Hamon sous tutelle des bandes PS de valls et Hollande
Et si la ruée vers l'or Macron n'avait pas lieu ? Lors de la convention d'investiture de Benoît Hamon, dimanche, d'anciennes figures de la campagne perdue de l'expremier ministre ont squatté toute la matinée les abords de l'espace presse avec un message : ils n'ont pas l'intention de quitter le navire socialiste. Il faudra compter avec eux et « les 840 000 voix qui se sont portées sur Manuel Valls », répète Luc Carvounas, sénateur PS du Valde-Marne. Toute l'équipe vallsiste volait en escadrille, ce dimanche. Philippe Doucet, ex-directeur de campagne de l'ex-premier ministre, était présent. Didier Guillaume et Marie Le Vern, ses deux porte-parole, étaient également de service. Au passé, le temps où, chez Macron, on prédisait 150 députés quittant le PS si Hamon était désigné candidat.
C'est que les députés socialistes ont bien vu, sans aucun doute, les sondages publiés la semaine dernière sur la volatilité et le faible ancrage de l'électorat d'Emmanuel Macron (ses électeurs sont les moins sûrs, à ce jour, d'aller voter pour lui). Ils ont vu aussi la droitisation de son discours. La ministre de l'Éducation assène à son propos que « s'il met autant de temps et a autant de difficultés à sortir un projet véritable, c'est qu'il a bien conscience qu'il va forcément déplaire à une partie de ceux qui le soutiennent ». « Aujourd'hui, les gens sont en attente, les électeurs deviennent stratèges et les votes se décident de plus en plus tard », explique Luc Carvounas, qui prend donc ses distances avec les sondages actuels prédisant un bel avenir à Emmanuel Macron. « Avec une droite au bord de l'implosion et un candidat Fillon au bord de la rupture, cela risque de profiter, à la fin, à Marine Le Pen. » La période n'est donc pas propice aux aventures.
En tout cas, ils ont été salués par Benoît Hamon, pas mécontent de voir les sociaux-libéraux en rangs serrés derrière lui, ainsi que les membres du gouver nement , venu s en nombre. Najat Vallaud-Belkacem, numéro 4 du gouvernement, côtoyait dans les travées Matthias Fekl, Emmanuelle Cosse, Harlem Désir ou encore Laurence Rossignol. Drôle de contradiction de voir le ban et l'arrière-ban du gouvernement écouter un discours hamoniste au contenu très différent. Pour se consoler, la ministre de l'Éducation, ancienne porte-parole de François Hollande en 2012, a eu droit à plusieurs louanges de la part de Benoît Hamon. Ce qui ne l'a pas empêchée, lundi matin, sur France Inter, de rendre également hommage à Manuel Valls.
Quelle influence aura cette ligne laïciste et sociale-libérale du camp Valls ? La forte présence de ses premiers chefs de file trahit-elle une certaine fébrilité ? Ou bien leur ancrage au PS et leur résultat à la primaire leur permettront-ils de peser sur l'avenir du PS ? Contrairement à la droite, celui qui remporte la primaire ne met pas automatiquement la main sur le parti. Et, officiellement, la ligne Hamon n'est toujours pas majoritaire au Parti socialiste. Mathieu Hanotin, son directeur de campagne, est toutefois convaincu qu'« il y a moins de différences entre Manuel Valls et les communistes qu'il y avait de différences entre les socialistes et les communistes à l'époque du mur de Berlin ».
Il faudra scruter quelle sera l'équipe de campagne qui sera annoncée dans les prochains jours par le candidat. Pour le programme, Benoît Hamon n'a pour l'instant pas changé de cap... en se gardant toutefois, dimanche, d'évoquer la loi travail. Quant aux législatives, Philippe Doucet envoie un message : « Il y a 140 circonscriptions qui n'ont pas été attribuées. Cela laisse de la place pour intégrer des partenaires. » Ajoutant : « François Mitterrand, quand il a emporté la présidentielle, a pris comme premier ministre Pierre Mauroy (...). Valls et Hamon viennent de la même matrice, de la même mère. Ils sont tous les deux des anciens rocardiens et il en reste toujours quelque chose. » Y compris un pouvoir de nuisance à l'Assemblée, comme les frondeurs l'ont montré. « Il faut d'abord gagner la présidentielle avant de discuter des législatives », prévient aussi Tania Assouline, élue PS de Montreuil. Les hamonistes de la première heure regardent tout cela avec délice : « Nous avons dû gérer nos contradictions pendant des années, au PS. À leur tour de faire pareil », confiait, sourire en coin, une militante de la gauche socialiste.