Le PCF peut parfois bien évoluer mais ce n'est pas en Tregor
Pour une fois ce ne sont pas les droitiers qui ont la main!
Politique. L’unité du PCF n’aura pas survécu à la crise qui secoue la majorité depuis plusieurs mois. Alain Manara et Emmanuelle Bizeul quittent le PCF.
C’est une petite bombe au sein de la gauche Nazairienne. Une plus grosse au sein du PCF. Alan Manara et Emmanuelle Bizeul, tous les deux conseillers municipaux, ont décidé de quitter le PCF à la date du 30 novembre. Un choix motivé « par la décision de notre parti de nous suspendre à cause de notre choix de repartir avec David Samzun, le maire socialiste sortant »
précise Alain Manara, conseiller municipal en charge des installations sportives, vice président de la Carène et militant communiste historique.
Petit décryptage. Depuis plusieurs mois, même plusieurs années le feu couvait entre les communistes. D’un côté, ceux proches d’Yvon Renevot, adjoint au maire en charge de la jeunesse, plutôt partisan d’un rapprochement avec la France insoumise. De l’autre, Alain Manara et Emmanuelle Bizeul, pour qui l’alliance scellée en début de mandat en 2014 ne devait pas subir d’entorse. Au sein du conseil municipal, deux groupes avaient ainsi vu le jour et la fracture devenait de plus en plus visible au fil des mois. Jusqu’à l’affaire qui a secoué l’ensemble de la majorité municipale au printemps dernier. Parti sur une affaire d’agression sexuelle, classée sans suite, faute de délit, par la procureur de la République, cette affaire a néanmoins ébranlé la majorité municipale dans son ensemble. Un collectif, #ilsnenousferontpastaire, regroupant notamment des socialistes, communistes et Verts a vu le jour. En juin, des élues socialistes (Laurianne Deniaud, Gaëlle Bénizé et Régine le Bail) ont rendu leur délégation au maire. Ce dernier avait par ailleurs annoncé que les personnes, membres de ce collectif, ne figureraient pas sur la liste qu’il entendait conduire pour les municipales de 2020, sans les exclure de la majorité actuelle.
Depuis la rentrée, les grandes manœuvres ont débuté. Les Verts ont annoncé leur intention de partir seuls pour les municipales, rejoints par des citoyens et Place Publique. De l’autre côté de la gauche, la France insoumise, le NPA et GénérationS s’étaient déclarés. Ils ont été récemment rejoints par le PCF emmené par Yvon Renevot et des membres du PS. Yvon Renevot a obtenu une grande majorité de la section locale pour ce choix, 50 voix sur 52 votants. Les deux opposants à cette ligne, étant Alain Manara et Emmanuelle Bizeul. Les statuts du PCF spécifiant que ce sont les sections locales qui décident de la stratégie à mener pour les municipales. Yvon Renevot est le secrétaire de cette section et a donc obtenu le soutien des militants Nazairiens. Et, poursuit Alain Manara, « les statuts prévoient également que si des militants sont candidats sur une autre liste, ils sont suspendus »
. L’élu a préféré prendre les devants et arrêter de payer ses cotisations à la date du 30 novembre « car, David Samzun nous a proposé d’être sur sa liste et avec Emmanuelle Bizeul, nous avons accepté cette proposition »
. Pour autant, poursuit l’élu « je reste communiste »
.
Alain Manara déplore cette situation, « cela fait plus de 40 ans que je suis communiste, et des dizaines d’années que la majorité municipale se construit avec le PCF »
. Il trouve que la Présence du PCF au sein de cette majorité « est pourtant pertinente mais ça ne sera plus le cas demain »
dans la mesure où, si la liste conduite par David Samzun l’emporte, Alain Manara et Emmanuelle Bizeul n’auront plus l’étiquette PCF. À une soixantaine de kilomètres de là, à Nantes, la stratégie du PCF est totalement différente. Le PCF repart avec la maire sortante socialiste, Johanna Rolland et ne fait donc pas d’alliance avec la France insoumise.
Ce double discours ou du moins cette double stratégie électorale au sein d’un même parti, d’un même département, pourrait perturber un électorat communiste qui a déjà tendance à se réduire à peau de chagrin.
Presse-Océan