Le point de vue des communistes insoumis après le vote interne du PCF
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Constatant l’impasse dans laquelle le congrès du PCF aboutit, les « communistes insoumis » posent la question : dans quel lieu l’engagement communiste peut-il se poursuivre ? Elles et ils invitent toutes et tous les communistes, quel que soit le lieu actuel de leur citoyenneté à les rejoindre au sein de la France Insoumise.
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Communistes Insoumis.e.s
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Adresse aux communistes « de toute part »
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Nous voulons toujours que le meilleur des idées et des pratiques communistes devienne une force populaire au service du changement de société que nous avons souhaité dès la première minute de notre engagement.
La question aujourd’hui est de savoir où ces idées peuvent trouver toute leur utilité.
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Nous avons fait le choix d’être dans la France insoumise (FI) et nous appelons aujourd’hui tous les communistes de cœur ou de raison à nous rejoindre.
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Certes, le congrès du PCF n'est pas fini, mais c'est l'affaire de celles et ceux qui ont gardé leur carte.
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Pour autant nous avons remarqué que les votes qui viennent d’intervenir rassemblent plus de 80 % des votants de ce parti sur des textes qui leur ont proposé un repli identitaire sur le communisme, comme s’il s’agissait de se « requinquer » un peu en attendant des jours meilleurs.
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Ce repli identitaire est suicidaire. On ne peut se relever d’une audience dans le pays en dessous de 2% par une crispation solitaire. Il faut au contraire se déployer et s’adresser à toute la société, l’esprit clair sur les échecs au travers desquels le communisme a été identifié mais aussi sur les valeurs que lui reconnaît encore notre peuple, valeurs de solidarité et refus de toute domination sociale et culturelle.
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Pour toutes et tous les communistes – dont les plus nombreux aujourd’hui sont « nulle part » - c’est la continuité des innovations dont le PCF fut capable en 1936, dans la résistance, contre les guerres coloniales et même dans le programme commun ou le Front de gauche qu’ils et elles recherchent.
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Mais comment cette « régénération » pourrait-elle se faire sans réfléchir à la place que le peuple a donnée à la FI dans les élections de 2017 et par conséquent dans l’opposition à la politique d’Emmanuel Macron ?
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Or nous constatons que tous les textes, cette fois, présentés au vote des militants du PCF ont critiqué la France insoumise en lui prêtant des intentions qui ne sont pas les siennes.
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Le dégagisme ou le populisme de gauche ne constituent pas des stratégies destinées à détruire le PCF ou abolir la lutte des classes.
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Le dégagisme est un mot qui décrit le rejet populaire des partis pour les raisons que l’on connaît.
La stratégie de la FI c’est la révolution citoyenne. Idée communiste s’il en est qui cherche à donner au peuple la place décisive qu’il doit avoir pour qu’une révolution advienne. Rien à voir avec un populisme qui flatterait toute réaction spontanée ou produite par 50 ans de domination libérale, à des fins électoralistes.
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Le programme de la FI est le seul qui soit connu par une grande partie de notre peuple grâce à la campagne de 2017. La transition écologique, la sixième république, une nouvelle répartition des richesses, le non-alignement de la France sur les États-Unis et l’OTAN, le refus des traités européens, sont autant d’axes programmatiques identifiés populairement.
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Ce programme place en son cœur une logique de défense de notre écosystème aujourd’hui attaqué à un tel point que l’habitabilité même de notre terre est mise en cause. C’est une question qui concerne toutes et tous au-delà de leur appartenance à un groupe social. Prendre en compte ces questions transversales à toute la société est-il constitutif d’un populisme « de gauche » ?
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S’adresser au peuple à partir de telles notions liées à l’intérêt général humain est indispensable et permet de le fédérer sur des questions concrètes essentielles.
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Ainsi la place donnée à la FI n’est pas vide de sens, elle n’est pas le fruit d’une colère, elle correspond à une adhésion de 7 millions de personnes à un projet politique alternatif qui a rendu de l’espoir.
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En ce qui nous concerne nous avons considéré qu’il fallait tenir compte de ce choix populaire pour le développer et lui donner un ancrage toujours plus grand.
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Mais le lieu de la construction d’une force révolutionnaire a changé. Il ne se situe plus dans des partis discrédités par leur propre choix. Il est dans le développement d’un mouvement uni autour d’un programme et d’actions destinées à le rendre toujours plus populaire. Mais ce mouvement rassemble aussi des options philosophiques, idéologiques, qui cohabitent avec bienveillance pour un enrichissement collectif.
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Aucune stratégie de rassemblement ne peut se construire sans la prise en compte de la nouvelle réalité politique de ce pays. Attendre une hypothétique reconstruction de la gauche et son approbation par 50 % des électeurs reviendrait à faire désespérer d’un changement qu’il nous faut construire vite tant la destruction de notre pays par le président actuel est menée sur un rythme rapide.
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Et puis parlons clair, aucune victoire dans notre pays ne peut se penser sans prendre en compte que cette Ve République - que nous n’approuvons pas - fonctionne en imposant le primat d’une élection présidentielle où tout se décide pour cinq ans.
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Or 2017 a montré qu’une victoire aux présidentielles est possible. Le nier reviendrait encore une fois à désespérer notre peuple de tout changement.
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Dans notre esprit, cela ne signifie pas du tout que l’homme providentiel a remplacé le parti d’avant-garde. Mais celui-ci a vécu. Et la victoire dans une présidentielle n’est pas une fin, elle n’est qu’un début. Pour mettre en place un programme de transformation positive de notre vie, un mouvement populaire organisé et décentralisé est indispensable, tout comme la mobilisation de talents d’élus ou de fonctionnaires convaincus qu’une orientation non libérale est indispensable.
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C’est la tâche qui est devant nous, dans un mouvement qui n’a que deux ans d’existence où la venue constructive de chacun et chacune est souhaitée.
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Nous vous invitons à saisir cette chance en nous rejoignant dans la FI.
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Depuis deux ans, nous constatons que nous y prenons toute notre place sans rien renier de notre sensibilité et en apportant ce que nous sommes à ce mouvement. Mais nous avons besoin de votre présence, nombreuse, pour mieux donner un objectif concret aux idées communistes les meilleures.
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Farida Amrani, Essonne, conseillère municipale d'Evry ; Christian Audouin, Limousin, orateur national de la FI ; Yannick Bedin, Cher, conseiller municipal de Bourges ; Françoise Decan, Landes ; Marie-Claude et Jean-Claude De-Vita Hautes Pyrénées ; Patrice Gravoin, Paris ;Pamela Hocini Val d'Oise ; Laurent Klajnbaum, Seine-Saint-Denis ; José Navarro, Hautes Pyrénées ; Sylvain Noel, Paris ; Olga Papp, Seine Saint-Denis ; Francis Parny, Paris, orateur national de la FI ; Pierre-Edouard Pialat, Haute-Vienne ; Jean-François Pin, Val d'Oise, conseiller municipal d’Ecouen ; Françoise Quainquard, Essonne ; Géraldine Revy, Jura ; Pascale Rome, Corrèze ; Bénédicte Taurine, Ariège, députée ; Liliane Zentil, Hautes Pyrénées.