La primaire socialiste vue par Libération, Le Figaro, l'Humanité, Le Monde
A déguster en hors d'œuvre l'article du journal "socialiste"! Il démontre le bidouillage des socialistes!
Nous donnerons dans les jours à venir les résultats de notre région
LIBERATION
LE FIGARO
JEAN-LUC MÉLENCHON a reçu deux nouvelles dimanche soir : une mauvaise et une bonne. La mauvaise, c’est que Benoît Hamon, probable vainqueur de la primaire, devient le candidat que le PS devrait lui opposer en 2017. La bonne, c’est que le Parti socialiste est soupçonné d’avoir gonflé ses chiffres et donc d’avoir faussé en partie les résultats. Et ça, le candidat de La France insoumise, qui a passé plus de trente ans au PS, doit en rire à gorge déployée…
Sur son blog, pas besoin de commenter une possible et gênante victoire de l’aile gauche du PS. Il lui suffit de se concentrer sur une soirée électorale qui fut « du grand art d’intox » en matière de participation. « D’ici quelques jours, prévoit Jean-Luc Mélenchon, l’hémorragie vers Macron va s’amplifier. D’autres viendront vers nous. Ce n’est pas du débauchage, c’est de la clarification. Et cette clarification est le propulseur le plus puissant pour arriver au deuxième tour. »
Porte-parole du candidat, Alexis Corbière se félicite que La France insoumise se soit tenue « à l’écart de tout cela ». Selon lui, « les socialistes qui nous prennent pour des enfants avaient besoin d’une forte participation pour asseoir leur légitimité et nous forcer à les suivre. Mais cela ne marche pas ».
Pour La France insoumise, même si Benoît Hamon l’emporte, les conditions de son élection auront ruiné ses espoirs. « Hamon sera incapable de rassembler son camp », prévoit ainsi Danielle Simonnet, autre porte-parole du mouvement mélenchoniste. Par prudence tout de même, elle dénonce à nouveau la proposition de revenu universel du candidat, venue s’installer au cœur des débats de la primaire : « C’est un renoncement pur et simple à la politique du plein-emploi. » Sans se laisser caricaturer en chantre de la croissance à tout prix, ce que font souvent les écologistes à l’égard de Mélenchon, la porte-parole moque « la naïveté » du député PS qui « imagine pouvoir appliquer une politique de croissance sans se donner les moyens d’une désobéissance européenne ». « Il est dans un leurre complet du rapport de forces », insiste-t-elle.
Dans sa campagne, Benoît Hamon s’est justement distingué d’Arnaud Montebourg et de Jean-Luc Mélenchon en refusant de taper sur l’Europe. Un point qui le rapproche des écologistes dont il a cherché le soutien tout au long de sa campagne. Résultat : Europe Écologie-Les Verts s’enthousiasme de l’ouverture d’une sorte de front de gauche alternatif. « Si Benoît Hamon gagne, soutient David Cormand, secrétaire national d’EELV, ce sera un tsunami dans le paysage politique de notre pays. » Pour lui, « Mélenchon c’est “la gauche 2.0”, une gauche vintage qui a conservé une puissante matrice marxiste, visible dans son rapport au travail et à la consommation même si elle est submergée par une vague écolo ».
Benoît Hamon, en revanche, « qui remet en question le mythe de la croissance », incarnerait « une troisième gauche, la gauche 3.0 du XXIe siècle, une gauche écologiste, celle de Nuit debout, du film Demain, celle des zadistes aussi ». « Contrairement à Mélenchon, ajoute encore Cormand, le contraire du chaos pour nous ce n’est pas l’ordre, mais l’harmonie. » La convergence des candidats n’est pas encore pour demain.
LE MONDE
Le succès de Hamon et le revers de Valls creusent le fossé entre deux gauches qui semblent irréconciliables
Des cris, des vivats et des " Hourra ! ", des " Benoît président " ! A 20 h 45, quand Thomas Clay, président de la Haute Autorité des primaires citoyennes, annonce que Benoît Hamon vire en tête du premier tour, la péniche qui abrite pour un soir le quartier général du député PS des Yvelines tangue de joie sur la Seine. La sono lance le tube qui a enfiévré ses meetings : Can't Hold Us, de Macklemore et Ryan Lewis. Traduites, les paroles disent ceci : " Ce soir, c'est le bon soir/On se battra jusqu'à la fin/Alors on lève les mains en l'air comme si le plafond ne pouvait pas nous retenir. " Tout est dit.
