La gauche divisée mais quelle gauche?
Nous reviendrons dans plusieurs articles sur cette question, y compris à la lumière de la situation dans l'ouest du 22.
Un premier article qui vient d'une tendance du PCF et qui pose le PB d'une manière assez directe et intéressante. Nous ne partageons pas leur point de vue s'agissant du PCF et de son candidat. Rappelons leur gentiment que leur vision est peut être exacte dans certaines sections, voire des fédérations de cet archipel sans liaison entre les iles qu'est le PCF.
Dans le 22 le PCf n'existe pas au niveau des élus, c'est un appendice du PS local, cf les derniers votes de la majorité PS,Verts, P"C"F au Conseil Départemental contre les travailleurs du service des routes.
Madame Bernard, vice présidente P"C"F 22 du CD illustre parfaitement la vieille blague.
Quelle différence entre un mannequin et une PCF 22? le mannequin ne mange pas pour garder la ligne, une élue PCF 22 garde la ligne PS pour manger!
https://lepcf.fr/La-catastrophe-a-gauche-Mais-c-est-d-ou-elle-vient
Les manœuvres politiciennes continuent à gauche devant la confirmation de sa faiblesse. Ceux qui depuis des années ne voulaient pas voir la réalité du rapport de forces social et politique en France, prennent peur et cherchent un artifice pour faire croire que la gauche peut éviter la "catastrophe annoncée".
Ce n’est pas une expression nouvelle. Elle avait été utilisée en 2015 par Claude Debons s’inquiétant de la catastrophe à gauche ou en 2012 par l’humanité parlant déja de la catastrophe annoncée...
Devant l’impasse, Montebourg offre son corps à la gauche, Hidalgo tente de se ressourcer dans une primaire, et les promoteurs de la primaire populaire se prennent à espérer faire sortir du chapeau le nom miraculeux qui éviterait la "catastrophe annoncée"...
Mais la catastrophe à gauche, ce n’est pas demain, c’est hier, voire avant-hier, et nous sommes en plein dedans. C’est la gauche actuelle des partis et des personnalités qui est une catastrophe pour la gauche populaire, pour ceux qui auraient tout intérêt à bousculer ce capitalisme, mais qui ont été trahis depuis des décennies par la gauche gouvernementale. La catastrophe qui s’est installée depuis longtemps, c’est la fracture politique entre tous les partis de gauche et les milieux populaires, le monde du travail, le monde ouvrier.
Alors les promoteurs de la primaire populaire peuvent se réjouir. Ils n’étaient rien et voilà que Anne Hidalgo peut les rejoindre ! Mais pour faire quoi ?
Pour tenter de recommencer l’union PS-Verts de 2012 et le gouvernement Hollande ? Qui en a envie dans les milieux populaires, dans la masse des abstentionnistes ?
Pour résoudre les contradictions énormes qui divisent les programmes des forces de gauche ? Mais par quel miracle ? Quelques exemples connus :
- Qui peut espérer faire croire aux milieux populaires qui ont fait la force du Non de 2005 à la constitution européenne qu’on va s’en sortir avec plus d’Europe ?
- Comment peut-on réindustrialiser la France et recréer des centaines de milliers d’emplois dans l’industrie sans retrouver une souveraineté économique et politique ?
- Pourquoi continuer le développement des énergies renouvelables électriques alors que les 120 Milliards engagés depuis 15 ans ont conduit à l’affaiblissement de l’industrie du solaire et de l’éolien en France, et à l’augmentation de notre impact carbone ?
- Comment concilier ceux qui proposent de diviser par deux nos consommations énergétiques pour sortir du nucléaire et ceux qui proposent de les augmenter fortement pour permettre la réindustrialisation et l’électrification des transports (fret ferroviaire, transports en commun, véhicule électrique...)
- Comment définir une politique internationale commune entre ceux qui veulent la sortie de l’OTAN et refusent la guerre états-uniennes contre la Russie et la Chine et ceux qui défendent une Union Européenne atlantiste et le retour à une logique d’affrontement entre blocs ?
Cette impossibilité d’un "programme commun" relooké n’est que le révélateur de la catastrophe de fonds bien réelle dont la gauche gouvernementale porte la responsabilité. Comment faire l’autruche en oubliant ce qui divise profondément le peuple lui-même, entre statutaires et précaires, ruraux et urbains, centre ville et banlieue, intégrés et exclus, sans oublier les origines, les religions...
- Comment rassembler les milieux populaires qui n’en peuvent plus de l’insécurité, des trafics, des incivilités qui leur pourrissent la vie et ceux qui font de la police le premier problème et croient que la solidarité suffit à résoudre les contradictions au sein du peuple ?
- Comment unir ceux qui sont prêts à travailler dans n’importe quelles conditions et ceux qui défendent leur statut hérité d’un rapport de forces complètement inversé ?
- Comment unir ceux qui veulent un meilleur salaire net tout de suite quitte à mettre en cause les cotisations qui financent la Secu et les retraites et ceux qui au contraire défendent un salaire brut pour défendre la Secu et les retraites ?
- Comment unir ceux qui tentent de défendre leur emploi et leur conditions de travail et ceux que le patronat va chercher dans les sans-papiers, les détachés, les immigrés récents prêts à tout pour s’en sortir ?
Évidemment, on peut répondre qu’il suffit d’expliquer, que la lutte et la solidarité vont surmonter ces divisions. Mais c’est ne pas voir la vérité actuelle de ces divisions, ne pas voir que ce sont elles qui freinent justement le développement des luttes, ne pas reconnaitre que ce sont elles qui n’ont pas permis au mouvement social contre la réforme des retraites ou contre la loi de travail de se hisser au niveau nécessaire pour faire reculer le gouvernement.
Car l’unité du peuple ne se construit pas dans les débats d’idées. C’est une question d’organisation, de présence militante sur le terrain, dans les ateliers et les quartiers. Et la catastrophe de la gauche depuis des décennies, c’est son institutionnalisation, c’est qu’elle s’est concentrée autour des élus et des gestionnaires de l’économie sociale et solidaire.
Comment laisser croire qu’un candidat miraculeux va surmonter ces défis anciens pour faire disparaitre un réel catastrophique ? C’est un des aspects de cette catastrophe que tant de militants continuent de refuser de voir ce que Fabien Roussel a résumé clairement. Ajouter des faiblesses n’a jamais fait une force !
Pourtant, les milieux populaires le savent bien. Ils en font l’expérience pratique au travail comme dans les quartiers. Tout le problème est de savoir si un bulletin de vote aux élections présidentielles peut faire quelque chose à ce rapport des forces marqué par la catastrophe de la gauche. Le parti communiste a fait un choix. Convaincre le maximum d’abstentionnistes que ce qui est au cœur de la catastrophe à gauche, c’est l’affaiblissement et parfois la disparition du parti communiste. Convaincre donc que l’utilité du vote, c’est d’aider à reconstruire une force organisée dans l’atelier et le quartier, capable de faire le lien entre mouvement social et institutions au service du mouvement social, contribuant à la cohérence des luttes dans la perspective d’un vrai changement de société.
La catastrophe de la gauche a commencé autour de 1981 dans la domination d’un parti socialiste qui coupera la gauche des milieux populaires, et l’entrainera vers la droite jusqu’à Macron. On n’en sortira pas sans retrouver un parti communiste clairement porteur des intérêts du monde du travail et des milieux populaires.