Il explicite toute sa vision politique de la révolution.

« S’il faut que ma tête tombe, qu’elle tombe ! La mort n’est pas un éternel sommeil », achève-t-il son discours.

Le jury se retire quelques minutes à peine. Le verdict tombe : « Pour comprendre la révolution, il faut l’aimer ». C’est l’acquittement. Chacun laisse éclater sa joie. Sur la place de grève, une fanfare entonne la Marseillaise. Le cœur de Paris s’est remis à battre.

Les jurés, dont l’indépendance d’âme envers Robespierre est indiscutable, pas plus pas moins que l’intégrité des divers témoins à charge, ont également remis leurs honneurs à l’éloquence de Fouché et de Saint-Just, ainsi que leurs applaudissements « subjugués » à l’endroit de Tallien. A noter que le jury a condamné symboliquement la mairie de Paris pour son refus éternel d’affubler une de ses rues du patronyme de Robespierre.

 

Loïc Le Clerc

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