La dynamique qui portait l'ancien ministre de l'éducation nationale depuis plusieurs semaines s'est donc traduite dans les urnes dimanche 22 janvier. Benoît -Hamon est arrivé en tête du premier tour avec 36,35 % des voix, suivi de Manuel Valls (31,11 %) et d'Arnaud Montebourg qui, avec 17,52 % des suffrages (selon des résultats provisoires communiqués dans la nuit de dimanche à lundi), réalise quasiment le même score qu'à la primaire de 2011.
Vincent Peillon, qui a mené une campagne sous les radars sans jamais convaincre du bien-fondé de sa démarche, arrive loin derrière le trio de tête, avec 6,85 % des voix. Une humiliation. Quant aux petits candidats, ils se partagent les miettes, avec 3,88 % pour François de Rugy (Parti écologiste), 1,97 % pour Sylvia Pinel (PRG) et 1,01 % pour Jean-Luc Bennahmias (Front démocrate).
A l'issue d'une campagne éclair, cette primaire - qui a changé de nature après la renonciation de François Hollande, le 1er décembre 2016 - a mobilisé autour de 1,56 million de votants selon les -résultats encore provisoires communiqués par la Haute Autorité lundi matin.Loin d'être mirifiques, quand on compare ces chiffres à ceux de la primaire de la droite en novembre 2016 (4,3 millions) ou du premier tour de la primaire du PS de 2011 (2,7 millions).
" Organiser une primaire dans les conditions d'une alternance à venir, avec une gauche en dynamique, et organiser une primaire avec une gauche divisée, ce n'est pas la même histoire ", reconnaissait l'organisateur du scrutin, Christophe Borgel, qui estime, lui, que la participation reste " satisfaisante ".
Les données transmises sont -cependant imprécises. Dans un premier temps, la Haute Autorité avait communiqué un nombre de votants compris " entre 1,5 et 2 millions, plus proche des 2 millions " avant de suspendre ses comptes dans la nuit avec un étiage bien inférieur. Lundi matin, sur RTL, M. Borgel avait annoncé " un chiffre de participation entre 1,6 et 1,7 million ".
Avantage à l'aile gauche
Le duel qui s'annonce entre M. Hamon et M. Valls résume les déchirements ayant traversé tout le quinquennat, depuis 2012. Une opposition frontale entre ces " deux gauches ", que Valls qualifia jadis d'" irréconciliables ". On y est. Dimanche 29 janvier, les électeurs devront choisir entre deux lignes politiques opposées, deux conceptions de la gauche. Avec un avantage pour l'aile gauche qui, si l'on additionne les scores de M. Hamon et de M. Montebourg, totalise près de 55 % des voix et arrive -devant la gauche réformiste (sociale libérale et autoritaire) incarnée par l'ex-premier ministre.
En résumé : une victoire des " frondeurs " sur la ligne Hollande-Valls. " Entre 5 et 6 électeurs sur 10 ont voulu que la gauche interrompe sa dérive ", s'est félicité M. Montebourg. " Ce résultat dit des choses sur la déception du quinquennat ", admet un soutien de M. Valls.
Benoît Hamon aborde le second tour en position de force. D'abord, parce qu'il a su créer la dynamique, en arrivant en tête. Ensuite, grâce au jeu des ralliements. Sans attendre, M. Montebourg a clairement appelé à voter pour l'ancien ministre de l'éducation, avec lequel il avait dû quitter le gouvernement fin août 2014, après la provocation de Frangy-en-Bresse et la fameuse " cuvée du redressement " adressée à M. Hollande. Amer, M. Peillon, qui se vivait comme un point d'équilibre sur l'échiquier, n'a pas tranché entre les deux finalistes. Sans surprise, Mme Pinel a appelé à voter en faveur de l'ex-premier ministre. Quant à M. de Rugy, il a demandé à rencontrer les deux prétendants avant de donner une consigne.
Pour Manuel Valls, qui avait pourtant rallié le plus de soutiens de poids à sa candidature, cette deuxième place est une cruelle déception, doublée d'une sourde inquiétude, même s'il a assuré que " rien " n'était " écrit " pour le -second tour. Dès dimanche soir, l'ancien premier ministre a d'ailleurs durci le ton, brandissant la menace d'une " défaite assurée " avec M. Hamon et opposant " promesses irréalisables " et " gauche crédible ". M. Valls, qui a tenté de faire le " rassemblement " en quittant Matignon, terminera donc sa campagne en clivant.
De son côté, M. Montebourg - qui a perdu son meilleur adversaire avec la renonciation de M. Hollande - n'a jamais su trouver le bon rythme, le bon ton ou la bonne posture, s'enferrant dans une quête de présidentialité, à -contre-pied du style baroque et tranchant qui fit jadis son succès.
Autant d'errements ou de failles stratégiques qui ont bénéficié à M. Hamon, qui a creusé son sillon avec opiniâtreté depuis l'été. " J'ai l'impression de pêcher au couteau par marée basse ", plaisantait-il, fin novembre. " Montebourg a positionné sa campagne contre Hollande, donc en négatif, tandis que moi, je propose des solutions positives ", qui ont souvent été au coeur de la campagne, confiait-il encore avant l'abandon du président.
L'ancien ministre a su aussi se faire discret après son départ du gouvernement, se fabriquant une nouvelle virginité. Il a ainsi pu bénéficier du mouvement de rejet contre les sortants, dont ont déjà pâti, à droite, Nicolas Sarkozy et Alain Juppé, et, à gauche, François Hollande et même Manuel Valls, après deux ans et demi à Matignon. " Benoît a bénéficié d'un effet nouveauté fort, analyse le député Christophe Caresche, soutien de M. Valls. Maintenant, dès qu'un petit nouveau arrive sur le marché et qu'il a une bonne tête, les gens sont prêts à voter pour lui ! "
Dans sa péniche-QG, Benoît -Hamon a salué dimanche soir " un message clair d'espoir et de renouveau ", y voyant " les premières briques à partir desquelles - ils vont - reconstruire davantage que la gauche ". " Les électeurs ont voté par conviction, et pas par résignation ", a-t-il ajouté, rappelant qu'il avait mis la question sociale et l'écologie au coeur de son projet. Deux thèmes sur lesquels il devrait insister dans l'entre-deux-tours, pour tenter de rallier à lui les écologistes.
" Benoît est le mieux à même de rassembler, veut croire son directeur de campagne, Mathieu Hanotin. Beaucoup d'électeurs veulent un vrai vote de gauche mais sont gênés par certaines prises de -position de Jean-Luc Mélenchon. En fait, on offre au peuple de gauche une solution. "
" Capable de tenir le mur "
Celui qui porte désormais le statut de favori tiendra deux meetings jeudi et vendredi, en Seine-Saint-Denis et dans une grande ville de province, sur une terre traditionnelle de la gauche, peut-être Lille. Mercredi, il affrontera Manuel Valls pour le débat télévisé de l'entre-deux-tours. Ses stratèges veulent croire que l'hostilité dont il a été la cible, jeudi 19 janvier, lors du troisième débat, l'a aguerri. " Il a montré qu'il était capable de tenir le mur, il a gagné en crédibilité ", se félicite M. Hanotin. " Il va falloir trancher entre une gauche utopiste, post-travail et post-capitaliste, qui a peut-être raison mais cinquante ans trop tôt, et une gauche républicaine, réaliste, mais qui ne fait pas rêver ", résume un socialiste.
Si Benoît Hamon devait l'emporter au second tour, le PS entrerait dans une zone de turbulences inédite, avec un risque d'implosion. " La rupture franche entre ces deux candidats déchirera l'appareil, les élus et les électeurs ", analyse le président de l'institut de sondages PollingVox, Jérôme Sainte-Marie, qui rappelle que cette " campagne sans François Hollande " s'est faite sur la critique d'un quinquennat " qui a pris le contre-pied de l'histoire, la culture et des intérêts de la base socialiste "." Résultat, c'est latripartition de la gauche dans un paysage déjà tripartite ", conclut ce spécialiste.
Quoi qu'il en soit, l'espace ouvert au centre gauche devrait mécaniquement profiter à Emmanuel Macron, qui pourrait voir venir à lui les tenants d'une gauche réformiste, ne se reconnaissant pas dans la gauche frondeuse de M. Hamon. " C'est étonnant, cet alignement des planètes en faveur de Macron, dit dans un soupir un socialiste. Les primaires incitent chaque camp à se recentrer autour de ses valeurs traditionnelles, libérant l'espace politique central. "
Ce premier tour de la primaire s'est tenu sans M. Hollande, en déplacement officiel au Chili. Quand les résultats ont été proclamés, ironie du sort, le président se trouvait dans le désert lunaire d'Atacama, à plus de 10 000 kilomètres de Paris. Selon l'Elysée, le chef de l'Etat ne s'exprimera pas entre les deux tours." S'il avait voulu peser sur la primaire, il aurait été candidat ", fait valoir un conseiller.
Une absence et un silence lourds de sens. Mais qui suscitent l'incompréhension de certains socialistes. " Sa responsabilité dans cette situation est immense,se désole ainsi un député PS. Le fait qu'il ne prenne pas parti pour Valls et la gauche de responsabilité est incompréhensible ! Le parti d'Epinay va mourir, et lui ne dit rien... ! Pis, il donne le sentiment que ça ne le regarde pas ! Il a quand même dirigé ce parti pendant dix ans ! Décidément, jusqu'au bout, ce président aura été décevant. "
Bastien Bonnefous, et Solenn de Royer
L’HUMA
LE SOUTIEN DES AUBRYSTES À BENOÎT HAMON ISOLE UN PEU PLUS L'ANCIEN PREMIER MINISTRE.
Le coup de grâce est peutêtre venu des aubrystes. Hier, une vingtaine de personnalités du Parti socialiste, dont plusieurs députés et anciens ministres proches de la maire de Lille, ont appelé à voter pour Benoît Hamon au second tour de la primaire dimanche.
Après le soutien apporté par Arnaud Montebourg, arrivé troisième à l'issue du premier tour, Benoît Hamon fait plus que jamais la course en tête pour l'emporter. « La volonté de tourner la page est claire », a estimé le candidat sur France Inter hier. Placé en ballottage défavorable, Manuel Valls a vite retrouvé ses accents d'autorité, prédisant une « défaite assurée » à l'élection présidentielle si son concurrent sortait vainqueur. Mais l'ancien premier ministre, sur la défensive, continue d'endosser le costume de « la gauche qui gouverne » alors même qu'il paie le prix fort de l'échec du quinquennat Hollande.
PRIMAIRE DU PS SECOND TOUR: MANUEL VALLS VERS LA DÉGRINGOLADE? L'EX-PREMIER MINISTRE DOIT FAIRE FACE AUX RALLIEMENTS CHEZ SON RIVAL DU SECOND TOUR DE LA PRIMAIRE. APRÈS ARNAUD MONTEBOURG ET SES 18 % DES VOIX, LES PROCHES DE MARTINE AUBRY ANNONCENT VOTER POUR BENOÎT HAMON. VALLS DÉBUTE LA CAMPAGNE DU SECOND TOUR SUR LA DÉFENSIVE. ET SI JADOT EN FAISAIT LES FRAIS ?UN PROCHE DE BENOÎT HAMON L'ASSURE, EN CAS DE VICTOIRE, CONTACT SERA AUSSITÔT PRIS AVEC LE CANDIDAT ÉCOLOGISTE QUI PEINE À RASSEMBLER LES 500 PARRAINAGES, AFIN DE TROUVER UN ACCORD AVEC EUROPE ÉCOLOGIE-LES VERTS. 1 ABSENT DE MARQUE : FRANÇOIS HOLLANDE, EN VOYAGE OFFICIEL, QUI N'AURA PAS MÊME PARTICIPÉ AU SCRUTIN, DÉCISIF POUR LE PARTI QU'IL A DIRIGÉ PENDANT UNE DÉCENNIE.
Et le réel fit irruption. Pas les sondages qui donnaient Manuel Valls virant en tête de ce premier tour de la primaire même s'ils repéraient bien une dynamique chez Benoît Hamon. Pas la participation escomptée, deux millions disait-on (lire ci-contre). Non, ce qui fit irruption dimanche soir, c'est le rejet grandeur nature du quinquennat de François Hollande. Rappelons que Manuel Valls, qui porte désormais dans la bataille pour le second tour dimanche prochain la responsabilité de défendre un bilan et de porter sa continuité, disposait du soutien de 177 parlementaires. Les résultats du vote sont donc sans appel pour l'ancien premier ministre, devancé par plus de cinq points d'écart par Benoît Hamon. En Bretagne, le poids de Jean-Yves Le Drian, ministre de la Défense et soutien de Valls, n'aura été d'aucun secours ; Manuel Valls n'arrive en tête que dans 48 bureaux, contre 212 pour son rival. Idem en Loire-Atlantique, ou dans le Rhône, le Nord... Il n'y a guère qu'en Essonne, son département de prédilection, que Manuel Valls arrive en tête, avec 35,56 % des suffrages. Son rival Benoît Hamon lui mord les mollets avec 33,7 % des voix. À Évry, dont il fut longtemps le maire, Manuel Valls distance ses rivaux, avec 61 %, maigre consolation quand on s'imagine un destin présidentiel. Le vote Hamon révèle une bonne homogénéité nationale (en tête dans 371 des 534 circonscriptions métropolitaines), bien ancré dans les agglomérations, quand Valls semble faire ses meilleurs scores en LanguedocRoussillon et Grand-Est (et Montebourg, sans surprise, en Saône-et-Loire et départements limitrophes), selon les informations parcellaires disponibles.
Le prochain congrès du PS pourrait signifier une mise à jour idéologiqueCette primaire est au fond la première occasion donnée aux militants et sympathisants du PS de s'exprimer sur le quinquennat depuis 2015 et le dernier congrès socialiste, où la motion majoritaire emmenée par Jean-Christophe Cambadélis l'emportait, avec 70 %, sur celle de l'aile gauche (30 %). Aujourd'hui, l'addition des suffrages qui se sont portés sur Hamon et Arnaud Montebourg fait monter le score potentiel de l'aile gauche du PS à 54 %. Si l'on y ajoute que les proches de Martine Aubry, restée jusqu'ici silencieuse, ont fait savoir qu'ils voteront pour Benoît Hamon au second tour « pour lui donner la force, demain, de rassembler les gauches que nous n'avons jamais cru irréconciliables (...) et, après-demain, l'énergie pour conduire la France vers une société plus juste, plus forte et plus durable », le prochain congrès du PS, à moins que la présidentielle ne fasse exploser le parti en vol avant, pourrait signifier une mise à jour idéologique. Il apparaît loin le temps où, concluant le congrès de Poitiers, Jean-Christophe Cambadélis pouvait asséner : « On nous a demandé la clarification au Parti socialiste, elle a eu lieu, il faut savoir terminer un congrès. » Le second tour dimanche prochain va bien opposer deux visions du quinquennat qui s'achève.
«J'ESPÈRE QU'IL AURA UN DEUXIÈME ARGUMENT. »BENOÎT HAMON
Celle d'un Benoît Hamon promettant qu'il ne lâchera rien sur la transition écologique et surtout sur le re venu universel d'existence qui a cristallisé toutes les critiques de ses concurrents pendant la campagne. « Cela veut dire que la volonté de tourner la page est claire », a-t-il estimé lundi sur France Inter. Et puis celle de Manuel Valls, résumant sa vision de l'enjeu dès son allocution du dimanche soir, évoquant sèchement un « choix très clair » pour les électeurs entre deux gauches. Benoît Hamon et les « promesses irréalisables », c'est la « défaite assurée », tandis qu'avec lui, représentant de « la gauche crédible », « la victoire est possible ». « J'aime la clarification », a prévenu à la tribune l'ex-premier ministre qui fait clairement le pari que ce débat, entre deux PS qu'il dit irréconciliables, va pousser des citoyens qui n'ont pas voté au premier tour à mettre un bulletin dans l'urne le 29 janvier.
DEUX LIGNES VONT S'AFFRONTER LORS DU DÉBAT DE MERCREDI
« Une nouvelle campagne commence », promet l'ancien ministre de l'Intérieur. Réponse décontractée à distance de Benoît Hamon, avant le débat télévisé qui les opposera mercredi : « J'espère qu'il aura un deuxième argument. » Karine Berger, députée socialiste et soutien de Vincent Peillon (lequel s'est refusé à une consigne de vote explicite), a regretté de son côté ce discours de « cassure » de Manuel Valls, lançant à l'adresse des deux finalistes : « Je ne veux pas me retrouver lundi prochain devant un champ de ruine avec un tiers du PS qui part d'un côté ou de l'autre. C'est leur travail, leur responsabilité. » Manuel Valls n'en prend pas le chemin pour l'heure, accusant son adversaire, via ses proches, d'angélisme face à l'islamisme politique, ou de folie dépensière.
LES PARTISANS D'EMMANUEL MACRON EN PROFITENT POUR ENFONCER UN COIN
« Deux lignes clairement opposées vont s'affronter, et ce sont les Français qui vont clarifier cette ligne, se réjouit pourtant Fabrice Mucci, chercheur et soutien de Manuel Valls, Et ils doivent se dire : "Il se passe quelque chose à gauche. On nous a dit que cette primaire ne servait à rien, que ce serait nul", et tout le monde va assister cette semaine à un formidable débat politique. »
Car Manuel Valls, pour l'heure, s'enferme dans la stratégie qui fut la sienne pour le premier tour et conteste à son concurrent sa capacité à gouverner. Tous deux se sont engagés par écrit, signant la charte des primaires, à soutenir le vainqueur. Au vu des désaccords, il est des soutiens dont on se passerait bien...
De leur côté, les partisans d'Emmanuel Macron en profitent pour enfoncer un coin, « les deux finalistes ne sont d'accord sur rien, ni l'un ni l'autre ne parviendront à rassembler », a tweeté le député Richard Ferrand, un des plus proches soutiens d'Emmanuel Macron. On espère dans le camp de l'ancien ministre de l'Économie qu'un échec de Valls provoquerait un afflux d'élus et d'électeurs socialistes opposés à la ligne frondeuse. Sont-ils si nombreux, au vu des résultats de ce premier tour ? Malgré les appels incessants à Lyon du soutien de Macron, le sénateur-maire PS Gérard Collomb, à ne pas aller voter à la primaire, la plupart des arrondissements s'approchent de la barre des 10 % de participation, soit bien mieux que la moyenne nationale de 5 % des inscrits. Dans la métropole lyonnaise, Benoît Hamon rafle 38 % des voix et relègue Manuel Valls à 29 %.
UN VOTE D'ADHÉSION AU PROJET DE BENOÎT HAMON
Un vote sur le projet pour Benoît Hamon (2e dans l'ordre des motivations), avec le revenu universel au coeur des motivations de vote spontanées de ses électeurs : selon l'institut Harris interactive (1), c'est le candidat arrivé en tête qui a, tant selon l'ensemble des Français que des votants à ce premier tour, réalisé la meilleure campagne. Suivi d'Arnaud Montebourg, pourtant non qualifié pour le second tour.
Enfin, parmi les votants s'étant déplacés pour le 1er tour de la primaire, seuls 37 % se disent proches du PS, toujours selon Harris interactive, 22 % de la gauche non socialiste, et 18 % issus du centre, de la droite ou du FN. 25 % des sympathisants socialistes n'y ayant pas pris part disent compter dès à présent voter pour Emmanuel Macron au 1er tour de l'élection présidentielle. 55 % des sondés sont pour (42 % contre) des candidatures séparées afin de représenter les différentes sensibilités, même si cela limite les chances de la gauche d'être présente au 2d tour. (1) Enquête réalisée en ligne le dimanche 22 janvier 2017 sur un échantillon de 6 223 personnes, représentatif des Français âgés de 18 ans et plus, dont 934 électeurs au 1er tour de la primaire organisée par le Parti socialiste et ses alliés.
MANUEL VALLS SE RETROUVE BIEN SEUL POUR ABORDER LE SECOND TOUR
Proche de François Hollande (qui devrait se tenir éloigné des débats), Bernard Poignant, au lendemain du vote, dit à propos de la proposition phare de Benoît Hamon, le revenu universel, que « le Parti socialiste aurait bien tort d'enterrer la réflexion sur cette question; à condition bien sûr que ça ne débouche pas sur une folie fiscale ». L'ancien maire de Quimper ajoute, dans le Télégramme : « Je viens aussi d'écouter Manuel Valls. J'ai eu un petit choc quand j'ai entendu qu'il fallait poursuivre le travail de François Mitterrand, de Michel Rocard et de Lionel Jospin, en oubliant François Hollande. Comme je sais que François Hollande a été empêché par les siens. Je n'aime pas. Ça m'énerve! » L'ancien premier ministre, qui ne peut compter que sur le soutien de Sylvia Pinel (1,98 % des voix) et du probable ralliement de l'écologiste François de Rugy (3,88 %), aborde ce second tour bien seul, plus près de la sortie que de l'augmentation... des suffrages
Une dernière pour la route:
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